• il y a 2 ans
Les Etats membres de l'Union Européenne diront s'ils autorisent la prolongation pour 10 ans de l'utilisation du glyphosate, herbicide contesté, jugé par cancérogène par certaines études. Guillaume Tumerelle attaquera la décision de l'Europe si elle prolonge l'autorisation.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Le 6/9, France Bleu de Remardèche, à la télévision, sur France 3 Ronald.
00:04 7h43, le glyphosate pourrait être autorisé 10 ans de plus en Europe.
00:10 Un avocat de Romoise spécialiste se prépare à mener le combat contre cette autorisation.
00:14 Il est avec nous Emmanuel Champal.
00:16 Bonjour Guillaume Thumerel.
00:17 Bonjour.
00:18 Demain, si les Etats de l'Union Européenne disent qu'ils autorisent 10 ans de plus le glyphosate,
00:25 l'utilisation de cet herbicide, qu'est-ce que vous allez faire ?
00:27 Alors je suis déjà mandaté par un certain nombre de députés européens et d'associations,
00:32 des associations de victimes, associations d'agriculteurs,
00:35 puisque je défends essentiellement les agriculteurs,
00:37 des consommateurs également, pour engager une procédure judiciaire devant la Cour Européenne
00:41 pour contester cette réautorisation.
00:43 Auquel motif ?
00:44 Alors ce qu'on reproche au niveau européen, c'est en fait une sous-évaluation des pesticides en général
00:51 et du glyphosate en particulier,
00:53 puisqu'en fait au niveau européen, on analyse une seule molécule et pas le produit complet,
00:57 tel qu'il est commercialisé, tel qu'il est appliqué dans les champs
01:00 et auxquels sont soumis les agriculteurs et les consommateurs.
01:04 Aujourd'hui, il y a une agence européenne qui dit très clairement
01:07 le niveau de risque n'est pas suffisant pour interdire le glyphosate.
01:11 Oui, alors là on a fait une analyse complète justement du rapport de cette agence.
01:16 Le problème c'est que cette agence n'analyse que la molécule glyphosate et pas les produits complets,
01:21 notamment le CIRC qui est une agence de recherche sur le cancer qui dépend de l'OMS.
01:25 Elle, elle analyse le produit complet
01:27 et elle considère que les produits à base de glyphosate sont cancérigènes probables.
01:31 Mais est-ce que c'est le glyphosate justement qui pose problème alors dans ce cas-là ?
01:33 Alors c'est le glyphosate cumulé aux autres produits.
01:36 Donc c'est un effet cocktail en fait qui n'est pas du tout analysé aujourd'hui
01:39 et du coup les agriculteurs utilisent un produit qui est insuffisamment évalué.
01:43 Mais donc le recours il est contre le glyphosate ou contre les produits en eux-mêmes ?
01:46 Alors il est contre le glyphosate dans la mesure où il est cumulé à d'autres produits
01:50 et la Cour européenne a indiqué qu'il fallait une évaluation du produit complet sur le long terme
01:55 et de sa toxicité, ce qui n'est pas fait aujourd'hui par la France.
01:57 Qu'est-ce que vous pensez de la position de la France justement ?
01:59 On a un petit peu de mal à comprendre.
02:01 Olivier Véran a dit hier qu'il pesait de tout son poids contre la prolongation de l'utilisation du RANDEP.
02:07 Dans le même temps, le ministre de l'Agriculture Marc Faineau dans la Drôme il y a quelques jours
02:12 disait que les agriculteurs ne pouvaient pas s'en passer.
02:14 On a du mal à voir comment se positionne le gouvernement.
02:18 Alors oui, la position est variable puisque Emmanuel Macron avait indiqué il y a quelques années
02:22 qu'il interdirait le glyphosate au bout d'un an.
02:24 Ça fait maintenant trois ans, ce n'est toujours pas interdit.
02:27 Et la France en fait se charge aujourd'hui de plafonner les indemnisations des victimes
02:31 plutôt que d'assurer la réglementation européenne et le respect de la réglementation européenne.
02:35 Il y a notamment un décret qui a été pris en janvier 2022.
02:39 Si vous perdez un enfant du fait d'un pesticide, vous avez une indemnisation de 25 000 euros plafonnée par l'État.
02:45 Donc on est vraiment sur une aberration.
02:47 On ne fait pas suffisamment de prévention, on n'applique pas la réglementation européenne.
02:52 Par contre, on plafonne les indemnisations des victimes.
02:55 Maître Guillaume Tumerel, on entendait dans le journal de 7h30 un agriculteur dire
02:59 "Nous, on n'est pas contre l'interdiction du glyphosate, simplement on n'a pas d'autre solution
03:04 pour pouvoir continuer avec l'agriculture telle qu'elle est aujourd'hui".
03:07 Qu'est-ce que vous répondez à ça ? Vous en êtes conscient ?
03:09 Tout à fait, moi je suis avocat principalement d'agriculteurs, je défends les agriculteurs.
03:13 C'est effectivement une recherche qui doit être faite par l'État,
03:17 mais qui aurait dû être faite déjà depuis de nombreuses années pour trouver des moyens alternatifs.
03:22 Il y a déjà quelques moyens alternatifs qui peuvent être utilisés, il faut simplement les développer, les déployer
03:26 et indemniser les agriculteurs s'ils ont des charges supplémentaires du fait de l'utilisation de ces moyens,
03:31 par exemple des moyens mécaniques.
03:33 Si vous êtes là ce matin pour parler de glyphosate, c'est aussi parce que vous avez déposé des milliers de plaintes déjà.
03:40 Vous représentez des gens qui se sont testés et qui ont retrouvé du glyphosate dans leurs urines.
03:45 Combien de plaintes en tout au niveau national et chez nous Andromardèche ?
03:49 Alors effectivement c'est un dossier national, c'est des personnes qui ont cherché à savoir
03:53 si elles avaient du glyphosate dans leurs urines ou pas.
03:56 Tout un chacun ?
03:57 Tout un chacun, tout le monde pouvait le faire, ça a été fait sous contrôle d'huissier,
04:00 c'est-à-dire que les prélèvements ont été faits sous contrôle d'huissier, envoyés à un laboratoire.
04:04 Il y a eu du coup un peu plus de 6000 personnes qui ont fait les analyses,
04:10 il y en a 5571 qui ont choisi de déposer plainte contre l'État et contre les personnes qui seraient impliquées,
04:16 puisque on ne devrait pas avoir aujourd'hui ces produits-là dans nos urines.
04:19 Si vous avez un pesticide qui se retrouve dans l'alimentation, il devrait être théoriquement interdit.
04:24 Combien de dossiers Andromardèche ?
04:25 En Andromardèche, 275 plaintes ont été déposées.
04:28 Elles sont devenues quoi ces plaintes ?
04:29 Alors ces plaintes sont pour certaines en cours toujours d'analyse par les parquets,
04:34 en fait elles ont été déposées dans chaque parquet de tribunal judiciaire,
04:37 et il y a eu récemment des classements sans suite par certains parquets.
04:40 Pourquoi ?
04:41 Alors c'est essentiellement parce qu'il n'y a pas de décès direct des personnes,
04:47 et puis parce qu'en fait le parquet considère qu'il y a une dose journalière admissible
04:50 qui serait supérieure à ce qu'on a détecté sur les urines.
04:53 Mais il n'y a pas d'analyse scientifique sur un taux acceptable dans les urines,
04:57 il y a un taux dans l'eau potable,
04:59 les taux retrouvés dans les urines sont supérieurs au taux dans l'eau potable.
05:01 Il y a un débat là-dessus technique,
05:04 et on peut aujourd'hui, on envisage de déposer une plainte,
05:07 de renouveler la plainte avec constitution de partie civile devant un juge d'instruction
05:10 pour provoquer une enquête complémentaire.
05:12 La principale difficulté aujourd'hui,
05:14 elle est de créer finalement le lien entre le glyphosate et les problèmes de santé.
05:19 Il y a une décision qui a été rendue cette semaine importante
05:22 pour l'iséroise Sabine Grattaloup,
05:24 elle a utilisé du Roundup pendant la grossesse de son fils Théo,
05:29 il souffre aujourd'hui de sérieuses malformations.
05:32 Pour vous, cette décision du Fonds d'Indemnisation, c'est un espoir ou pas ?
05:36 Alors oui, c'est un grand espoir,
05:38 puisqu'il y a eu un comité de 5 scientifiques qui ont examiné son dossier
05:41 et qui ont considéré qu'il y avait un lien de causalité.
05:44 C'est toujours ça qui est très difficile à établir dans ce type de dossier.
05:47 Quand on a un agriculteur qui a un lymphome,
05:49 on ne sait pas si c'est dû au glyphosate, à un autre produit,
05:51 c'est toujours très difficile à démontrer.
05:53 C'est là-dessus que s'appuient les industriels,
05:55 pour dire qu'il n'y a pas de risque, puisqu'on n'a pas de lien de causalité direct prouvé.
05:59 Mais que le Fonds d'Indemnisation dise ça, c'est très bien,
06:01 mais ce n'est pas une décision de justice malgré tout.
06:03 Ce n'est pas une décision de justice,
06:04 mais je pense que pour Sabine Grattaloup, ça va fortement aider son dossier judiciaire,
06:07 puisque dans son dossier judiciaire, c'est à elle de prouver le lien de causalité.
06:11 Le fait qu'un rapport d'experts, de 5 experts, considère qu'il y a un lien de causalité,
06:16 ça va très probablement l'aider dans son combat judiciaire.
06:19 - Le glyphosate, son avenir en Europe, pour 10 ans ou pas,
06:22 ce sera décidé demain par les membres de l'Union Européenne.
06:25 Vous allez suivre ça de très près.
06:26 Merci à vous, Maître Guillaume Thumerel.
06:28 Bonne journée à vous.
06:29 - Merci.
06:30 - Interview disponible dans quelques instants sur francebleu.fr, 8h moins 10.

Recommandations