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00:00 On était en train de papoter un soir et puis je pense, tu m'as dit, moi, tu sais, si je te ramène quelqu'un,
00:05 ça sera sûrement un garçon. Je dis ouais. Et alors ?
00:09 Moi, c'est Valérie. Je suis l'heureuse maman de Louis.
00:15 Je m'appelle Louis Albi. J'ai 21 ans et je suis chanteur.
00:18 Et l'heureux fils de ma maman, Valérie.
00:21 Pour moi, Louis, c'est avant tout un jeune homme sensible, plein d'humour, joyeux, tendre.
00:29 Ma maman, pour moi, elle est parfaite. Et je ne dis pas ça parce que c'est ma maman.
00:35 Je dis ça parce que je pense que c'est vraiment une femme très, très intelligente, très gentille.
00:39 Je pense que si les gens étaient comme elle sur cette planète, le monde irait beaucoup mieux.
00:42 On est hyper fusionnel depuis toujours.
00:45 Tout petit, on a beaucoup fait de choses ensemble, de l'art plastique, plein de petites créations.
00:49 Depuis tout petit, Louis veut être bien habillé.
00:53 On habite à la campagne et même pour jouer dehors, il fallait être beau.
00:57 Je me sens bien d'être bien dans mes vêtements, de me trouver beau.
01:01 Je trouve que si je me trouve beau, la journée ne peut que bien se passer.
01:05 Au lycée, j'ai commencé à avoir un style un peu plus à moi.
01:08 On m'a vu arriver du jour au lendemain avec taille haute, bien serrée, où je définissais un peu les proportions.
01:15 Je jouais un petit peu avec ma morpho et les gens étaient un peu "c'est quoi ça ?"
01:19 C'était un peu l'attraction.
01:20 On considérait que c'était des formes trop féminines et que ce n'était pas pour les garçons.
01:24 Après, moi, j'en ai toujours eu un petit peu rien à faire.
01:27 Ça m'affecte, mais ce n'est pas pour autant que je vais changer pour eux.
01:31 Ça a commencé assez rapidement, en réalité, le harcèlement scolaire.
01:34 C'était surtout de la mise à l'écart.
01:35 Au tout début, on disait que j'étais une fille, que je n'étais pas un garçon.
01:38 Du coup, les garçons ne voulaient pas rester avec moi.
01:40 Et en même temps, vu que j'étais un garçon, il y avait aussi un décalage avec les filles.
01:43 Du coup, je me retrouvais un petit peu dans l'entre-deux perdu.
01:46 Quand je suis arrivée au collège, il y a les gros mots qui sont arrivés.
01:49 Après, au lycée, ça a encore monté d'un step.
01:52 Ça a été très compliqué pour moi.
01:54 Le jour où il est rentré de l'école, il m'a dit
01:57 "Maman, j'ai eu un point d'observation sur mon carnet."
02:00 Oui, un point d'observation, c'était impossible.
02:02 Il avait utilisé la force pour la première fois de sa vie
02:05 contre quelqu'un qui l'embêtait depuis un long moment.
02:09 Quand je suis allée voir le chef d'établissement,
02:11 lui disant que certes, mon fils avait utilisé la force qu'il n'aurait pas eue,
02:15 mais que c'était en réponse à des insultes qui duraient depuis très longtemps,
02:20 il m'a dit "Madame, péder, ce n'est pas une insulte."
02:24 Pardon ?
02:25 Mais bien sûr que péder, c'est une insulte.
02:28 A fortiori, quand on s'est dit tous les jours, systématiquement,
02:31 bien sûr que c'est une insulte.
02:32 Il se demandait "Mais que voulez-vous que je fasse ?"
02:35 "Je ne sais pas, sensibiliser vos élèves à la différence,
02:38 des petites choses comme ça, non ?"
02:40 Voilà, il n'y avait pas grand-chose à y faire.
02:41 Le chef d'établissement, en réalité, a dit que c'était plus ou moins de ma faute.
02:47 J'avais qu'à ne pas être comme j'étais.
02:49 Un enfant, je pense qu'on apprend tous plus ou moins en même temps sa sexualité.
02:52 Est-ce qu'on demande à un hétérosexuel "Quand est-ce que tu as su que tu aimais les femmes ?"
02:56 Moi, on ne me demande pas "Quand est-ce que tu as su que tu aimais les hommes ?"
02:59 C'est venu progressivement.
03:00 Cette sexualité ne me définit pas non plus.
03:02 Je pense qu'il y a plein de garçons qui sont très féminins,
03:05 qui sont très émotifs et qui pourtant aiment les femmes,
03:09 comme il y a des garçons très masculins qui peuvent aimer les hommes.
03:13 Je pense qu'aujourd'hui, il y a plein de gens qui font le raccourci.
03:16 Je trouve ça un petit peu dommage.
03:17 Quand j'ai commencé à me dire "Tiens, peut-être que Loulou va plus aimer les garçons",
03:23 je me suis mise à dire à mes enfants "La personne que vous me ramènerez..."
03:27 Voilà, j'ai arrêté de dire "La fille" parce que voilà, la personne, c'est tout.
03:31 Aimer quelqu'un, que vous soyez aimé, c'est tout ce que je veux.
03:33 Je n'ai jamais fait de coming out réellement, je t'en ai juste parlé une fois.
03:36 Je me suis toujours dit "Je veux en faire un non-sujet".
03:39 C'est ça. Moi, quand je lui ai dit "Est-ce que tu vas en parler un peu à la famille ?"
03:43 Il m'a dit "Je ne sais pas, pourquoi Grégoire ?" Grégoire, son petit frère.
03:46 Grégoire, il a annoncé qu'il était hétéro ?
03:47 Je lui ai dit "Bah, bien sûr que non".
03:49 "Mais ouais, t'as tellement raison, maintenant tu ne dis rien.
03:52 Et puis, les gens qui t'aiment continueront à t'aimer,
03:54 et aimeront la personne que tu nous amèneras."
03:56 J'ai de la haine de tous les homophobes en réalité de France
03:59 qui sont en mode "Qu'est-ce qu'il fout là, on ne veut pas le voir"
04:03 et qui veulent en fait tout simplement que je disparaisse
04:05 parce que que je sois là, ça dérange.
04:08 Et à partir du moment où ma présence dérange, c'est que je sers à quelque chose.
04:13 Aujourd'hui, je vais lui dire que je suis une maman comblée.
04:16 D'avoir un fils épanoui, qui montre aux autres
04:20 qu'il pense que chacun a sa place dans ce monde.
04:23 Je suis très fière de toi, de l'image que tu renvoies.
04:28 Tu es l'enfant dont je rêvais.
04:31 Il y a un côté très objectif pour moi qui me dit
04:36 "Je ne serais peut-être pas là aujourd'hui,
04:38 peut-être même plus sur cette terre, si je n'avais pas eu une maman comme ça."
04:41 Et aujourd'hui, je suis super fière de savoir qu'elle utilise aussi un petit peu mon parcours
04:45 pour aider ses élèves.
04:46 Elle est tellement active au quotidien pour eux, pour les gens,
04:50 pour les rendre heureux, et ça, ça me rend super fière.
04:54 Miam !
04:55 *Bruit de pet*
04:57 *Bisous*