Les ministres européens à Kiev pour soutenir l'Ukraine, une visite symbolique

  • l’année dernière

Visitez notre site :
http://www.france24.com

Rejoignez nous sur Facebook
https://www.facebook.com/FRANCE24

Suivez nous sur Twitter
https://twitter.com/France24_fr#
Transcript
00:00 Bruno Daru, on est dans la démonstration, dans la déclaration, on est dans le symbole.
00:04 Oui on est dans le symbole mais les symboles parfois ça compte en politique, y compris
00:09 en politique étrangère donc c'est une première, je crois que c'est la première fois que les
00:13 ministres du bloc de l'Union Européenne se réunissent en dehors de leurs frontières
00:17 au niveau des ministres des affaires étrangères.
00:19 Donc le symbole il est clair, il n'y aura sans doute rien de décisionnel qui sera effectif
00:26 aujourd'hui à l'issue de cette réunion mais des sujets comme ceux indiqués par
00:31 Emmanuel Chasse qui vont être discutés, peut-être aussi un peu plus concrètement
00:34 d'ailleurs la manière dont l'Europe va aider l'Ukraine à passer l'hiver et l'Allemagne
00:40 propose un plan de protection hivernale pour aider les Ukrainiens dans les semaines et
00:45 les mois qui viennent et dont on sait qu'ils sont difficiles.
00:49 Donc un symbole vis-à-vis des Ukrainiens, un message envoyé à la Russie, non le soutien
00:54 de l'Union Européenne ne va pas faiblir malgré ce que déclare le Kremlin ce matin.
01:01 Le Kremlin qui est clairement donc dans cette stratégie de lassitude comme il dit la ministre
01:07 française des affaires étrangères Catherine Colonna de ce point de vue a employé le même
01:11 terme en disant pas du tout il n'y a pas de lassitude de la part des Européens et des
01:16 Occidentaux.
01:17 Le soutien se poursuivra, il sera pérenne et quelles que soient les circonstances les
01:22 Européens resteront aux côtés de l'Ukraine.
01:25 Pas de lassitude Caroline Descamarais mais cette image des 27 elle intervient après
01:29 un week-end de mauvaise nouvelle disons-le pour le président ukrainien.
01:33 Oui c'est-à-dire j'ai même envie de dire puisque j'ai reçu le chef de la diplomatie
01:36 Joseph Borrell la semaine dernière j'ai même envie de vous dire c'était in extremis et
01:40 inespéré de réunir ces 27 à Kiev peut-être qu'il n'arriverait pas à le faire dans quelques
01:45 semaines et ça c'est vraiment la question est-ce que c'est pas la dernière fois qu'on
01:49 réussit un coup pareil tout simplement parce que vous l'avez dit week-end d'extrême
01:53 mauvaise nouvelle pas seulement du côté de Washington effectivement où l'aide à
01:57 l'Ukraine n'était pas au programme du nouveau budget mais plus précisément du côté
02:02 par exemple d'un pays comme la Slovaquie.
02:04 La Slovaquie qui vient de porter au pouvoir eh bien un certain Robert Fitzhau qui est
02:09 un populiste qui a dit qu'il ne donnerait plus ni d'armes ni d'argent à l'Ukraine.
02:14 Evidemment ça n'est pas une très bonne nouvelle pour Kiev.
02:16 Il va faire une coalition aujourd'hui, il est en train de former son gouvernement mais
02:24 il a donc ses affinités avec Vladimir Poutine qu'il admire beaucoup, avec Viktor Orban
02:30 dont il dit le plus grand bien et avec qui il a hâte de travailler et puis il a effectivement
02:35 par exemple un dossier important du côté de la liberté de la presse puisqu'on soupçonne
02:40 son ancien gouvernement et certains de ses membres d'avoir quelque chose à voir avec
02:44 l'assassinat d'un journaliste donc d'investigation sur la corruption du pouvoir de Robert Fitzhau
02:50 et de son gouvernement.
02:51 Donc voilà pour son pays d'Ukraine.
02:54 La question qui se pose aujourd'hui c'est est-ce que l'Europe n'est pas en train de
02:57 prendre le chemin d'un questionnement sur la Russie et en particulier est-ce que la
03:02 flamme qui était véritablement presque éteinte du groupe de Visegrad, les quatre pays qui
03:08 chaque fois étaient anti-migrants, pro-russes et en tout cas faisaient la guerre à l'Europe
03:17 fédéraliste et à l'Europe finalement de nations communautarisées, eh bien ces quatre
03:25 pays ne vont pas prendre du poil de la bête.
03:27 Avant on a bien vu que Viktor Orban en Hongrie était seul à être plutôt dans une rhétorique
03:32 pro-russe.
03:33 Maintenant il va peut-être être rejoint par le Slovaque et puis il y a le 15 octobre
03:38 voilà des élections en Pologne où les conservateurs ont fait campagne aussi sur des thèses quand
03:43 même assez hostiles et c'était une première par rapport à ce qui s'est passé auparavant
03:49 à l'Ukraine en particulier sur la question du grain et du blé ukrainien qui devait transiter
03:56 sur le territoire de la Pologne.
03:57 Et puis il reste la République tchèque.
04:00 Est-ce qu'on ne va pas reconstituer ce club qui est une minorité de blocage pour l'Ukraine.
04:07 Tout ça est assez préoccupant en vérité.
04:10 Oui Bruno, finalement est-ce que Moscou ne voit pas juste, il n'y a peut-être pas une
04:14 lassitude mais il y a des tensions qui apparaissent clairement, qui apparaîtront peut-être dans
04:18 les semaines voire les mois à venir.
04:20 Oui clairement Moscou est aussi dans une guerre de communication donc a bien vu ce
04:25 qui s'est passé ces derniers jours aux Etats-Unis où pour l'instant l'aide supplémentaire
04:29 réclamée par Joe Biden pour l'Ukraine n'a pas été validée par le Congrès.
04:34 Ensuite effectivement comme le disait Caroline il y a tout ce qui s'est passé ce week-end
04:39 notamment en Slovaquie même si Moscou dit que c'est absurde de penser qu'avec Monsieur
04:46 Fitzhaus c'est un pro-russe qui a été élu.
04:48 C'est simplement quelqu'un qui pense à la souveraineté de son pays, aux intérêts
04:52 de ses concitoyens.
04:53 Mais clairement la stratégie russe de toute façon s'inscrit dans un ton long comme la
04:59 Russie à la différence des démocraties moins confrontées on va dire à des échéances
05:03 électorales qui peuvent changer aussi la composition et la nature du pouvoir.
05:10 C'est beaucoup moins le cas en Russie.
05:12 Vladimir Poutine se dit qu'il a le temps pour lui et que le temps est son principal
05:16 allié et il sait très bien qu'au fur et à mesure que les mois vont passer et bien
05:21 il y a potentiellement une forme d'essoufflement, de lassitude, de débat qui émerge dans des
05:26 sociétés démocratiques comme aux Etats-Unis où il y a de vrais questionnements sur le
05:31 bien fondé de cette aide qui pèse sur les concitoyens par exemple américains en l'occurrence
05:38 et à chaque fois que la Russie peut enfoncer un coin dans cette unité et cette stratégie
05:43 de soutien indéfectible à l'Ukraine.
05:46 Avec un changement de président potentiel en 2024 aux Etats-Unis ça pourrait tout changer
05:51 aussi bien sûr.
05:52 Mais ça c'est un des grands espoirs de Moscou.
05:55 Et une des grandes caronnes de l'Union Européenne.
05:57 N'oublions pas quand même que l'Union Européenne soupçonne fortement Moscou d'avoir organisé
06:01 la désinformation sur son sol, en particulier désinformation très très vive en Slovaquie
06:08 où les candidats progressistes, le président de la Slovaquie progressiste, le vice-président
06:13 du Parlement européen ont été ciblés par cette désinformation qui est aidée par Moscou,
06:17 qui est aidée par les réseaux de la droite la plus radicale aussi.
06:21 C'est quand même une alliance, une convergence des volontés de désinformation.
06:26 Il y a évidemment les élections européennes en juin 2024 qui vont être également ciblées.
06:31 Il y a de la désinformation qui s'organise en Pologne pour le 15 octobre aussi beaucoup
06:36 sur les questions de migration, sur les questions de minorité sexuelle etc.
06:41 Tout ça est sur la table, est important et va jouer dans la campagne dans la dernière
06:47 ligne droite.
06:48 Il y a aussi questionnement sur la désinformation visée des élections européennes de 2024
06:53 où là aussi on se demande s'il n'y aura pas une grande offensive des orophobes en
06:57 quelque sorte, la droite la plus extrême, peut-être même en alliance avec la droite
07:00 plus traditionnelle au Parlement européen.
07:03 Donc tout cela, c'est l'ambiance dans laquelle nous sommes aujourd'hui et l'information
07:09 sur les réseaux sociaux y est pour beaucoup aussi.
07:11 Des informations, on y revient peut-être Bruno, qui avaient permis, encouragé en
07:14 tout cas la victoire de Donald Trump en 2016, des informations russes.
07:17 Ça avait été avéré ?
07:18 Oui, ça avait été avéré que clairement les services russes, on va dire, avaient joué
07:24 délibérément à la carte de Donald Trump, avaient contribué à mettre en difficulté
07:28 le camp démocrate par différents moyens, on ne va pas revenir sur tous ces détails,
07:34 et clairement pour la prochaine campagne, Moscou vote à nouveau évidemment Donald
07:39 Trump et espère bien que c'est lui qui va accéder à la Maison-Blanche.
07:43 Il faut bien quand même rappeler que s'il n'y avait pas eu Joe Biden qui était en
07:48 place depuis février 2022, la situation serait quand même assez radicalement différente,
07:54 même si le soutien de l'Union européenne a été quand même très important, y compris
07:58 financièrement d'ailleurs.
07:59 85 milliards d'euros depuis février 2022, c'est ce que dit Joseph Borrell, que l'on
08:04 écoutera à 15h.
08:05 Merci à tous les deux.

Recommandée