• l’année dernière
Financer une course autour du monde et, qui plus est, un vendée des Globe avec l'art c'est une première
Nicolas Rouger navigateur marseillais en a fait le pari.

Malheureusement cet été son bateau a connu une avarie et pas des moindre, Nicolas nous explique la situation c'est notre invité au micro de Fabrice Daled. ...

Vidéo publiée le : 15/09/2023 à 18:30:00

Lien vers l'article de Maritima.info :
https://www.maritima.info/depeches/live/marseille/89635/nicolas-rouger-skipper-marseillais-est-l-invite-de-la-redaction-.html

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Transcription
00:00 [Musique]
00:11 Nicolas Rouget, bonjour !
00:12 Bonjour Fabrice !
00:13 Alors vous êtes navigateur professionnel, on s'était vu avant l'été pour parler de ce magnifique projet, le Vendée Globe.
00:19 Seulement cet été vous avez eu un appel téléphonique, pas des plus rigolos,
00:23 en vous indiquant que votre bateau avait connu une avarie, bateau qui se trouvait en cale sèche à Marseille.
00:28 Absolument !
00:29 Expliquez-nous un peu Nicolas.
00:30 J'avais mis mon bateau en cale sèche à Port-Corbière, dans le cadre de ma préparation pour la Transat Jacques-Vabre,
00:34 donc je devais partir là prochainement, le départ c'est le 29 octobre,
00:38 et le bateau était en cale sèche pour pouvoir préparer la carène,
00:41 c'est des bateaux de course qui nécessitent beaucoup d'entretien,
00:43 et le 5 août on m'a téléphoné à 9h du matin en me disant Nicolas on est désolé ton bateau est tombé.
00:48 D'accord.
00:49 Et il faut savoir que c'est des bateaux qui ont un grand tir en eau,
00:53 donc il était à 5 mètres au-dessus du sol, il est tombé, il a été renversé par le mistral,
00:56 et il est fracassé.
00:59 Comment ça peut arriver ça ? Il n'était pas attaché ?
01:02 Il a été positionné travers au vent, donc comme c'est des bateaux assez imposants,
01:06 le mistral l'a soufflé, il y a eu 98 km/h de vent,
01:10 il était à 90° du vent, ça a tout renversé l'ensemble bateau, berres, etc.
01:14 et il s'est fracassé au sol.
01:16 Et aujourd'hui il est impossible pour moi de prendre le départ de la Jacques-Vabre,
01:20 parce que le bateau est complètement fendu en deux.
01:23 On pourrait se dire "mais dans ce petit déboire tout va s'arranger,
01:26 parce qu'il y a des assurances, tout va se monter rapidement,
01:29 on va reconnaître la responsabilité des personnes,
01:33 mais ce n'est pas si facile que ça.
01:35 Ce n'est pas si facile, moi jamais j'aurais pu imaginer
01:38 que une chose comme ça se produise dans mon projet.
01:41 Ils m'ont appelé, je me suis rendu sur place,
01:43 et là l'assureur du chantier est arrivé,
01:45 et ils m'ont dit "on est désolé, ce n'est pas de notre sort, merci au revoir".
01:49 Je me suis retrouvé totalement dépourvu face à eux,
01:53 avec mon bateau par terre, il a failli le relever.
01:56 J'ai été aidé par une belle dynamique marseillaise des compétences de la région,
02:00 Alexandre Vernazza par exemple, avec Mediaco,
02:03 qui m'a tout de suite mis des grues à disposition et qui m'a permis de relever le bateau.
02:06 Il fallait cependant attendre que les huissiers constatent,
02:09 que les experts viennent, donc ça a été très compliqué.
02:12 Et aujourd'hui il y a deux choses,
02:15 j'ai un avocat qui s'occupe de me défendre,
02:18 puisque aujourd'hui je ne suis plus rien,
02:21 et j'essaie d'avancer,
02:24 vous savez que les périodes judiciaires sont longues,
02:27 souvent, et coûteuses,
02:30 et j'essaie d'avancer de l'autre côté sur mon projet sportif,
02:33 donc j'ai été contacté, il y a toujours la solidarité des gens de mer,
02:36 dont on a tous entendu parler,
02:39 il y a un marin qui s'appelle Sébastien Destremo, qui est à Toulon,
02:41 qui a fait deux Vendée Globe, qui a son bateau là-bas,
02:43 et qui m'a téléphoné en me disant "Nicolas, si jamais tu t'en sors pas,
02:46 moi je te prête mon bateau, et tu fais la Jacques Vabre avec".
02:49 Nécessitant juste les coûts d'entretien du bateau,
02:52 parce que c'est les bateaux de course qui coûtent très cher.
02:54 Mais il me prête son bateau, il me le met à disposition.
02:56 - Est-ce que vous pouvez nous rappeler Nicolas Rouget,
02:58 pour participer aux Vendée Globe,
03:00 ça ne se fait pas comme ça, on ne décide pas du jour au lendemain,
03:03 de faire le Vendée Globe, il faut être classé, c'est ça ?
03:06 - Il faut être qualifié, oui.
03:08 - Comment ça fonctionne ?
03:10 - C'est très complicatif, l'année dernière il y avait la Route du Rhum,
03:12 à laquelle j'ai participé,
03:14 et cette année il y avait la Transat Jacques Vabre,
03:16 et la Transat Retour, donc vu l'état de mon bateau,
03:18 pour moi c'est impossible, et l'année prochaine,
03:20 il y a New York, les Sables d'Olonne.
03:22 Quand vous faites ces courses, vous êtes qualifié pour le Vendée Globe.
03:24 Moi, aujourd'hui, il y a 40 places pour le prochain Vendée Globe,
03:28 je n'ai fait que la Route du Rhum,
03:30 donc j'étais à la date du 5 août, 27ème sur 40 en termes de classement.
03:34 Ne faisant plus la Jacques Vabre, je vais passer 44ème,
03:38 donc je n'ai plus ma place sur le prochain Vendée Globe,
03:40 à cause d'un événement que je refuse d'accepter.
03:44 Parce que si je m'étais endormi en mer sur mon bateau,
03:46 ou que j'avais dû m'attendre à une tempête,
03:48 j'aurais accepté ça, mais ça fait partie du jeu.
03:50 Mais là, je ne peux pas l'accepter que l'histoire s'arrête comme ça.
03:52 - Une histoire de malchance.
03:54 Je voyais qu'on en parlait, en effet,
03:56 lors de votre passage, en tout cas, comme c'était eu au téléphone,
04:00 il y a un modèle aussi économique,
04:02 qui est très particulier, c'est très novateur,
04:04 puisque c'est l'art qui va payer cette aventure.
04:08 Expliquez-nous aussi ça.
04:10 Je pense que tous les partenaires, tous vos sponsorings vous soutiennent.
04:14 - Oui, absolument. J'ai eu des réactions fabuleuses de mes partenaires,
04:16 et j'en suis très heureux.
04:18 Ils ont tous compris que ce qui est arrivé n'est pas de ma responsabilité.
04:22 Vous disiez en introduction que j'étais un skipper professionnel,
04:24 je ne suis pas un marin professionnel.
04:26 J'ai juste l'envie, depuis toujours,
04:28 de participer à la dernière grande aventure humaine,
04:30 qui est le Vendée Globe.
04:32 Et comme je suis un skipper professionnel,
04:34 il a fallu que je trouve quelque chose de différent pour financer mon projet.
04:36 J'ai fait appel à un artiste qui s'appelle Hervé Diroza,
04:38 qui fait son exposition au Mucem l'année prochaine.
04:42 Je lui ai dit "Est-ce que tu es d'accord pour peindre la totalité de ma grand voile,
04:46 ensuite on la découpe et on la vend à la cote de l'artiste".
04:50 Ce n'est pas un artiste sorti de nulle part.
04:52 Il a tout de suite accepté, c'est comme ça que je finance mon projet.
04:56 Et j'ai aussi mon projet qui s'appelle "Demain c'est loin",
04:58 parce que je suis marseillais, et content de marseillais.
05:00 Je suis en forme à Ville, et j'en suis fier, et je trouve qu'on a tout ici.
05:02 J'ai appelé à IAM,
05:04 je trouve qu'ils ressemblent bien à notre ville,
05:06 et j'ai appelé mon projet "Demain c'est loin",
05:08 rapport à leur chanson qu'on connaît tous.
05:10 Et puis j'ai Gérald Passéda aussi,
05:12 notre chef étoilé qui m'accompagne.
05:14 Donc l'idée c'était dans ce projet
05:16 de réunir tous les talents de la ville
05:18 et d'offrir ce bateau à la ville
05:20 pour les enfants aussi,
05:22 puisqu'il y a un gros côté social,
05:24 et j'aurais adoré que beaucoup d'enfants viennent visiter mon bateau,
05:26 puisque dans nos courses et dans nos bateaux,
05:28 il y a tout, il y a la géographie, l'écologie,
05:30 tout est réuni là-dedans.
05:32 Et puis il y a la culture,
05:34 évidemment, qui était l'ADN de mon projet.
05:36 Donc voilà, je suis extrêmement...
05:38 Je ne peux pas croire que ça s'arrête, mais c'est vrai
05:40 que ça met un petit coup, et que je n'ai pas envie que l'histoire s'arrête.
05:42 J'ai des enfants de la ville qui m'ont beaucoup suivi,
05:44 et on ne peut pas dire à ces enfants
05:46 qu'aujourd'hui, ça s'arrête comme ça.
05:48 - Le bateau c'est quoi ? C'est un Imoka ?
05:50 - C'est un Imoka 60, donc ça fait 18m28.
05:52 C'est le seul bateau capable de faire le Vendée Globe,
05:54 il y en a une cinquantaine dans le monde à peu près.
05:56 En Méditerranée, je suis...
05:58 Pour le prochain Vendée Globe, j'étais le seul.
06:00 Ils sont tous en Bretagne,
06:02 et je trouvais ça fabuleux d'avoir un bateau comme ça,
06:04 de l'offrir à la ville avec ce qui se passe en ce moment,
06:06 la Coupe du monde de rugby, les épreuves pour les JO de voile
06:08 qui arrivent à Marseille.
06:10 Voilà, et ce qu'on fait, nous,
06:12 le Vendée Globe, c'est une formidable aventure,
06:14 et je crois que ça plaît aux gens plus
06:16 que souvent les épreuves olympiques
06:18 qui sont plus compliquées à comprendre.
06:20 - Comment on peut vous aider ?
06:22 Pour ceux qui nous écoutent, les auditeurs,
06:24 les entrepreneurs, dites-nous comment vous êtes aujourd'hui.
06:26 Quel est le message que vous voulez faire passer
06:28 aujourd'hui sur Maritime ?
06:30 - Tout le monde m'aide, moi. C'est les gens qui me témoignent
06:32 par des petits mots sur les réseaux sociaux.
06:34 - Ça aussi, c'est important, bien sûr.
06:36 - C'est hyper important pour moi, et je vous assure que
06:38 ça fait chaud au cœur.
06:40 Il y a une cagnotte qui a été faite
06:42 par une personne qui s'occupe de ma communication.
06:44 Les procédures judiciaires
06:46 coûtent cher.
06:48 Aujourd'hui, je n'ai plus rien, puisque le bateau était mon outil de travail.
06:50 Et puis, aujourd'hui, avec
06:52 Sébastien Destromo qui me prête son bateau,
06:54 j'ai la possibilité,
06:56 dans le mois, s'il y a deux entreprises
06:58 qui nous entendent, trois ou une seule,
07:00 et qui ont envie de se dire "on va faire la Jacques Vabre
07:02 nous, en tant que Marseillais, et accompagner
07:04 Nicolas dans le Vendée Globe",
07:06 ils peuvent me contacter.
07:08 C'est un bateau blanc, et on peut le
07:10 floquer aux couleurs entières d'une entreprise
07:12 ou de deux entreprises, pour un budget
07:14 bien inférieur
07:16 à ce que ça coûte normalement.
07:18 Je suis certain de la visibilité incroyable qu'on aura
07:20 avec tous les artistes qui m'accompagnent
07:22 et qui partagent aussi mon projet.
07:24 - Vous avez évalué
07:26 les dégâts pour être concret. Les dégâts sur le bateau,
07:28 ça remonte... - Il y a 600 000 euros
07:30 de dégâts sur le bateau. - 600 000 euros !
07:32 - C'est des bateaux de course.
07:34 Tout est fait sur mesure, etc.
07:36 Aujourd'hui, il y a 600 000 euros de dégâts sur le bateau.
07:38 Et puis, il y a toute une
07:40 histoire qui s'arrête.
07:42 Moi, le Vendée Globe, je le rêve
07:44 depuis que je suis petit.
07:46 Je travaille depuis trois ans.
07:48 Mes partenaires m'ont accompagné là-dedans.
07:50 Et il y a tout
07:52 ce préjudice moral incroyable.
07:54 A la rigueur, moi, je m'en fous.
07:56 C'est aussi surtout pour les autres.
07:58 - Pour tous ceux qui sont là avec vous
08:00 dans ce projet. - Ce qu'on fait, c'est notre histoire.
08:02 Et ça nous regarde. On a toutes nos histoires.
08:04 Vous faites de la radio, je ne sais pas. Peut-être que vous avez la vôtre.
08:06 Moi, c'était le Vendée Globe.
08:08 Donc ça, c'est mon histoire.
08:10 Mais tous les gens qui m'accompagnent là-dedans
08:12 et qui, à travers ce qu'on fait,
08:14 qui font notre aventure, moi, je ne veux pas décevoir ça.
08:17 Jamais. Et il faut le continuer, ça.
08:19 Et pour le continuer, j'ai besoin de tout le monde.
08:21 - On sera là en tous les cas.
08:23 Nous, on a tâché d'être là
08:25 à notre niveau. Nicolas, on peut vous suivre
08:27 sur les réseaux sociaux également.
08:29 - Oui, bien sûr. Nicolas Rouget. - Nicolas Rouget.
08:31 Demain, c'est loin. C'est le projet.
08:33 Et...
08:35 Je ne sais pas quoi vous dire d'autre.
08:37 Si ce n'est qu'on espère vous voir,
08:39 bien sûr, en novembre prochain,
08:41 pour ce Vendée Globe. - Non, mais on le saura sur un Vendée Globe.
08:43 Après, je ne suis pas une victime, moi.
08:45 Ce qui m'arrive, c'est une tragédie.
08:47 Enfin, tragédie, il y a bien pire.
08:49 Il y a eu un tremblement de terre au Maroc, etc.
08:51 Mais dans mon projet,
08:53 on reversait...
08:55 Je reversais beaucoup à l'aide sociale à l'enfance.
08:57 Aujourd'hui, je ne peux plus le faire.
08:59 Et je ne veux pas me positionner en victime.
09:01 On va s'en sortir, c'est sûr. On sera sur un Vendée Globe.
09:03 J'espère 2024. Pourquoi pas 2028 ?
09:05 Moi, de toute façon, je le ferai en 2028.
09:07 Mais ça ne peut pas s'arrêter comme ça.
09:10 - Nicolas Rouget, navigateur marseillais.
09:12 Merci d'avoir été avec nous.
09:14 - Merci de m'avoir invité. - A bientôt.
09:16 - A bientôt. - Bon courage.
09:18 Sous-titrage Société Radio-Canada
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