La vie dans la rue _ Reportage français
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00:00 - Ah voilà quoi.
00:03 Il s'appelle Jacques, il a 20 ans et il est à la rue.
00:08 Ce soir, pour la première fois, il va dormir dans un centre d'hébergement pour sans-abri.
00:14 C'est un choc.
00:20 Jamais il n'avait été mêlé à des SDF qui, pour certains,
00:25 traînent plus de 20 ans de rue dans leurs sacs à dos.
00:29 - Bonjour. - Bonjour.
00:30 - C'est la première fois que tu viens ? - Oui.
00:32 - Bon, qu'est-ce qu'on t'a dit ? On t'a donné des explications, non ?
00:36 - Non, pas trop. - Pas trop.
00:37 - Ouais, j'ai un peu honte.
00:38 - Donc tu vas être au 3ème étage, c'est l'étage des jeunes.
00:41 Pour un jeune, ça va jusqu'à 40 ans, OK ?
00:43 Non, non, mais bon, je te rassure, ça se passe très bien.
00:48 Il y a, tu vois, il y a 430 personnes qui dorment, c'est énorme.
00:51 Et il y a pas de violence. - Merci.
00:53 - Jacques, t'es pas chiant ? - Dure.
00:56 - Dure ? - Ouais.
00:58 - Pourquoi ? - Bah, j'appréhende, non ?
01:00 Première nuit et tout.
01:02 Ca fait 4 mois que Jacques erre dans les rues de la capitale.
01:05 Jusque-là, il dormait dehors, et c'est le froid qui l'a amené dans le centre.
01:10 - Son lit, il est là, le 360.
01:12 Ici, chacun a droit à un casier pour protéger ses affaires et à un lit.
01:17 C'est un grand dortoir organisé par Boxe de 8.
01:21 Et Jacques se sent déjà oppressé.
01:24 - Ca va être short, on dirait la prison.
01:27 On dirait une prison. Bon, là, c'est ouvert, y a pas de grille, y a rien.
01:31 Mais c'est un lit de prison.
01:33 J'ai fait des dormers sur du dur.
01:36 Bon, c'est sûr, je serai au chaud, ce soir.
01:39 20 ans, se retrouver là-dedans.
01:42 Une grande prison.
01:44 Mais Jacques n'est pas le seul jeune ici.
01:47 Ils sont une quinzaine, tout juste majeurs.
01:50 Comme ce jeune homme de 18 ans. Cela fait un mois qu'il dort ici.
01:54 En conflit avec ses parents, il a quitté le domicile familial.
01:58 - Un asile en 4 lettres, je crois.
02:00 - Vas-y, détends !
02:01 Il est 20 h, trop tôt pour dormir.
02:04 - Il est sérieux, ce soir ?
02:06 Les 2 jeunes gens partent faire un tour pour échapper à l'atmosphère pesante du centre.
02:11 Sans argent, ils n'ont pas d'autre choix que de marcher pour tuer le temps.
02:15 Ensemble dans la galère, mais seuls dans leur détresse.
02:19 - On se débrouille tout seuls, quoi. On va chacun de notre côté.
02:21 On est là pour... Je suis pas là pour aider les autres à s'en sortir.
02:24 Je suis là pour m'aider, moi, à m'en sortir, déjà, avant tout.
02:27 Et je pense que chacun a cette mentalité-là.
02:29 Même si on reste ensemble, même si on a un groupe et...
02:33 Originaire de la région parisienne,
02:35 Jacques, balotté entre des parents divorcés, a quitté l'école à 16 ans.
02:39 Et il est parti faire des boulots de saisonnier sur la côte atlantique.
02:43 - Moi, je voulais pas de diplôme. Enfin, bon, je voulais rien foutre à l'école, quoi.
02:46 Ma préoccupation, c'était...
02:49 C'était le travail, quoi. Donc je suis parti à Royan 6 mois.
02:52 - Faire une saison ? - Faire une saison.
02:54 Qui a très bien marché.
02:56 Mais il claque son argent bêtement et se retrouve sans un sou.
02:59 Alors il monte à Paris, espérant trouver du boulot.
03:02 Mais ça ne marche pas.
03:03 Voilà comment on se retrouve à la rue.
03:05 Et à 20 ans, c'est particulièrement difficile à vivre.
03:08 - On a trop dû le voir.
03:10 T'as confiance ? Ton égo, il prend un coup, aussi.
03:16 - Y a beaucoup de trucs...
03:18 Franchement, il faut vraiment être fort.
03:22 Il faut avoir un fort... Je sais pas comment vous expliquer.
03:25 Il faut avoir un bon caractère et surtout, il faut être...
03:28 Il faut vite tomber dans la déprime facile.
03:31 Parce que, voilà, on a 18 ans, on n'a pas beaucoup vécu.
03:34 Moi, j'en veux mes parents tout court parce que...
03:37 Je pense que, franchement, y a des cas qui sont pires que les nôtres.
03:40 Et les parents, ils sont toujours là pour leurs enfants.
03:43 Et voilà. C'est tout ce que j'ai à dire.
03:46 Mais bon, pourquoi la pompe, là ?
03:50 Minuit, après 4 heures de marche,
03:54 retour au centre d'hébergement à l'heure du couvre-feu.
03:57 - C'est prévu, c'est prévu.
03:59 Au milieu des autres SDF, Jacques se sent mal à l'aise.
04:08 - Comment tu te sens, là ?
04:10 - Bah... Dodo.
04:12 Déjà.
04:14 Fatigué.
04:16 Ça fait combien de mètres de long, ce truc ?
04:21 Jacques n'aura que ce drap à usage unique, fourni par le centre, pour se couvrir.
04:26 La nuit s'annonce pénible.
04:28 Les sans-abri, il n'y en a pas qu'en ville.
04:32 - Je suis pas mal, moi.
04:34 Les sans-abri, il n'y en a pas qu'en ville.
04:37 Vincennes, une commune aisée aux portes de Paris.
04:40 Son château, son bois avec ses cavaliers et ses joggeurs.
04:44 Pourtant, en y regardant d'un peu plus près, l'image est moins reluisante.
04:48 Des tentes et des cabanes de fortune abritent ici environ 300 SDF.
04:53 Ces habitations sont officiellement interdites, mais en fait tolérées.
04:57 Il y a un an, nous avions filmé l'un des habitants de ces cabanes.
05:03 Il s'appelait Francis, il avait 49 ans.
05:08 - On a décidé de me voler.
05:11 En ce matin de grand froid, il était fier de nous faire visiter son cabanon.
05:16 - C'est de l'huile.
05:18 - Quelle température il fait, ici ?
05:20 - -6. -6.
05:24 Y a pas d'isolation. C'est juste...
05:28 L'isolation, c'est sale.
05:30 C'est des levées de montagne que j'ai.
05:33 Francis était sans domicile depuis 1981.
05:36 Il me racontait avoir été dans une autre vie, chef d'entreprise dans le bâtiment.
05:41 - La télé, on s'appelle les informations, on s'appelle tout.
05:45 On regarde la TNT aussi. C'est ma maison, ma cabane que j'appelle, ma baraque.
05:49 C'est ma baraque. Vous savez quel numéro que j'ai ici ? 23.
05:53 On peut pas amener un courrier, je mets une boîte à lettres, mais le facteur est pas prêt de passer.
05:57 En 1999, il avait fait une demande de logement social qui lui avait été refusée.
06:02 Pour garder son indépendance, il était venu s'installer ici.
06:06 - Là, c'est la nôtre liberté. On fait ce qu'on veut, on rentre à l'heure qu'on veut, on fait ce qu'on veut.
06:11 On dit que dans les foyers d'accueil, y a des arrêtes.
06:14 Et puis je veux pas vivre avec des mecs qui rôdent, qui pètent, qui sentent la colle en planée.
06:20 Je veux pas vivre avec ça.
06:22 A l'époque, lui et ses compagnons se sentaient comme oubliés par la société.
06:27 - Quand y a des hivers comme ça, je comprends pas que le Samu social, qui est tout près, qui est à 25, qui est tout près,
06:35 qui vienne pas nous emmener un café le soir ou faire un revitalement le soir.
06:41 Mais quand nous avons cherché à le revoir il y a 3 semaines, Francis était introuvable.
06:49 Au bout d'un moment, nous l'avons aperçu par la fenêtre, assis sans vie sur son canapé.
06:55 En ouvrant la porte, nous sommes tombés sur le petit mot que nous lui avions laissé 6 jours plus tôt.
07:01 Il n'avait pas été touché.
07:03 Nous prévenons aussitôt les secours.
07:05 - On s'est habitués à trouver du monde comme ça, ça.
07:07 Les pompiers arrivent les premiers.
07:12 - Il est sur le canapé à gauche.
07:17 Puis nous fonçons prévenir Régis, un voisin et copain de Francis à quelques mètres de là.
07:22 - Régis ?
07:24 Y a des pompiers qui sont là.
07:27 C'est moi qui l'ai découvert. Enfin, on l'a découvert tous les deux.
07:32 - Mais il est pas mort.
07:34 - Si.
07:36 - Il dort des fois.
07:43 Il se frappe pas assez fort pendant la nuit.
07:47 - Non, là, c'est plus que ça, là.
07:49 La police est arrivée entre-temps.
07:59 Fait inhabituel, 2 commissaires divisionnaires ont fait le déplacement et nous interdisent de filmer.
08:05 Deux hauts gradés de la police pour la mort d'un SDF, le sujet est politiquement sensible.
08:10 - On vous invite pas à rentrer parce que, pour la police, faut laisser leur enquête.
08:14 Et même nous, on est pas rentrés parce qu'ils vont relever tout le monde jusqu'au fin.
08:17 Francis est mort à 50 ans, seul avec son chien,
08:22 intoxiqué par les émanations de monoxyde de carbone de son chauffage à pétrole défectueux.
08:28 Depuis ce drame, la BAPSA, une brigade de police d'assistance aux sans-abri, a été envoyée en urgence.
08:38 Elle quadrille les 1 000 hectares du bois et recense les SDF.
08:43 - Oh, oh, y a quelqu'un ?
08:45 - Si c'est bouclé devant, c'est que... - C'est fermé devant, il a fait un nœud, donc...
08:50 - Donc il est parti.
08:52 Cette agitation policière agace Régis, le copain du SDF qui vient de mourir, et ses 2 camarades.
08:59 Aucune visite avant, désormais, la police passe les voir 2 à 3 fois par jour et même la nuit.
09:05 - Je vais les envoyer promener, c'est moi qui te le dis.
09:08 Je vais les envoyer promener en longueur et en largeur.
09:12 - Bonjour, monsieur.
09:14 - Bon, tout va bien ? - Oui.
09:16 - A part les conditions climatiques ? - Oui.
09:18 - Ça va ? - Oui, ça va.
09:20 - On endure.
09:21 - Il faut pas le renoncer. - Oui, pas de problème.
09:24 - Tenez, je vais vous montrer ma vie. - Telle identité.
09:26 - Depuis 3 jours, je vois la BAPSA. Depuis 3 jours.
09:29 - Parce que... - Un mois.
09:30 - L'année dernière, il a fait froid, j'ai pas vu la BAPSA.
09:33 Enfin bon, même les autres années, j'ai pas vu la BAPSA.
09:35 - C'est une prise de contact, on nous a donné les ordres.
09:39 - Vous avez pas eu de... Parce que c'est suite au décès de...
09:42 - On a tous eu des chasses.
09:44 - Il y en a combien, ici, dans le décès ?
09:46 - Il y en a 3. - Il vient toujours après, aussi.
09:48 - Mais non. - Ah, ça, c'est pas...
09:50 - On fait ce qu'on peut, vous savez, on est très demandé partout.
09:52 - Il faut qu'ils attendent qu'il y a des gens qui soient morts,
09:55 qui soient morts dans la rue pour commencer à rechercher, non.
09:58 Moi, je trouve que... Moi, dans la nuit, pour moi, dans la nuit, il y a 12 mois.
10:02 - Sûrement l'an prochain, hein, parce que...
10:04 - En espérant que votre situation s'améliore.
10:07 Car la vie est rude au bois de Vincennes.
10:10 Ce matin-là, le mercure frisse 0°C.
10:13 Et il n'y a pas l'eau courante pour faire sa toilette.
10:16 On va la chercher à 100 m de là, à une fontaine.
10:22 - C'est comme ça qu'on se lave les cheveux ?
10:33 - Oui, à l'eau froide.
10:35 - Ca réveille. - Ah ouais, c'est bon, ça.
10:38 Régis, 49 ans, est soumis au même régime.
10:50 Ancien manutentionnaire en CDI pendant 20 ans,
10:53 il a vécu l'engrenage classique du SDF.
10:56 - Ouh, ouh, ouh ! C'est froid les doigts, doigts !
10:59 - Licenciement, puis perte de son logement.
11:02 Maintenant, il habite cette cabane qu'il a fabriquée lui-même.
11:05 - Au printemps, je vais refaire le toit.
11:08 Vous voyez, c'est des trucs...
11:11 Je vais refaire le toit, puis remettre des nouvelles bâches.
11:16 Quand il faille du soleil, j'en ai 2 qui montent là-haut.
11:19 Mon gros Mimi et puis la petite Minouette,
11:23 ils montent là-haut, puis ça longe et puis ils se font bronzer.
11:26 - C'est important, le chat ? - Ah, pour moi, oui.
11:29 Un peu plus. Hein, ma belle ?
11:32 Voilà, là, on va retourner sur le coucher.
11:34 Le gros, il va faire pareil. Hop là, il va mettre en dessous.
11:37 Vous êtes en train de penser à quelque chose,
11:40 ils viennent vous sortir d'une mauvaise pensée, des fois.
11:43 Heureusement qu'ils sont là, parce que sinon...
11:45 - Il a besoin d'affection. - Voilà, comme on dit, quoi.
11:48 Ces 2 chats font aussi partie du foyer qu'il s'est recréé.
11:57 - Quoi ? - On est profs.
11:59 On dit qu'on est des gens sales. On est profs.
12:03 On met nos ordures à la poubelle.
12:06 - Ça fait longtemps que vous êtes là ? - Moi, 5 ans.
12:09 - 5 ans ? - 5 ans.
12:11 Des morts, j'en ai vu des morts. J'en ai vu des morts.
12:15 Tous les hivers, il y en a.
12:18 - Ça vous fait pas peur ? - Hm ?
12:20 - Ça vous fait pas peur, pour vous ? - Non.
12:22 - Pourquoi ? - Alors, peur de quoi ?
12:24 Ben, de la mort.
12:27 En plus, ça me fait peur.
12:31 Mais ce qui me fait peur, c'est...
12:34 Je préfère mourir dans un lit...
12:38 J'ai du mal à respirer, avec la fumée.
12:47 Je préfère mourir dans un lit que mourir sur un lit de camp
12:53 parmi des gens que je connais pas.
12:56 Là, c'est comme si j'étais chez moi, dans la cabane.
13:01 Parce que dans un hébergement, dans un truc où je ne sais trop quoi,
13:05 on n'a rien, si, sans sac à dos.
13:08 Mais je suis désolé. On peut pas dormir.
13:12 Malgré le froid, les SDF rechignent à se rendre dans les centres d'hébergement.
13:18 Pour vérifier ce qu'il s'y passe réellement,
13:21 nous nous faisons passer pour des SDF et nous filmons en caméra cachée.
13:25 Rendez-vous porte de la Villette,
13:27 lieu de ramassage pour le centre de Nanterre, géré par la préfecture de police.
13:31 C'est le dernier recours quand on ne sait pas où aller,
13:34 car on y trouve toujours de la place.
13:36 - C'est correct, c'est propre.
13:39 Bon, il y a de tout, la population.
13:41 Ça, vous verrez sur place.
13:43 Des ivrognes, il y a de tout.
13:46 Au rendez-vous de 18h30,
13:48 nous sommes une soixantaine à embarquer dans l'un des 2 bus.
13:52 1h30 de trajet.
14:01 A notre arrivée au centre, dans le hall d'accueil,
14:05 c'est un spectacle déconcertant.
14:08 Certains continuent même de se saouler.
14:16 - Les jeunes !
14:18 - Et qui dit les...
14:20 Nous croisons ce jeune travailleur en intérim de 32 ans
14:23 qui vient ici depuis 2 semaines.
14:25 - T'as ta visible ? On la prend l'habitude ?
14:27 - Moi, ça m'écrit jamais, au fait.
14:29 - Ah ouais, faut bien dormir quelque part.
14:32 Ceux-là ont entre 23 et 35 ans.
14:35 - Ouais, ici, on va avoir son duvet, quoi, parce que sinon...
14:38 - Ah ouais ? - Ah ouais.
14:40 T'as pas de duvet, ici, t'as pas de couverture.
14:42 Non, on vient là parce que nous, on dorme dans le métro,
14:45 et c'est chaud, en ce moment. - Pourquoi ?
14:47 - Y a la police qui tourne dans le métro et nous vire,
14:49 y a des brigades qui viennent et nous virent.
14:51 Avant, tu pouvais squatter, mais il y a quelques années, maintenant, c'est...
14:54 - D'accord. - C'est fini.
14:56 On nous attribue ensuite une chambre.
14:58 Patient, le personnel prend le temps de tout nous expliquer.
15:01 - Là, vous arrivez, vous allez...
15:02 Repas, il est pas à 21 h, il est à 22 h.
15:05 - D'accord. - D'accord ?
15:06 Demain, le veiller, 7 h.
15:08 - Ouais. - Petit déjeuner, 7 h 30.
15:10 - D'accord. - D'accord ?
15:11 - On est combien, en soire, quand, aujourd'hui ?
15:13 - Euh, ouais, on a battu quasiment 250 soldes, en ce moment, tous les jours.
15:17 Voilà.
15:18 De plus en plus de jeunes SDF, mais plus choquants encore,
15:21 et c'est nouveau, des retraités viennent nombreux,
15:24 comme ce couple d'agriculteurs ruinés, originaires de la Gironde,
15:28 et à la rue depuis 5 ans.
15:29 - C'est la 1re fois qu'on vient, vous ? - Vous aussi ?
15:31 - Non, non, non, non.
15:33 - Pour 2 semaines, à peu près.
15:35 Ils nous prennent en sympathie et nous indiquent les pièges à éviter.
15:40 - Y a des voleurs, ici ?
15:43 - Vous mettez le téléphone portable, tout ça,
15:45 il faut pas les laisser charger la nuit.
15:47 - Vous vous endormez, pour que pendant qu'on va...
15:50 Il faut que vous gardiez vos sacs, là, dans la cuisine.
15:53 - Et vos sacs, ils sont dans la cuisine.
15:54 Mais aussi faire attention à ses chaussures et à ses vêtements.
15:58 Nous nous dirigeons vers les chambres.
16:00 3 handicapés sont coincés devant l'ascenseur en panne.
16:03 - C'est pas vraiment qu'on veut pas être touchés.
16:05 - On a quelle chambre, là ? - Au 2e étage.
16:10 Nous découvrons notre chambre pour la nuit.
16:13 - Vous pouvez donc découvrir la chambre.
16:22 Plutôt propre, avec 4 lits.
16:25 Et il y fait chaud.
16:27 - Là, il y a... Tranquille. - Tranquille.
16:29 - Ça va. - A tout de suite.
16:31 Le repas est servi à 22h.
16:34 Dans le réfectoire, l'ambiance est calme, car tout le monde a faim.
16:38 Nous retrouvons notre couple de retraités.
16:41 - Vous arrivez à dormir dans la même chambre ou... ?
16:43 - Ah non, non, on n'a pas le droit.
16:45 - Vous n'avez pas le droit de dormir ? - Non, non.
16:47 Les couples n'ont pas le droit, ici. Ah non, non, on n'a pas le droit.
16:49 - Donc vous pouvez manger ensemble, mais pas dans la même chambre.
16:51 - Ah oui, mais on n'est pas demain matin.
16:53 Poisson, légumes, fromage, dessert et pain à volonté.
16:57 Le repas est équilibré, mais vite avalé.
17:00 On ne nous laisse que 20 minutes, pas plus, car il y a plusieurs services.
17:04 - On bouge, on y va ! On bouge !
17:07 - Dodo, dodo, dodo !
17:09 - On n'est pas en col !
17:11 - Allez dormir !
17:13 - Il y a pas de colière !
17:15 - Elle nous ment ! Elle donne merde !
17:18 - C'est quoi, toi ? - Elle m'encule !
17:20 - Dors, dors ! Dors ! Dors !
17:23 - Elle fait pleurer !
17:25 - Ta gueule !
17:27 On lui demande d'aller se calmer dehors.
17:32 Comme tous les lits sont occupés, certains vont passer la nuit dans le hall.
17:36 Pour éviter les vols et les dégradations,
17:39 l'accès aux chambres n'est pas possible avant minuit.
17:42 Il faut attendre qu'un gardien nous ouvre les portes.
17:45 - Ça va, lui ? - Non.
17:47 - C'est par là.
17:49 - On se calme ! On se calme !
17:53 On se calme ! On se calme !
17:56 Les cris vont durer jusqu'à 3 h du matin.
17:59 - On se calme ! On se calme !
18:02 - On se calme ! On se calme !
18:05 - On se calme ! On se calme !
18:08 7 h.
18:11 Nous sommes obligés de nous lever,
18:14 mais nous avons plus de temps que la veille pour prendre notre petit déjeuner.
18:18 Nous retrouvons notre couple de retraités,
18:21 les traits tirés.
18:24 - Vous avez reçu, vous savez, les bruits ?
18:29 - Ah oui, il y a du bruit.
18:31 Si vous étiez au second, peut-être...
18:33 - Mais au premier, ça s'entendait bien.
18:35 - Il y avait quelqu'un qui criait, non ? - Oui, il y avait quelqu'un qui criait.
18:38 Après le petit déjeuner, il nous reste une demi-heure pour faire notre toilette.
18:43 - Hum ? - C'est...
18:46 - Pour travailler du travail, il faut être court. - Ouais.
18:49 - Vous travaillez, vous ? - Non.
18:54 Selon notre couple de retraités, qui vient de la campagne,
19:02 Paris est apparemment une aubaine pour passer la journée au chaud.
19:06 - Les clocheurs à Paris, ils ont pas le malheur,
19:09 parce qu'ils ont le métro, ils sont au chaud.
19:12 Ils vont à McDonald's, ils vont à la Grande Surface,
19:15 ils accèdent par là, et non, ils ont pas fait la journée sans...
19:18 - Oui, oui. Il y a des facilités, mais il y a pas de campagne.
19:21 A 8 h 30, tous les SDF doivent quitter le centre.
19:25 Un bus nous ramène sur Paris.
19:27 Encore 1 h 30 de transport pour le retour.
19:31 Les mauvaises odeurs, les vols, le bruit,
19:34 tout cela a découragé cet homme qui fréquente le centre depuis 2 semaines.
19:38 - C'est long, hein, tous les jours. - Ouais ?
19:41 - C'est dur, là. - Non, moi, je suis...
19:44 - Comment ? - Je suis...
19:46 - Une tente. - Une tente ? - Oui.
19:49 Terminus, tout le monde descend.
19:54 C'est reparti pour une journée de galère dans les rues de Paris.
19:59 - On est dans la rue du Muret.
20:01 Comme pour Jacques et son copain.
20:04 Après sa 1re nuit en centre d'hébergement,
20:07 Jacques n'a pas le moral, il ne veut plus y retourner.
20:11 Son camarade, qui y dort lui depuis un mois,
20:14 tente de le convaincre du contraire.
20:16 - Pourquoi tu prends le baiser ?
20:18 Alors, c'est ta 1re nuit, mon cher Jacques. - Dur.
20:20 - Comment s'était le déroulé ? - Dur.
20:22 - Dur, c'est-à-dire ? - Très mal dormi.
20:25 Trop de bruit.
20:28 - Ça pète, ça dort, ça parle, ça... Je sais pas, c'est...
20:33 C'est le boxon.
20:35 - Il reste pas d'heures, on va retourner.
20:38 C'est important, hein, pour pas que tu galères.
20:41 C'est une période. C'est toi que c'est, une période.
20:43 C'est un bon moment à passer, c'est temporaire, et que ça va...
20:46 Ça va changer. Après, c'est à toi de le motiver, ça va.
20:49 Ils vont traîner et faire passer le temps ensemble jusqu'à midi,
20:54 avant de se séparer.
20:57 Il y a encore 4 mois, Jacques gagnait le SMIC.
21:00 Aujourd'hui, il est à la rue.
21:02 Exténué et sur les nerfs, il a besoin de vider son sac.
21:06 - Jamais je me serais retrouvé dans cette daube
21:10 si j'avais pas dépensé toute ma étude dans n'importe quoi, dans les conneries.
21:14 - Ça veut dire que ça peut arriver à nouveau ?
21:17 - Si je me fais pas aider, ouais. - Ouais.
21:20 Mais il veut garder sa dignité.
21:22 - Je fais jamais la manche.
21:24 - C'est une question d'amour propre, d'amour...
21:26 - Non, non. - C'est ça.
21:28 - C'est juste que j'ai pas envie de faire la manche.
21:30 J'ai pas besoin de faire la manche. Je suis un gêne, quoi.
21:33 Je vais pas faire la manche pour rien, quoi.
21:36 Je préfère crever la dalle qu'à la manche et faire le pauvre malheureux,
21:41 montrer aux gens que je suis un peu malheureux. Non, non.
21:43 Ça marche pas comme ça.
21:44 Mais comme il n'a aucun revenu, il est bien forcé de la faire de temps en temps,
21:48 d'autant plus que ses rêves de travail se sont envolés.
21:51 - Tu démoralises un peu avec la journée qui passe ?
21:53 - Ouais, j'aimerais bien me bouger plus le cul.
21:56 Là, là... - Mais tu peux pas ?
21:58 - Je fous rien. J'ai l'impression...
22:00 Je sais que je serai tout seul, tout seul, vraiment.
22:03 - Et tout le temps, tu te sens coincé ? - Ouais, un peu.
22:05 Je commence à me dire... Merde, putain, là, je fous rien, quoi.
22:09 Et plus les heures passent, plus la fatigue augmente.
22:12 - Je suis mort. J'ai envie de dormir.
22:15 Je suis claqué.
22:17 - Ça va pas ? - Ouais, ouais, non, mais j'ai la tête qui tourne.
22:21 Ça, c'est la fatigue.
22:23 Prendre des cafés, des cafés, des cafés, ça sert à rien du tout.
22:28 Malgré son épuisement, Jacques a un sursaut d'énergie.
22:31 Il veut s'inscrire dans une agence d'intérim.
22:33 - Bonjour. - Mais pour ça, il a besoin de vêtements.
22:36 - C'est pas ce qu'on a en CEPI. - En principe, c'est payant.
22:39 - D'accord. - Mais si vous n'avez pas un billet,
22:41 on peut vous fournir des vêtements. - OK, OK.
22:45 - C'est pour un job ? - Ouais, un job, et puis...
22:47 - Pour que vous ayez quoi ? - Un petit pull, quand même.
22:50 - Tout ce qui est pour homme est ici. - D'accord.
22:52 Des vêtements de récup, encore une première pour lui.
22:55 - On voit pas mal de jeunes, oui.
22:59 Et même, je sais pas s'ils sont sans abri ou sans...
23:01 Oui, bah oui, oui, oui, oui. De plus en plus, oui.
23:04 Beaucoup de jeunes à la rue, oui.
23:06 - Chemise, j'ai jamais porté de chemise dans ma vie.
23:09 - C'est-à-dire que tu veux juste te changer maintenant, c'est ça,
23:11 pour aller démarcher ? - Ah oui, oui, oui.
23:13 Je me change direct. Pas besoin de faire de la vache, je crois.
23:16 OK, c'est pas de chichi.
23:18 Une tenue pour avoir chaud, une autre pour bien présenter.
23:22 - Ça change pas mal de choses, pour toi ?
23:25 - Bah, je me sens un petit peu plus... Voilà.
23:29 Plus habillé que tout à l'heure.
23:31 - Bien sûr.
23:32 - Je vous remercie. Passez une bonne journée. Au revoir.
23:34 Enfin, une bonne soirée. - Merci.
23:36 - Merci, au revoir.
23:38 - A bientôt. Au revoir.
23:40 - Putain...
23:42 Nouveau look et nouvelles ambitions.
23:45 Jacques entreprend la tournée des agences d'intérim.
23:48 - Bonjour. - Bonjour.
23:55 - Vous faites quoi comme métier ?
23:57 - Bah, dans le bâtiment, comme vous faites.
24:00 - Dans le bâtiment, mais c'est à dire ?
24:02 - Je suis un peu à tout, donc je sais pas...
24:06 - Maçon, manoeuvre ? - Manoeuvre.
24:08 - D'accord. - Parce que j'ai pas de qualifications,
24:11 je veux dire... - Précises, dans le bâtiment.
24:13 - Précises, dans le bâtiment. - Voilà, j'ai pas de diplôme.
24:16 - Un CV ? - Oui, CV.
24:18 Oui, oui, c'est mon CV.
24:20 Un V.
24:23 - C'est difficile pour un jeune de moins de 25 ans
24:27 de faire du travail actuellement dans la TV ?
24:30 - Oui, assez, parce que la période est un peu...
24:34 un peu difficile.
24:36 Pour l'instant, c'est pas facile,
24:38 d'autant plus quand ils ont pas de qualifications.
24:40 Et puis, il a l'air jeune et dynamique,
24:42 donc c'est vraiment bien. - OK.
24:44 - Si on recherche un manoeuvre, on vous trouvera tout de suite,
24:46 mais par contre, vous pensez à téléphoner aussi de temps en temps ?
24:49 - Non, vous allez voir, demain, j'y suis.
24:51 - Alors ? - Bon, bah, c'est bon, je suis inscrit.
24:55 Bah, ça va être bon. À mon avis, dans la semaine,
24:57 je vais avoir un petit taf en intérieur.
25:00 Un travail pour sortir de la rue au plus vite.
25:03 Il fait -1 dans le bois de Vincennes en fin de journée.
25:09 Alors la petite communauté s'organise pour le chauffage.
25:11 - On a du bois pour ce soir.
25:13 Cyril et Gérard sont de corvées pour le bois.
25:18 - Bah, il faut bien se chauffer ce soir, hein.
25:22 Sinon, je vais prendre le gros massif, là.
25:26 Même s'il est vert, de toute façon, ça va brûler, hein.
25:29 - Oh, ça a brûlé ? - Ouais, ça a brûlé.
25:34 Ça avait plu longtemps, mais ça va cramer quand même.
25:40 À la nuit tombée, le moral baisse avec la température.
25:44 Le décès de leur voisin Francis les obsède.
25:48 - 27 ans qu'il est à la rue, Francis. - 27, ouais.
25:55 - Ça fait quoi, là ? Vous y repensez souvent, hein ?
26:00 - Bah, nous, on pense à sa mort, c'est normal.
26:02 - Bah, tu sais, c'était un copain. - C'était un ami.
26:05 - Voilà ce que je veux dire, un copain de galère.
26:07 - C'est une vie de Robinson Crusoé, un peu, là ?
26:10 - Ouais, bah, il sera repas, hein.
26:12 - Ah, c'est l'aigri.
26:14 Tu as l'espoir d'or, sinon on nous les pique.
26:17 C'est toujours le même.
26:19 Déjà, c'est la grande, là.
26:21 - Hein, Gérard ? Toujours ?
26:23 - En pêche, on n'a pas trop à se plaindre.
26:25 Nous, on a le droit de faire du barbecue dans le bois.
26:28 Grâce à la prime de Noël de 220 euros
26:30 qu'ils ont touchée comme tous les R.M.istes,
26:32 sont les R.M.istes encore à la rue.
26:34 - Voilà, bah, je sais pas comment ça se fait, le jour.
26:37 - De temps en temps, des petits plaisirs.
26:39 - Des petits plaisirs. - Ça fait du bien, les petits plaisirs, de temps en temps ?
26:42 - Bah... - Ça nous donne du sourire.
26:45 Des petits plaisirs comme ça.
26:47 - Voilà, le moral. - Ça nous donne du sourire, de la gaieté.
26:50 - Voilà. - On est...
26:52 - Et le moral, on remonte.
26:54 - Pas de bolé, c'est bon.
26:56 - Voilà les SDF.
26:58 - C'est pas le bon moment, là.
27:00 - C'est pas le bon moment, là.
27:02 - Voilà les SDF.
27:04 - On se réchauffe comme on peut ?
27:10 - Ouais.
27:12 Un petit peu de... Voilà.
27:14 Ça va me donner du bon moqueur.
27:16 - Moi aussi.
27:18 - Bah, approche. Approche une assiette.
27:30 - Les saucisses sont bonnes, les saucisses. Putain, la vache !
27:34 - Qui c'est qui manque encore un peu de taboulé, là ?
27:37 Non ? - Non.
27:39 - Tu sais pourquoi, il dit toujours ça, lui ?
27:41 - Tu veux du taboulé, encore ? - T'en veux encore ? T'en veux encore ?
27:43 - Non, bah, sérieux, parce que moi, j'en ai assez, moi.
27:46 Bon, bah...
27:50 Personne répond, bah, tant pis, hein.
27:52 - OK. - L'avis de SDF, il faut l'apprendre comme aller.
27:58 À bout de force, après une longue journée de marche,
28:01 Jacques retourne au centre d'hébergement où il a dormi la veille.
28:05 - Vous avez décidé de revenir, finalement ?
28:15 - Je me casse.
28:17 - Oui.
28:19 Mais il ne revient pas pour y dormir, juste pour prendre des forces.
28:22 - T'en peux plus.
28:24 - Là, c'est bien.
28:26 - Moi, je veux juste de la viande.
28:28 - Hein ? - Juste de la viande.
28:30 - C'est du poisson ? - Enfin, du poisson.
28:32 - C'est du poisson ? - Ouais, bah, juste du poisson.
28:34 - Ah, un poisson tout seul.
28:36 Il n'a pas mangé à midi.
28:38 Ce sera son unique repas de la journée.
28:40 - Merci, bien. - Bon appétit.
28:42 - Ouais.
28:44 Jacques est énervé de devoir se retrouver là.
28:46 - Je mange de la dôme, mais bon, c'est pas grave.
28:52 - C'est pas grave.
28:54 - Dis, je mange mieux que toi.
28:58 - C'est ça, ton truc, là.
29:02 Le ventre plein, retour à la rue.
29:07 C'est le début d'une nouvelle longue soirée d'errance.
29:15 C'est quoi, le plan, là ?
29:19 - Traîner. Je vais traîner.
29:22 - Salut.
29:24 Jacques s'engouffre dans le métro.
29:26 C'est devenu une habitude.
29:29 Au moins, ici, il y fait chaud.
29:34 Il restera assis sur son strapontin jusqu'à la fermeture à 1h du matin...
29:42 pour commencer sa nuit.
29:46 - Merci.
29:48 Le mercure est tombé à -3°C dans le bois de Vincennes.
30:03 Les pieds et les mains sont les plus exposés au froid.
30:06 - Voilà.
30:08 Voilà.
30:13 Toi, là, relaxe.
30:15 Alors Régis et ses copains veillent auprès du feu le plus tard possible.
30:19 - Comme on dit dans la Bible, ouvrez les portes.
30:23 Ouvrez les portes à tout le monde.
30:25 Qu'est-ce qui ouvre ? Ils ouvrent quoi ?
30:27 - L'enfer. - Dans la Bible, c'est quoi, la Bible ?
30:30 Dans le bois, on entend la mort. C'est tout.
30:33 Attendre jusqu'à tomber de sommeil.
30:39 - On est déjà repas, là.
30:41 2h du matin. Le métro vient de fermer.
30:46 Mais Jacques a une combine pour ne pas passer la nuit dehors.
30:50 - Regarde. Y a pas que moi, hein.
30:57 Direction les tours du 15e arrondissement.
31:00 - C'est pas possible.
31:06 - C'est pas possible.
31:08 - Vous savez que cette immeuble, vous pouvez rentrer dedans. - Ouais, facilement.
31:13 C'est un copain qui lui avait parlé de la combine.
31:16 Pour rentrer, la technique est très simple.
31:19 Même sans avoir le code.
31:23 - On va voir.
31:25 - En fait, l'astuce, c'était quoi, là ?
31:41 - D'attendre que quelqu'un rentre dans un immeuble. - Et le suivre.
31:44 - Et le suivre. - Tout simplement.
31:46 - Ça, c'est la meilleure combine. - Ouais, c'est la meilleure combine.
31:49 Là, on monte au 36e.
31:51 Et on va redescendre sur 2 étages à pied.
31:54 - Je t'amène dans le luxe.
31:56 - Voilà.
32:02 - Regarde.
32:04 - Voilà la nuit dont vous allez passer.
32:06 - On est où, là ? - Bah, là, on est au 30e étage.
32:09 L'hôtel.
32:11 5 étoiles.
32:13 - Surface, 3 m2, peinture refaite à neuf, moquette.
32:17 - Bon, après, je vais... Je la ramène.
32:20 Voilà, j'enlève l'ampoule et puis c'est parti.
32:22 On dorme.
32:24 Le logement de Jacques pour cette nuit est calme.
32:27 Et il y fait chaud.
32:29 Même si sans matelas, le sol est dur.
32:33 Et c'est justement dans ces moments de calme
32:39 que Jacques repense à sa famille.
32:42 - Je sais que je vais dormir comme ça.
32:46 - OK.
32:48 - Si votre père, il vous voit dans cette situation, ça lui...
32:56 - Il a l'air de jamais la té.
32:59 - Comment ça te ferait réagir ?
33:01 - Rien du tout.
33:03 - C'est ce qui vous a fait le peu plus, en fait ?
33:07 - Ouais, je pense que c'est ça qui...
33:09 Je pense qu'il y a aussi un déclic de ça, aussi.
33:11 Pourquoi je fous le bordel ?
33:13 Pourquoi j'ai jamais réussi dans ma vie ?
33:16 Vraiment.
33:18 - En fait, si vous en êtes ici, c'est qu'il y a une rupture familiale.
33:22 - Ouais. Enfin, une rupture...
33:25 Bref, un manque.
33:27 Il y a eu un manque, je pense.
33:30 - Un manque de...
33:32 - Ben, de mon père, le vrai, quoi.
33:34 Enfin, le...
33:36 Celui qui aurait dû rester à la maison, quoi.
33:41 3h du matin, Jacques ne trouve toujours pas le sommeil.
33:46 Au bois de Vincennes, chacun rentre chez soi.
33:59 - Bonjour, vous êtes bien là ?
34:01 - Vous vous barricadez, le soir ?
34:05 - Alors moi, je rentre toujours depuis que je suis ici.
34:07 On a mis une porte avec un câble.
34:09 Je mets toujours un câble, toujours.
34:12 - A l'intérieur de sa cabane...
34:15 - C'est votre vraie maison, quoi. - Ouais, ouais.
34:17 - Régis a monté une tente qui lui sert de chambre.
34:20 - Donc là, c'est l'espace de vie. - Ouais, ouais.
34:23 - Vous dormez couvert, la nuit, quand il fait très froid ?
34:28 - Ah ouais, couvert, ouais.
34:30 Dans le duvet et puis une couverture.
34:34 Une bonne couverture, quoi.
34:36 Un petit thé avant de dormir.
34:39 Ah, ça fait du bien.
34:41 Avec l'humidité du bois,
34:45 il souffre de bronchites chroniques toujours plus sérieuses.
34:48 Mais il ne se soigne pas.
34:50 - Pour ça, j'aime pas trop boire.
34:58 L'alcool, c'est pas bon, ça.
35:00 La respiration, ça...
35:05 Et puis la cigarette aussi.
35:07 Je crois que l'avenir, pour moi, c'est...
35:17 Y en a pas, quoi. Y en a pas.
35:19 L'avenir, maintenant, il est derrière, maintenant, pour moi.
35:22 Il est derrière moi, ça y est, il est passé.
35:25 L'avenir, devant moi, non ?
35:27 Devant moi, je vois plutôt sombre, à sombre.
35:32 Parce que le copain qui est décédé, Francis,
35:36 ça fait 20 ans qu'il est dans la rue,
35:39 ça fait 20 ans qu'il se bat.
35:41 Je pourrais pas me battre 20 ans comme ça,
35:46 dans la rue, pour essayer d'avoir quelque chose
35:49 et puis finir comme lui l'a fini.
35:52 Comme lui l'a fini.
35:54 Maintenant, il est à la morgue.
35:56 Il a même pas vu le bout du tunnel.
35:59 Comme je dis, c'est...
36:01 Et puis, des fois, on se pose la question,
36:03 si des fois, le suicide,
36:05 ça serait pas le meilleur remède pour la fin des soucis.
36:09 C'est con à dire, mais des fois, on...
36:11 Des fois, j'y pense.
36:13 Des fois, j'y pense.
36:15 Pas avant, je me dis, je mets une balle dans la tête.
36:18 Une connerie comme ça, quoi.
36:20 Mais bon, le lendemain, ben...
36:23 On voit le soleil, on se dit,
36:25 peut-être qu'aujourd'hui, ça ira mieux.
36:27 Ça, c'est les coups de capard.
36:30 Comme on dit, la vie est belle, mais...
36:33 ça dépend pour qui.
36:36 Quand on a ce qu'il faut, ça va,
36:38 mais quand on n'a plus rien, ben...
36:41 Bon, je crois que je vais m'arrêter là,
36:44 parce que sinon, je vais pleurer.
36:46 Mais bon...
36:48 - Bonne nuit. - Ouais, bonne nuit.
36:56 - Boric. Boric, oui.
36:59 - Bien dormi ? - Ouais.
37:07 - Il est 8h du matin.
37:12 Réveil difficile et courbaturé pour Jacques
37:15 après 5 petites heures de sommeil.
37:18 Sa nuit terminée,
37:22 il prend soin de ne laisser aucune trace de son passage.
37:25 Chaque matin, il regagne la rue.
37:44 Les longues journées se suivent
37:47 et se ressemblent.
37:50 - Vous avez envie de quoi, là, tout de suite ?
37:53 - Une douche.
37:55 Pour être bien réveillé.
37:57 J'ai qu'une hâte d'arriver dans le métro.
38:00 - Pour quoi ? - Caille.
38:02 Des heures d'errance l'attendent.
38:07 Réveil aussi dans le bois de Vincennes.
38:13 - Ils sont pas venus nous voir, tu vois.
38:17 Ils ont juste été...
38:19 Au petit déjeuner pour Régis et Gérard,
38:22 c'est café, cigarette et flash infos.
38:25 - ...et cette semaine,
38:27 avec les premiers froids qui arrivent,
38:29 Wendy Bouchard nous pensant, bien sûr,
38:31 à ceux qui sont dans la rue et en particulier
38:33 pour ceux qui nous confèrent au surnomé Sylphix
38:36 avec leur chien.
38:38 - Qu'est-ce que vous ressentez quand on vous parle de vous comme ça ?
38:41 Ca vous énerve ? - Ouais, ça m'énerve parce que ça...
38:44 Y a beaucoup de parlotes.
38:47 Y a beaucoup de parlotes pour rien.
38:50 Ca va faire comme tous les ans, quoi.
38:53 On entend beaucoup parler, beaucoup parler,
38:55 puis après, dès que l'hiver est passé, bon...
38:58 C'est bon, c'est le printemps,
39:00 bon, c'est plus la peine de parler des zèbres.
39:03 Voilà.
39:05 Voilà.
39:07 Des sans-abri usés par la rue meurent pourtant toute l'année,
39:10 qu'ils fassent froid ou chaud.
39:12 Gérard et Régis traversent le bois,
39:15 direction Paris,
39:17 pour se rendre aux bains-douches municipaux,
39:19 à 1 heure de chez eux.
39:21 3 fois par semaine,
39:24 les 2 amis viennent ici, dans le 12e arrondissement.
39:27 La fréquentation y est en nette augmentation,
39:30 +40 % en un an.
39:33 - Bonjour, bonjour.
39:36 - Y a beaucoup de personnes, aujourd'hui ? - Ouais.
39:39 En ce moment, 400 personnes, ça dépend.
39:42 Toujours les mêmes personnes.
39:45 C'est vrai que le monsieur, on le connaît, il vient régulièrement.
39:48 - Faut pas être propre. Les douches, y a de l'eau chaude,
39:51 et... - Ça coûte pas d'argent ?
39:53 - Non, non, non, c'est gratuit.
39:55 - Y a beaucoup de gens dans la galère ? - Ouais.
39:58 - De plus en plus.
40:00 - David, y a de la place, là ?
40:02 - Bah, je vais les faire monter.
40:04 - Vous donnez la chaleur et l'eau chaude.
40:06 - Plus que ça, même, la chaleur. On discute avec les gens, aussi.
40:09 Ça leur fait du bien.
40:11 Théoriquement, ils ont 20 minutes pour se doucher.
40:14 L'heure d'arrivée est même écrite à la craie.
40:18 - Elles sont comment, les douches ?
40:20 - Hein ? Ah, c'est une cabine, quoi.
40:22 Une cabine douche, c'est bien.
40:24 - 20 minutes, hein ? - Ouais.
40:27 Des fois, ça arrive qu'on met 25, 30 minutes de bruit.
40:31 - Sur 3 trous en gardant.
40:34 - Faut pas rester 1 heure, quoi.
40:36 Ah, bah, là, on sent mieux, hein.
40:47 Eh, bonne journée, bon week-end, hein.
40:50 Après une demi-heure de douche chaude, les 2 compagnons sont revigorés.
40:55 Avec son RMI de 447 euros par mois,
40:58 Régis a les moyens de faire quelques courses au supermarché.
41:01 Un des seuls moments où il est mêlé au reste de la population.
41:05 - Le regard des gens, il est comment ? - Hein ?
41:07 - Le regard des gens, il est comment, quand vous êtes revivé ?
41:09 - Moi, je fais pas attention. - Pas attention ?
41:11 - Je fais pas attention. - Tu fais pas gaffe à ce genre de choses ?
41:13 - Même pas. - Il vaut mieux ?
41:15 - Oui, il vaut mieux, vaut mieux.
41:17 On entend des fois des choses qu'on entend dans un magasin.
41:20 "Tiens, encore un Zep qui vient."
41:23 En vrai, on voit qu'on est pas beaucoup aimé, vous voyez ce que je veux dire.
41:29 - Vous avez des petits... - Euh...
41:32 Ils arrivent à se nourrir à 3 pour 15 euros par jour.
41:37 - Y en a combien, là-dedans ?
41:39 Là-dedans, y en a 4, là-dedans.
41:41 Y en a 4, c'est pas...
41:43 La viande, c'est du 1er prix et il ne s'en paye pas tous les jours.
41:47 De la viande, du pain, une bouteille d'alcool, Régis s'en tire pour 30 euros.
41:53 - Merci. - Merci.
41:55 - Au revoir. - Au revoir.
41:57 Aujourd'hui, Jacques se sent particulièrement faible.
42:03 Il se rend chez un des rares médecins qui accepte les patients avec une CMU,
42:08 l'assurance maladie des pauvres.
42:10 Sa consultation comme ses médicaments ne lui coûteront rien.
42:15 - Qu'est-ce que vous avez comme problème de santé jusqu'alors ?
42:21 - Asthmatique. - Oui.
42:23 - Voilà, c'est tout. - Et vous prenez un traitement ?
42:25 - Oui, j'ai plus rien. - Comment ?
42:27 - J'ai plus de ventoline, j'ai plus...
42:29 - Et vous prenez que de la ventoline ? - Oui.
42:31 - Et là, c'est une douleur... - À la gorge, qui vient jusqu'ici.
42:34 - Vous crachez, là ? - Oui.
42:36 - Ça, j'ai pas besoin, ça, je vais... - Oui, je crache, oui.
42:39 Avec du sang.
42:41 - Avec du sang ? - Oui.
42:43 - C'est un plasma sans habitation, ça va être un peu dur, là.
42:47 Bon. Vous allez vous déshabiller ?
42:50 - Oui. - Donc, il y a des pathologies liées à la rue,
42:53 au fait que les gens soient sans abri ?
42:55 - Surtout, ce qu'on voit à Paris en ce moment, c'est légal.
42:58 - Ah, oui ? - Oui. Il y a une recrudescence légale
43:00 depuis... Il y a un peu plus d'un an.
43:04 On n'en voyait pas, donc ça, c'est propre à Paris.
43:06 Il y a les gens qui...
43:08 Soit qui sont à la rue, soit qui sont mal logés
43:11 avec des problèmes d'asthme.
43:13 Et vous fumez ? - Oui.
43:15 - T'en as un ? - Oh...
43:17 Tu vois, c'est quand j'en ai, et quand j'en ai...
43:20 J'en ai un paquet, bon, bah, c'est club sur club.
43:23 - Oui. C'est un antidépresseur. - Oui, voilà.
43:26 L'espérance de vie des SDF ne dépasse pas 48 ans.
43:29 30 ans de moins que le reste de la population.
43:32 - Wow. L'athlète !
43:34 - Y a plein de puceaux dans la gorge.
43:38 - C'est cool. - Oui.
43:40 Allez, viens à fond.
43:42 (Il souffle.)
43:44 (Il tousse.)
43:46 (Il souffle.)
43:48 (Il tousse.)
43:50 (Il tousse.)
43:52 - Maintenant, j'ai des patients SDF,
43:54 parce que là, j'en ai au moins 3 qui sont à la rue depuis sept ans.
43:57 Donc on sent qu'il y a une aggravation du climat social,
44:00 mais catastrophique.
44:02 Allez, on crache avant.
44:04 Y a rien à cracher ? - Non.
44:06 - Allez. Non. Comme ça, vous le mourez.
44:08 - Le médecin veut mesurer la capacité pulmonaire de Jacques.
44:11 - Non. - Non.
44:13 Allez, on crache. Fort.
44:15 C'est tout ?
44:17 Allez, fort.
44:19 Non, non, non. Allez.
44:21 Fort !
44:23 Un peu mieux.
44:25 250.
44:27 Parce que là, c'est pas qu'un asthmale est fort que vous avez.
44:31 - Je sais pas.
44:33 - 68. Et vous mesurez ?
44:35 - Hein ? 68 ? - Oui. C'est pas bien ?
44:37 Vous mesurez combien ?
44:39 - Ah non, mais c'est pas possible, parce que l'autre fois, je faisais 75.
44:43 - Mais vous mangez comment, en ce moment ?
44:45 - Je mange quand je peux.
44:47 Ça fait peu.
44:49 - 68 pour 1 mètre, combien ?
44:51 - Je pense 1,94 m.
44:53 Pour moi, je suis pas à la rue.
44:55 J'ai un simple gène qui a besoin de...
44:57 Enfin... - Tu travailles.
44:59 - Voilà, voilà. Logement, travail.
45:01 Je considère pas comme un SDF.
45:03 - Le docteur lui prescrit des antibiotiques
45:06 et l'envoie faire des examens complémentaires chez le pneumologue.
45:09 - Au revoir.
45:11 Au cas où Jacques serait atteint de tuberculose,
45:13 maladie en pleine recrudescence chez les SDF.
45:16 Au bois de Vincennes, c'est une journée bien triste
45:20 qui débute pour notre petit groupe de sans-abri.
45:23 Aujourd'hui, c'est l'enterrement de leur voisin, Francis,
45:26 l'homme qui est mort dans sa cabane,
45:28 intoxiqué au monoxyde de carbone.
45:30 - Je vais voir ce qui se passe.
45:33 On vous raconterait comment ça s'est passé.
45:36 Je lui dirais comme les cas de monde.
45:38 Gérard s'y rend seul, car Régis et Cyril
45:42 n'ont pas trouvé le courage de venir.
45:44 À la cérémonie, une dizaine de sans-abri
45:50 et quelques associations.
45:52 L'une d'elles propose de venir en aide à Gérard.
45:55 - Par contre, vous, vous souhaitez aller
45:58 dans une chambre d'hôtel payée par nous.
46:01 - Non, mais, franco, on est en train de parler entre vous.
46:05 - Non, mais moi, je ne peux pas...
46:07 Là, je suis avec des collègues.
46:09 Je reste avec les collègues.
46:11 Bonjour.
46:13 La mort de Francis a fait tellement de vagues
46:25 qu'on lui a organisé une cérémonie en plein coeur de Paris.
46:28 Généralement, tout se passe dans l'indifférence la plus totale,
46:32 au cimetière de Thiers, en banlieue parisienne.
46:35 La ville de Paris pèle les funérailles
46:47 et une tombe pour 5 ans aux sans-abri décédés.
46:50 Ensuite, son corps sera transféré dans la fosse commune.
46:56 Gérard regarde son copain partir à mer.
46:59 Nous retrouvons Jacques 2 semaines plus tard.
47:24 - Je te remercie. - C'est un plaisir.
47:27 Et il est toujours à la rue.
47:29 - Excuse-moi, la messe. Ca fait du feu, s'il te plaît ?
47:32 Sans un sou.
47:34 - Tu as tes poches ? - Bah...
47:36 Ouais. J'ai perdu mes 2 euros.
47:39 Ah, elle est blanche.
47:41 2 euros en poche, pas de quoi aller s'amuser ce samedi soir.
47:46 - Ça me donne envie d'y aller. - Ah, ouais ?
47:53 - Ça fait longtemps que j'ai pas fait la fête.
47:55 Malgré ses 4 mois de galère,
47:57 Jacques croit encore en l'avenir du haut de ses 20 ans.
48:00 Rêveur devant cette une sur Paris en 2020.
48:03 - C'est quoi, ta vie en 2020 ?
48:05 - Ah là là ! Des gosses, une femme, peut-être un mariage.
48:09 Et... Une bonne vie...
48:13 Dans laquelle je galère pas.
48:16 Petite lueur d'espoir,
48:20 depuis la fin du reportage,
48:22 Jacques nous a appris qu'il devrait commencer un travail.
48:25 Manutentionnaire en intérim dans un supermarché.
48:28 Mais avant d'avoir assez d'argent pour un logement,
48:32 il devra encore passer de nombreuses nuits dehors.
48:35 - On va commencer à cailler.
48:37 - Vas-y, mange quelque chose, Cyril, hein.
48:43 - Après, je prends l'apéro, moi.
48:45 - Ah, oui ! T'es encore à l'apéro.
48:48 - 50 ans, ça s'enrose pas tous les jours, hein, 50 ans ?
48:50 - Ah non, les 50 ans, non, c'est pas tous les jours qu'on les enrose.
48:53 50 ans, ça se fête.
48:56 Même au milieu des bois.
48:58 Régis a prévu un gâteau d'anniversaire.
49:01 - 50 ans avec les copains,
49:05 ben, j'espère que, bon...
49:07 Hein, pour nous, l'année prochaine, on sera peut-être...
49:10 On sera plus là, on sera dans un endroit chaud.
49:13 Faut espérer. - Faut espérer.
49:15 - Y a que ça que j'espère.
49:17 J'espère ça que d'ici... - On verra bien.
49:19 - Que l'année prochaine, on ait un petit chez soi.
49:21 - Ouais. - Mais bon.
49:23 - L'année prochaine, c'est 50 ans aussi. - On dit ça, hein.
49:25 Seul l'avenir, hein. - Seul l'avenir, on verra.
49:27 - Bon, à mes 50 ans, hein.
49:29 Happy birthday to you !
49:31 - Happy birthday to you !
49:34 Happy birthday to you !
49:37 Happy birthday to you !
49:40 - Les fêtes de Noël arrivent,
49:42 mais ce sera comme chaque année, loin de la famille.
49:45 - Ah, Noël, j'y pense pas trop, moi, tu sais, hein.
49:48 - Noël... - Bon, on va faire ça entre nous.
49:50 Et puis, bon, ben, quand on va se coucher, ben...
49:53 On aura une petite larme, parce que derrière nous,
49:56 on a laissé de la famille, et puis bon...
49:59 Tu sais, c'est pas facile...
50:03 d'envoyer une lettre et puis...
50:06 dire "Franjain"...
50:08 "Chuc-le-char".
50:10 C'est pas facile d'aller dire ça à quelqu'un de la famille.
50:14 C'est pas... On croit que ça se passe comme ça,
50:17 mais bon...
50:19 C'est pas évident. - Vous avez votre dignité.
50:22 - Voilà. Bon, s'ils voient le reportage, ben...
50:26 Je lui dis bonjour quand même,
50:29 et puis bon... Qu'ils s'inquiètent pas, va.
50:32 - Au total, depuis le début de l'année,
50:37 272 sans-abri ont trouvé la mort en France.
50:40 - C'est pas grave.
50:42 Sous-titrage: MELS
50:45 ...