Sommet de la CPE à Grenade : le président azerbaïdjanais ne sera pas présent

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Transcript
00:00 Oui c'est vous Daline Papazian, bonjour.
00:02 Vous êtes chargée de cours à Sciences Po,
00:04 Aix-en-Provence, directrice par ailleurs d'Arménia Peace Initiative
00:07 qui promeut la paix dans le Caucase du Sud.
00:10 Merci beaucoup d'être avec nous.
00:13 La question du Haut-Karabakh qui était censée faire l'objet d'une grande rencontre aujourd'hui à Grenade,
00:20 elle ne se fera pas en raison de l'absence d'Ilam Aliyev.
00:25 Qu'est-ce que cela vous inspire à vous ?
00:28 En fait pour être plus précise, ce n'est pas en priorité la question du Haut-Karabakh
00:33 qui faisait l'objet de cette rencontre prévue de longue date,
00:35 prévue avant l'opération militaire qui a eu lieu le 19-20 septembre de l'Azerbaïdjan contre la région.
00:41 C'est en fait un paquet de discussions entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan
00:46 qui tiennent à des points de conflit entre ces deux pays
00:50 qui datent d'il y a maintenant, certains sont très anciens,
00:54 pour d'autres datent de novembre 2020.
00:57 Et donc il y a la question de la délimitation des frontières par exemple,
01:00 il y a la question d'un éventuel passage par le sud de l'Arménie,
01:03 toutes ces questions sont compliquées,
01:05 mais il s'est passé les événements que vous savez,
01:08 le 19 septembre avec cette attaque de l'Azerbaïdjan contre le Haut-Karabakh
01:13 qui a amené au nettoyage ethnique et au départ de l'intégralité de la population de la région du Haut-Karabakh
01:19 qui a dû fuir, qui s'est réfugiée en Arménie.
01:21 Et donc dans ce contexte-là, c'est sûr que la question serait apparue d'une manière ou d'une autre au cours des discussions.
01:28 Et là, il y a peut-être eu un malaise, disons, de la part du président azerbaïdjanais,
01:34 et donc un trait de rétro-pédalé.
01:36 Qui estimait que l'atmosphère était anti-azerbaïdjanaise,
01:40 il a jugé, je le cite, non nécessaire de participer à ces négociations dans le format que vous venez de décrire.
01:47 En tout cas quand même, l'une des fonctions premières de ce forum,
01:49 c'était d'offrir un cadre informel pour apaiser les tensions.
01:54 On peut encore espérer ce genre de cadre informel, au vu de tout ce qui s'est passé ces derniers jours ?
01:59 Oui, enfin on ne va pas tout de suite désespérer,
02:02 on ne va pas tirer de ce geste de refus,
02:06 et une condamnation finale et définitive du processus de négociation
02:12 qui est engagé par l'Union européenne depuis un an et demi ou deux ans.
02:15 Il reste important parce que l'Union européenne est une instance
02:19 qui peut réinjecter du droit et de la norme dans cette région,
02:22 où vraiment elle fait cruellement défaut.
02:25 Ce qui s'est passé la semaine dernière, c'est une atteinte magistrale au droit humanitaire international,
02:29 mais comme l'avait été précédemment l'instauration d'un blocus partiel,
02:34 puis total contre les habitants de la région du Haut-Karabakh.
02:37 Et donc l'Azerbaïdjan peut estimer que certains des membres de l'Union européenne
02:44 sont anti-Azerbaïdjanais, il me semble moi,
02:47 que quand on appelle les choses par leur nom,
02:49 et le seul pays à le faire, soyons clairs là-dessus, ça a été la France,
02:52 c'est le seul pays qui a vraiment appelé le nettoyage ethnique, ce qui s'était déroulé,
02:57 donc il y a quinze jours de cela,
03:00 appeler les choses par leur nom ce n'est pas nécessairement être anti-Azerbaïdjanais,
03:03 ce n'est pas en cautionnant sans arrêt et en laissant l'Azerbaïdjan impunément braver,
03:09 enfreindre les règles les plus élémentaires du droit international,
03:12 qu'on rendra service à la paix dans cette région.
03:15 Il se trouve que le Parlement européen se réunissait aujourd'hui,
03:20 une résolution a été présentée au vote ce jeudi devant le Parlement
03:25 sur la situation dans le Haut-Karabakh,
03:27 ce même Parlement qui vient d'énoncer une épuration ethnique
03:30 et qui réclame aujourd'hui des sanctions, on avance ?
03:33 On avance tout doucement mais on avance après coup,
03:36 donc c'est un petit peu le constat ex post fact,
03:39 alors que les observateurs avertis sur la région disaient depuis des mois
03:43 que le scénario de l'épuration éthique était malheureusement un scénario
03:47 qui gagnait en probabilité avec le blocus contre la population civile depuis neuf mois.
03:55 Donc on avance mais on avance tout doucement,
03:57 la question des sanctions est souvent une question controversée d'abord
04:00 parce qu'elle ne fait pas l'unanimité au sein des pays européens dont on le sait,
04:03 beaucoup d'entre eux sont liés par la dépendance au gaz à l'Azerbaïdjan
04:08 et donc de ce fait là sont peu désireux de se montrer trop durs par rapport à Bakou.
04:16 Une autre question qui fait un peu problème c'est de dire
04:18 "mais les sanctions, est-ce efficace, n'est-ce pas efficace ?"
04:21 Là je voudrais dire que dans le cas d'un régime comme celui de l'Azerbaïdjan
04:25 qui est maintenu, qui est tenu par une oligarchie despotique,
04:31 kleptocratique qui est au pouvoir depuis 25 ans,
04:34 un régime de sanctions peut être vraiment efficace
04:36 parce que justement la concentration des richesses et des ressources
04:39 au sein d'un même clan est extrêmement forte en Azerbaïdjan.
04:42 Pour en revenir à l'absence d'Ilhan Aliev aujourd'hui,
04:47 cette politique de la "chaise vide" n'induit-elle pas finalement
04:51 que lui, l'Azerbaïdjan, ne souhaite plus régler cette crise, ce dossier diplomatiquement ?
04:59 J'espère que non, parce qu'en effet quand l'Azerbaïdjan a,
05:05 dans un passé récent, souhaité ne plus régler les choses diplomatiquement,
05:09 à chaque fois c'est le recours à la violence qui s'en est suivi
05:13 et qui a été le choix fait par préférence, donc j'espère que non.
05:17 Et puis pour ne pas nous en tenir au Solina Maliev,
05:20 soulignons que Pachinian lui a décidé de maintenir son voyage à Grenade,
05:23 il a d'autres sujets de discussion aussi au sein de ce format.
05:28 Avec le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz
05:32 et le président du Conseil européen Charles Michel,
05:35 ils vont se retrouver cet après-midi.
05:37 Qu'est-ce qu'on peut attendre de ces entretiens ?
05:40 Alors déjà on peut attendre sans doute des discussions sur l'aide humanitaire internationale
05:47 qui commence déjà à arriver en Arménie et qui devra sans doute rester pour assez longtemps,
05:52 parce que 100 000 réfugiés pour un pays de 2,8 millions d'habitants,
05:56 c'est un poids énorme en termes de gestion, en termes de capacité,
06:00 en termes d'accueil, de planification, etc.
06:02 Et au-delà il y a des choses très concrètes à discuter,
06:05 par exemple est-ce que la mission, la facilité européenne pour la paix
06:09 pourrait inclure l'Arménie afin de l'aider à se protéger davantage,
06:15 de l'aider à se sécuriser davantage dans les doutes que vous avez soulignés
06:21 par rapport au souhait ou pas de l'Azerbaïdjan de régler les problèmes par la voie diplomatique.
06:26 Merci beaucoup Taline Papazian,
06:28 merci d'avoir été notre invitée du jour à l'occasion de ce sommet de Grenade qui va bientôt débuter.

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