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Aurélien Balzeau, directeur de l'Ehpad Saint-Gabriel de Saint-Aignan-sur-Roë et de l'Ehpad Saint-Fraimbault de Lassay-les-Châteaux, invité de France Bleu Mayenne le mercredi 4 octobre

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Transcription
00:00 On s'intéresse aux EHPAD en Mayenne qui sont en très grande difficulté financière.
00:04 L'État et les conseils départementaux ont annoncé qu'ils allaient débloquer des budgets
00:08 pour aider les maisons de retraite les plus dans le rouge.
00:11 L'invité du 6/9, Marcelin Robin, ce matin, c'est Aurélien Balzot, directeur de l'EHPAD
00:17 Saint-Gabriel de Saint-Aignan-sur-Roue et de l'EHPAD Saint-Frambois à la Scelles-et-Château.
00:21 Bonjour Aurélien Balzot.
00:22 Bonjour.
00:23 L'État a annoncé il y a quelques semaines qu'il débloquait 100 millions d'euros pour
00:27 aider les EHPAD les plus en difficulté.
00:29 On ne sait pas combien la Mayenne touchera, mais si la somme était répartie équitablement
00:33 entre tous les départements, ça ferait environ 1 million d'euros pour nos maisons de retraite.
00:37 Il va servir à quoi cet argent ?
00:39 En fait, l'argent servira à combler les déficits.
00:43 Il y a déjà beaucoup d'établissements en déficit, certains plus que d'autres, et
00:48 en fait la priorité, ça va être vers les plus gros déficits.
00:51 Et 100 millions d'euros pour tous les EHPAD en France, est-ce que ça va suffire ou on
00:55 est loin de la bonne nouvelle ?
00:56 A priori, aux assises des EHPAD à Paris, on parlait de 1 milliard de déficits sur
01:02 tous les EHPAD.
01:03 A priori, ça ne suffira pas.
01:05 Ça va bien aider quelques établissements qui sont vraiment dans le rouge, avec eux-mêmes
01:11 des difficultés de trésorerie pour payer les factures, payer les salaires, mais forcément
01:16 ça ne suffira pas.
01:17 Le conseiller départemental de l'opposition Christophe Langouët estime qu'au moins 25%
01:21 des EHPAD en Mayenne sont en grande difficulté financière.
01:25 Vous confirmez ? Vous avez les mêmes chiffres ?
01:26 Alors nous on est associatif, donc en fait on a quelques réserves, mais on ne va pas
01:32 tenir comme ça longtemps, c'est sûr.
01:34 Après, en effet, il y a des établissements qui sont vraiment en difficulté, notamment
01:38 dans le public.
01:39 Je peux vous donner un exemple, mais dans le public, on a versé des primes, primes
01:45 Ségur, primes Grandage, et en fait tout n'est pas refinancé aux établissements.
01:49 Donc en fait ça creuse les déficits.
01:50 C'est des petits détails comme ça, mais au final, à la fin, ça fait beaucoup de
01:55 déficits.
01:56 Et il y a des établissements qui pourraient fermer en Mayenne dans les prochains mois
01:59 ?
02:00 Alors à un moment donné, quand il n'y a plus d'argent, qu'on ne peut plus payer
02:03 les salaires, alors déjà on va perdre des salariés et de toute façon il va falloir
02:07 qu'on trouve des solutions.
02:08 Nous aujourd'hui, on se pose toujours… voilà, ça nous permet aussi de nous remettre
02:12 en question, de nous réinventer.
02:14 Par exemple, moi j'ai transféré la lingerie qui est très énergivore, qui fonctionnait
02:20 la journée à la nuit.
02:22 On consomme moins d'électricité.
02:24 Parce que les factures ont flambé ?
02:26 On est passé de 8000 euros par mois à 16 000.
02:29 Donc forcément 100% d'augmentation avec les 2% d'augmentation du budget ARS, etc.
02:35 Enfin, on ne s'en sort pas en fait.
02:37 Il y a aussi, on le voit nous dans les rayons des supermarchés, le prix de l'alimentation
02:43 qui flambe.
02:44 J'imagine que vous aussi, vous subissez ces augmentations.
02:48 Est-ce que vous avez retiré certains produits des tables des résidents ?
02:52 Est-ce que vous avez renié sur les repas ?
02:53 Alors, on ne veut pas en arriver là.
02:55 On ne va pas retirer le fromage et le vin à table ou renier sur la qualité.
03:00 Pour l'instant, on n'en est pas là.
03:02 Mais à un moment donné, il va falloir qu'on trouve des solutions.
03:05 Vous avez deux solutions en fait.
03:07 C'est soit réduire les dépenses par rapport à l'hôtellerie, soit vous réduisez le
03:11 chauffage, soit vous réduisez le personnel.
03:14 Et or, le personnel dans les EHPAD, on n'en a déjà pas assez.
03:17 En fait, c'est très compliqué.
03:19 Les soignants font tout ce qu'ils peuvent, mais c'est très compliqué.
03:22 Donc, on ne veut pas toucher à ça.
03:23 Mais il y a un moment donné, il faut bien qu'on trouve des solutions.
03:26 On entend parler de licenciement dans des EHPAD.
03:28 C'est invraisemblable.
03:29 Alors qu'il y a déjà trop peu de personnel.
03:32 Ça fait des années qu'on le dit.
03:34 On a des ratios trop faibles.
03:36 Et c'est ce qui fait que nos métiers n'ont plus d'attractivité.
03:38 Parce qu'en fait, les soignants n'en peuvent plus.
03:41 Ils courent partout.
03:43 En fait, ce qu'on veut, c'est du temps de présence auprès du résident, au chevet
03:46 du résident.
03:47 Et aujourd'hui, on ne fait qu'en urgence.
03:51 Ça court dans les couloirs.
03:52 Le conseil départemental de la Mayenne, qui finance en partie les EHPAD, a annoncé qu'il
03:56 allait doubler l'enveloppe donnée par l'État.
04:00 Ça ne va pas suffire non plus.
04:02 Il faudra aller chercher des financements beaucoup plus gros pour que les EHPAD soient
04:09 pérennes et qu'il n'y ait pas d'inquiétude.
04:11 Alors pour moi, le département de la Mayenne agit beaucoup sur les établissements.
04:17 Mais ça ne suffira pas.
04:18 En fait, il faut vraiment une réforme au niveau du gouvernement.
04:21 Nous, ce qu'on réclame, c'est des tarifications qui soient évaluées pratiquement mensuellement.
04:28 En fait, on a une charge de travail qui évolue chaque mois.
04:31 Or, aujourd'hui, c'est évalué tous les cinq ans.
04:33 Aujourd'hui, j'ai une tarification évaluée il y a quatre ans en arrière.
04:39 Mais il y a quatre ans, ce n'était pas les mêmes résidents que j'ai aujourd'hui.
04:41 En fait, il faut qu'on puisse…
04:43 Nous, on n'est qu'à dire la charge de travail par mois.
04:45 C'est le système d'évaluation par la dépendance et le PATHOS.
04:48 En fait, on est capable de dire chaque mois la charge de travail et les besoins en financement
04:54 mensuellement.
04:55 Il faut qu'on nous donne, qu'on nous fasse confiance par rapport à ça et qu'on nous
04:59 donne les moyens par rapport à la charge de travail.
05:01 Et que ça soit adapté à la conjoncture économique et à l'inflation.
05:04 Merci Aurélien Balzot d'avoir été notre invité ce matin sur France Bleu Mayenne.
05:07 Vous qui dirigez l'EPAD Saint-Gabriel de Saint-Aignan-sur-Ros et l'EPAD Saint-Franbois
05:11 à Lassay-les-Châteaux.
05:12 Bonne journée.
05:13 Merci.
05:14 Récoutez sur francebleu.fr

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