Lors de l’émission Face à l’Info présentée par Christine Kelly le 21/09/2023, la journaliste Charlotte d’Ornellas était invitée sur le plateau. Elle a évoqué les frontières de l’Europe : «La souveraineté, Jacques Attali ne la pense qu’à l’échelle européenne».
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00:00 ça a l'air d'être absolument opposé.
00:01 Et ce qu'on comprend quand on lit Jacques Attali jusqu'au bout,
00:04 c'est que ce qui l'inquiète vraiment ces derniers jours,
00:07 c'est la disparition de sa chimère européenne.
00:09 C'est la disparition de la construction européenne telle qu'il l'a voulu,
00:12 telle qu'il a participé d'ailleurs depuis le début,
00:15 et certainement pas les conséquences sur les peuples et les nations
00:19 qu'il a l'air de critiquer en réalité.
00:21 Mais comprenez que dans la première partie,
00:24 on pense frontières, on pense la question de l'immigration,
00:27 on pense la question du protectionnisme économique.
00:30 Lui ne le pense qu'à l'échelle européenne
00:32 parce que c'est sa marge d'intégration.
00:34 Il ne pense qu'à l'échelle européenne, jamais à l'échelle de la nation.
00:37 C'est ça qui a l'air contradictoire.
00:39 Mais Jacques Attali reste finalement un peu lui-même.
00:41 Il conclut d'ailleurs, et là, c'est dans son petit billet, sur sa vraie crainte.
00:45 Alors ouvrez les guillemets encore.
00:46 Si on continue comme ça, les partis d'extrême droite auront beau jeu
00:50 d'expliquer qu'il faut rendre le contrôle des frontières
00:53 internes et externes de l'Union aux forces de police de chaque pays.
00:57 Et cela en sera fini du projet européen.
00:59 Donc là, Jacques Attali, il fait une pause en gros.
01:02 Il a toujours rêvé l'Union européenne comme une marche
01:04 vers une mondialisation beaucoup plus large.
01:07 Et il se dit bon là, il y a un rejet.
01:08 Ça ne fonctionne pas, ça se voit trop.
01:10 On va revenir à la marche européenne pour sauver la marche européenne.
01:13 On verra le reste plus tard.
01:15 Mais évidemment qu'il refuse d'appliquer à la nation
01:18 ce qu'il pense pour l'Union européenne.
01:20 Il tacle par exemple l'Italie dans sa déclaration.
01:23 Il dit ce qui se passe en ce moment à Lampedusa devrait pourtant montrer
01:27 qu'un gouvernement d'extrême droite ne peut rien contre l'arrivée
01:30 de migrants illégaux sans le soutien de ses partenaires européens.
01:33 Alors là, moi, j'aimerais vraiment, parce qu'il n'est pas le seul,
01:36 Jacques Attali, à prendre cet exemple là.
01:37 J'aimerais vraiment poser la question de qu'est ce qui se passe au Danemark ?
01:40 Qu'est ce qui se passe en Hongrie ?
01:41 Qu'est ce qui se passe en Pologne ?
01:43 À chaque fois, parce que certes, le gouvernement italien
01:47 n'arrive pas à contrer l'arrivée des migrants,
01:49 mais l'Union européenne non plus.
01:50 Avec ou sans partenaire européen, apparemment, ça ne marche pas.
01:53 Sauf à des échelles nationales.
01:56 Sauf à des échelles nationales. Pourquoi ?
01:58 Parce qu'il y a une détermination politique
02:00 contre les instances de l'Union européenne sur la question migratoire.
02:04 Mais Jacques Attali ne va pas jusque là.
02:06 Et pourquoi il ne va pas jusque là ?
02:08 Parce qu'il dit, et là, il reste absolument lui-même,
02:10 "l'Europe se retrouve alors privée de tous les moyens de la souveraineté,
02:14 ni armée, ni industrie, ni protection contre les immigrations illégales."
02:18 Vous voyez que la souveraineté, il ne la pense qu'à l'échelle européenne.
02:21 Or, qu'est-ce qu'ils font d'une souveraineté, premièrement ?
02:23 Un peuple, évidemment.
02:25 Et c'est précisément cette question-là
02:27 qui oppose les peuples européens à la Commission européenne.
02:31 Donc, la vérité, c'est qu'en effet, l'Europe refuse par idéologie,
02:35 on le sait désormais, c'est extrêmement clair
02:37 dans la déclaration de Jacques Attali,
02:39 depuis le début, de protéger ses frontières.
02:41 C'est la raison pour laquelle les Européens la critiquent très largement.
02:45 Évidemment, la question migratoire est très forte
02:47 dans la critique de l'Union européenne,
02:49 mais c'est à elle, à l'Union européenne,
02:51 que la plupart des États ont précisément légué la souveraineté
02:54 que lui veut sauver à l'échelle européenne.
02:56 Vous voyez, il est en contradiction avec les gens
02:58 qu'il a l'air de représenter dans cette déclaration.
03:00 Et Jacques Attali le sait mieux que personne, cette question de la souveraineté,
03:03 parce qu'il avait fait une autre déclaration qui avait pu étonner,
03:06 dans un autre sens, mais on était à l'Université populaire
03:08 participative de Ségolène Royal, c'était en 2017.
03:11 Et là, Jacques Attali nous expliquait, écoutez bien,
03:14 les rédacteurs se sont bien engagés à faire en sorte
03:17 que sortir ne soit pas possible.
03:18 Il part de l'Union européenne.
03:20 On a soigneusement oublié d'écrire l'article qui permet de sortir.
03:23 Ce n'est peut-être pas démocratique, mais c'était une grande garantie
03:27 pour rendre les choses plus difficiles, pour nous forcer à avancer.
03:31 Donc, Jacques Attali dit exactement aujourd'hui ce que disaient
03:34 les opposants à Maastricht il y a 30 ans sur la gestion de l'Union européenne,
03:39 mais il le fait par obsession de l'intégration européenne.
03:42 Il le fait pour sauver précisément l'Union européenne telle qu'elle est
03:45 et non pas pour dénoncer les conséquences sur les peuples
03:49 et sur les nations européennes.
03:51 [Musique]
03:54 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]