• l’année dernière
Transcription
00:00 Tout ça c'est trop pour Vincent. Il est fragile, il est malade, il a déjà fait quatre grandes crises.
00:05 Il revient à Auvers et le lendemain, il peint Le Chamblé au Corbeau.
00:10 Quand on se promène à Auvers aujourd'hui et qu'on est sur les traces de Vincent Van Gogh,
00:21 forcément on a tendance à se mettre à sa place littéralement.
00:25 Et dans ce village qui est un musée à ciel ouvert, c'est encore possible.
00:29 Il y a beaucoup d'endroits où effectivement on peut s'imaginer, tiens, il était là, le tableau était là.
00:35 Entre les deux, il y a ce geste, il y a cette vision, voilà ce qu'il a vu, voilà ce qu'il a transposé.
00:41 Et donc on peut quelque part devenir le caméraman de Vincent Van Gogh
00:45 ou regarder par-dessus son épaule pour revivre ce moment.
00:54 Ce tableau-là en fait a été réalisé vers le 9 juillet au retour d'un court séjour à Paris.
01:01 Il va rendre visite à Théo, son frère.
01:04 Et il imagine que ce dimanche sera un bon dimanche passé entre frères
01:10 où il va revoir sa belle-sœur qu'il ne connaît pas très bien
01:13 et puis son petit-neveu, l'enfant de Théo qui porte le même nom que lui, Vincent Van Gogh.
01:19 Théo ne se sent pas très bien, Théo était très malade.
01:21 L'enfant était souvent malade et ensuite Théo était sur le point de quitter l'entreprise pour laquelle il travaillait.
01:27 Or Vincent vivait de l'argent de Théo.
01:30 Si Théo quitte l'entreprise pour laquelle il travaille, la source de revenus est en danger.
01:35 Ce n'est pas bon pour l'équilibre qui permet à Vincent d'avancer dans la vie et de peindre.
01:40 Et le dimanche qu'il passe à Paris est catastrophique.
01:44 Ça se passe extrêmement mal.
01:46 [Musique]
01:55 Les tensions de la maison, le fait de revoir les amis...
01:59 Et là en fait cette journée-là elle est beaucoup trop chargée.
02:01 Il finit par claquer la porte sur un dernier malentendu.
02:05 Il part donc trop fatigué, il revient à Auvers
02:08 et le lendemain il peint le chandelet aux corbeaux.
02:11 [Bruit de chandelet]
02:17 Il y représente les corbeaux, symbole annonciateur de malheur.
02:22 Le ciel est chargé d'orage.
02:23 Il écrit aussi dans sa lettre "Je sens bien l'orage qui nous menace".
02:27 Et quand il peint ce chandelet aux corbeaux, ce qu'il montre, il l'écrit dans une lettre,
02:32 "Je ne me suis pas gêné" pour exprimer de la tristesse, de la solitude extrême.
02:37 Parce que Vincent Van Gogh, à Auvers-sur-Oise comme ailleurs, est toujours entouré de monde.
02:42 Mais il se sent toujours complètement seul.
02:44 Il est tellement intransigeant, il a beaucoup de mal à réellement communiquer avec autrui.
02:51 [Bruit de chandelet]
02:59 Vincent Van Gogh va tordre l'espace, en regardant à gauche, à droite, au milieu,
03:04 et en resserrant tout ce qu'il voit à 180 degrés autour de lui,
03:09 il va le compresser sur à peu près 90 degrés pour en faire un tableau panoramique
03:14 qui fait 1 mètre de large et 50 cm de haut.
03:17 Tous ces volumes créent un ensemble de lignes de force qui vont vers un centre.
03:21 Et ce centre, c'est là que se trouve le chevalet, c'est là que se trouve l'artiste
03:27 qui affronte la vie, qui tente de tout embrasser,
03:31 qui essaye de regarder au loin mais son horizon est bouché.
03:34 Et s'il lève les yeux, tout ce qu'il voit, c'est les corbeaux et un ciel orageux.
03:38 Donc il a d'une manière magistrale, magnifique, avec un jeu de complémentaires de couleurs,
03:43 un jeu de lumières inouï, réussi à donner son état d'esprit de ce moment-là,
03:48 qui est un état d'esprit qui, au vu des circonstances que l'on connaît maintenant parfaitement,
03:52 est absolument compréhensible.
03:54 Et quand on voit la réussite du tableau, on en a encore froid dans le dos aujourd'hui.
03:57 [Musique]
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