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La créatrice de "66-5" la nouvelle création originale Canal+ revient sur la chaîne cryptée après "Engrenages".

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00:00 Originos découvre en avant-première nos interviews sur les séries qui font l'actu.
00:06 Bêtasérie, partenaire média du festival de la fiction de La Rochelle 2023.
00:12 Pour cette 25e édition du festival de la fiction de La Rochelle, dont Bêtasérie est partenaire,
00:19 nous accueillons avec nous Anne Mandoua, la créatrice et scénariste de 66.5,
00:23 la nouvelle série judiciaire de Cannes A+ qui sera disponible le 18 septembre. Bonjour Anne.
00:29 Bonjour.
00:30 Bon, parlez-nous un petit peu de 66.5, comment l'idée est née,
00:34 la jeunesse de cette série et la collaboration avec Canal+.
00:37 Alors la collaboration avec Canal+ est une collaboration de longue date maintenant
00:43 puisque j'ai commencé à travailler avec Canal+ sur la saison 3 d'Engrenage.
00:47 Et quand j'ai cessé de travailler sur Engrenage, après la saison 6,
00:53 j'ai passé la main à une autre équipe d'auteurs et j'ai proposé à Canal+ de travailler sur un
01:01 domaine que j'avais moins exploité dans Engrenage qui était la jeunesse des jeunes pénalistes,
01:10 justement des avocates qui démarraient dans le métier. J'ai été très inspirée par le parcours
01:15 de Clarisse Serre qui est une avocate pénaliste avec laquelle j'avais déjà travaillé sur Engrenage
01:19 et qui elle-même a une très forte clientèle de voyous à Bobigny.
01:28 Et elle me racontait beaucoup d'histoires, de relations particulières avec les voyous,
01:34 avec des cas particuliers qu'elle avait à traiter. Je l'ai suivie dans de nombreuses audiences.
01:40 Et tout ça a donné lieu à la création de cette série. Je me suis dit qu'il y avait vraiment
01:47 quelque chose à travailler sur cet univers. - Le postulat du départ, donc les premières
01:52 minutes, on voit le mari de Roxane qui est accusé de viol. Est-ce que cette manière
01:59 d'adresser la vie personnelle de Roxane est une manière d'équilibrer avec la future handquet
02:04 qui allait se dérouler plus tard ? Pourquoi avoir choisi, l'avoir mise dans ce traumatisme-là ?
02:08 - Alors en fait, il y a plusieurs choses. Pour être tout à fait honnête, je ne suis pas partie
02:15 du personnage avocat, mais je suis partie d'une héroïne de 15 ans, puisque c'est une histoire
02:22 qui va se raconter à la suite d'un traumatisme qu'elle a eu quand elle avait une quinzaine
02:30 d'années dans sa cité. Et c'était vraiment ça mon point de départ. Je savais qu'elle allait
02:35 devenir avocate, mais le personnage, sa blessure originelle, c'est vraiment là-dessus que j'ai
02:43 travaillé en premier lieu le plus longtemps possible. Et j'avais besoin de... L'histoire que
02:51 je me racontais, c'était que c'était une héroïne en devenir, une femme en construction. Et j'avais
02:57 le parcours en tête, c'était Roxane qui quittait sa cité, qui pensait s'être émancipée à Paris,
03:05 en ayant épousé un fils de bonne famille, et qui allait être amenée malgré elle dans sa cité. Et
03:11 le transfuge de classe à l'envers était une thématique qui m'intéressait. Donc j'ai d'abord
03:15 travaillé sur ce personnage-là et sur ce mouvement. Et ensuite l'intrigue policière,
03:21 l'intrigue judiciaire dont elle va s'emparer, est venue dans un second temps. Mais d'abord,
03:25 c'était le mouvement du personnage qui m'interpellait. Et le point de départ,
03:31 évidemment... En fait, elle a deux traumatismes. Elle en a un quand elle a 15 ans et elle en a un
03:35 autre quand elle en a 30. Et qu'elle est en plein décollage de sa carrière. Et elle va être
03:43 interrompue au tout début à cause de cette accusation de viol contre son mari. Ce qui ne
03:50 va pas être l'affaire principale, puisque c'est plutôt le point de déclencheur qui va nous
03:56 précipiter dans une autre direction. Et Roxane va devoir reconquérir un autre territoire pour
04:04 s'épanouir. Mais voilà, le point de basculement dans sa vie qu'elle pensait être toute tracée,
04:15 c'est l'accusation de viol contre son mari. - Excusez-moi. - Je vous en prie. - Vous avez
04:23 évidemment mentionné Engrenage. Avec votre nom, c'est difficile de ne pas faire une comparaison
04:28 et de penser peut-être que 66-5 serait l'héritier d'Engrenage. Est-ce que vous pensez que cette
04:33 comparaison est légitime, justifiée ? Et du coup, est-ce qu'il y a des points de similarité ou autre ?
04:39 - Alors, je pense que c'est l'inverse complet d'Engrenage. Parce qu'Engrenage était une série
04:48 qui était très sombre. C'était principalement une série policière, avec un point de vue de notre
04:54 groupe de flics très fort. Et surtout, on avait un groupe. Là, la grande différence, c'est que le
05:02 personnage de Roxane, interprétée par Alice Izzaz, est un personnage qu'on suit mais pratiquement à
05:07 chaque plan. Et c'est vraiment son parcours à elle qui nous entraîne dans l'intrigue. On s'attache
05:15 à ce personnage. Donc, je pense que ça n'a pas le côté choral que pouvait avoir Engrenage. Et
05:20 surtout, avec les réalisatrices, on a aussi travaillé sur le côté très lumineux de la
05:25 série. On a voulu offrir une autre représentation de la banlieue. On a tourné en été. Ça nous a
05:31 aussi beaucoup aidé. Il y avait une très jolie lumière. C'est une série qu'on a voulu aussi
05:37 chatoyante, vivante, avec une vie à l'extérieur, une communauté qu'on a rarement représentée comme
05:48 ça en banlieue. Pour avoir longtemps travaillé sur Engrenage, évidemment, moi, je m'étais attachée
05:55 à faire des vrais voyous, mais pas forcément sympathiques parce que c'était forcément les
06:02 opposants des policiers. Donc, c'est vrai qu'ils en prenaient un petit peu pour leur grade. Mais là,
06:08 la relation entre les avocats et les clients étant ce qu'elle est, j'avais l'impression qu'il y avait
06:15 une façon de parler de la banlieue qui pouvait se révéler à travers une série comme celle-ci. Et
06:22 donc, je ne peux même pas dire que ce soit l'héritière d'Engrenage parce qu'il n'y a plus
06:28 le côté sombre et dur qui pouvait exister dans Engrenage. C'est autre chose. C'est un autre pas
06:34 de côté. Il y a évidemment une familiarité avec l'environnement, avec les voyous, avec les affaires
06:42 qui sont traitées. Mais là, la grande différence, c'est que c'est souvent traité d'un point de vue
06:46 des femmes, notamment la juge d'instruction interprétée par Annie Bimuck, Alice Isaz,
06:52 évidemment, qui est le personnage principal. Il y a son amie aussi, Nelia Arzoun. Donc,
06:57 il y a beaucoup de femmes qui gravitent dans cette série, qui est aussi d'ailleurs à l'image du
07:02 barreau de Bobigny et du tribunal de Bobigny parce que c'est à la fois un barreau extrêmement
07:09 jeune, une juridiction aussi très jeune et très féminine. Et donc, je trouvais que ça apportait
07:17 une touche de modernité au traitement des séries judiciaires qu'on avait l'habitude de voir jusqu'à
07:22 présent. - Parce qu'on est au Festival de la Rochelle, quel genre de consommatrice de séries
07:27 êtes-vous ? Est-ce que vous en regardez encore beaucoup ou peu ? - Alors, j'en regarde, mais j'avoue
07:35 que j'en regarde moins qu'avant. C'est vrai, je vais plus au cinéma maintenant parce que je prends
07:40 plus le temps d'aller voir des choses. Je prends plus le temps d'aller voir des films pour me poser
07:47 parce qu'il y a quelque chose d'extrêmement addictif dans les séries. Je le sais parce que
07:54 c'est aussi le travail qu'on fait, nous, en tant que scénariste. On essaie de rendre les
07:58 spectateurs addicts, mais du coup, nous-mêmes, en tant que spectateur, on l'est aussi. Et c'est
08:04 vrai que là, j'ai plus envie de consommer des films ou des unitaires. Je suis revenue à une
08:11 autre forme de divertissement. Ça ne veut pas dire que j'ai envie d'arrêter de faire des séries,
08:16 bien loin de là. Mais en tout cas, je sais que je regarde moins qu'avant. - Et avec votre carrière,
08:22 quel regard portez-vous sur l'évolution des séries françaises, de ce format qui, aujourd'hui,
08:27 s'approche même un peu plus des séries anglo-saxonnes ? Qu'en pensez-vous ? - Alors,
08:33 en effet, on peut dire que la qualité des séries a vraiment gagné depuis plusieurs années. On a
08:40 atteint aujourd'hui, d'abord, par le volume de la fiction. Il y a un énorme volume de fiction sur
08:48 pratiquement toutes les chaînes. Il y a une grosse demande qui ne faiblit absolument pas. Et je pense
08:54 que c'est parce qu'il y a eu une demande et parce qu'il y a du volume de fiction produite chaque
08:58 année en France que les séries ont gagné aussi en qualité. Il y a de nombreux auteurs qui travaillent
09:05 sur les programmes. Et je pense que le spectateur est aussi de plus en plus exigeant parce que le
09:10 spectateur voit des fictions qui viennent du monde entier, entre les plateformes, les chaînes privées.
09:17 Je pense qu'en fait, toute cette mondialisation de la fiction a fait que nous aussi, on a aussi
09:26 augmenté à la fois notre volume et la qualité de notre travail. - Et juste pour conclure, est-ce
09:32 que vous pouvez nous partager un coup de cœur sériel récent, par des séries nostalgiques,
09:37 mais peut-être une série un peu plus récente que vous recommanderiez ? - Alors, le dernier coup de
09:43 cœur que j'ai eu, c'est pour "Dopsique". Elle n'est pas hyper récente, c'est une série de l'année
09:49 dernière. Mais c'est une série que j'ai beaucoup aimée parce que je trouve qu'elle mêle à la fois
09:55 le drame humain, l'engagement d'un groupe d'enquêteurs pour faire tomber des puissants. Et
10:07 il y a quelque chose d'extrêmement énergique, combatif dans cette série, sur un sujet en plus
10:15 éminemment contemporain. Et c'est vraiment mon coup de cœur à moi de ces dernières années. - La crise
10:23 des opioïdes du coup. - La crise des opiacés aux Etats-Unis, exactement. - Eh bien merci beaucoup
10:27 Anne. Et on vous retrouve le 18 septembre sur Canal+.
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