L'interview 7Dimanche: Michel Claise, juge d'instruction

Transcript

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00:10 C'est bien un vrai problème parce que d'abord c'est un problème de santé,

00:14 mais c'est aussi un problème d'économie parallèle qui se crée et de manière incontrôlable.

00:19 Les montants sont gigantesques et ils ne sont plus actuellement chiffrables.

00:25 Tant les produits d'une année qui représentent des dizaines de milliards se mélangent aux produits des années précédentes

00:31 par le phénomène du blanchiment s'accompagnant de la corruption,

00:34 de manière telle que si on ne prend pas en main de manière radicale la lutte contre ce phénomène,

00:40 nous risquons d'avoir une société déstabilisée dans les années à venir avec des problèmes d'insécurité,

00:45 des règlements de comptes en rue comme il en existe maintenant,

00:49 et avec aussi bien sûr une pénétration du système économique de l'argent sale

00:53 dans lequel nous perdrons aussi le contrôle des sociétés bicites par le fait qu'elles ont été acquises par les truands.

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01:06 Le citoyen doit être conscient, mais ça je pense qu'il faut le répéter à l'envie,

01:12 que la situation est grave, mais je pense surtout que le citoyen est parfaitement intelligent

01:18 pour se rendre compte en termes de chiffres que si on en arrive entre 50 et 100 milliards de ventes par an de cocaïne au cours des anverses,

01:26 il doit bien se dire que nous avons un problème de budget qui est nettement inférieur à ces montants qui vont dans la poche des truands.

01:33 Et quand les truands sur écoute téléphonique hésitent entre acheter une Porsche et une Ferrari,

01:37 et qu'ils achètent finalement les deux parce que renoncer c'est choisir,

01:40 et c'est d'exil des écoutes téléphoniques que nous avons, il faut se rendre compte dès lors, en termes de citoyens,

01:44 qui ne sait pas payer sa facture, qui a des difficultés de payer ses charges et autres,

01:48 que cette dichotomie complète n'a plus de sens.

01:51 Il faut en réalité casser cela, et il faut casser cela de manière extrêmement urgente sous le plan de perdre le contrôle,

01:57 notamment de la chose la plus précieuse que nous avons, c'est la démocratie sociale.

02:01 La démocratie sociale, c'est cet accès d'égalité que nous avons à la justice, à l'enseignement, aux soins de santé,

02:06 et à la solidarité, à ne plus garder des minutes.

02:10 Nous allons perdre cela, et nous ne pouvons pas perdre cela.

02:14 Mais malheureusement, si on continue à laisser faire les choses actuellement, c'est ce à quoi nous allons être confrontés.

02:19 Il y a deux thèses, légalisation ou pas, je suis plutôt en faveur de la légalisation,

02:26 sachant qu'à l'endroit où nous sommes par exemple, où vous prenez mon interview,

02:30 on fait 50 mètres, on va trouver un paxon, un paxon trafiqué.

02:34 Il y a l'autre thèse en disant "oui mais c'est porter atteinte à la santé,

02:40 et que de permettre une légalisation du cannabis".

02:44 Je vais vous dire une chose, ce sont des choses qui doivent se discuter.

02:46 En tout cas pour moi, qui vois plutôt le conflit en termes économiques,

02:52 il faut casser les mafias, il faut que ce soit l'État qui prenne en charge la vente du cannabis,

02:57 que nous ayons un profit comme nous l'avons avec le tabac et l'alcool,

03:01 et que nous puissions en même temps assainir le produit et rendre à ces gens qui sont dans la suétude,

03:08 leur donner en tout cas une possibilité de s'en sortir sur le plan médical et social.

03:12 Les mafias albanaises qui ont bouffé notre société, ça s'appelle le code canoon,

03:20 et ce code canoon c'est en réalité toute la violence des mafias albanaises,

03:24 et je voudrais simplement dire dès à présent que tout est en réalité en dessous de la réalité.

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