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00:00 -C'est les violences conjugales.
00:02 Vous êtes restée deux mois et demi clouée sur un lit d'hôpital.
00:05 -Non, sur mon lit à moi. -Votre lit à vous ?
00:08 -Oui, mais dans un corset.
00:10 -Dans un corset. -Oui.
00:12 Allongée sur le dos. C'est pas drôle.
00:14 J'étais tellement en colère.
00:17 J'étais très, très en colère que ça me soit arrivé.
00:20 Parce que je l'ai pas vu venir, donc j'étais très en colère
00:24 et je m'en voudrais toujours
00:26 de n'avoir pas eu assez d'acuité pour m'en rendre compte.
00:31 -Comment ça arrive ? -Oui.
00:33 Là, c'est arrivé... -Une engueulade ?
00:36 -Non, même pas. Je suis arrivée,
00:38 il y avait ce monsieur très énervé à l'appartement.
00:42 Ça faisait 16 ans qu'on vivait ensemble.
00:45 Et là, il a éclaté.
00:47 Je ne sais pas pourquoi, je ne saurais jamais pourquoi,
00:50 parce qu'il a jamais voulu le dire.
00:52 -Il vous a reproché ? -Non, rien.
00:55 -Qu'est-ce qu'il vous fait quand vous arrivez ?
00:57 -Il était 1h du matin, 1h15. Je rentrais du restaurant.
01:01 Donc...
01:02 Je sais pas, il était énervé, j'ai pas compris pourquoi.
01:06 J'ai pas compris pourquoi, et hop, d'un seul coup, c'est parti.
01:10 -Pour se retrouver dans un corset...
01:12 -C'était assez violent, oui.
01:14 J'habitais un duplex, donc c'était très facile.
01:17 J'étais en bas des escaliers.
01:19 -Il vous a jetée en bas des escaliers ?
01:21 -Oui. Donc voilà.
01:24 C'est comme ça.
01:25 -Il y avait des signes avant-courant ? -Non, jamais. Jamais.
01:28 -Vous avez, évidemment...
01:31 -Jamais. La seule chose, c'est qu'il battait ses chiens
01:34 et que là, quand j'ai déposé plainte,
01:37 ils m'ont dit "vous auriez dû faire attention".
01:39 -C'est facile de dire.
01:41 -Ca aurait dû vous interpeller.
01:43 -C'est facile de dire ça, sincèrement.
01:45 -Ca aurait dû vous interpeller, parce que c'était déjà de la violence.
01:49 Mais jamais, jamais, jamais, il n'a eu ni une parole,
01:53 ni une phrase de violence.
01:54 -Ce moment où vous vous retrouvez, on vient vous chercher ?
01:57 -Non, il a appelé mon chef.
02:00 Il vivait dans la même résidence que nous,
02:03 qui est monté.
02:04 -C'est le chef que vous avez ? -Oui.
02:06 -C'est Thierry Cambier, le monsieur qui travaille avec vous,
02:09 qui est venu vous chercher ? -Oui, qui m'a relevé
02:12 et qui m'a allongée sur mon lit.
02:14 Je voulais pas partir chez les...
02:16 Je voulais pas aller à l'hôpital, rien faire du tout.
02:19 Le lendemain, j'étais obligée d'y aller.
02:22 -Il part, après, ce monsieur ?
02:23 -Il est parti au bout de six mois.
02:25 -Vous étiez en couple depuis 16 ans ?
02:28 -16 ans.
02:29 -Vous avez porté plainte, vous avez attaqué.
02:31 -Bien sûr.
02:33 -Est-ce qu'aujourd'hui, l'affaire est résolue ?
02:35 Vous avez été dédommagée financièrement ?
02:38 -Oui, bien sûr, c'est fini.
02:39 La seule chose qui me rend toujours très en colère,
02:42 c'est que je ne saurais jamais pourquoi.
02:45 -Vous l'avez redemandée ? -Non.
02:47 J'ai jamais eu l'occasion de leur parler.
02:49 -D'accord.
02:50 -Ca, ne pas savoir, c'est terrible pour moi.
02:53 -Je comprends.
02:54 -Je veux toujours comprendre pourquoi on me fait quelque chose.
02:57 -Ca n'est jamais réarrivé après ? -Non, jamais.
03:00 -La peur des hommes, par la suite ?
03:02 -Non, je ne me fiche.
03:03 C'est pas parce qu'un homme vous fait ça
03:06 que tous les hommes vous le font.
03:08 C'est pareil pour une femme qui bat un homme.
03:10 -Bien sûr, c'est vrai.
03:12 -En fait, c'est pas parce que quelqu'un a un geste comme ça,
03:15 que j'aurais peut-être dû pouvoir pressentir avant,
03:19 mais que je n'ai pas vu arriver,
03:20 et c'est pas pour ça que... Voilà.
03:23 C'est comme ça.