Françoise Matheron, vice présidente de la communauté de communes du Grand Pic St Loup

  • l’année dernière
C'est une décision trés symbolique et assez inhabituelle de la part d'une communauté de communes.
Les élus de la communauté de communes du Grand Pic St Loup ont décidé à l'unanimité il y a une quinzaine de jours de déclarer l'état d'urgence écologique sur tout le territoire.
Ils s'engagent donc à agir en faveur du climat, mais aussi à se mobiliser en faveur de la défense de la biodiversité.
Et donc à faire en sorte que dans leurs décisions, les communes du Grand Pic St Loup tiennent désormais systématiquement compte de l'environnement.
On en parle ce matin avec Françoise Matheron, maire de St Bauzille de Montmel et vice présidente de la communauté de communes du Grand Pic St Loup.

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Transcript
00:00 Guillaume Broulant veut en savoir plus sur cette décision très symbolique et assez inhabituelle de la part d'une communauté de communes.
00:05 Françoise Matron est notre invitée, maire de Saint-Basile de Montmel et vice-présidente de la communauté de communes du Grand Pic Saint-Loup.
00:11 Bonjour Françoise Matron. Bonjour. Merci d'être venue dans ce studio. Oui, décision inhabituelle,
00:16 exceptionnelle, symbolique, ça je sais pas vous nous le direz, mais en tout cas il y a effectivement une quinzaine de jours,
00:22 les élus de la communauté de communes du Grand Pic Saint-Loup ont décidé de déclarer l'état d'urgence
00:29 écologique.
00:30 Tout à fait. Eh bien voilà une affaire.
00:32 En voilà une affaire.
00:35 Expliquez-nous, parce que c'est vous qui avez porté cette motion, je crois,
00:39 à bout de bras, m'avez-vous dit l'autre jour au téléphone, et en plus, et adoptée au bout du compte à l'unanimité, donc ça veut dire que
00:45 tous les élus du Grand Pic Saint-Loup ont souscrit à votre initiative. C'est ça.
00:49 Donc en fait c'est une histoire qui remonte
00:53 plus d'une année, donc cette motion je l'ai prise dans ma commune aussi.
00:59 Et donc l'idée est venue de la faire prendre à mon intercommunalité.
01:02 Donc l'idée c'est que ce soit un point d'étape.
01:05 On a déjà mené sur l'intercommunalité des tas d'actions en faveur du climat, de la biodiversité,
01:11 et donc l'idée c'était de montrer à notre population qu'on avait pris acte
01:18 de la situation gravissime dans laquelle nous sommes.
01:21 Voilà. Ce n'est pas l'idée de les affoler, moi il me semble que c'est plutôt rassurant.
01:27 - C'est vrai que quand on parle d'état d'urgence ça a un côté un petit peu anxiogène.
01:30 - Oui, c'est un débat que nous avons eu. Parce que voilà, à la fois est-ce que ça affole ou est-ce que ça rassure ?
01:36 Donc moi je suis vraiment convaincue qu'il faut arrêter d'infantiliser nos citoyens.
01:41 - Qui les infantilise ?
01:44 - Qui les infantilise ?
01:45 - Nous les médias peut-être déjà, pour commencer.
01:47 - Je ne sais rien, tout le monde s'en connaît. On a envie de dire écoutez tout va bien,
01:51 on va s'occuper de tout pour vous,
01:54 la situation est grave mais vous avez des élus formidables et compétents qui vont résoudre tous les problèmes à votre place.
02:00 J'y crois pas une seule seconde. Je pense qu'on ne peut travailler qu'avec nos concitoyens, leur faire comprendre,
02:07 en tout cas participer à cette sensibilisation de dire voilà on est quand même dans une situation d'urgence.
02:15 Le réchauffement climatique, tout le monde le voit, tout le monde le constate.
02:21 L'effondrement de la biodiversité, il est là aussi, la pollution de l'air, l'état de nos sols.
02:27 Donc on prend acte de cette situation, on ne va pas sauver le monde dans la communauté de communes du Grand Pic Saint-Loup,
02:34 mais on va essayer de faire ce qu'il faut pour non seulement ne pas aggraver la situation
02:39 mais contribuer à préserver une certaine habitabilité de notre territoire sur le long terme.
02:45 - Alors faire ce qu'il faut, Françoise Matron, ça veut dire quoi ?
02:48 C'est un état d'urgence écologique et pas climatique.
02:50 - Oui tout à fait.
02:52 - Parce que l'idée première c'est d'abord de préserver l'environnement, c'est ça ?
02:54 - Non, l'idée c'est de préserver l'environnement, c'est surtout d'expliquer que le changement climatique
03:03 n'est qu'un seul des symptômes de tout un dysfonctionnement de notre écosphère.
03:09 Sur les neuf limites planétaires qui ont été définies, on en a dépassé six ou sept.
03:15 Donc si on ne parle que du climat, c'est très limité.
03:20 Il faut prendre le problème dans sa globalité.
03:24 - C'est-à-dire que les ressources qu'on puise aussi, les ressources naturelles qu'on...
03:28 - Les ressources qu'on puise, la biodiversité, l'environnement, le climat, il faut que tout est lié
03:34 et donc nos politiques doivent être cohérentes.
03:38 - Cette motion a été votée à l'unanimité des élus du Grand Pic Saint-Loup,
03:41 donc c'est-à-dire que quelque part, chaque élu s'engage, chaque maire ou les représentants de la commune,
03:46 à la communauté de communes, s'engagent à prendre des décisions dans les communes ensuite, c'est ça ?
03:51 On a bien compris l'histoire.
03:53 - Alors, pas seulement dans les communes, parce que l'idée c'est que chaque maire décide de la politique qu'il mène.
04:00 Mais je ne connais pas un maire actuellement qui mène une politique qui soit anticlimatique.
04:05 Enfin bon, voilà, les choses sont actées.
04:08 L'idée c'est que non seulement on le mène dans nos communes chacun à sa manière et avec ses moyens,
04:13 mais aussi au niveau de l'intercommunalité, on a des projets de territoire à mener.
04:17 - Alors, soyons concrets, quels sont les projets à la fois de l'intercommunalité ?
04:21 Expliquez-nous ce que vous, par exemple, à Saint-Beau-Dieu de Montmel, dans votre commune,
04:25 vous avez fait qui correspond d'une certaine manière à cette charte aujourd'hui que vous mettez en place.
04:30 - Oui, oui, tout à fait. Dans ma commune, j'ai...
04:32 Bon, on est une commune d'à peu près 1 100 habitants.
04:35 Donc on a une cantine, par exemple, qui est 100% bio et locale.
04:39 Il ne s'agit pas de faire venir du bio de Pologne ou de...
04:43 - Ça, ça se met en place déjà ?
04:44 - Ça, c'est mis en place.
04:45 - Dans beaucoup d'endroits.
04:46 - Donc bio et locale avec une fabrication qui est familiale.
04:51 C'est-à-dire que ce sont des gens qui sont en contrat d'insertion,
04:55 très éloignés de l'emploi, qui nous fabriquent les repas.
04:59 Nous essayons de faire la guerre à tout ce qui est jetable sur la commune.
05:04 Donc dans notre cantine, par exemple, les enfants ont la serviette anti-suc de la maison
05:09 qui vient pour le repas de midi.
05:12 Nous utilisons du papier...
05:15 Enfin, nous essayons de mettre bout à bout une politique
05:18 qui fait en sorte qu'elle soit cohérente.
05:20 Nous achetons du foncier.
05:21 Du foncier...
05:22 - Pour le préserver ?
05:23 - Pour le préserver et pour le valoriser.
05:26 Pour le valoriser, c'est-à-dire qu'on achète à la fois du foncier naturel et du foncier agricole.
05:31 L'idée est de mettre en place petit à petit une régie agricole communale.
05:35 On achète du foncier naturel parce qu'on a des enjeux de biodiversité énormes.
05:40 Et on a une pression pour la cabanisation sur les sols.
05:44 Donc on veut vraiment préserver, garder le milieu ouvert et le travailler.
05:48 - Vous faites déjà beaucoup de choses à Saint-Bouzy-le-de-Montmel.
05:50 Au niveau de l'interco, selon vous, qu'est-ce qu'il est possible de faire demain ?
05:54 En matière énergétique, par exemple.
05:56 Est-ce que ça veut dire que c'est le développement de plus d'énergie propre, éolienne, photovoltaïque ?
06:02 - Dans notre région, le photovoltaïque, c'est vraiment quelque chose auquel on peut avoir recours assez facilement.
06:10 Donc nous, sur la commune, on va couvrir d'ombrières notre stade de football.
06:16 Pour en dessous, pouvoir permettre aux équipements sportifs différents d'y avoir lieu.
06:21 Il va y avoir un cours de tennis qui sera ombragé.
06:23 Parce qu'on ne peut plus jouer au tennis à 2h de l'après-midi en été, même au printemps, avec le climat qu'il va faire.
06:30 Donc il faut prévoir la suite.
06:32 Je veux aussi que sur l'intercommunalité, on puisse utiliser tous nos parkings, nos toitures,
06:39 pour essayer de produire localement une énergie qui soit propre.
06:44 - Tous les maires de l'interco, du Grand Pic Salou, sont au diapason ?
06:48 Parce que j'ai l'impression que vous faites à Saint-Brazil figure de très bon élève en la matière.
06:53 Et c'est vous qui avez amené cette proposition.
06:55 Est-ce que tout le monde va jouer le jeu maintenant ?
06:57 Parce que c'est facile de voter...
06:59 - Je pense que oui, parce qu'on n'est pas tous de la même sensibilité politique dans l'interco.
07:03 Moi, le message que j'ai porté, c'est "comment pourrons-nous regarder nos enfants dans les yeux alors que nous savons,
07:10 nous avons tous la possibilité de nous informer ?".
07:15 Et je parle de manière extrêmement simple, sur les sites du ministère, sur internet.
07:21 On trouve tous les renseignements qu'on veut, on ne pourra pas dire "ah mais non, mais on ne savait pas que".
07:26 On sait, et on sait depuis fort longtemps, quelle est la situation.
07:30 Dans la motion, j'ai mis des références à des textes qui font consensus, qui ont été approuvés.
07:36 Je n'ai pas cité le rapport Mideau, mais j'aurais pu.
07:38 Il y a 50 ans, quand on nous annonce ce qu'on est en train de vivre aujourd'hui, donc on le sait.
07:43 Toutes les décisions qu'on prend vont impacter nos enfants, nos petits-enfants.
07:47 Donc, est-ce qu'on pourra les regarder dans les yeux si on ne fait pas ce qu'ils font ?
07:51 - Dernière chose, Françoise Matron, vous êtes aussi conseiller régional, vous appartenez à l'actuelle majorité de Carole Delga.
07:55 J'ai écouté hier soir sur le plateau de nos collègues de CETAVOU, de France 5,
08:00 la région Occitanie fait beaucoup de choses en faveur de l'environnement,
08:04 mais continue à défendre Carole Delga à la première, l'édit d'une autoroute par exemple entre Toulouse et Castres.
08:09 Il n'y a pas un peu quand même un paradoxe là aussi, quelque part ?
08:12 - Alors, je ne suis pas ici pour parler de ces politiques là.
08:15 - Non, évidemment, mais parce qu'il y a la double problématique de l'environnement et puis du désenclavement,
08:18 elle en parlait hier soir, Carole Delga. - C'est ça, c'est ça.
08:20 - C'est compliqué, l'équilibre est compliqué à trouver. - L'équilibre est compliqué.
08:23 Donc ça, je laisse à Carole Delga le soin de défendre sa politique régionale, à laquelle j'adhère complètement.
08:29 Moi, en tout cas, à l'échelle qui est la mienne, locale, j'essaie que nous soyons dans la cohérence.
08:34 Toujours dans la cohérence, c'est pas toujours facile.
08:38 On est dans une zone rurale par exemple, on ne peut pas faire comme à Montpellier, les transports gratuits.
08:45 - Mais en même temps, les gens ont besoin aussi de se transporter.
08:48 - Les gens ont besoin de venir sur Montpellier et ils auront forcément recours aux véhicules.
08:52 Donc nous, de notre côté, qu'est-ce qu'on peut faire à notre échelle ?
08:55 On va s'engager dans une démarche avec l'ADEME par exemple,
08:59 pour expérimenter une mobilité intermédiaire de véhicules qui soit entre la voiture et le vélo.
09:07 Mais il faut trouver des solutions aussi.
09:10 - Merci Françoise Matron, maire de Saint-Baudile de Montmel et vice-présidente de la communauté de communes du Grand-Pic-Saint-Loup.
09:16 Sébastien Vennez, entre la voiture et le vélo, c'est quoi ? C'est une voiture à pédale ?
09:19 - C'est un peu ça. C'est un peu la voiture à pédale, avec parfois la possibilité d'être rechargée avec des panneaux solaires.
09:27 Une voiture qui roule moins vite, qui tient moins de place et qui permet de faire des petits déplacements
09:33 pour aller travailler le matin, qui encombrerait moins Montpellier, qui podulerait moins,
09:37 pour préserver la qualité de l'air des citoyens de Montpellier.
09:41 - Puisque vous êtes maire de Saint-Baudile de Montmel, on va s'appeler très prochainement,
09:44 puisque depuis le début de l'année, sur France Bleu et Raux, à 7h moins 10,
09:48 j'appelle un des maires d'une des communes de notre département pour parler uniquement de cartes postales,
09:53 villages, nous parler du village, pas de politique.
09:55 Donc j'aurai l'occasion de vous appeler bientôt si vous le voulez.
09:58 - Absolument. - Vous avez un 06, je vais le noter et je vous appellerai.
10:01 - Bon très bien. - Je vous le donnerai le 06.
10:04 - A retrouver sur notre site francebleu.fr. Merci d'être venue ce matin.
10:08 - Merci à vous.
10:09 - Il est 8h20, un petit coup d'oeil sur la circulation.
10:11 Alors si vous êtes par exemple à Montpellier, c'est là où il y a les principales difficultés
10:14 pour arriver sur Montpellier, par le côté ouest, notamment une fois que vous êtes à Fabrec.

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