• il y a 2 ans
L'invité d'Ici Matin le 6/9 France Bleu Paris

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00:00 Et faut-il recruter autrement ? On en parle avec notre invité ce matin.
00:04 Bonjour Dominique Restinaud.
00:06 Bonjour.
00:07 Vous êtes président de la Chambre du Commerce et de l'Industrie Paris-Île-de-France.
00:12 Jusqu'au 20 octobre, vous organisez l'opération Recruter Autrement.
00:17 Il y a des ateliers, des job dating.
00:19 Dominique Restinaud, ça veut dire quoi, Recruter Autrement ?
00:23 Alors effectivement, c'est la troisième édition des 15 jours pour l'emploi
00:27 que la Chambre du Commerce et de l'Industrie Paris-Île-de-France organise sur l'ensemble du territoire francilien.
00:32 Donc nous sommes tous ancrés dans les territoires pour être au plus près, d'une part, des TPE et des PME
00:37 et bien évidemment des candidats.
00:38 Recruter Autrement, ça veut dire être plus inclusif.
00:41 Ça veut dire regarder ce qu'on ne regardait pas forcément au premier abord
00:47 et faire en sorte de prendre tous les talents qui sont disponibles
00:51 et parfois de les accompagner également.
00:53 Les personnes qui sont plus éloignées de l'emploi,
00:56 les personnes qui peuvent avoir un handicap,
00:59 les personnes qui peuvent avoir telle ou telle difficulté,
01:02 notamment sur l'apprentissage à trouver un job
01:05 parce que tout le monde n'a pas un réseau assez simple et assez facile qui peut accéder à l'emploi.
01:10 Et ce que ça veut dire, recruter plus cher ?
01:13 Avec des salaires plus chers ?
01:15 Puisque c'est la principale préoccupation et demande aujourd'hui des candidats.
01:20 Alors je pense que le salaire est extrêmement important.
01:24 Je ne suis pas certain que ce soit la seule raison pour laquelle il y a de la tension également.
01:29 Et je pense qu'il faut prendre l'ensemble des choses,
01:32 c'est-à-dire la qualité de vie au travail,
01:34 ça veut dire également cette inclusion,
01:36 ça veut dire également recruter avec un champ des possibles différences,
01:40 c'est-à-dire aller là où il y a des collaborateurs et des collaboratrices
01:44 qui ont du potentiel et du talent.
01:46 Parfois il faut adapter avec de la formation.
01:48 Nous formons 72 000 personnes au sein de la Chambre de Commerce de Paris et de France par an.
01:52 Donc il y a une action par rapport à ça.
01:54 Bien sûr, le salaire est important.
01:56 Est-ce qu'elle revient souvent cette question du salaire dans ces job dating ?
02:00 Très sincèrement, ça n'est pas ce que j'entends le plus,
02:06 et ça n'est pas ce que j'entends le plus forcément avec soit les candidats collaborateurs,
02:13 soit les chefs d'entreprise.
02:15 Moi je vois également dans les métiers en tension, dans la restauration par exemple,
02:19 je vois, je rencontre tous les jours des chefs d'entreprise, des entrepreneurs, des commerçants
02:23 qui bien sûr se sont posé des questions et bien sûr ont envie que tout le monde travaille décemment
02:29 et qu'il y ait une qualité de vie et donc un salaire décent.
02:32 C'est vrai qu'en Ile-de-France il y a une difficulté, je sais que la présidente de région travaille...
02:36 Il y a une difficulté. On entendait un restaurateur de Saint-Mandé ce matin qui nous dit
02:39 "moi je recrute un chef à 3500 euros pour bosser la semaine, même pas le week-end, et je ne trouve pas".
02:44 C'était à peu près un exemple que j'allais vous donner, et c'est juste en face de mon bureau.
02:48 Il y a une chef d'entreprise qui a une grande brasserie.
02:52 Bien sûr il y a une difficulté, et donc ce n'est pas que le salaire la preuve,
02:55 puisqu'ils se sont reposé la question...
02:58 - Elle vient d'où la difficulté alors ?
02:59 - La difficulté c'est qu'il y a moins de monde pour ce type d'emploi, me semble-t-il,
03:03 et pourtant ces chefs d'entreprise dans les métiers en tension font beaucoup d'efforts.
03:07 Mais il faut regarder les choses autrement.
03:09 L'inclusion également c'est donner du sens à la valeur travail.
03:12 L'inclusion c'est regarder également comment autour de l'égalité homme-femme
03:17 et les jeunes sont extrêmement sensibles à ces notions, donc il faut travailler dessus.
03:22 - Vous parlez des jeunes, Dominique Restinaud, vous proposez un atelier
03:26 "Comment attirer la génération Z"
03:29 Pourquoi elle pose problème cette génération ?
03:31 - Je ne pense pas du tout qu'elle pose problème,
03:33 je pense simplement que les uns et les autres doivent se parler.
03:36 Au lieu de se diviser, au lieu de regarder, de ne pas savoir qui est l'autre,
03:40 je pense qu'il faut mieux se comprendre, et pour mieux se comprendre il faut se connaître.
03:44 Ça fait partie de l'inclusion, regarder l'autre comme il est, parce qu'il peut être différent.
03:49 - Mais la plupart des jeunes qui arrivent disent "Moi je ne veux pas bosser toute la journée pour un salaire trop faible".
03:57 - La différence est une véritable richesse, c'est ce qu'il faut regarder également.
04:00 - Est-ce qu'il faut revoir les grilles de salaire ?
04:02 Puisque c'est au menu de la conférence sociale qui arrive,
04:07 les discussions sont en train de commencer au gouvernement,
04:09 c'est vraiment un sujet de préoccupation majeur.
04:11 Est-ce qu'il faut revoir les grilles de salaire avec une grosse mise au point ?
04:16 - Vous avez raison, le sujet des grilles de salaire est un sujet des partenaires sociaux.
04:22 En tant que président de la chambre de commerce de Paris-Ile-de-France, et en tant qu'entrepreneur,
04:27 c'est un sujet dont il faut débattre.
04:29 Mais en ce qui nous concerne, nous accompagnons les entreprises
04:32 à créer de la valeur pour l'ensemble des partenaires et des parties prenantes.
04:37 - Quand vous dites "il faut débattre", ça veut dire qu'il faut débattre parce que oui, il faut les revoir à la hausse ?
04:42 Vous êtes pour qu'on les revoie à la hausse ?
04:44 - En l'occurrence, il y a les organisations syndicales, employeurs, employés, c'est leur job.
04:49 Notre job, vous savez, il y a une clé de répartition,
04:51 notre job c'est d'accompagner les dirigeants, les patrons de TPE, de PME.
04:56 Vous savez, les patrons de TPE, PME, c'est vous et moi, c'est pareil.
04:59 Ce ne sont pas des gros salaires, ce n'est pas tout ça, c'est des heures et des heures au travail.
05:04 Et ils ne sont pas toujours équipés, notamment dans le domaine de l'emploi.
05:07 C'est la raison pour laquelle les chambres de commerce et la chambre de commerce de Paris-Le-France,
05:11 ancrée sur les territoires, est au plus près de ces patrons de TPE, de PME, parce qu'ils sont souvent seuls.
05:16 - Vous avez peur que ce soit la mort de ces petits patrons ?
05:19 - Alors je ne veux surtout pas stigmatiser, je ne veux surtout pas faire en sorte qu'il y ait une inquiétude.
05:24 Mais il y a une difficulté de pouvoir d'achat, mais cette difficulté de pouvoir d'achat, elle est pour tout le monde.
05:29 Cette difficulté de pouvoir d'achat est également pour les chefs d'entreprise,
05:32 les patrons des petites entreprises.
05:35 Vous savez, à la chambre de commerce, on s'occupe, 97% des entreprises en France ont moins de bas salariés.
05:41 Ce sont nos clients, ce sont les entreprises que nous accompagnons,
05:44 et très souvent c'est elles qui emploient du monde.
05:47 Le gisement de l'emploi, il est très souvent là.
05:50 Et il faut les accompagner parce qu'ils sont souvent seuls.
05:52 Recruter, c'est un chef d'orchestre, le patron de petites TPE.
05:57 Et donc il faut l'accompagner parce qu'il se sent seul.
05:59 Et ça n'est pas facile pour lui.
06:01 Donc on vient travailler avec lui pour l'accompagner, pour faire des diagnostics,
06:04 pour l'accompagner notamment sur le sujet de l'emploi,
06:07 mais ça permet également à des gens de trouver des voies, et c'est ça qui est important également.
06:11 Est-ce que l'État doit mieux accompagner aussi tous ces petits patrons ?
06:14 Je suis un entrepreneur, mais je préside un établissement public.
06:19 Donc l'État est à peu près partout. Je vous laisserai juger.
06:23 Donc je pense que quand il y a eu le plan "Un jeune, une solution", l'État a accompagné.
06:28 Quand il y a eu le Covid, l'État a accompagné.
06:32 Après, est-ce que c'est parfait ? Chacun avisera.
06:36 Dans le prolongement de ces histoires de grilles de salaire et de salaire qu'il faut augmenter,
06:42 il y a Valérie Pécret, sa présidente de région, qui propose un SMIC régional revalorisé de 9%
06:47 parce que la vie coûte plus cher dans la région, et donc ce serait normal d'avoir un SMIC plus haut.
06:53 Je pense que la présidente de région a raison de chercher toutes les solutions
06:58 pour améliorer la vie des personnes qui travaillent,
07:02 pour faire en sorte que ça se passe mieux, améliorer également la qualité de vie au travail.
07:07 Je viens de vous dire, il y a également les chefs d'entreprise.
07:10 Moi, je suis le président de la Chambre de commerce de Paris-Île-de-France.
07:13 Mon job, c'est d'accompagner les entreprises du matin au soir,
07:17 faire en sorte que ça puisse se développer,
07:20 et que ça puisse se développer pour apporter du travail à celles et ceux qui parfois sont éloignés de l'emploi.
07:25 Et quand on recrute, et quand on a du mal à recruter,
07:29 il faut faire en sorte que tout le monde...
07:31 C'est-à-dire, on va sur le plein emploi, on a besoin de ça.
07:34 Et en ce moment, avec tout ce qui se passe, je ne voudrais pas,
07:37 et ça n'est pas une angoisse, ce n'est pas le principe,
07:40 mais je ne voudrais pas que ça se ralentisse.
07:43 Vous savez, en ce moment, la crise énergétique...
07:45 - Un SMIC augmenté, ça va ralentir la croissance ?
07:48 - Je ne dis absolument pas ça.
07:50 D'ailleurs, il me semble qu'en Île-de-France,
07:52 il y a une partie des salaires qui sont au-dessus du SMIC.
07:56 Il y a eu des augmentations qui ont été là.
07:58 Mais je comprends la présidente de région,
08:00 elle essaye de tout faire, pour le prix des transports,
08:03 elle essaye de tout faire pour qu'il y ait des solutions.
08:06 - Neuf entreprises sur dix ont augmenté les salaires cette année,
08:10 pas forcément à la hauteur de l'inflation,
08:13 mais c'est quand même un geste important qu'il faut noter.
08:16 Est-ce qu'on peut faire plus ? Est-ce qu'on peut aller plus loin ?
08:19 - Je crois que depuis 2021, il y a eu huit augmentations.
08:23 Est-ce qu'on peut faire plus ? On peut toujours, parfois, faire mieux.
08:27 Certes, il y a déjà cette augmentation qui est là.
08:31 Ce qu'il faut regarder, c'est qu'il y a toutes les parties prenantes,
08:34 il y a les salaires pour les collaborateurs,
08:36 mais il y a également les patrons de TPE et de PME
08:39 qui doivent rembourser leur PGE,
08:41 qui ont une crise énergétique en phase 2,
08:43 des menaces avec, j'allais dire, la guerre en Ukraine,
08:46 la guerre qui vient de s'ouvrir encore depuis il y a 48 heures,
08:49 un tremblement de terre ici ou là.
08:51 Il y a une inquiétude.
08:53 Et les chefs d'entreprise, que je qualifie souvent de verreau,
08:56 parce que depuis 5, 6, 7 ans, ils en ont subi des difficultés.
09:00 - C'est quoi la moyenne d'un salaire d'un chef d'entreprise
09:03 en Ile-de-France, de TPE, PME ?
09:06 - Vous êtes très durs avec moi, parce que je ne vais pas vous faire la statistique,
09:10 mais un patron de TPE, de PME, c'est à peine un salaire de quart.
09:14 Moi, je connais des indépendants, je connais des chefs d'entreprise,
09:17 mais qui parfois ont du mal à se payer.
09:19 Il faut arrêter, enfin !
09:21 Et qui n'ont pas la sécurité de l'emploi,
09:23 comme on peut l'avoir quand on est salarié.
09:25 Et je ne veux surtout pas stigmatiser ni les uns ni les autres.
09:28 Je ne veux surtout pas les opposer.
09:30 Vous savez, moi, je suis pour le et.com.
09:32 On a besoin de chacune et de chacun.
09:34 L'inclusion, c'est ça.
09:35 Et il faut revenir à regarder autrement,
09:37 pour recruter autrement,
09:38 pour faire en sorte que les gens vivent mieux ensemble.

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