Les mythes du nucléaire 8/9

  • l’année dernière
Le dérèglement climatique percute déjà nos vies et notre société. La guerre en Ukraine vient nous rappeler combien notre addiction aux énergies fossiles, en plus d’être climaticide, peut contribuer à l’oppression et parfois à la persécution de peuples entiers.

C’est dans ce contexte qu’en France, comme en Europe, une grande partie de nos infrastructures énergétiques comme les centrales nucléaires et fossiles arrivent en fin de vie. Des centaines de milliards d’euros vont devoir être investis pour fournir une énergie sûre, disponible, et accessible à toutes et tous, y compris les plus précaires.

Après le premier choc pétrolier de 1973, la réaction politique et industrielle a été puissante : « En France on n’a pas de pétrole, mais on a des idées! ». En fait UNE idée : développer un parc nucléaire massif sur l’ensemble du territoire. Jusqu’à produire 80% de notre électricité, mais moins de 20% de notre énergie.

Ce programme a mobilisé toutes les politiques, les forces vives, et tous les débats, et s’est transformé en obsession. Sans jamais que les Français y soient pleinement associés.

Malgré les « qui aurait pu prévoir? » des partisans de l’atome, notre dépendance nucléaire nous a rendu terriblement vulnérables, avec plus de la moitié du parc nucléaire à l’arrêt l’hiver dernier, des factures d’électricité qui explosent, des pays fournisseurs d’uranium sous emprise russe, des déchets et des risques d’accident non résolus…
Et des retards dramatiques dans les économies d’énergie -notamment le logement et les transports- et le développement des énergies renouvelables.

Nos choix énergétiques d’aujourd’hui engagent notre avenir pour les 100 prochaines années, soit bien au-delà du temps qui reste pour contenir le dérèglement climatique dans des limites supportables.

Puisqu’il va nous falloir investir massivement dans la production d’électricité décarbonée pour réduire nos émissions de CO2, nous défendons que la première des priorités doit être la sobriété -l’énergie la moins cher et la moins polluante est celle qu’on ne consomme et donc qu’on ne produit pas! Et que le choix de notre mix énergétique doit répondre aux critères suivants : l’urgence climatique, la rationalité économique, l’accessibilité sociale, l’emploi, la stabilité géopolitique, le risque, le choix démocratique.

Nous vivrons encore longtemps avec des réacteurs nucléaires en France. Mais le choix de relancer un programme nucléaire ne répond à aucun de ces critères. Le nouveau nucléaire c’est trop tard, trop cher, trop risqué !
Alors, ayons un débat sérieux, dépassionné, éclairé ! Mettons enfin la démocratie au cœur de nos choix énergétiques. Nous savons qu’ils déterminent la société dans laquelle nous voulons, nous pourrons vivre.


Cette collection de 9 films, courts, veut modestement y contribuer. Il y a urgence !

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Transcription
00:00 Après le cuisant échec du lancement de l'EPR de Flamanville et l'obsolescence annoncée
00:12 des centrales en fin de vie, l'industrie nucléaire française se rêve, tel le phénix,
00:16 renaissante de ses cendres.
00:18 Son nouveau produit marketing, les SMR, Small Modular Reactors, ou réacteurs de petite
00:24 taille, puisque c'est petit, ça doit être mignon.
00:27 Les SMR ne sont pas une grande nouveauté.
00:29 Destinés à la recherche ou présents dans les navires de guerre, ils existent depuis
00:33 longtemps, mais leur coût de production n'a jamais permis leur développement à
00:37 grande échelle.
00:38 Pour être compétitif, il faudrait pouvoir en produire des milliers en série.
00:42 Mais cela veut donc dire multiplier les sites d'installation partout dans le monde, y
00:46 compris dans des pays instables, et multiplier les dangers, tels que les risques d'accident
00:51 ou de menaces terroristes.
00:52 C'est aussi multiplier les transports de matières radioactives et la quantité de
00:55 déchets produits.
00:56 Dans ce contexte irréaliste, des compagnies chinoises, russes, américaines ou coréennes
01:02 ont abandonné leurs projets de développement de SMR face au manque de perspective et au
01:06 surcoût exorbitant d'ingénierie et de production.
01:09 Différents projets de recherche se poursuivent, mais dans le meilleur des cas, les prototypes
01:14 ne pourraient être finalisés qu'à la fin de la décennie, et leur production industrielle
01:18 ne débuterait réellement qu'en 2040 au plus tôt.
01:21 Or, c'est bien avant 2040 qu'il faut avoir agi pour le climat.
01:24 Encore une fois, une illusion technologique lointaine et très aléatoire essaie de distraire
01:29 de l'action climatique.
01:30 Pourtant, les solutions existent déjà et sont robustes.
01:34 Les mêmes qui s'enflamment pour des schémaires technologiques minimisent les progrès prouvés
01:39 des énergies renouvelables et dans le domaine du stockage de l'énergie.
01:42 C'est dans cette direction pourtant qu'il est utile de mobiliser la capacité française
01:46 de recherche et d'innovation.
01:47 Une étude de l'Université de Sussex à Brighton auprès de 123 pays sur 25 ans, basée
01:54 sur l'analyse des informations énergétiques transmises par la Banque mondiale et l'Agence
01:58 internationale de l'énergie, démontre que les pays les plus dépendants du nucléaire
02:02 sont aussi ceux qui ont le moins réduit leur empreinte carbone car ils ont moins investi
02:07 dans les énergies renouvelables.
02:08 L'urgence climatique n'autorise pas de courir après des illusions qui distraient
02:13 de l'action immédiate.
02:14 Merci.
02:15 – Sous-titrage : Le Crayon d'oreille -