Comment repérer, soigner et se remettre d’un burn-out ?

  • l’année dernière
PAF : Analyses, décryptages et investigations sur les émissions télé ! 




Du lundi au vendredi à 17h50 sur C8.




Tous les extraits et émissions de "PAF" sont à retrouver sur MyCANAL : https://www.canalplus.com/c8/tpmp/touche-pas-a-mon-poste




PAF sur les réseaux sociaux : 
Facebook : https://www.facebook.com/TPMPTV
Twitter : https://twitter.com/TPMP
Instagram : https://instagram.com/tpmptv/

Category

📺
TV
Transcription
00:00 D'abord, je voudrais qu'on définisse, c'est quoi exactement le burnout ?
00:03 Alors le burnout, c'est un état d'épuisement physique, émotionnel, qui est lié au travail.
00:10 Forcément ?
00:12 Ça fait partie de la définition du burnout, il faut qu'il y ait la notion de travail,
00:16 tout simplement parce que le travail, finalement,
00:19 il y a des causes qui sont très propres au travail qui vont provoquer le burnout.
00:23 Mais quelles causes ?
00:25 On pense souvent, par exemple, la surcharge au travail, c'est la chose la plus évidente,
00:28 mais il y en a d'autres.
00:30 Par exemple, quand on parle des sportifs de haut niveau,
00:32 souvent c'est une sorte de surinvestissement du travail
00:35 qui fait qu'on ne laisse plus la place à d'autres plaisirs,
00:37 on n'investit plus dans le domaine de notre vie
00:39 et il suffit que les résultats soient mauvais ou qu'il y ait une baisse finalement au niveau des résultats
00:44 pour qu'il y ait un effondrement psychique complet
00:47 parce que les sportifs ne trouvent pas ailleurs de quoi se structurer et récupérer.
00:51 Alors il n'y a pas que les sportifs, je voudrais qu'on écoute un autre témoignage
00:54 et après, effectivement, on va développer tout ça.
00:57 C'est l'humoriste Alban Ivanov qui s'est confié, lui aussi, dans un dimanche à la campagne.
01:04 On a tellement eu envie de travailler pendant des années que moi je ne savais pas dire non.
01:09 Ça veut dire que j'étais en mode robot,
01:11 je ne pensais plus à la santé physique ou mentale, je m'en tapais totalement.
01:16 Et à quel moment il y a un truc dans lequel on ne peut pas aller plus loin ?
01:21 Moi ça m'est arrivé sur scène à Drachers, je ne pouvais plus,
01:26 j'ai joué à 20 minutes et je sens que je n'ai plus l'œil du tigre.
01:30 C'est une pause obligatoire.
01:31 - Un épuisement ? - Oui, c'est le corps.
01:33 - On est obligé de s'arrêter au bout d'un minute.
01:35 - Oui. - Tu leur as dit quoi ?
01:36 - J'aurais dit "je suis désolé messieurs, dames, je ne me sens pas bien et je suis sorti".
01:40 - C'est très dur, mais ça concerne beaucoup de monde.
01:45 34% des salariés français seraient en burn-out, 34%, mais c'est énorme Marine.
01:50 - Oui, on sait qu'il y a à peu près un tiers des salariés qui, dans leur vie, vont développer un burn-out.
01:55 Ça touche finalement tous les milieux, pas que les salariés, les patrons aussi peuvent être touchés,
01:58 les libéraux peuvent être touchés.
02:00 Finalement, il y a vraiment la notion d'un seuil.
02:02 Les gens ont accepté pendant trop longtemps beaucoup de contraintes et à un moment, le corps dit "stop".
02:07 On le voit très bien dans cet extrait.
02:09 Ça veut dire que les premiers signes du burn-out, finalement, c'est le corps qui dit "j'en peux plus, je lâche".
02:14 - Il y a des éléments qui peuvent nous alerter peut-être en amont avant que le corps s'arrête ?
02:19 - C'est difficile parce que les gens qui soudent un burn-out, souvent, ce sont des perfectionnistes.
02:23 C'est-à-dire que ce sont des gens qui vont aller jusqu'au bout du bout.
02:25 Et souvent, les premières personnes qui vont leur dire "non, mais il faut que tu arrêtes, là, t'es pas bien", c'est les proches.
02:30 C'est eux qui vont dire "non, mais là, je te reconnais plus, tu deviens irritable, tu contrôles plus tes émotions, je te sens épuisée".
02:35 Et c'est souvent les proches qui vont dire "non, là, il faut que tu consultes, il faut que tu t'arrêtes, tu n'es pas bien".
02:39 - Oui, parfois, c'est difficile de savoir.
02:40 - Et alors, sauf erreur, mais pour vous donner aussi un peu gain de cause aussi,
02:43 c'est que je pense aussi qu'il y a eu plus de burn-out à cause notamment de ça.
02:47 Parce que le travail, vous l'emportez chez vous, le soir.
02:49 Vous avez vos mails sur votre téléphone et le soir, à 22-23h, vous pouvez aussi consulter vos mails.
02:54 Alors qu'à l'époque, quand je dis à l'époque, avant les smartphones, vous rentriez chez vous, vous n'aviez plus vos mails.
02:59 - Oui, c'est vrai. Vous aviez l'ordinateur.
03:00 - Vous ne pouviez plus vous appeler, etc.
03:02 - Vous avez choisi de parler de tout ce qui est iPhone, tablette et tout,
03:06 c'est aussi un facteur de stress énorme au travail.
03:09 La hantise des cyberattaques, nous, on a eu ça et ça laisse une trace terrifiante.
03:14 Il faut changer de mot de passe tout le temps et du coup, c'est une technologie super fragile.
03:18 Et on est toujours la hantise que quelque chose pète.
03:21 Et moi, c'est un truc que j'ai découvert.
03:23 - Ça vous stresse ?
03:24 - C'est un stress tout à fait à part et qui est beaucoup plus anxiogène que les autres, je trouve.
03:28 - Damien ?
03:28 - Et je parle sous votre contrôle, mais j'ai l'impression qu'on parle de plus en plus de burn-out,
03:31 y compris depuis le confinement, parce qu'il y a eu un véritable déséquilibre entre vie professionnelle et vie privée.
03:37 Parce qu'à un moment donné, on travaillait chez nous à la maison.
03:41 Et en fait, on ne savait plus faire la différence entre le travail et la vie privée.
03:44 Et même parfois, on s'est même réfugiés dans le travail parce qu'on avait un peu peur aussi de sortir.
03:48 Et ça a complètement...
03:49 - On n'avait pas le droit.
03:50 - Le télétravail, c'est un vrai piège.
03:52 - C'est un piège zéro.
03:53 - Pour corroborer vos propos, Maître, effectivement, il y a certaines grandes entreprises qui ont conscience de ce problème.
03:58 Et les managers dans certaines boîtes, l'interdiction d'envoyer des mails ou d'envoyer des SMS ou des messages à certains salariés
04:04 le vendredi passé 18h le week-end, ce qui n'existait pas encore il y a 10 ans.
04:07 Maintenant, c'est depuis le plus très long.
04:08 - Et là, ce sont, on parait du dossier, Marine.
04:10 - Et ça, il faut garder vraiment en tête parce que le burn-out, effectivement, avant l'arrivée massive de la technologie, ça n'existait pas.
04:18 Ça veut dire qu'il y avait d'autres contraintes.
04:19 - Ah oui ?
04:20 - Quand on va, par exemple...
04:20 - Attendez, ça n'existait pas ou on n'en parlait pas ?
04:22 - Ça n'existait pas.
04:23 Ça veut dire quand on prend une génération ou deux avant, par exemple, nos grands-parents,
04:26 on ne peut pas dire qu'ils avaient des conditions de travail faciles.
04:28 - Vous ne dites pas ça pour moi.
04:29 - C'était...
04:30 - Non, mais...
04:31 - Oui, mais...
04:32 - Il y avait peut-être moins de stress, moins de chômage aussi...
04:34 - Quand ils s'arrêtaient, quand ils rentraient chez eux, ils rentraient chez eux.
04:37 - Parce que le burn-out, est-ce que c'est comme la dépression ?
04:40 C'est une dépression, en fait, parce que la dépression...
04:41 - Non, c'est différent.
04:42 - Ah.
04:43 - C'est très différent.
04:44 Le burn-out, on est dans un processus d'épuisement.
04:46 Ça veut dire c'est l'énergie qui baisse jusqu'à un moment où un seuil est passé et le corps, finalement, lâche.
04:51 - D'accord.
04:52 - La dépression, on est dans un état...
04:53 On est tout le temps...
04:54 Quand on est dépressif, on est tout le temps dépressif.
04:56 On est dépressif au travail, on est dépressif à la maison, on est dépressif en vacances.
04:59 - Mais vous parlez des signaux d'alarme du corps.
05:01 Moi, j'ai connu plusieurs enseignantes qui n'en pouvaient plus et ça s'est manifesté
05:05 en premier par...
05:06 Elles étaient à faune un matin en partant au lycée.
05:09 Ils pouvaient plus parler.
05:10 Et ça a été le médecin qui dit "cherchez pas, je vous signe immédiatement un arrêt
05:13 de travail, vous êtes en burn-out".
05:14 - Bon.
05:15 Combien de temps ça peut durer un burn-out, Marine ?
05:16 - L'installation peut être très longue.
05:19 Ça veut dire que ça peut s'installer sur plusieurs années et finalement, les gens
05:23 ne viennent consulter que lorsqu'on est au point de rupture.
05:26 Souvent, l'installation est longue parce que le processus se met en place.
05:30 Moi, mon conseil, c'est n'attendez pas.
05:31 N'attendez pas d'aller jusqu'au bout.
05:32 - Oui, mais qu'est-ce qui doit nous alerter, nous, personnellement ?
05:34 - Qu'est-ce qui vous fait comprendre que ?
05:36 - Qu'est-ce qui doit nous alerter ?
05:38 - Si vous voyez, par exemple, que l'hiver, vous faites sans arrêt des infections, si
05:42 vous avez des douleurs un peu partout.
05:44 Si quand vous réveillez le matin, vous êtes toujours fatigué, c'est qu'il y a un problème.
05:48 C'est que vous ne récupérez pas assez.
05:49 Il y a déjà peut-être des premiers signes d'un burn-out.
05:51 C'est là où il faut déjà aller plus tôt.
05:52 - Le manque de sommeil, tout simplement.
05:53 Non, ça ne peut pas être juste le manque de sommeil, non ?
05:55 - Le manque de sommeil, mais pas que.
05:57 - Mais il y a une réelle solution à ça ?
05:59 - Bien sûr, heureusement.
06:00 - Est-ce qu'on peut sortir totalement du burn-out ?
06:02 - Oui.
06:03 - Ou comme vous le dites, ça part petit à petit, mais il y a toujours peut-être quelque
06:06 chose qui peut se redéclencher ?
06:08 - Alors, il va falloir faire vraiment un travail, pour moi, avec les thérapeutes, surtout spécialisées
06:12 dans le burn-out, pour déjà aller voir, chercher les causes, parce qu'il y a des causes
06:15 qui sont très différentes.
06:16 Ça peut être la surcharge de travail, mais ça peut être aussi des conflits de valeurs,
06:19 ça peut être des cas de harcèlement aussi au travail.
06:21 Donc il va falloir travailler les causes profondes pour éviter que ça revienne, et aller faire
06:25 ce qu'on appelle des thérapies de reconstruction émotionnelle.
06:28 Il va falloir apprendre à réécouter nos émotions, à pouvoir vivre avec, écouter
06:35 ce corps et lui donner, finalement, des moments de repos, et ça, il faut vraiment faire accompagner.
06:39 - Et accepter aussi ces émotions.
06:40 - Et il faut faire accompagner.
06:41 - Accepter ces émotions.
06:42 - Moi, j'avoue, j'ai longtemps sous-estimé le burn-out, parce que je pensais que c'était
06:45 un nouveau mal, entre guillemets, qui n'existait pas avant, comme vous l'avez rappelé, et
06:49 qui était assez facile.
06:50 C'est-à-dire qu'on allait chez le médecin, on disait "bon voilà, ça va pas fort avec
06:52 mon manager", hop, burn-out, et ensuite on a deux semaines d'arrêt.
06:55 Mais un jour, j'ai un ami très proche qui, tout allait bien dans son travail, franchement,
06:59 il vivait une vie passionnante, passionné également, et un beau jour, il ne s'est
07:03 pas levé.
07:04 C'est vraiment arrivé, j'ai envie de dire, en 24 heures.
07:06 Là, tout à l'heure, on parlait des symptômes, mais j'ai l'impression qu'en fait, parfois,
07:08 il n'y a pas de symptômes.
07:09 C'est-à-dire que le soir, on se couche à 23h, tout va bien, et le matin, on se réveille
07:13 à 6h et tout va mal.
07:15 - Mais ça s'arrive souvent, ça ?
07:16 - En fait, les symptômes étaient déjà là, mais ils n'étaient pas écoutés.
07:18 Ça veut dire qu'il les a mis sous le tapis jusqu'au moment où c'était trop important
07:22 et le corps a parlé, il a dit "stop".
07:23 - Comme l'extraction de voix, c'est le même phénomène, exactement.
07:25 - D'accord, donc parfois, il n'y a pas d'éléments...
07:27 - Mais ils sont là, mais on ne les écoute pas.
07:29 - Mais on ne les écoute pas.
07:30 - Moi, ma soeur, qui est infirmière, dit "le corps donne toujours des signaux d'alarme".
07:34 - Elle a raison.
07:35 - Il vous prévient, il faut écouter son corps.
07:36 Et se faire accompagner, évidemment, dans le cadre d'un burn-out.
07:40 Merci beaucoup, docteur.
07:43 [Musique]

Recommandations