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- Grand témoin : Éric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis et Président de la Commission des finances

LE GRAND DÉBAT / Une loi pour protéger l'indépendance de la presse ?

« Le chrono de Blako » par Stéphane Blakowski

Le mardi 3 octobre 2023 marque le lancement des Etats généraux de l'information. Plusieurs quotidiens, dont « Libération » et « l'Humanité », ont saisi l'occasion pour faire leur une sur une presse dont l'indépendance est parfois en danger. Après la grève sans succès des journalistes du JDD qui souhaitaient éviter la nomination de Geoffroy Lejeune (ancien rédacteur en chef de « Valeurs actuelles ») à la tête du journal, certains députés souhaitent légiférer. La députée écologiste Sophie Taillé-Polian porte ainsi une proposition de loi transpartisane "visant à protéger la liberté éditoriale des médias sollicitant des aides de l'État". Le texte veut garantir un droit d'agrément des journalistes lors d'une nomination à la tête de leur rédaction. La loi doit-elle venir en soutien des journalistes lorsque ces-derniers n'ont plus les moyens de garantir leur indépendance ?

Invités :
- Sophie Taillé-Polian, députée écologiste du Val-de-Marne
- Violette Spillebout, députée Renaissance du Nord
- Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters Sans Frontières et délégué général des Etats généraux de l'information
- Valentine Oberti, journaliste à Mediapart

LE GRAND ENTRETIEN / Éric Coquerel : la NUPES au bord de l'implosion ?
Le lundi 2 octobre, Éric Coquerel a été réélu à la tête de la Commission des finances. Il reste ainsi le seul député d'opposition à présider une commission de l'Assemblée nationale. Alors que la NUPES se fissure, le député très proche de Jean-Luc Mélenchon va-t-il user de son influence pour préserver une alliance à gauche à l'aune des élections européennes ?

- Grand témoin : Éric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis et Président de la Commission des finances

BOURBON EXPRESS : Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP

LES AFFRANCHIS :
- Vincent Hugeux, professeur à Sciences Po et ancien grand reporter
- Iannis Roder, professeur d'histoire-géographie en Seine-Saint-Denis

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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Transcription
00:00 (Générique)
00:05 -Bonsoir. Bienvenue.
00:07 Heureuse de vous retrouver dans "Ça vous regarde" en direct.
00:10 Eric Coquerel, réélu, finalement, sans difficulté,
00:14 aucune à la tête de la commission des finances de l'Assemblée.
00:18 Merci d'être notre grand témoin.
00:20 Ce soir, un grand témoin, un peu spectateur
00:23 du spectacle, désolant, vous nous le direz ou pas,
00:26 des divisions à gauche.
00:28 Combien de temps la NUPES peut-elle encore tenir ?
00:31 On en parlera longuement tous les deux tout à l'heure.
00:34 Notre grand débat ce soir,
00:35 comment protéger l'information et l'indépendance des rédactions.
00:39 Le grand chantier des Etats généraux,
00:42 promis par Emmanuel Macron, s'est ouvert.
00:44 Concentration des médias, rachat bruto,
00:47 secret des sources,
00:48 la liberté de la presse semble en péril dans notre pays.
00:51 Les députés veulent légiférer.
00:53 Nous en débattons dans un instant avec nos invités,
00:56 enfin nos affranchis, ce soir,
00:58 Yanis Roderre et ses histoires d'école,
01:00 le regard sur le monde du grand reporter Vincent Hugeux
01:04 et puis des punaises de lit très politiques,
01:06 ce sera dans le Bourbon Express d'Elsa Mondin-Gava.
01:09 Voilà pour le menu, on y va.
01:10 Eric Coquerel, très bon regard. -Allons-y.
01:24 -Impossible de ne pas penser
01:25 à la centaine de journalistes grévistes du JDD
01:28 qui ont dû quitter à contre-coeur leur journal à la fin de l'été.
01:31 C'est en partie seulement pour répondre
01:34 à la mainmise brutale de Vincent Bolloré
01:36 sur le journal du dimanche et ses conséquences sociales
01:39 et éditoriales que sont donc lancés les Etats généraux
01:42 de la presse et de l'information.
01:44 Que peut-on attendre, très concrètement,
01:46 dans un moment où la liberté de la presse
01:49 semble fragilisée dans notre pays ?
01:51 Bonsoir, Christophe Deloyer.
01:53 Voilà, puisque c'est vous qui allez piloter
01:55 pendant neuf mois ces Etats généraux de l'information.
01:58 Vous en êtes le secrétaire général
02:00 et vous êtes également secrétaire général
02:02 de Reporters sans frontières.
02:04 On a pas mal de questions à vous soumettre ce soir.
02:06 Bonsoir, Violette Spilbou. -Bonsoir.
02:08 -Merci d'être sur ce plateau.
02:10 Députée Renaissance du Nord,
02:12 porte-parole du groupe majoritaire à l'Assemblée nationale.
02:15 Bonsoir, Sophie Tellier-Paulian.
02:17 Bienvenue, vous êtes députée Génération,
02:19 apparentée écologiste du Val-de-Marne.
02:22 Vous avez déposé une proposition de loi transpartisane,
02:24 avec la majorité macroniste, notamment,
02:27 pour conditionner les aides à la presse
02:29 à la mise en place d'un droit d'agrément
02:31 des journalistes sur la nomination de leur directeur de rédaction.
02:35 On va y revenir dans le détail. Bonsoir, Valentino Berti.
02:38 Vous êtes journaliste à Mediapart,
02:40 responsable du pôle vidéo "À l'air libre"
02:42 et autrice, avec Luc Erman, d'un documentaire
02:45 qui est sorti en salle il y a un an, à peu près.
02:47 C'est ça, qui s'appelait "Médiacrash",
02:50 une collaboration des médias,
02:51 dans les mains de quelques grands patrons français.
02:54 Eric Coquerel, vous avez soutenu les grévistes du JDD.
02:57 Vous intervenez quand vous le souhaitez.
02:59 On commence par planter le décor des Etats généraux
03:02 de l'information "Pourquoi faire ?"
03:04 C'est le chrono de Blanco qu'on accueille tout de suite.
03:07 Bonsoir, mon cher Stéphane.
03:11 -Bonsoir, Myriam. Bonsoir à toutes.
03:13 -Je vous invite à vous retourner, Eric Coquerel,
03:16 pour accueillir Stéphane Blakovsky.
03:18 -Merci. -Alors, ces Etats généraux.
03:20 -Au départ, les Etats généraux de l'information,
03:23 c'est une promesse du candidat Macron en 2022.
03:27 Comme elle est ressortie du tiroir au mois de juillet,
03:30 c'était pile à l'époque où la rédaction du JDD
03:32 s'était mise en grève pour protester
03:34 contre la prise de contrôle de Vincent Bolloré.
03:37 On a eu le sentiment que ces Etats généraux
03:39 de l'information étaient une réaction
03:41 à l'actualité. Il faut dire que dans notre pays,
03:44 il y a une dizaine de milliardaires
03:47 qui, à eux seuls, possèdent une grande partie des médias.
03:50 D'ailleurs, lorsqu'on a annoncé ces Etats généraux,
03:52 les députés se sont mobilisés
03:54 avec une proposition de loi transpartisane,
03:57 dont vous venez de parler.
03:58 On reconnaît certaines de nos invités
04:00 qui étaient présentes à la proposition de loi
04:03 à noter que les LR et le RN n'ont pas participé.
04:06 Donc l'idée de cette proposition de loi,
04:08 c'est que lorsqu'un propriétaire veut nommer un directeur
04:11 dans son journal, dans la rédaction,
04:14 les journalistes ont un droit de vote
04:15 pour accepter ou refuser ce directeur.
04:17 Et si le propriétaire ne veut pas se plier à cette méthode,
04:20 eh bien, il ne touchera pas les aides de la presse
04:23 versées par l'État.
04:24 Ça, c'est la proposition de loi.
04:25 Mais en fait, avec ces Etats généraux,
04:27 Emmanuel Macron, en tout cas, quand il en parlait en 2022,
04:30 il avait une autre idée en tête
04:32 que simplement l'indépendance des journalistes.
04:35 Sa priorité, c'était surtout de lutter
04:37 contre les ingérences étrangères
04:39 dans le domaine de l'information.
04:41 D'ailleurs, il a souvent mis les pieds dans le plat à ce sujet.
04:43 Vous voyez, ça, c'est une déclaration de 2019
04:46 où il mettait en garde contre les ingérences russes.
04:47 On sait que ça a été le cas des élections américaines,
04:49 élections au Royaume-Uni, élections en France.
04:52 Il a aussi désigné la Turquie,
04:54 où il s'inquiétait de l'ingérence
04:56 au moment des élections présidentielles.
04:59 Mais on peut donner un exemple plus récent de l'actualité.
05:02 Regardez, on s'est inquiété toute la semaine dernière
05:04 des ingérences russes en Slovaquie sur les réseaux sociaux
05:07 qui favorisaient, c'était les législatives,
05:09 donc la liste de pro-russes.
05:10 Eh bien, de fait, on a bien fait de s'inquiéter
05:12 puisque c'est le candidat pro-russe qui a été élu.
05:17 Donc, vous voyez, lorsqu'on veut défendre une information,
05:19 et c'est le but des États généraux,
05:21 libre, indépendante et fiable,
05:23 on ne doit pas seulement se méfier des milliardaires français
05:26 qui veulent museler les journalistes,
05:27 il faut aussi se méfier des États autoritaires
05:29 qui veulent déstabiliser les démocraties.
05:32 Explication de David Collomb,
05:33 qui est un chercheur à Sciences Po, on l'écoute.
05:35 Un certain nombre d'États autoritaires
05:37 ont entrepris depuis plus d'une dizaine d'années
05:39 de mener un conflit contre les démocraties,
05:42 qui a pour objectif de les affaiblir, de les subvertir,
05:45 en recourant notamment à la manipulation de l'information,
05:49 à l'instrumentalisation des théories du complot,
05:51 avec le recours à toutes les techniques possibles médiatiques.
05:55 Alors attention, parce que la désinformation russe,
05:58 ce n'est pas de la propagande à l'ancienne
05:59 où on chercherait à vous convaincre que Poutine est sympa
06:01 ou que la Russie, c'est super.
06:03 C'est à la fois plus subtil et plus dangereux
06:06 les explications de Raphaël Glucksmann,
06:07 qui s'occupe de ce sujet au Parlement européen
06:10 et qui témoignait devant le Sénat.
06:12 Cette ingérence, elle vise au chaos.
06:14 Par exemple, ce n'est pas faire la pub de la Russie
06:17 sur les réseaux sociaux,
06:18 c'est soutenir les pôles les plus extrêmes
06:22 du débat public dans nos pays,
06:23 dans le but de rendre notre débat public chaotique.
06:27 Alors, sans vouloir être trop pessimiste,
06:29 si l'objectif des États autoritaires
06:31 est d'empêcher tout débat serein dans les démocraties,
06:35 en tentant de favoriser les engueulades entre les extrêmes
06:38 qui font monter l'audience, mais qui n'aboutissent à rien,
06:40 ils ne seront pas loin d'être arrivés à leur but.
06:43 Les sondages nous disent que 9 Français sur 10
06:45 estiment qu'on ne peut plus débattre
06:47 sans que ça tourne à l'affrontement et au dialogue de sourds.
06:51 Est-ce qu'on peut corriger ça ?
06:53 On va tenter de le faire, ce soir.
06:54 Il y en a d'autres qui pourraient semer des désaccords,
06:57 mais pas de dialogue de sourds.
06:59 Merci, Stéphane. Christophe Deloire.
07:01 Quand on regarde le périmètre
07:03 de ces États généraux de l'information,
07:05 c'est très, très large.
07:07 Il l'a dit, Stéphane, la question de la désinformation,
07:10 des ingérences de puissances étrangères,
07:13 du secret des sources, la concentration des médias,
07:16 rien que ça, et j'en passe, c'est beaucoup.
07:18 Est-ce que c'est pas trop pour être efficace ?
07:21 Vous auriez pu rajouter intelligence artificielle,
07:24 modèle économique des médias, protection du secret des sources.
07:27 On est dans un moment, du fait de l'évolution technologique,
07:32 de bouleversement de notre espace public,
07:34 de cette place du village où on échange les idées,
07:37 et qui, au fil de l'histoire,
07:39 avait fait l'objet de garanties démocratiques,
07:41 qui étaient des principes à travers la régulation,
07:45 quelles qu'en soient les formes, à travers l'autorégulation,
07:49 l'éthique journalistique, par exemple,
07:51 à travers un développement culturel,
07:53 qui peut être la culture au sein des rédactions,
07:56 qui permettait d'apporter des garanties
07:58 sur la fiabilité de l'information.
08:00 C'était pas parfait, mais c'était détruit.
08:02 Tout a changé.
08:03 Par ailleurs, on se retrouve dans un moment de mondialisation,
08:07 où la place du village, avant, était essentiellement nationale,
08:10 et maintenant, elle est ouverte.
08:12 Et donc, toute cette construction historique,
08:14 elle a été balayée, il faut reconstruire.
08:16 Alors, on peut reconstruire
08:18 en trouvant des solutions à chacun des problèmes,
08:21 et c'est très louable de le faire, c'est très positif,
08:23 et il y a tout un travail qui a été entrepris.
08:26 Les Etats généraux repartiront du travail parlementaire
08:29 qui a été fait, mais pour ne pas seulement le faire par petits bouts,
08:32 c'est important d'avoir une vue globale,
08:35 et ça, c'est un des premiers atouts, je crois, des Etats généraux.
08:38 Et le second grand atout, c'est d'en discuter avec les citoyens.
08:41 Expliquez-nous ça.
08:43 C'est un grand forum, neuf mois,
08:44 vous allez mettre tous les acteurs, qui précisément,
08:47 et quelle place pour le citoyen ?
08:49 En fait, il y aura trois modes de participation.
08:51 D'abord, citoyenne, professionnelle et du monde de la recherche.
08:55 S'agissant de la participation citoyenne,
08:58 on va travailler sur les règles du jeu, au fond,
09:01 de la place du village.
09:03 On ne peut pas le faire sans les citoyens,
09:05 on ne va pas le faire en entre-soi,
09:07 dans une logique corporatiste.
09:09 C'est un sujet démocratique, fondamentalement démocratique.
09:12 Et donc, nous avons lancé, dès ce matin,
09:15 une consultation citoyenne,
09:17 qui est en ligne sur le site des Etats généraux d'information.
09:20 Chacun peut participer.
09:21 On va lancer un tour de France, on ira voir les Français là où ils sont,
09:25 en organisant des assemblées citoyennes sous chapiteau.
09:27 Il y a beaucoup de médias, d'organisations,
09:30 de fédérations qui vont organiser des événements.
09:33 C'est un projet collectif qui va être long, on va prendre le temps,
09:36 mais pour arriver à la fin, à une stratégie
09:38 et un plan d'action pour la France sur ces sujets.
09:41 -Stratégie, plan d'action, puis je fais tourner la parole.
09:44 J'ai compris les citoyens, il y aura aussi,
09:46 pour ne pas les nommer, Patrick Drahi, Vincent Bolloré,
09:49 les propriétaires, les actionnaires, vous allez les entendre,
09:52 le législateur aussi et les journalistes.
09:55 -Tout le monde pourra contribuer.
09:57 -Qu'est-ce que ça veut dire ?
09:58 Contribuer pour faire quoi ?
10:00 Pour arriver à des propositions concrètes,
10:02 des propositions qui seront remises au chef de l'Etat,
10:05 qui décidera ce qu'il en fait ?
10:07 -Notre idée, c'est de le remettre au chef de l'Etat.
10:10 Il a nommé le comité de pilotage,
10:12 on est cinq à piloter dans ce comité de pilotage,
10:15 avec le président Bruno Lasserre,
10:18 mais on remettra aussi au parlementaire,
10:21 avec qui on discute, aux Français.
10:23 Ça nécessite une appropriation générale.
10:25 -Une appropriation générale.
10:27 On va parler de votre texte,
10:29 parce que c'est à la fois complémentaire,
10:32 et ça pourrait aller plus vite que ces Etats généraux.
10:35 Sophie Tellier-Pollian,
10:36 sur la démarche, vous aviez soutenu les grévistes,
10:39 d'ailleurs tous les élus ici, du JDD.
10:42 Vous regardez comment ce forum ?
10:44 Vous dites "Enfin, bienvenue",
10:45 ou "Attention, usine à gaz potentielle".
10:48 -Je suis contente que ça commence.
10:50 Ça faisait des mois que le gouvernement,
10:53 le président de la République,
10:55 depuis qu'on a été élu, on en parlait,
10:57 mais il va y avoir les Etats généraux,
10:59 de l'information, etc.
11:01 Ça arrive, tant mieux.
11:02 Peut-être regretter que ça arrive quand même assez tard,
11:06 et peut-être aussi en raison de cette nouvelle crise,
11:08 dans un journal, le JDD,
11:11 sur une crise grave, mais qui n'est pas une crise nouvelle,
11:15 c'est-à-dire qu'il y a déjà eu des épisodes.
11:17 -Pour vous, c'est le problème principal ?
11:19 On a parlé de beaucoup de thèmes, la concentration des médias,
11:23 et peut-être même, au-delà de ça,
11:25 la mainmise brutale d'un patron de presse,
11:29 d'un industriel, sur un journal.
11:31 -Il y a plusieurs problèmes.
11:33 Je suis tout à fait en accord de traiter les choses
11:36 de manière globale.
11:37 Mais de mon point de vue,
11:39 je pense qu'il y a au moins trois, quatre questions
11:42 auxquelles il faut que les Etats généraux répondent
11:45 et que ça se concrétise,
11:46 notamment, je pense, par une grande loi,
11:48 parce qu'il y a des éléments dans la loi qui sont obsolètes.
11:52 Un, c'est la question de la concentration des médias,
11:55 avec notamment... Comment on mesure cette concentration
11:58 si on empêche qu'elle soit si importante
12:00 qu'elle entrave le débat et la pluralité
12:03 dans le débat public ? C'est essentiel.
12:05 Deux, il y a aussi la question du service public de l'audiovisuel,
12:09 qui a été fragilisé il y a un an
12:10 par la décision d'Emmanuel Macron de supprimer la redevance.
12:14 Il faut répondre à cette question.
12:16 Quel moyen pour un service public d'audiovisuel
12:18 qui garantisse une qualité de l'information ?
12:21 Et puis, il y a aussi, bien entendu,
12:23 parce que je pense que c'est indéniablement lié,
12:26 à la question du statut des journalistes,
12:28 de leurs conditions de travail.
12:30 Comment on garantit l'indépendance ?
12:32 Parce que les salariés ont des conditions
12:34 qui leur permettent de résister aux pressions.
12:37 -Vous les allargissez encore ? -La presse libre.
12:40 Mais en réalité, il y a aussi, évidemment,
12:42 la question technologique et d'autres questions.
12:45 Moi, je pense qu'effectivement,
12:47 il faut traiter tout ça de manière globale,
12:49 mais il faut pas non plus,
12:51 et c'est peut-être aussi une alerte, se perdre.
12:54 -Vous avez dit que vous avez un plan.
12:56 -Oui, j'ai un plan.
12:57 -Vous avez dit que vous aviez un plan.
12:59 -Oui, j'ai un plan.
13:00 -Vous avez dit que vous aviez un plan.
13:03 -Oui, j'ai un plan.
13:04 -Vous avez dit que vous aviez un plan.
13:06 -Oui, j'ai un plan.
13:08 -Vous avez dit que vous aviez un plan.
13:10 -Oui, j'ai un plan.
13:11 -Vous avez dit que vous aviez un plan.
13:14 -Oui, j'ai un plan.
13:15 -Vous avez dit que vous aviez un plan.
13:17 -Oui, j'ai un plan.
13:19 -Vous avez dit que vous aviez un plan.
13:21 -Oui, j'ai un plan.
13:23 -En revanche, comment ne pas être inquiet
13:25 face à un pouvoir qui a déclaré
13:29 "on a une presse qui ne cherche plus la vérité
13:32 "en pleine affaire Benalla",
13:34 comment ne pas être inquiet d'un gouvernement
13:36 qui a voulu faire voter un article 24
13:38 où les journalistes ne pouvaient plus filmer les forces de l'ordre,
13:42 comment ne pas s'inquiéter d'un schéma du maintien de l'ordre
13:46 qui prévoyait qu'on s'accrédite pour les manifestations,
13:49 comment ne pas s'inquiéter d'un gouvernement
13:52 qui avait dit "comment ne pas s'inquiéter d'un pouvoir
13:55 "qui dépose plainte régulièrement contre les journalistes
13:58 "parce qu'ici, atteinte au secret de la défense nationale,
14:01 "parce que là, fuite de documents au sein du ministère du Travail".
14:05 -La liste est longue. Vous répondez là-dessus,
14:08 puis on parlera de la proposition de loi.
14:10 Emmanuel Macron a-t-il un problème avec l'indépendance de la presse ?
14:14 -Je crois qu'Emmanuel Macron,
14:16 en lançant les états généraux de l'information,
14:19 démontre qu'il veut une démarche ouverte, indépendante.
14:22 Il y a un expert qui ferait partie de ce comité de pilotage
14:25 pour garantir ce travail,
14:27 qu'il soit à côté du politique et pas pour le politique.
14:31 Ce que vient de présenter Christophe Deloire
14:34 ce matin avec ses assemblées citoyennes,
14:36 ce travail avec les chercheurs, les universitaires,
14:39 c'est très important.
14:40 Ce que l'on voit sur ces états généraux de l'information,
14:44 c'est que ça va être un catalyseur des initiatives.
14:47 Nous, à la Commission des Affaires culturelles et de l'éducation,
14:50 on a déjà commencé le travail qu'on va verser
14:53 dans ces états généraux.
14:54 Je pense à la mission que j'ai menée
14:56 sur l'éducation critique aux médias,
14:59 et le sujet de la lutte contre les fake news
15:01 et de la désinformation,
15:03 et aussi à la mission actuelle d'évaluation de la loi Bloch,
15:06 qui est une loi sur les conditions d'exercice
15:09 du métier de journaliste,
15:11 qui est en cours avec, là aussi,
15:13 des collègues en mode transpartisan.
15:15 Nous, ce qu'on veut, c'est que ces états généraux
15:18 prennent l'ensemble des problématiques,
15:21 y compris celles que vous évoquez,
15:23 le sujet de l'intervention des politiques,
15:25 que ce soit sur les médias privés ou les médias publics,
15:28 l'intervention des politiques,
15:30 l'intervention des chefs d'entreprise,
15:32 ce lien entre le pouvoir et la liberté de la presse.
15:35 Ce qu'on veut aussi, c'est qu'ils traitent
15:37 le sujet de la déontologie et de la transformation du métier.
15:41 Le métier d'un journaliste qui a sa carte de presse,
15:44 il se confronte à des influenceurs, à des blogueurs,
15:47 à plein de nouvelles formes d'informations.
15:49 Sont-elles valables ? Non ?
15:51 -Ca fait beaucoup de sujets.
15:52 Est-ce que ça relève de la loi ?
15:54 -Pas forcément.
15:55 Les états généraux n'aboutiront pas forcément
15:58 que sur du législatif, mais aussi sur des décisions collectives.
16:01 -On se concentre sur deux grands sujets.
16:04 Au Parlement européen, on est en train de légiférer,
16:07 à hasard du calendrier, sur la question du secret des sources.
16:10 On va commencer sur la concentration
16:12 des grands médias privés, d'abord,
16:15 dans les mains de quelques milliardaires.
16:17 On va revoir cette infographie.
16:19 Ils s'appellent Vincent Bolloré, Bernard Arnaud,
16:22 Patrick Drahi, Daniel Kretinsky, Martin Bouygues et j'en passe.
16:25 Ils sont une grande poignée, une dizaine de grands industriels
16:29 à détenir la quasi-totalité de la presse.
16:31 Alors, tous ne font pas pression sur la ligne éditoriale
16:34 et le choix des sujets traités,
16:36 mais rien, aujourd'hui, ne les en empêche.
16:38 Faut-il une loi pour garantir l'indépendance
16:41 de l'information et des rédactions ?
16:43 On a une dizaine d'entre elles, de rédactions,
16:46 comme Le Monde ou Les Echos,
16:47 qui ont des règles très strictes.
16:49 Explication, Hélène Bonduelle et Mediapart.
16:52 Regardez.
16:53 ...
16:56 -Ce devait être une formalité.
16:59 François Vidal devait succéder à Nicolas Barré
17:01 à la direction de la rédaction des Echos.
17:04 Mais ce jeudi 28 septembre,
17:06 la rédaction du journal en a décidé autrement.
17:08 Candidature rejetée massivement par 67 % des journalistes.
17:13 Le candidat proposé par le conseil de surveillance du journal
17:17 n'a pas convaincu.
17:18 La crainte que la rédaction perde son indépendance
17:21 face à l'actionnaire majoritaire, le groupe LVMH,
17:24 a été plus forte.
17:26 C'est notamment l'accord d'indépendance signé en 2007,
17:29 lors de l'arrivée de Bernard Arnault,
17:31 qui permet aux journalistes des Echos
17:33 de se prononcer sur le candidat proposé par l'actionnaire.
17:36 La Croix, Libération ou encore Le Monde
17:39 ont également le pouvoir de valider
17:41 ou affirmer la désignation d'un directeur.
17:44 -Ca évite, justement, les à-coups provoqués par des actionnaires
17:48 qui voudraient donner une coloration politique, par exemple,
17:51 à leur journal,
17:52 et qui choisiraient forcément des affidés.
17:55 Là, on considère que la rédaction, d'une certaine façon,
18:00 elle sait ce que sont les règles journalistiques,
18:04 elle sait quelle est la mémoire du média dans lequel elle est,
18:07 et elle respecte ça.
18:09 Donc, elle choisit son directeur
18:12 en fonction de ses valeurs journalistiques.
18:15 Ca a toujours été notre cas, d'ailleurs, au Monde.
18:17 -Avec un tel accord, l'arrivée de Geoffroy Lejeune,
18:20 venu de Valeurs Actuelles,
18:21 aurait sans doute été rejetée par la rédaction du JDD.
18:24 Alors faut-il une règle commune à tous les médias ?
18:28 -Si on estime que les journalistes sont...
18:31 que les médias participent de la démocratie dans notre pays,
18:34 il faut aussi qu'on soit des entreprises...
18:37 exemplaires en termes démocratiques.
18:39 Il faut absolument qu'il y ait une démocratie vivante
18:42 en entreprise.
18:43 -Autrement dit, un droit de veto des journalistes
18:47 qui pourrait être garanti par la loi.
18:50 -Alors, Éric Coquerel,
18:51 est-ce que vous seriez prêt, là, on a trois députés,
18:54 ça fait largement une majorité,
18:56 si on prend vos groupes respectifs,
18:58 à voter une proposition de loi dans ce sens ?
19:01 Pas d'aide à la presse, si cet droit de veto
19:05 sur la nomination du directeur de la rédaction
19:07 n'est pas respecté ? -Oui, bien sûr.
19:09 On peut même voter une loi qui oblige,
19:11 qui fasse en sorte que le droit de veto
19:14 soit efficient, même sans la question...
19:16 -Sans passer par le donnant des aides ?
19:18 -Oui, pourquoi ? On peut très bien décider d'une loi
19:21 qui donne ce pouvoir aux journalistes.
19:24 Moi, je pense...
19:25 -Cette loi-là, si elle était votée pour bien comprendre,
19:28 ça empêcherait Bolloré... -Ca empêcherait en partie.
19:32 -De faire ce qu'il fait avec le JDD.
19:34 -Juste une précision.
19:35 On est dans une situation catastrophique,
19:38 mais catastrophique pour les libertés et la démocratie,
19:41 si on considère que les médias tiennent une place
19:44 de plus en plus importante dans nos sociétés,
19:46 que parfois, c'est même le seul lien social
19:49 avec l'extérieur, pour beaucoup de nos concitoyens.
19:53 Je rajouterais à côté de ça la question des réseaux sociaux,
19:56 qu'on ne doit pas, à mon avis, séparer
19:58 de la domination du monde de l'argent.
20:01 On se retrouve dans la situation totalement inversée
20:04 de ce que craignait le Conseil national de la résistance
20:07 en 46, parce qu'on a, à ce moment-là,
20:10 décidé des choses sur la presse.
20:12 Pas de concentration aux mains d'une personne
20:14 de plusieurs titres de médias.
20:16 Le fait aussi que des groupes économiques extérieurs
20:19 au monde média ne pouvaient pas posséder des médias.
20:22 -Il y a des lois sur les concentrations.
20:25 -C'est tout l'inverse. -Mais ce fils peut-être pas.
20:27 -Obsolète. -Ca ne fait que s'aggraver.
20:30 Je crois que, bien évidemment, ça passe notamment
20:33 par le fait de redonner plus de pouvoir aux journalistes
20:36 et d'éviter des situations incroyables
20:38 où quelqu'un est rejeté par l'ensemble de quasiment une rédaction
20:42 et son patron, le financier, peut l'imposer,
20:45 mais ça passe aussi par le fait de remettre en question
20:48 cette concentration. Pourquoi ?
20:50 Parce que, finalement, l'histoire de Bolloré
20:52 est un bon révélateur.
20:54 Tant qu'il n'y avait pas eu Bolloré,
20:56 le fait que des milliardaires possédaient plusieurs médias
21:00 pour donner, on dira ce qu'on voudra...
21:02 -C'est le milliardaire ou ce qu'il veut faire du média ?
21:05 -Le problème, c'est que le monde de la finance,
21:07 c'est-à-dire des gens qui ont un intérêt,
21:10 notamment au fait que le système se perpétue
21:12 tel qu'il est aujourd'hui,
21:14 possède ce qui va permettre d'orienter l'opinion des gens
21:17 de manière massive. Ca ne va pas.
21:19 La dépendance de la presse, à mon avis,
21:21 passe par le fait de s'indexer.
21:23 -Deux lois. Une sur la concentration.
21:25 -Ca se révèle encore plus.
21:28 -L'autre sur votre proposition.
21:30 Loi transpartisane.
21:31 -C'est une même loi.
21:32 C'est une loi qui, à la fois, interdit la concentration,
21:36 en tout cas, la régule très fortement
21:38 pour qu'il n'y ait pas quelques personnes
21:40 qui possèdent toute la presse, ou 90 % de la presse,
21:43 et puis, deuxièmement, c'est aussi de donner des garanties
21:48 dans l'exercice de leur métier aux journalistes,
21:50 qui forment un collectif dans une rédaction...
21:53 -Sur le modèle de ce qui a été négocié
21:55 par la société Beradackeur, de Mediapart, du Monde.
21:58 -Pourquoi c'est important ?
21:59 C'est parce que la liberté de la presse
22:03 est consubstantielle à la démocratie.
22:05 Il n'y a pas de démocratie
22:07 s'il n'y a pas une information libre et pluraliste.
22:10 Donc, en réalité, ces entreprises,
22:12 il faut qu'elles aient des règles particulières.
22:15 On ne peut pas...
22:16 -Elles ne seront pas dissuadées, je pose la question,
22:19 d'investir, la presse est en crise.
22:21 Est-ce que cette proposition de loi existe ?
22:23 -Non, parce qu'il faut quand même définancier.
22:26 -Il y a tout le modèle économique de la presse,
22:29 mais il y a quand même, aujourd'hui, dans notre pays,
22:32 des médias qui cherchent, qui trouvent
22:34 des formes de modèles économiques,
22:36 qui les prémunissent d'actionnaires
22:38 qui seraient, gentiment, indélicats
22:40 ou, carrément, interventionnistes
22:42 au service de leurs intérêts.
22:44 -En vérité, qu'elles soient dissuadées
22:46 d'investir ou pas, ce n'est pas la question.
22:48 Ces milliardaires sont...
22:50 -Il paraît qu'ils ont une activité économique.
22:53 -Il y a une activité économique
22:54 très largement subventionnée par l'Etat,
22:57 110 millions d'euros en 2022.
22:59 Les industriels qu'on a cités, Patrick Drahi, Bernard Arnault,
23:02 Dassault, et j'en oublie un, il va me revenir, Niel,
23:05 sont les quatre principaux bénéficiaires de ces aides.
23:08 14 millions d'euros pour le groupe de Bernard Arnault,
23:11 un des hommes les plus riches du monde,
23:14 qui possède un groupe parfaitement profitable.
23:16 Est-ce qu'il n'y a pas, philosophiquement,
23:19 quelque chose de problématique ?
23:21 On peut donner de l'argent à des groupes industriels
23:24 qui sont profitables, bénéficiaires, pour financer des lois,
23:27 des leviers d'influence dont on ne connaît pas,
23:30 ni les actionnaires indirects.
23:31 On pourrait rendre public tout ça.
23:34 Les packs d'actionnaires qui sont scellés
23:36 entre les actionnaires d'un média.
23:38 Il faut savoir d'où on parle.
23:40 -Vous seriez favorable à pousser cette proposition ?
23:43 De partir de ça, déjà ?
23:44 -La proposition, elle apporte... Elle est concrète.
23:47 Elle est assez largement soutenue.
23:50 Il y a d'autres modalités possibles.
23:53 La loi Bloch, c'est une loi qui a été adoptée en 2016,
23:56 visait, notamment avec des positions différentes
23:59 pour l'auditusiel et la presse écrite,
24:01 à renforcer l'indépendance éditoriale et l'éthique.
24:04 -On voit qu'elle n'a pas suffi, manifestement,
24:07 depuis les rachats brutaux récents.
24:09 -C'est très salutaire que l'Assemblée nationale
24:11 y ait une mission d'évaluation.
24:13 Il y a des propositions formulées par d'autres organisations.
24:17 Je ne prêche pas pour M. Paroisse,
24:19 mais les Etats généraux peuvent être l'occasion de discuter
24:22 dès lors qu'on se met d'accord sur le fait
24:25 que l'indépendance éditoriale, c'est un enjeu majeur.
24:28 On est dans une situation, aujourd'hui,
24:30 de spécificité française.
24:32 Pas tant sur la concentration horizontale,
24:34 sur la taille des groupes.
24:35 Les groupes de médias français sont plus petits
24:38 que certains groupes allemands, norvégiens,
24:40 de beaucoup de pays d'Europe.
24:42 Mais notre spécificité, en France, c'est les concentrations verticales,
24:46 les populations, les intérêts économiques ailleurs.
24:49 Et ça, quand on interroge les Français,
24:52 ça fait pas un pli, c'est le premier facteur de défiance.
24:55 Et donc, au fond, qu'est-ce qu'on fait de ça ?
24:57 Finalement, il y a deux grandes options.
25:00 La première, c'est de se dire,
25:01 est-ce qu'il y a le moyen de développer des modèles économiques
25:05 qui permettent que des groupes puissent se développer ?
25:08 Et pas simplement quelques groupes.
25:10 Il y a des exemples. Mediapart est un exemple
25:13 de groupe qui s'est développé, qui arrive à vivre,
25:16 mais finalement, il n'y a pas beaucoup d'exemples.
25:19 Est-ce qu'on arrive à trouver des modèles économiques
25:22 de substitution ?
25:23 Comment on gérerait des formes de transition ?
25:26 Et puis l'autre moyen, c'est, à situation égale,
25:29 comment on sécurise l'indépendance éditoriale ?
25:32 Et là, ça vaut la peine d'entendre...
25:34 - Le modèle de la Charte des échos...
25:36 - Je suis convaincu que c'est un sujet,
25:38 comme sur beaucoup de sujets relatifs aux médias,
25:41 où il y a des formes de polarisation,
25:44 comme sur le droit de veto.
25:45 Comment on arrive à le dépasser ?
25:47 En reposant la question de manière plus générale,
25:50 je crois qu'on peut arriver à faire bouger des lignes.
25:53 - Vous savez ce que disent les journalistes
25:55 qui ont quitté le JDD ?
25:57 Ils vous disent que si au moins nos 40 jours de grève historique
26:00 avaient servi à ça, une proposition de loi,
26:02 le combat serait déjà gagné.
26:04 Donc là, vous allez le faire quand ?
26:06 - En tout cas... - Vous attendez pas juin ?
26:08 - C'est le bureau de l'Assemblée nationale
26:11 qui décidera du moment où on va le discuter.
26:14 - Vous êtes majoritaire pour Renaissance.
26:16 - On a ce sujet des Etats généraux,
26:18 justement, la question des aides publiques,
26:20 du modèle économique.
26:22 Est-ce qu'on ne doit pas aller plus loin ?
26:24 On a parlé de la nomination du directeur de publication.
26:27 - Vous pourriez le faire par petits bouts.
26:29 - Par petits bouts, par une globalité.
26:32 Ça, c'est des discussions, ça commence maintenant,
26:34 qu'on va avoir ensemble.
26:36 Vous allez auditionner les parlementaires
26:38 dès le début des Etats généraux.
26:40 Ce que je vois derrière cette proposition...
26:43 - Il y avait un texte de loi avant la fin des Etats généraux.
26:46 C'est un problème.
26:47 - J'ai pas à discuter de la gendarmerie parlementaire.
26:50 On va, comme le disait à l'instant,
26:52 Viollette Spilbouche, annoncer ce matin
26:54 qu'on allait auditionner les parlementaires
26:57 compétents sur ces questions,
26:58 ceux qui ont travaillé sur ces questions
27:01 et intéressés, et des différents groupes,
27:03 pour ne pas repartir de zéro,
27:05 parce que ce serait absurde.
27:06 Honnêtement, on va pas, en neuf mois,
27:09 refaire, même avec, en ayant des délégués
27:11 dans les groupes de travail, la commission à sous-ligne du Sénat,
27:15 telle commission, on n'a pas capacité,
27:17 mais pour essayer d'arriver
27:19 à d'autres propositions qui synthétisent...
27:23 - Bon, voilà, main dans la main.
27:25 - Ce que je voulais dire sur cette proposition de loi,
27:28 c'est que derrière le sujet de la conditionnalité
27:30 des aides publiques, qui peut paraître insuffisante
27:33 comme méthode, on va dire, pour faire évoluer
27:36 cette indépendance et ce rôle des journalistes,
27:38 il y a le sujet de...
27:40 Est-ce que le média est un bien culturel français ?
27:43 Le JDD, quelque part, c'est des années d'histoire
27:46 avec une ligne éditoriale,
27:49 avec quelque chose qu'il faut respecter,
27:51 et est-ce que lorsqu'on est actionnaire,
27:53 on peut brutalement changer une ligne éditoriale,
27:56 laisser partir...
27:57 - Ça voudrait dire quoi ? Interdire ?
27:59 - Non, mais moi, je pense que derrière le sujet
28:02 de la concentration,
28:04 il y a le risque de l'arrêt du pluralisme,
28:07 si tout était concentré dans une seule main,
28:11 et pas seulement des médias,
28:12 mais derrière une chaîne culturelle,
28:14 car on sait que ces mêmes milliardaires
28:17 possèdent des théâtres, du spectacle, du livre.
28:19 Ca pose la question de la préservation
28:22 du pluralisme des idées, des opinions en France.
28:24 C'est ça qu'on préserve ensemble
28:26 à travers une première proposition de loi
28:28 qui sera peut-être transformée en plus complète
28:31 à la fin des étages.
28:32 - Je voudrais qu'on parle du secret des sources.
28:35 - C'est une proposition de loi que je vais redéposer
28:38 sous forme d'amendement budgétaire.
28:40 Elle pourrait être mise en oeuvre sans que le débat
28:43 ne puisse pas avoir lieu sur s'il faut continuer
28:45 les aides à la presse ou pas,
28:47 s'il faut mettre d'autres dispositifs ou pas,
28:50 mais là, ça garantirait aux journalistes,
28:52 maintenant, dès aujourd'hui,
28:54 d'avoir, je dirais, un levier de plus
28:56 à leur disposition pour, en cas d'ingérence des actionnaires,
29:00 garantir le respect de leur déontologie.
29:02 - L'autre grand sujet d'actualité
29:04 dans le contexte dans lequel ces états généraux sont lancés,
29:07 c'est la protection des sources.
29:09 Là, on ne parle plus des grands groupes privés
29:12 avec des industriels à leur tête, mais de l'Etat.
29:14 Depuis 2017, une dizaine de journalistes
29:17 ont subi une garde à vue pour nos secrets défense.
29:19 La dernière en date, c'est notre consoeur
29:22 du site Disclose, Ariane Lavrieux,
29:24 qui a été perquisitionnée et interrogée pendant 39 heures.
29:27 Elle enquêtait sur une opération antiterroriste
29:30 de l'armée française détournée au profit du pouvoir égyptien.
29:34 En France, Valentina Umberti doit-elle balayer
29:36 devant sa porte en cette matière de protection
29:39 du secret des sources ?
29:41 - Est-ce qu'on doit, en tant que journaliste,
29:43 recopier des communiqués de presse ? Non.
29:45 Doit-on révéler des informations d'intérêt public ? Oui.
29:49 On a un Média Freedom Act
29:50 en discussion en ce moment au Parlement européen.
29:53 Je crois que la France a plutôt poussé
29:56 pour limiter cette protection du secret des sources
29:59 en permettant, dans des cas où l'expression,
30:02 c'est "la sécurité nationale est en jeu",
30:04 l'introduction de logiciels espions
30:06 dans les téléphones des journalistes.
30:08 Est-ce que ça, c'est digne d'une grande démocratie ?
30:11 - Christophe Deloyer. - Je me pose la question.
30:13 - J'ai entendu ces derniers jours des lectures un peu abusives
30:17 du texte de l'European Media Freedom Act
30:19 et des réactions des personnes qui n'ont pas lu le texte.
30:23 Ce texte...
30:24 - Il y a peut-être un société de journalistes...
30:26 - Moi, je vais m'expliquer.
30:28 C'est un texte qui vise à répondre à deux sujets.
30:32 Il a été proposé par cette commission européenne,
30:35 qui est de toutes les commissions de l'histoire de la Commission européenne
30:39 qui a fait le plus sur la question de la liberté de la presse.
30:42 Avec deux objets, la montée de l'autoritarisme,
30:45 Pologne-Hongrie,
30:47 et la capture de médias par des intérêts économiques.
30:50 C'est les deux objets.
30:51 C'est un texte qui permet de pousser des droits
30:54 et qui va surtout les sujets plus loin que la législation française.
30:59 Sans être un texte parfait, mais c'est un texte très positif.
31:02 - Jusqu'ici, on est d'accord. - Il y a une question...
31:05 J'ignore pas la question de la position française.
31:07 Vous me l'accorderez qu'il n'est pas la même
31:09 que celle adoptée par le Parlement.
31:13 - Parce que là, il y a aussi... - Le Parlement...
31:15 C'est que le gouvernement...
31:17 - Soyez précis et pédagogue. - Ça devient hypochronique.
31:20 Le Parlement n'a pas...
31:22 Le Parlement n'a pas obtenu...
31:24 Le Parlement a adopté aujourd'hui très largement...
31:27 Le texte a été adopté par le Parlement.
31:29 Ça va entrer en trilogue.
31:31 Il y a une position du Conseil de l'Union européenne...
31:34 - Parlement et les 27 chefs d'ordre. - Il y a une position
31:37 du Conseil de l'Union européenne, notamment,
31:39 qui vise à poser une exception générale
31:42 sur les questions de sécurité nationale.
31:44 Mais il est faux de dire que c'est un texte liberticide
31:47 disant que ça fait régresser et autorise à espionner les journalistes.
31:50 Il y a un champ d'exception trop large,
31:53 mais par rapport à un progrès, c'est pas la même chose.
31:56 - Elle précise. - Je voudrais préciser.
31:58 Je suis en accord avec ce que vous venez de lire.
32:00 C'est-à-dire que, globalement, on est sur un texte
32:03 qui prône des avancées au niveau européen.
32:06 Mais juste, je reviens à ce que disait
32:08 Valentin Berty tout à l'heure.
32:10 Comment, effectivement...
32:12 Moi, je suis très attentive à ce qui va se passer
32:14 dans les Etats généraux de l'information.
32:17 Pourquoi ? Parce que là, on vient d'avoir un exemple concret.
32:20 Sur la protection des sources, on a voté une résolution
32:23 internationale sur ce texte européen.
32:25 On a adopté un amendement tous ensemble dans l'hémicycle
32:28 disant qu'il ne faut pas que la protection des sources
32:31 soit remise en cause au nom du secret d'Etat.
32:34 On l'a adopté ici.
32:35 Que fait le gouvernement français en Europe ?
32:37 Il s'assoit sur une décision souveraine du Parlement
32:41 prise à l'appui de plusieurs bancs
32:45 sur l'initiative d'une de mes collègues.
32:47 - La majorité va vous répondre.
32:49 - Je veux dire, à un moment donné,
32:51 les interrogations sur ce que va faire le pouvoir
32:53 dans ces Etats généraux de l'information,
32:56 on ne peut que se les poser.
32:57 Donc, c'est vrai qu'on a beaucoup d'espoir dans votre action,
33:01 parce que vous portez une vision qui est quand même très forte,
33:04 une action très forte, mais c'est vrai aussi
33:07 qu'aujourd'hui, et là, dans les jours qui viennent,
33:09 qui viennent de se dérouler,
33:11 on voit un gouvernement français qui n'est pas du tout à la hauteur,
33:15 qui contrevient des décisions de l'Assemblée nationale
33:17 et qui met en danger la protection des sources.
33:20 Est-ce que vous pouvez rassurer ceux qui nous regardent ?
33:23 Il y a cet amendement qui a été voté,
33:25 il y a la loi Dati sur la protection des sources,
33:28 qui, pour certains, est trop vague,
33:30 parce qu'il y a une exception qui dit
33:32 que quand il y a un impératif prépondérant
33:34 d'intérêt public, ça justifie de contrevenir à ce secret,
33:38 ce qui laisse la porte ouverte à toutes les interprétations.
33:41 Est-ce qu'il faut des garanties, des garde-fous très clairs,
33:44 aujourd'hui, au plus haut niveau sur ce sujet ?
33:47 - Je pense que dans ces Etats généraux,
33:49 si on veut aboutir à quelque chose d'opérationnel,
33:52 c'est-à-dire une loi transpartisane,
33:54 qui soit votée largement et qui protège les droits
33:57 des journalistes, le pluralisme, l'indépendance,
33:59 il faut qu'on s'autorise à revoir les critères de la loi de 2010,
34:03 qui sont peut-être trop larges
34:05 sur l'exception de sécurité nationale,
34:07 l'exception prépondérante d'intérêt public,
34:10 pour être exact.
34:11 En tout cas, on est quand même dans un monde qui a évolué,
34:14 où la menace, les guerres, les conflits
34:18 et la guerre de l'information, les ingérences,
34:20 vous montriez des exemples tout à l'heure, sont réelles.
34:23 Donc, remettre en perspective, avec ce qui nous attend,
34:26 une loi qui date de 2010, moi, ça me choque quand même pas.
34:30 Simplement, il faut qu'on s'autorise à discuter de tout ça,
34:33 qu'on s'autorise à avoir une proposition de loi
34:36 ou un projet de loi à la fin des Etats généraux
34:38 qui soit très large et qui prenne aussi ce sujet fondamental.
34:42 - C'est une ligne de crête, de toute façon.
34:44 C'est un vaste débat, la raison d'Etat,
34:47 la crête des sources. Vous aurez le mot de la fin.
34:49 - Valentina. - Je trouve qu'en la matière,
34:52 "Reporters sans frontières" a d'excellentes propositions.
34:55 Il propose de supprimer l'impératif prépondérant
34:58 d'intérêt public qui est trop vague
35:00 pour le remplacer par une disposition plus restreinte
35:02 et proposer que la violation du secret des sources
35:05 soit sanctionnée par un délit spécifique.
35:08 Excellente proposition de "Reporters sans frontières".
35:11 - On soutient cette proposition.
35:13 - On va terminer par cette contribution au débat.
35:15 On va commencer, on reviendra, on aura un droit de suite
35:18 pour voir comment vous travaillez.
35:20 Merci d'être venu débattre sur LCP.
35:22 Vous restez avec moi, Eric Coquerel,
35:24 dans une dizaine de minutes.
35:26 Les parties prises de nos affranchis,
35:28 ce soir, Yannis Roder, qui va dénoncer l'enfer des mutations
35:32 pour les profs, Vincent Hugeux,
35:33 qui nous dresse le portrait, du nouveau président prorusse
35:37 en Slovaquie, et ça va gratter ce soir dans le Bourbon Express.
35:40 - Oui, il y en a partout, même dans le débat politique.
35:43 - Merci à vous, à tout à l'heure.
35:45 Mais d'abord, comment va la gauche ?
35:47 Eric Coquerel, vous, personnellement,
35:49 vous êtes plutôt en forme, vous avez été réélu
35:52 à la tête de la très puissante commission des finances
35:55 à l'Assemblée, mais le moins qu'on puisse dire,
35:58 c'est que rien n'est réglé au sein des fractures profondes
36:01 qui divisent la NUP. On voit ça avec Marco Pommier.
36:04 - Oui.
36:05 - Si on vous invite, Eric Coquerel,
36:07 c'est parce que vous rempilez à la tête
36:10 de la stratégie Commission des finances de l'Assemblée
36:13 - Merci beaucoup.
36:14 - un temps ensurcie, après avoir jugé recevable
36:17 la proposition de loi du groupe Lyott
36:19 pour abroger la réforme des retraites.
36:21 Vous vous êtes finalement bel et bien imposé.
36:24 - Comme président de la Commission des finances,
36:27 il est, il me paraît, juste, équilibré et juste.
36:29 - Depuis le début de ce mandat,
36:31 il a montré un grand respect des oppositions.
36:34 - Un député insoumis à la tête de la Commission des finances,
36:37 du jamais vu pour un trotskiste engagé
36:40 à la Ligue révolutionnaire pour la France,
36:43 vous, l'adolescent anarchiste dans la rue des 14 ans,
36:46 vieux compagnon de route de Jean-Luc Mélenchon,
36:48 fidèle parmi les fidèles,
36:50 et pourtant écarté de la direction de la France insoumise.
36:54 Qu'importe, vous ne vous éloignez pas du rivage insoumis,
36:57 alors que vous aimez prendre le large Eric Coquerel,
37:00 navigateur amateur, passionné de voile,
37:02 organisateur du 1er Vendée Globe en 1989.
37:05 - Je suis vers une génération post-68,
37:08 pas 68, mais post-68,
37:09 qui a fait des choses qui sont pas mal,
37:11 mais qui ont été faites pour les gens qui n'étaient pas en 68.
37:15 Dans lesquelles on rêvait soit de transformer le monde,
37:18 soit, pour certains, d'en faire le tour.
37:20 - Aujourd'hui, Eric Coquerel vous naviguait en eau trouble.
37:24 Le navire amiral Nupes semble au bord du naufrage.
37:27 - Personnellement, je ne fais pas la Nupes
37:30 parce que j'aime les autres. Je ne les aime pas.
37:32 - Alors, pour le bien de la coalition,
37:35 faut-il se débarrasser du passager Roussel
37:37 ou du capitaine Mélenchon ?
37:39 Et dans un tel climat,
37:40 les élections européennes ne sont-elles pas
37:43 l'iceberg du Titanic Nupes ?
37:45 Pour l'instant, c'est chacun son cap,
37:47 chacun sa liste.
37:48 Vous souhaitez pourtant l'union chez les Insoumis ?
37:51 Ce soir, notre question va de soi, Eric Coquerel.
37:54 Comment maintenir la coalition à flot ?
37:57 - Réponse, Eric Coquerel.
37:59 - Bah, peut-être... - Vous y croyez ?
38:01 - Oui, j'y crois, oui. J'y crois pour une bonne raison.
38:04 Je considère qu'on a une politique
38:06 toujours plus réactionnaire à la tête de l'Etat.
38:09 Je n'hésite même pas à dire que, sur certains aspects,
38:12 il y a une extrême droatisation
38:14 du gouvernement, sur bien des aspects,
38:17 autoritarisme, violence policière,
38:21 la façon de discriminer, etc.
38:23 - L'autoritarisme, c'est fort.
38:25 - Non, non, non, je l'assume.
38:27 Il y a des dérives autoritaires, je trouve,
38:29 quand vous avez un ministre de l'Intérieur
38:32 qui, en plein été, donne raison à des policiers
38:34 qui réclament le fait que, contre la justice,
38:37 la justice doit être mise en détention provisoire
38:40 alors que la justice l'a décidé.
38:42 Je pense que c'est des choses qui m'inquiètent.
38:45 - On connaît les inquiétudes sur la question
38:47 des violences policières. - Que ce soit avec le RN
38:50 ou avec une droite qui s'extrême-droitise,
38:52 je crains... - Mais la NUPES n'est pas morte.
38:55 - À partir du moment où il y a un danger en général,
38:58 il faut le rassemblement de toute la gauche
39:00 sur un programme de recueil qui assiste bien.
39:03 - Mais pour l'instant, on n'y est pas.
39:05 - Peut-être, mais je veux vous faire remarquer
39:08 que la dernière élection principale,
39:10 les présidentielles législatives,
39:12 ont donné une majorité à cette gauche
39:14 qui, pour la première fois, est une gauche
39:17 qui s'incarne sur un programme de rupture,
39:19 qui est le seul à même de battre l'extrême-libéralisme
39:22 et l'extrême-droite. - Personne n'en dit ce qu'on vient.
39:25 - Je pense que nous resterons ensemble.
39:28 - À la présidentielle ? - Oui.
39:29 - Mais pas aux différentes élections intermédiaires.
39:33 C'est chacun dans son coin aux européennes.
39:35 C'est probablement la même chose pour les municipales.
39:38 Le mode de scrutin ne favorise pas l'alliance.
39:41 - Le pire n'est jamais certain.
39:42 - En tout cas, sur les européennes, c'est fini.
39:45 - A priori, c'est fini. - Vous abandonnez le combat.
39:48 - Il reste quelques mois.
39:50 Il faut continuer à dire qu'une liste rassemblée de la NUPES
39:53 serait largement préférable pour nous mettre en rapport de force
39:57 par rapport au pire qui peut nous arriver.
39:59 - Avec Ramire Roussel, est-ce que la rupture est consumée ?
40:02 - Vous dites ça, j'en sais rien.
40:04 - Je m'avance sur les municipales.
40:06 - Je suis pour essayer de conserver un espoir à la NUPES
40:09 à partir du moment, et j'insiste là-dessus,
40:12 parce que la NUPES, c'est pas juste l'Union de la gauche.
40:15 C'est une pointe avancée de l'Union populaire
40:18 qui est sur un programme de rupture.
40:20 Je pense que ce que nous faisons...
40:22 Vous m'interrogez à l'Assemblée.
40:24 J'essaie de regarder ce qui marche.
40:26 - Il y a des choses qui marchent à l'Assemblée.
40:29 - Nous avons fait une motion de censure ensemble.
40:31 - Un contre-budget ensemble avec la NUPES.
40:34 - On va y venir.
40:35 - Là où la NUPES s'est créée, c'est-à-dire les députés,
40:38 ça continue à fonctionner.
40:40 Je fais en sorte que ce soit le cas.
40:42 - Fabien Roussel.
40:43 On voudrait comprendre.
40:44 C'est lui qui part ou c'est vous qui lui montrez la porte ?
40:48 Il y a une forme de rupture.
40:49 On a atteint un degré de violence verbale maximal.
40:52 - Peut-être, peut-être,
40:54 mais on a quand même un problème avec Fabien Roussel.
40:57 Le tout, c'est que ça ne devienne pas un problème
41:00 et de dire à nos camarades communistes...
41:02 - C'est quoi, votre problème ?
41:04 Il a dit que Jean-Luc Mélenchon ne ferait pas gagner en 2025.
41:07 - Non, non. C'est que depuis maintenant plusieurs mois,
41:10 presque dès l'endemain de l'élection,
41:12 et on sait qu'il n'était pas le plus farouche partisan de la NUPES,
41:16 il annonce la fin de la NUPES.
41:17 Il explique, par exemple, que quoi qu'il arrive,
41:20 il se présentera notamment en 2027.
41:22 Ca a déjà causé l'échec pour la NUPES
41:24 d'arriver au deuxième tour avec Jean-Luc Mélenchon.
41:27 Il le dit à l'avance.
41:29 - J'écoute ce que dit Fabien Roussel.
41:31 A chaque fois qu'on est attaqué, par exemple.
41:33 Il a des mots doux pour Darmanin.
41:35 "On nous attaque sur tel ou tel biais."
41:38 Il se débrouille pour donner raison à Cazeneuve,
41:40 qui sont les plus anti-NUPES au Parti socialiste.
41:43 Je dis pas "dehors", je dis qu'à un moment donné,
41:46 on peut pas avoir des mots comme ça,
41:48 qui sont des mots défiants vis-à-vis de la NUPES
41:50 et penser que ça n'a pas de réaction.
41:53 Nous, on pointe le problème.
41:54 - C'est assez audible.
41:56 Il y a du doréo dans Roussel.
41:58 - Ils sont pas d'accord. - Il y a du doréo.
42:00 - Je suis pas d'accord. - Vous la condamnez ?
42:02 - C'est pas un problème de condamner ou pas.
42:05 C'est pas que ce soit Sofia Chikirou.
42:07 - Avec un post sur Facebook.
42:08 - Elle a repris un propos d'un de vos confrères,
42:11 Daniel Schederman, qui a fait une analyse
42:14 par rapport au propos de Roussel.
42:16 Je ne suis pas d'accord.
42:17 Je vais vous dire pourquoi.
42:19 D'abord, parce qu'elle est beaucoup trop dure
42:22 par rapport à Roussel.
42:23 Deuxièmement, en plus, ça ressoud le Parti communiste
42:26 autour de lui qui se sent attaqué.
42:28 Donc, elle est contre-productive.
42:30 Je voudrais pas qu'on inverse la question.
42:32 - Elle est très violente. - Je vous le dis.
42:35 - Qualification par l'insulte.
42:37 - C'est pas ça, ce que porte Manu Bompard,
42:39 ce que porte Mathilde Panot, ce que nous portons
42:42 par rapport à la NUPES.
42:43 C'est pas notre expression officielle.
42:46 L'expression officielle, c'est que nous avons des critiques
42:49 politiques sur la politique menée par Fabien Roussel.
42:52 Je souhaite que les communistes restent dans la NUPES.
42:55 C'est un travail total.
42:57 Il marche très bien que Nicolas Santu
42:59 à la Commission des finances, mais pour ça,
43:01 il faut tirer sans arrêt contre son camp.
43:04 - Il y en a d'autres au sein des Insoumis
43:06 qui s'interrogent. On va les voir.
43:08 Autun, Ruffin, Garrido, Corbière.
43:11 On sait qu'ils se réunissent entre eux régulièrement.
43:14 C'est un secret de polichinelle.
43:16 Même avant la réunion du groupe des Insoumis,
43:18 ici même, à l'Assemblée... - Tout le monde se réunit.
43:21 - Ils ont raison de s'interroger sur la candidature.
43:25 - Vous regardez leur démarche ? - J'ai pas entendu.
43:27 Vous personnalisez la question.
43:29 Moi, par exemple, sur Jean-Luc Mélenchon,
43:31 j'ai porté à certains moments certaines critiques
43:34 par rapport à la manière dont on organisait FI.
43:37 D'un autre côté, je vous dis aujourd'hui,
43:39 la candidature de Jean-Luc devrait s'imposer,
43:42 c'est la plus efficace et c'est celle que je soutiens.
43:45 Je n'ai pas entendu les camarades dont vous parlez
43:48 pointer leur question sur la candidature de Jean-Luc Mélenchon.
43:51 C'est pas ça qui est question. - Un peu quand même.
43:54 - Non, parce que la candidature de Jean-Luc Mélenchon,
43:57 par exemple, si aujourd'hui, on verra en 2027
44:00 ce qu'il lancera et ses décisions,
44:02 mais si l'élection se déroulait,
44:04 très franchement, une quasi-totalité de France Insoumise
44:07 estimerait que le bon candidat, c'est Jean-Luc Mélenchon.
44:10 - On sort de la tambouille de la nupesse et des Insoumis.
44:13 La commission des finances que vous présidez
44:16 va examiner le budget 2024, éducation, justice,
44:19 intérieur, écologie, pouvoir d'achat.
44:21 Tous ces budgets sont en forte hausse.
44:23 Le gouvernement ne fait pas le choix de l'austérité,
44:26 il ne coupe pas brutalement dans les dépenses.
44:29 Est-ce que c'est un choix que vous approuvez, au moins ?
44:32 - Alors, c'est assez étonnant, ce budget,
44:35 parce que c'est un budget qui, finalement,
44:38 ne résout rien, on va dire.
44:40 C'est-à-dire que le gouvernement a un discours
44:43 d'une politique libérale qui est de dire
44:45 qu'il faut revenir à 2,7 % de déficit en 2027.
44:48 C'est ça, vraiment, l'objectif essentiel.
44:51 C'est la dette, etc.
44:52 - Pour 2024. - D'accord, mais il l'annonce
44:54 pour 2027. Il annonce que...
44:56 - Il s'engage pour 2024. - ...il annonce 12 milliards
45:00 de dépenses en plus, de moins de dépenses
45:02 en termes de services publics.
45:04 Donc, voilà, c'est son objectif.
45:06 Mais d'un autre côté, il se retrouve coincé
45:09 par certaines évidences.
45:10 Par exemple, c'est le pouvoir d'achat,
45:13 le fait que vous avez 9 millions de pauvres,
45:15 c'est le fait que la transition écologique,
45:18 c'est difficile de la faire sans argent.
45:20 - 7 milliards pour la transition,
45:22 un chèque de 100 euros... - Et puis, il est obligé
45:25 de mettre une bombe sociale, comme le logement,
45:27 avec le fait que les gens n'arrivent plus à se loger bien
45:30 ou se logent trop cher et qu'on a une crise sans précédent.
45:34 Je pourrais vous décliner les problèmes
45:36 en termes de santé, d'éducation, etc.
45:38 Donc, il nous dit qu'il faut faire des économies,
45:41 pas augmenter les impôts et avoir un déficit comme objectif.
45:44 Il a bien du mal à aller chercher ces économies.
45:47 Vous avez raison de le constater.
45:49 - Il faut même tabler sur l'attractivité et la croissance.
45:52 - Pour autant, parce que ce budget, en réalité, ne résout rien,
45:55 il ne répond pas à ce qui devrait être
45:58 au centre de la question aujourd'hui,
46:00 les besoins des Français.
46:01 Premier besoin des Français, la transition écologique.
46:04 Quand Pisani-Ferry annonce qu'il faut 37 milliards
46:07 de dépenses publiques pour amorcer 60 milliards d'ici 2027
46:11 pour simplement respecter le fait
46:14 d'arriver à 2050 avec zéro carbone,
46:18 eh bien, c'est pas avec 7 milliards.
46:20 - Vous les trouvez où ? - Je vais vous dire.
46:22 C'est pareil sur la question du logement.
46:24 La politique du logement a baissé de 10 milliards en 10 ans.
46:28 Donc, moins de logements sociaux.
46:30 Je vous dis comment on les trouve.
46:32 D'abord, on arrête les cadeaux fiscaux aux plus riches
46:36 que l'on a fait depuis des années.
46:38 - On remet l'ISF. - On remet l'ISF.
46:40 On arrête la flat tax, parce que les revenus du capital
46:43 ont bien profité des années Macron.
46:45 C'est un problème de justice fiscale.
46:47 Ca nous coûte juste, en 2022, 50 milliards d'euros de recettes.
46:51 - C'est bien compris. - C'est une chose.
46:53 - Et vous taxez les riches, je m'imagine.
46:55 - Évidemment. Notamment, vous savez,
46:57 c'est 75 plus riches Français, des milliardaires,
47:01 qui, aujourd'hui, ont un taux d'imposition
47:03 sur le revenu inférieur à 2 %,
47:05 et si on regarde leur revenu global professionnel,
47:08 ils sont même pas à 25 % d'imposition
47:10 quand la moyenne pour les 10 % les plus riches est de 45 %.
47:13 - Vous présentez votre contre-projet.
47:15 La semaine prochaine.
47:17 Il nous reste une petite seconde.
47:18 - Je vous aurais parlé de votre question.
47:21 - Sans vous poser la question sur Sofia Chekirou,
47:24 députée de Paris, qui sera convoquée par la justice
47:27 en vue de la mise en examen, selon nos confrères,
47:29 pour la gestion financière à la légalité discutable
47:32 de sa société de communication Mediascope,
47:35 qui est intervenue dans plusieurs campagnes
47:37 de la France insoumise.
47:39 - J'entends parler beaucoup de convocations
47:42 de ces histoires de 2018.
47:43 Il n'y a pas que Sofia Chekirou, il y a eu d'autres personnes.
47:46 On nous a dit que...
47:48 Il y a eu d'autres personnes qui ont été convoquées
47:51 à plusieurs reprises par rapport à la campagne de 2018,
47:54 dont je rappelle que les comptes avaient été certifiés.
47:57 On nous annonce sans arrêt beaucoup de choses.
47:59 Quand elles arriveront, on en discutera.
48:02 Je vais vous dire une chose.
48:03 Moi, déjà, par rapport à des adversaires politiques,
48:06 je commente vraiment très peu,
48:08 non seulement les décisions de justice
48:11 avant qu'elles soient prises,
48:12 mais aussi les annonces de décision de justice.
48:15 Comptez pas sur moi pour le faire.
48:17 - "Joker" d'Éric Coquerel. Merci beaucoup.
48:19 Vous restez avec moi, c'est l'heure des parties prises.
48:22 On vous fait réagir. On les accueille tout de suite.
48:25 Yanis Roder, de la Fondation Jean Jaurès,
48:28 et une nouvelle histoire d'école,
48:30 et le grand reporter Vincent Lugieux
48:32 pour son regard sur le monde.
48:34 Installez-vous, les amis.
48:35 On commence, comme chaque soir,
48:37 par un Bourbon Express qui gratte un peu, je pense.
48:40 Elsa Mourdingava, bonsoir.
48:42 - Je vais vous raconter l'histoire d'une petite bête
48:44 qui n'en finit plus de faire parler d'elle.
48:47 Je vous parle des punaises de lit, au bureau, au métro.
48:50 On en parlait, salle des quatre colonnes,
48:52 toute la journée, c'est un sujet de conversation,
48:55 voire même de psychose, et c'est devenu politique.
48:58 Les Insoumis, depuis quelques jours, ont ressorti
49:01 le placard à archive. Mathilde Pannot en tête,
49:03 elle accuse le gouvernement d'inaction,
49:06 voire même de lui avoir rionné
49:07 quand elle a mis le sujet sur la table, dès 2017.
49:10 Cette après-midi, trois ans et demi plus tard,
49:13 elle la refait.
49:14 - Héberger des punaises de lit est un calvaire.
49:17 Elles empêchent de dormir, elles mordent douloureusement,
49:20 elles épuisent, elles usent les nerfs à devenir fous.
49:23 Elles font vivre un calvaire
49:25 aux millions de nos concitoyens infestés.
49:27 Elles leur font perdre le sommeil, provoquent de la paranoïa
49:31 et les isolent socialement.
49:33 Madame la Première ministre, ces petits insectes
49:35 répandent le désespoir dans notre pays.
49:38 Faut-il attendre que Matignon soit infesté
49:40 pour qu'enfin vous réagissiez ?
49:42 - La présidente des Insoumis,
49:44 avec sa fiole de punaise à la main,
49:46 elle l'a bien précisé en punaise morte,
49:48 accusée dans la foulée de récupération politique
49:51 par la Première ministre Elisabeth Borne.
49:53 - Sur ce sujet, il ne devrait pas y avoir de clivage.
49:57 Il devrait y avoir une détermination collective
50:00 pour agir.
50:01 Madame la présidente Pannot, pourquoi, une fois de plus,
50:05 restez-vous dans l'outrance ?
50:07 - Bon, voilà, on a senti quand même
50:09 que la majorité a bien compris
50:10 qu'il fallait prendre le sujet en main.
50:13 - C'est même un élément de langage à donner
50:15 à toutes les porte-parole du groupe Renaissance,
50:18 ne pas laisser dire que rien n'a été fait.
50:21 Illustration, ce matin, le groupe dégagne une conférence de presse.
50:25 Les punaises de lits sont une priorité.
50:27 Une proposition de loi sera déposée en décembre.
50:30 On n'a pas attendu le week-end pour se saisir du sujet.
50:33 Groupe de travail en 2019, proposition de loi en 2020,
50:36 président ministériel en 2022.
50:38 On sent que la majorité est sur la défense.
50:41 - On a l'impression qu'il y a un vent de panique
50:43 dans la majorité, pas sur les punaises de lits,
50:46 mais sur le risque d'être accusé de ne pas avoir pris
50:49 la mesure du problème.
50:50 Est-ce que je me trompe ?
50:52 On dégaine la conférence de presse, la proposition de loi.
50:55 - Il y a un principe de lucidité.
50:57 C'est-à-dire qu'on voit,
50:58 dans le contexte politique assez violent dans lequel on est,
51:02 notamment à l'Assemblée,
51:04 certains groupes plutôt issus de l'extrême-gauche
51:06 et de la France insoumise
51:08 essayaient de créer des polémiques à tout va,
51:10 pour salir le débat politique,
51:12 pour discréditer l'action du gouvernement
51:15 ou la majorité présidentielle.
51:16 - La majorité travaille sur un texte avec toutes les bonnes volontés,
51:20 mais les bonnes volontés de l'arc républicain,
51:23 c'est-à-dire sans l'ERN et sans la France insoumise,
51:26 la NUPES lance une autre initiative,
51:28 concours d'initiatives, compétition à l'Assemblée.
51:31 Que le meilleur gagne et nous trouve une solution
51:33 pour se débarrasser de ses nuisibles.
51:36 - Il y avait des questions que Mathilde a posées.
51:38 Comme d'habitude, il n'y a pas de réponse du gouvernement.
51:42 C'est le grand jeu des QAG.
51:43 Elle a proposé un service public.
51:45 - Pour que l'Etat le prenne en charge.
51:47 - L'Etat le prenne en charge avec des moyens...
51:50 - Avec un système public assurancier.
51:52 - Au lieu de répondre à la question,
51:54 on détourne en parlant de récupération.
51:57 - On va suivre ça.
51:58 Croyez-moi, à l'Assemblée,
52:00 les ministres sont attentifs à ce qui les aidera.
52:02 Vincent, on en parlait tout à l'heure
52:04 avec Stéphane Dlakovsky, le nouveau Premier ministre
52:07 du Slovaquie est un populiste, pro-russe,
52:10 il s'appelle Robert Fitzhau.
52:11 Ce n'est pas un Européen, encore moins un allié de l'Ukraine.
52:15 - Il a engrangé un succès, certes, mais pas un triomphe.
52:18 Crédité de 23 % des suffrages,
52:20 le parti SMER de Robert Fitzhau,
52:22 prétendument social-démocrate, en réalité national-populiste,
52:26 a raflé 42 des 150 sièges du Parlement slovakien.
52:29 Il fut donc forgé une coalition
52:31 avec le concours des 27 élus d'une formation dissidente
52:34 du même SMER
52:36 et les 10 députés ultranationalistes
52:38 d'un autre micro-parti.
52:40 Pas de quoi tempérer les ardeurs souverainistes et russophiles
52:43 du vainqueur, un frère en illibéralisme
52:45 du Hongrois Viktor Orban,
52:47 haro qu'il eut cru sur Bruxelles, les migrants et le lobby LGBT.
52:51 - Que sait-on sur lui, son parcours, ses intentions ?
52:55 - Il ne s'agit pas d'un perdrot de la saison,
52:58 ni d'une colombe.
52:59 Ce juriste âgé de 59 ans a déjà occupé à deux reprises
53:02 le fauteuil de Premier ministre entre 2006 et 2010,
53:05 puis de 2012 à 2018, en décembre de cette année-là,
53:08 le tollé que suscite l'assassinat du journaliste d'investigation
53:12 Jan Koucsak et de sa compagne Martina,
53:14 le contraint à la démission.
53:16 Il faut dire que l'ultime enquête de Koucsak,
53:19 publiée à titre posthume, portait sur les liens
53:21 entre l'équipe de Robert Fitzhau, gangrénée par la corruption,
53:25 et la mafia italienne.
53:27 Notre revenant a promis de mettre fin au soutien militaire
53:30 que Bratislava fournit à l'Ukraine.
53:32 Plus la moindre munition pour l'armée de Kiev
53:35 a-t-il martelé au gré de ces meetings.
53:37 Fitzhau réprouve les sanctions infligées à Moscou
53:40 et préconise l'ouverture de "pour parler de paix"
53:43 au contour aussi imprécis que suspect.
53:45 Il endosse la légende poutinienne
53:47 sur laquelle la guerre d'agression déclenchée par le Kremlin
53:50 aurait commencé dès 2014, lorsque, je cite,
53:52 "des fascistes ukrainiens ont tué des civils russes".
53:56 Sa campagne électorale a été empoisonnée
53:58 par un déluge d'un fox à l'assaut moscovite
54:00 visant notamment Michal Simetschka,
54:02 le numéro 2 du parti de centre-droit
54:05 Slovaquie progressiste et vice-président du Parlement.
54:09 -C'est un coup dur pour Kiev.
54:10 -Militairement, à peine une chiknode.
54:13 Membre de l'UE comme de l'OTAN, frontalière de l'Ukraine,
54:16 la petite Slovaquie, 5,5 millions d'habitants,
54:19 a cédé ce qu'elle pouvait l'être, avion de combat compris.
54:22 Elle apparaissait jusqu'alors
54:24 comme l'une des donatrices les plus généreuses du vieux continent.
54:28 Après le perdrot, nouvelle métaphore ornithologique,
54:31 pas plus qu'une hirondelle ne fait le printemps,
54:33 un corbeau ne hâte l'hiver.
54:35 En revanche, l'inflexion qui s'annonce
54:37 ne saurait être minimisée.
54:39 Elle survient alors même que la rengaine
54:41 de la lassitude occidentale,
54:43 serinée par la poutinie et ses idiots plus ou moins utiles,
54:46 gagne en vigueur.
54:47 Quand l'orage gronde, la force des démocraties,
54:50 une légitimité adossée aux verdicts des urnes,
54:53 devient la plus pernicieuse.
54:55 Le péril vient moins du maillon slovak,
54:57 pourtant niché au cœur de l'Europe centrale,
54:59 que du para-américain.
55:01 Washington a conjuré in extremis le spectre du shutdown,
55:04 la paralysie budgétaire,
55:06 mais le plan de soutien à Kiev y a laissé quelques plumes argentées.
55:09 Un avant-goût amer du lâchage que précipiterait
55:12 l'hypothétique comeback de Donald Trump à la Maison-Blanche.
55:15 Dieu nous en préserve.
55:17 Et comme il est écrit sur sa Majesté de l'art,
55:19 "In God we trust".
55:21 -Merci beaucoup, Vincent.
55:22 Un coup dur pour les Européens, aussi, cette élection.
55:26 Yannis, on termine avec vous.
55:28 Vous vouliez revenir sur un papier du Parisien
55:31 qui racontait le calvaire des mutations
55:34 pour les enseignants.
55:36 Calvaire aussi ce sujet pour Gabriel Atal,
55:38 parce qu'il est confronté au manque d'attractivité
55:41 de ce métier d'enseignant.
55:43 Racontez-nous.
55:44 -Vous vous doutez bien que certaines académies
55:46 sont plus demandées par les profs que d'autres.
55:49 Les bords de mer plutôt que les barres d'immeubles,
55:52 c'est ainsi.
55:53 Un jeune enseignant, titulaire d'un concours,
55:56 a de grandes chances de se faire muter en Île-de-France,
55:59 dans les académies difficiles et déficitaires,
56:01 où il va devoir rester quelques années
56:04 avant de pouvoir rentrer dans sa région
56:06 ou dans une ville où se loger serait plus économique.
56:09 Il partira quand, après avoir enseigné
56:11 quelques années dans des quartiers de relégation sociale,
56:14 qu'il ne connaissait souvent que par le biais de la télévision,
56:17 il sera devenu un excellent professeur,
56:20 et un nouveau petit jeune prenant sa place.
56:22 -Ca, c'est quand on arrive dans le métier.
56:24 Mais pour vous, par exemple, tiens, Yannis,
56:27 si votre conjointe était nommée, qu'est-ce que vous faites ?
56:31 -Je dois demander une mutation
56:33 que je n'obtiendrai pas nécessairement,
56:35 et en cas de refus, je suis obligé soit de garder mon poste,
56:38 soit de vivre à 500 km de ma famille,
56:40 soit de me mettre en disponibilité,
56:43 c'est-à-dire sans salaire, le temps d'obtenir un poste,
56:46 alors même qu'on manque de profs.
56:48 Et cela peut durer longtemps, en réalité.
56:50 Vous savez, Myriam, qu'il y a des académies
56:52 où on ne recrute plus assez d'enseignants,
56:55 notamment dans le premier degré.
56:56 Si vous passez le concours de professeur dans certaines académies,
57:00 vous y êtes coincé pour 20 ans.
57:02 Un syndicaliste disait dans "Le Parisien"
57:04 que sa zone géographique était une prison.
57:07 On a moins de candidats au concours.
57:09 Dans l'académie de Versailles, 500 postes n'ont pas été pourvus.
57:13 N'imaginez pas qu'on vous laisse partir.
57:15 Si vous êtes muté, soit vous vous mettez en dispo,
57:18 soit vous démissionnez.
57:19 Adieu, la vie de famille.
57:21 Plus de 2 000 démissions dans l'éducation nationale en 2022.
57:24 Sur 850 000 profs, c'est pas beaucoup,
57:26 mais c'est quatre fois plus qu'en 2010.
57:28 Toutes ne sont pas liées à la question des mutations,
57:31 mais je pourrais parler des profs mutés à des dizaines de kilomètres
57:35 ou sur plusieurs établissements pour compléter leur service.
57:38 Du coup, on a des jeunes diplômés aujourd'hui
57:41 qui refusent de prendre leur poste.
57:43 On a des enseignants qui préfèrent rester contractuels,
57:46 car ils peuvent au moins choisir leur affectation.
57:49 -Gabriel Attal a compris l'importance du sujet.
57:51 Il va voir les syndicats. Qu'est-ce qu'il va faire ?
57:54 -C'est un vrai sujet, pour lui, bien sûr,
57:57 qui a commencé à en discuter avec les syndicats
57:59 et semble avoir pris conscience
58:01 que le manque d'attractivité du métier de prof
58:03 tient aussi à la question de la mobilité.
58:06 On travaille actuellement à un système d'affectation plus humain
58:09 et plus individualisé, dit même le ministère.
58:12 Le chantier s'annonce important, mais techniquement difficile.
58:16 Vous le disiez, Myriam, on manque aujourd'hui d'enseignants.
58:19 Il faut s'attaquer à tout ce qui bloque l'envie de le devenir.
58:23 -Il y a du boulot, si j'ose dire. Merci beaucoup, Yanis Roder.
58:27 Merci à vous, Vincent Hugueux, Elsa Travit,
58:30 et merci à vous, Rik Corret. -Et au revenu des enseignants.
58:33 -Et au revenu des enseignants. -Très inférieur
58:35 à ce qu'il était il y a 40 ans.
58:37 -On va rentrer dans le débat budgétaire.
58:39 C'est la fin de cette émission.
58:41 Merci à vous de l'avoir suivie.
58:43 Pour la voir ou la revoir, il y a la chaîne YouTube d'LCP.
58:46 Très belle soirée. A demain.
58:47 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
58:51 Générique
58:53 ...

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