AVENIR - Interview de l'humoriste Zidani pour ses 30 ans de scène
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00:00 Alors au départ j'ai toujours eu envie de raconter les gens que je voyais.
00:09 Donc en fait je vois des gens et puis je les trouve rigolos et puis je m'en apprenne.
00:14 C'est un prof de religion catholique et elle dit toujours "je suis fatiguée, fatiguée,
00:23 fatiguée" et j'avais une collègue qui s'appelait Mireille et Mireille parlait comme ça et j'avais
00:28 beaucoup de tendresse pour Mireille alors je lui disais "ça va Mireille ?" et elle me
00:31 disait "non ça va pas, je suis fatiguée" alors finalement c'est devenu un sketch qui
00:35 s'appelle où elle termine toutes les phrases en disant "fatiguée, fatiguée, fatiguée".
00:39 En fait il n'y a pas de moquerie, c'est à dire que c'est un personnage pour qui j'ai
00:43 de l'affection, de la tendresse et puis après ce gimmick là, ce personnage devient autre
00:48 chose et le propos qu'elle tient n'a plus rien à voir avec la personne elle-même.
00:52 Je crois que les personnages, même si parfois ils ne sont pas toujours beaux dans leurs
00:56 idées sont toujours des doubles de nous-mêmes parce qu'on a tous une part d'humanité et
01:01 on est tous capables du meilleur et du pire.
01:03 Ça c'est l'hôtesse de l'air dans "Retour en Algérie".
01:11 Ça c'est un personnage que j'avais du mal à trouver et puis une des dames qui travaillait
01:15 dans le théâtre, elle parlait comme l'hôtesse de l'air et tout à coup je ne trouvais pas
01:20 le personnage et puis soudain j'ai trouvé le personnage pour l'hôtesse de l'air et
01:23 quand elle est venue voir le spectacle, c'était le personnage que j'ai préféré.
01:26 J'ai découvert l'Algérie à l'âge de 41 ans et puis très vite on m'a demandé
01:32 un spectacle là-bas.
01:33 J'ai créé un spectacle mais je n'avais jamais été en Algérie donc je me suis dit
01:36 qu'est-ce que je vais pouvoir raconter.
01:38 Alors j'ai raconté comment l'Algérie avait été absente dans mon enfance, que c'était
01:42 le pays où je rêvais d'aller, que j'ai découvert tard et puis surtout le jour où
01:47 j'ai dû partir, à sa fin de temps il y avait de la neige, tout était bloqué et
01:51 donc le spectacle raconte ça.
01:52 Et donc finalement c'est un spectacle retour d'Algérie qui se passe à Zaventem et donc
01:58 là je propose aux gens d'embarquer avec moi.
02:00 Le journalatif d'un sexe en bol, il travaille dans un supermarché la nuit et le matin on
02:12 retrouve des caissières découpées en morceaux.
02:13 Ce reste, Béatrice Müller, faudra venir le voir.
02:17 Donc vous voyez qu'il y a un look très Warhol parce que j'aime bien en général associer
02:23 des images au monde dans lequel le personnage ou mes personnages évoluent.
02:27 Comme elle est dans un supermarché, automatiquement on parle de Warhol parce que Warhol c'est
02:32 aussi l'art qui s'est installé dans la publicité et qui fait partie de nos images
02:36 au quotidien.
02:37 Et comme pour moi l'art c'est l'oxygène de la vie, j'ai besoin d'en mettre tout
02:41 le temps.
02:42 Ici c'est un des derniers que j'ai fait, des pingouins à l'eau.
02:50 J'ai toujours eu un amour particulier pour la banquise, pour les bonchots, mais faire
02:54 rire avec la banquise c'est bizarre en fait.
02:57 Donc j'ai mis du temps à trouver tout en me renseignant sur la banquise etc.
03:01 Et puis le Covid est arrivé et puis soudain il y a eu une collision entre la culture qui
03:06 a tendance à disparaître qu'on appelait non essentielle et la banquise qui est en
03:11 train de fondre et c'est devenu les pingouins à l'aube avec Rosine Valentin qui est ouvreuse,
03:15 qui est à Béthier en voie de disparition.
03:17 Et donc c'est devenu un spectacle avec un propos assez touchant d'un théâtre qui
03:22 doit fermer ses portes et qui est sauvé par Rosine Valentin qui a décidé quand même
03:28 ce soir là de ne pas annuler le spectacle et à la place elle propose un film, les pingouins
03:34 à l'eau ou bien Frankenstein chez les bonchots.
03:37 Et alors on a tourné Mademoiselle Frankenstein chez les bonchots en studio avec plein de
03:41 copains et des faux Paraguois et des ours en peluche et des trucs pareils.
03:45 On s'imbuse toujours beaucoup dans mes spectacles.
03:48 Et finalement c'est aussi un hommage à mes parents parce qu'ils n'ont pas eu forcément
03:58 des vies faciles.
03:59 Voilà mon papa qui est venu d'Algérie, qui a quitté l'Algérie colonisée par la
04:03 France.
04:04 Je déteste dire l'Algérie française comme je déteste qu'on dise le Congo belge.
04:08 Ce sont des pays qui sont kidnappés par des pays.
04:11 Heureusement on sait que maintenant les colonisations ça se fait plus.
04:14 Mais mon papa pour y échapper il est d'abord travaillé en France à la mine.
04:17 Il a un peu travaillé dans la région de Mons.
04:19 Et puis quand il a eu son permis de travail, au bout de cinq ans, il a eu le Graal pour
04:23 pouvoir s'installer automatiquement là où il voulait.
04:26 Il a choisi la Belgique plutôt que la France et je sais pourquoi.
04:29 C'est grâce à son parcours que je suis née et aussi grâce à ma maman.
04:37 Et ça c'est une photo de moi quand j'ai fait du spectacle quand j'étais petite.
04:41 Là j'avais je crois dix ans.
04:44 C'était dans un spectacle qui s'appelait "Les prisonnières du Châteaufort".
04:48 [Musique]