A 24 ans, Miguel Shema est étudiant en 4ème année de médecine mais aussi journaliste au Bondy Blog et fondateur du compte Instagram @sante_publique. Pour lui, écrire est une façon d’informer les jeunes étudiants minoritaires des différences de traitements qui peuvent exister dans le monde médical.
Après avoir découvert le « syndrome méditerranéen » (stéréotype culturel qui vise à considérer que les populations minoritaires exagéreraient leurs symptômes et leurs douleurs) et avoir constaté une différence dans la médiatisation de la pandémie du Covid au regard des minorités, Miguel a souhaité pointer du doigt les différents rapports qu’entretient le monde médical avec ces populations.
Différence de traitements selon les origines du patient, validisme ou encore transphobie, il soulève au travers de ses postes différentes problématiques inhérentes au système de santé français et en offre des pistes de réflexions et de réponses.
Après avoir découvert le « syndrome méditerranéen » (stéréotype culturel qui vise à considérer que les populations minoritaires exagéreraient leurs symptômes et leurs douleurs) et avoir constaté une différence dans la médiatisation de la pandémie du Covid au regard des minorités, Miguel a souhaité pointer du doigt les différents rapports qu’entretient le monde médical avec ces populations.
Différence de traitements selon les origines du patient, validisme ou encore transphobie, il soulève au travers de ses postes différentes problématiques inhérentes au système de santé français et en offre des pistes de réflexions et de réponses.
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00:00 croire que la question du racisme était une question extérieure au champ médical,
00:03 c'est extrêmement naïf.
00:04 Et d'évacuer une question qui affecte énormément de patients,
00:07 ça m'a affecté moi-même.
00:09 Dans le monde anglo-saxon, on pouvait lire à la fois des articles de presse
00:19 que je lisais pendant le confinement,
00:20 sur la manière dont les minoritaires étaient malheureusement exposés au Covid,
00:24 et en mouraient plus que la population générale,
00:26 là où en France, ce genre de discours n'existait pas.
00:29 Et je me suis dit qu'en fait, il fallait à un moment commencer à politiser la question de la santé,
00:33 dire qu'il y avait la domination, un accès différencié, un traitement différencié
00:37 pour bon nombre de minoritaires quand il y a une question de santé.
00:40 Mes profs ne sont pas au courant,
00:45 je n'en parle pas dans des contextes professionnels.
00:49 Je pense que le monde médical n'est pas totalement ouvert à la critique.
00:52 Je ne dis pas que tous mes professeurs, tous mes chargés de stage
00:55 étaient d'horribles réactionnaires, mais je pense que ce n'est pas un champ
00:57 où on entend facilement qu'il y a de la domination,
01:00 et qu'on a pu traiter de manière différente des patients.
01:02 Ah non !
01:06 Mes études me prennent énormément de temps,
01:08 donc je n'ai pas la possibilité d'écrire autant que je voudrais.
01:11 Bien sûr, tout n'est pas réglé, loin de là.
01:12 Il y a énormément de choses à dire, et je ne peux pas toutes les dire,
01:15 mais j'essaie de faire un projet dans le temps long,
01:17 mais je continue à fournir le compte.
01:19 Je pense que c'est la manière dont on peut parler à certains patients.
01:25 Le ton, l'agacement qui arrive assez vite parfois.
01:28 Je vois à quel point cet agacement arrive de manière différenciée
01:32 selon les patients qu'on a devant, en fait.
01:34 Et il y a quelques années, j'étais en stage,
01:36 et il y avait un patient sourd qui est venu, et il n'y avait rien
01:40 en termes d'accessibilité pour ce patient sourd.
01:42 Je me suis posé la question de comment c'est possible
01:45 que dans un service en France, il n'y ait rien.
01:48 Par exemple, il y a beaucoup de patients sourds qui arrivaient à un rendez-vous,
01:50 et souvent on les appelle par leur nom,
01:52 mais eux étant sourds, on n'entend pas qu'on les appelle,
01:54 et donc ils sont inscrits comme non présents.
01:56 Commencer par former les étudiants.
02:02 Croire que la question du racisme est une question extérieure au champ médical,
02:05 c'est être extrêmement naïf,
02:07 et d'évacuer une question qui affecte énormément de patients.
02:09 Ça m'a affecté moi-même, et la formation,
02:12 à la fois sur l'histoire de la médecine,
02:14 et la manière dont la médecine a été agie par un racisme scientifique
02:18 qui ne date de pas si longtemps que ça,
02:20 et de comprendre que la manière dont nous regardons
02:24 en tant que sujets sociaux et la manière dont le monde médical regarde certains patients
02:27 est le produit d'une histoire de la domination.
02:29 Je pense que j'écris des choses que moi je voudrais lire.
02:34 Je me rappelle avoir passé des nuits de recherche sur le racisme en milieu de santé,
02:39 l'homophobie en milieu de santé,
02:41 de ne voir pas trouver grand-chose en France,
02:43 d'avoir trouvé des choses mais qui étaient assez difficiles d'accès.
02:46 J'écris pour que des jeunes desuivants ou jeunes personnes noires et minoritaires sexuels
02:51 qui cherchent à lire des choses pour comprendre leur vie puissent trouver quelque chose.
02:54 J'espère qu'au ECN je pourrais avoir gynécologie,
03:01 gynéco-obséfrique,
03:02 à la fois parce que c'est une spé qui est extrêmement variée en termes de pratique,
03:06 et aussi l'aspect politique de cette spécialité qui me fascine, qui me travaille.
03:12 Je pense qu'il y a énormément de gynécologues féministes
03:15 qui, aujourd'hui, font un travail exceptionnel.
03:17 Je pense qu'il y a un travail aussi à faire, que je voudrais porter moi-même.
03:21 Je crois que lui, il n'en est pas.
03:22 Je crois que quand j'ai besoin de force, je le charge dans les bouquins,
03:25 donc c'est assez silencieux.
03:26 [Musique]
03:31 [Musique]
03:35 [Musique]
03:38 [Bruit de pas]