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Transcription
00:00 Son nom porte sa destinée car dans sa langue, "Sou" signifie "né pour partir".
00:06 Mamadou avait 15 ans lorsqu'il a quitté sa famille, son village, Pili-Mini en Guinée.
00:11 Partir pour sauver sa famille, son histoire bouleversante, il la raconte avec l'écrivain et ancien ministre Azouz Begag
00:18 dans un livre très émouvant et très éclairant, "Né pour partir".
00:22 Témoignage rare de la vie d'un mineur isolé de sa traversée de l'enfer jusqu'à sa vie en France.
00:29 Mamadou Sow, merci d'être avec nous. On vous retrouve depuis Lyon où vous habitez maintenant.
00:35 Bienvenue sur France 24.
00:37 Merci Fatima.
00:39 Ce livre raconte votre histoire et votre traversée de l'enfer depuis votre village, c'est ce que je disais, où vous habitez à Lyon.
00:48 Aujourd'hui, on a envie de savoir, vous avez 23 ans, vous êtes à Lyon. Déjà, comment allez-vous ?
00:53 Oui, ça va, ça va, je me porte bien. Et toi, ça va ?
00:57 Ça va très bien, merci. Je voulais, pour commencer, pour qu'on comprenne, je voulais lire une phrase bouleversante du livre qui dit
01:06 "Normalement, les enfants ne rêvent pas de séparation, au contraire, ils veulent rester au foyer, près de leur mère, au chaud, en sécurité.
01:19 Mais voilà, nous en Afrique, on n'est pas comme le reste du monde, on veut toujours aller voir ailleurs si on y est.
01:25 En fait, ce n'est pas qu'on veut, c'est qu'on doit. Dites-nous, pour vous, pourquoi vous avez dû partir ?
01:32 En fait, je suis parti parce qu'à un moment, j'ai trouvé que mon père était atteint du cancer.
01:39 Donc, mon père qui m'a éduqué depuis mon enfance jusqu'à ce niveau, pour moi, c'était le moment de lui récompenser.
01:48 Comment ? En allant lui chercher des bons médicaments pour lui sauver la vie.
01:53 Donc, vous partez donc, Mû, par ce désir d'aider votre père. Votre périple est long, difficile.
02:03 Vous avez traversé l'enfer, plusieurs villes, du Sahel à Toulon, on verra.
02:08 Vous décrivez des scènes d'esclavage moderne, de Noir au Mali et en Libye.
02:14 Qu'est-ce qui a fait que vous aviez pu vous tenir, vous en sortir alors qu'à l'époque, vous n'aviez que 15 ans ?
02:21 C'est juste le courage. C'est le courage et la persévérance, c'est tout.
02:27 Quand je suis parti, je me suis dit qu'il fallait que j'aie le courage.
02:34 Sans le courage, je ne pouvais pas le faire.
02:37 Mon père, évidemment, m'avait conseillé comme si c'était la dernière fois.
02:42 J'ai suivi ça et j'avais le courage aussi.
02:45 Je me suis dit qu'il fallait que j'aie le courage parce que j'avais une mission.
02:51 Ma mission, c'était d'avoir des médicaments pour sauver mon père.
02:54 Il ne fallait pas retourner sans ces médicaments.
02:58 Dites-nous, dans ce voyage-là, qu'elle a été, parce qu'il y a plusieurs épisodes assez difficiles que vous racontez dans le livre,
03:06 quelle a été pour vous l'épisode la plus difficile ?
03:10 L'épisode le plus difficile, je dirais, c'est plus au désert de Sahara.
03:16 Là où on nous a pris en otage dans des cours fermés, ils nous torturaient en nous réclamant de l'argent.
03:24 Après ça, il y a eu des difficultés aussi au niveau de Libye.
03:30 Parce que là-même, il y avait des policiers libyens qui m'ont ziflé un jour.
03:35 Il y avait des enfants de 7 ans à 10 ans qui venaient nous braquer avec des pistolets pour nous raqueter de l'argent.
03:41 Or, nous, on n'était que des pauvres citoyens lambda qui n'ont rien.
03:48 En préparant l'émission, vous m'avez dit que vous ne saviez pas ce que c'était cette traversée, alors qu'en fait, on en parle assez souvent.
03:57 Comment vous expliquez ça justement ? Que beaucoup de jeunes ne connaissent pas la réalité de cet enfer que vous décrivez.
04:05 Oui, parce qu'en fait, au début, avant de s'engager, si tu ne suis pas en l'actualité, tu ne vas pas le savoir.
04:12 Et évidemment, moi, dans mon village de Rékilé, Péliméni, là où il n'y a même pas d'électricité,
04:18 après, pour raison d'avoir même le réseau, c'est très rarement, donc je ne pouvais pas le savoir.
04:23 Je me suis engagé en empruntant ces routes pour, dans l'espoir d'y arriver.
04:30 Donc, en fait, la route, moi, je vais dire, la route est une pièce.
04:34 Avant de bouger, tu vas dire que tout est rouge. En plus de ça, il y a des passeurs.
04:39 Les passeurs, c'est eux qui vont te convaincre, qui vont te dire que tu vas y arriver.
04:43 Ils te montrent, ils ont fait des semains, il y a des bateaux, il y a des avions.
04:48 Ils te disent que c'est direct Italie ou direct France, alors que c'est le contraire.
04:52 C'est quand tu t'empruntes la route, au milieu du désert, que tu vas commencer à comprendre la route.
04:59 - Dans le livre, vous dites à un moment donné, quand on voyage, on apprend beaucoup sur les gens et sur l'humanité.
05:07 Qu'avez-vous appris, vous, durant ce voyage?
05:10 - Durant ce voyage, j'ai appris beaucoup de choses.
05:13 J'ai appris du bien et du mauvais, mais moi, j'ai toujours gardé ce qui est bien.
05:18 Parce que quand tu t'empruntes la route, tu vas rencontrer plusieurs personnes, des personnes différentes à chacun.
05:24 Son comportement, chacun son éducation et chacun sa culture.
05:29 Donc moi, j'ai vu tous des cultures différentes, j'ai vu des comportements différents.
05:36 - Aujourd'hui, vous habitez à Lyon, en France. Qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter, justement?
05:43 - Là, je me souhaite d'être régularisé et être en situation régulière, finir mon cursus que je suis en train de faire et par la suite, créer ma propre entreprise.
05:56 - C'est tout ce qu'on vous souhaite, alors. C'est tout le mal qu'on vous souhaite.
05:59 Mamadou Sow, merci pour ce témoignage, né pour partir sur votre vie.

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