Présidentielle sénégalaise 2024 : quel avenir pour la coalition au pouvoir ?

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Transcription
00:00 Au Sénégal, deux mois et demi après le renoncement de Maki Salla à concourir à un troisième mandat,
00:05 la coalition au pouvoir Benobo Kyakar tient enfin son candidat à l'élection présidentielle de 2024.
00:12 Le Premier ministre Ahmad Ouba, désigné samedi dernier, est déjà des voix célèbres.
00:17 Cela ne fait pas que des heureux. Stéphane Ballong, un rédacteur en chef pour l'Afrique, ici même à France 24.
00:22 Vous avez invité pour nous en parler le ministre du Commerce et porte-parole du gouvernement sénégalais, Abdou Karim Fofana.
00:28 Bonjour. – Bonjour.
00:30 – Bonjour M. le ministre. Ce sera donc Ahmad Ouba. C'est ce que le président Maki Salla a décidé.
00:37 Tout d'abord, comment doit-on comprendre ce choix ?
00:40 – D'abord, il faut revenir à l'histoire. Le président ne se présente pas.
00:46 C'est le premier chef d'État sénégalais à ne pas solliciter un troisième mandat.
00:49 Mais surtout, le processus au début, tout, Benobo Kyakar lui a donné une carte blanche pour choisir.
00:55 Mais il a transformé en processus collectif. Il a échangé avec certains leaders,
00:59 beaucoup tous les leaders. Il y a eu des auditions.
01:02 Il y a eu un dialogue, un dialogue comme le dialogue national,
01:06 qui a permis de déterminer des critères et d'avoir ce candidat qui est Ahmad Ouba
01:11 et qui a été désigné d'une façon, je ne dirais pas à la façon d'une primaire,
01:16 mais d'une façon très démocratique à la sénégalaise consensuelle.
01:20 – Visiblement, pas tant que ça finalement, puisque depuis l'annonce de sa désignation,
01:25 il y a eu plusieurs défections, des dissidences.
01:29 Je pense à Alin Ndiaye qui est un influent ministre de l'agriculture,
01:35 qui a démissionné du gouvernement, qui va sans doute se présenter comme candidat.
01:41 Je peux aussi vous citer le cas de Mamboi Diao, président de la Caisse de dépôt et de consignation,
01:49 qui dit très clairement qu'il sera candidat.
01:52 On voit finalement que cette coalition qui apporte le pouvoir de Macky Sall ces 12 dernières années,
01:58 il faut le dire, est en train de se fissurer.
02:01 Est-ce que Ahmad Ouba a-t-il les moyens aujourd'hui de préserver cette unité-là au sein de BBY ?
02:09 – D'abord, une coalition, c'est un ensemble de partis, au-delà de l'ensemble des personnes.
02:16 Donc qu'il y ait une ou deux personnes qui ne soient pas d'accord avec le choix,
02:19 c'est tout à fait naturel.
02:20 Qui choisit, élimine.
02:21 Donc on a choisi de façon consensuelle, il est naturel qu'il y ait des gens qui ne soient pas d'accord.
02:26 Mais le gros bloc de Beno Bokiakar, qui est la coalition
02:30 qui a la plus grande longévité de l'histoire politique du Sénégal, continue à fonctionner.
02:34 Aujourd'hui, tous les grands partis, les mouvements qui constituent Beno Bokiakar
02:38 sont toujours dans ce grand projet qui est le plan Sénégal émergent
02:43 et pour lequel Ahmad Ouba a été choisi pour porter et continuer ses progrès.
02:47 Maintenant, comme je vous l'ai dit, naturellement, il peut y avoir des gens,
02:51 mes anciens collègues, je ne vais pas casser du sucre sur leur dos,
02:53 mais qui ne sont pas d'accord avec le choix.
02:56 On aurait préféré qu'on garde cette même esprit qui nous a permis depuis 2012
03:01 de continuer ses progrès pour le Sénégal, qui sont visibles et loués partout.
03:05 – Alors, il y avait 12 candidats à la vestiture,
03:08 il y a deux qui ont fait, je le disais tantôt, défection.
03:12 Qu'est-ce que Ahmad Ouba avait de plus que les autres candidats ?
03:15 – Oui, naturellement, moi je reviens encore sur le processus,
03:18 parce qu'il est rare en Afrique de voir un chef d'État à qui on demande de choisir,
03:22 il prend la peine d'écouter tout le monde.
03:23 Il n'y avait pas de grands candidats et de petits candidats,
03:26 on a pris la peine d'écouter tout le monde, de faire auditionner tout le monde
03:29 et puis d'arriver à un consensus de la coalition et du président.
03:33 Maintenant, les critères, ce sont les leaders qui l'ont déterminé,
03:37 Ahmad Ouba comme sans doute d'autres candidats,
03:39 parce qu'il n'y a pas de vainqueur et de vaincu.
03:41 C'est un grand comité de l'État qui a accompagné le président de la République
03:45 dans de grands combats, notamment sur le PSE
03:48 qui est quand même l'épine dorsale des politiques du président de la République
03:51 et aujourd'hui qui est plébiscité par l'ensemble des leaders de Benobo Kiakar.
03:56 Quand on en arrive là, c'est un consensus fort,
03:58 maintenant il faut continuer au-delà des personnes,
04:01 ce qui est entamé par le président Makessal et continuer ses progrès
04:04 pour permettre au Sénégal d'atteindre son objectif d'émergence de justice sociale
04:08 et d'équité territoriale d'ici 2035.
04:10 – Et quel rôle il va jouer pendant cette pré-campagne qui démarre,
04:14 qui commence là, Makessal ?
04:16 – Le président, il aura un rôle actif parce que…
04:18 – Lui qui a désigné le candidat de l'EVIM.
04:20 – Oui, parce qu'il l'a dit plusieurs fois, le plus important c'est le projet du Sénégal,
04:26 parce que c'est le premier président du Sénégal qui a fait un projet sur 20 ans,
04:30 donc une échéance de programmation, de planification économique qui va sur 20 ans
04:35 et qui dit aux Sénégalais, écoutez, que je sois là ou pas,
04:38 moi je veux qu'en 2035, qu'on ait la transformation structurelle de l'économie,
04:43 qu'on ait la paix, la sécurité, mais qu'on ait aussi un capital humain développé
04:47 avec tout ce qui se fait sur l'électrification rurale,
04:50 sur l'accès à l'eau, l'accès à l'électricité et ce genre de choses.
04:53 Donc aujourd'hui, le président va défendre, on est déjà dans la formulation du PAP III,
04:57 c'est-à-dire la troisième partie du plan Sénégal émergent,
05:00 et puis appuyer le candidat de Beno Bokiakar parce qu'au-delà de la personne choisie,
05:04 c'est une équipe, c'est une coalition de partis de mouvement qui est au pouvoir,
05:09 qui s'entend bien, à chaque fois qu'on est uni, on gagne sans problème au premier tour,
05:13 à chaque fois qu'on est désuni, on ne perd pas, on gagne mais difficilement.
05:17 Donc c'est une coalition qui n'a jamais perdu d'élection,
05:19 si on continue dans cette voie, on pourra avoir cette stabilité
05:22 qu'exige le développement économique.
05:25 – Parlons de Doucement de Sonco, si vous le voulez bien,
05:27 le 24 août dernier, un groupe d'avocats s'est constitué,
05:30 parti civil au nom de l'État du Sénégal, dans le cadre d'une nouvelle procédure
05:35 qui vise justement l'opposant Ousmane Sonco, de quoi s'agit-il exactement ?
05:39 – Oui, naturellement, il y a sept chefs d'accusation contre Ousmane Sonco,
05:44 vous avez vu les appels à l'insurrection et tous ces faits qui se sont agrégés,
05:50 donc il était naturel et normal que l'État du Sénégal en vienne
05:54 à se constituer parti civil parce qu'il y a des faits quand même
05:57 qui ont endommagé la réputation du Sénégal, l'économie du Sénégal
06:00 et beaucoup de biens publics.
06:01 Donc il est tout à fait naturel que quand un homme pose des actes antirépublicains
06:06 qui endommagent la démocratie sénégalaise, qu'il y ait en face l'État du Sénégal
06:11 pour que ça ne se répète plus.
06:13 Parce que le Sénégal aujourd'hui a eu un intermède malheureux
06:17 avec l'ex-parti PASTEF où on a fait penser aux gens
06:19 qu'on pouvait prendre le pouvoir par la rue,
06:21 alors que notre tradition c'est les élections,
06:24 c'est le président Senghor qui renonce au pouvoir volontairement
06:26 et c'est le président Macky Sall qui ne sollicite pas un troisième mandat.
06:29 – Aujourd'hui, Ousmane Sonko est en prison, vous le confirmez,
06:34 il est notamment inculpé pour appel à l'insurrection, vous le disiez à l'instant,
06:39 il fait l'objet de deux autres procédures judiciaires, son parti a été dissous,
06:45 n'y a-t-il pas une sorte d'acharnement ?
06:47 – Non, il n'y a pas d'acharnement parce que vous savez au Sénégal,
06:49 je vous l'ai dit tout à l'heure, on a un rang à tenir
06:53 dans l'échelle des démocraties en Afrique.
06:56 Nous sommes un pays où on vote depuis deux siècles,
06:58 nous sommes un pays où les alternances sont régulières,
07:02 en 2000, vous l'avez vu, en 2012, c'est rare en Afrique.
07:05 Et on ne peut pas permettre à n'importe qui d'arriver sur la scène politique
07:09 et d'imposer de nouvelles manières,
07:10 surtout des méthodes qui ne sont pas démocratiques.
07:13 Insulter, manipuler, appeler à l'insurrection,
07:16 appeler les jeunes à donner leur vie, ce n'est pas démocratique.
07:19 Appeler à déloger le président de la République,
07:21 le traîner jusqu'à la place centrale de Dakar et le découper,
07:24 excusez-moi du terme, comme ça a été le cas dans certains pays,
07:28 ce n'est pas démocratique.
07:29 Donc quand on a des tendances de cette nature,
07:31 il faut savoir être républicain et défendre notre bien commun.
07:34 C'est quelqu'un qui a quand même conduit une coalition
07:37 qui a fait de très bons scores,
07:39 qui est devenue la deuxième force politique sur la scène sénégalaise.
07:45 C'est un opposant qui est très populaire.
07:50 – Vous ne craignez pas que cette série de procédures à son encontre
07:56 nuise à la crédibilité du prochain secrétaire ?
07:59 – Non, parce que quelle que soit la popularité d'un homme politique,
08:02 cela ne lui donne pas le droit de s'appeler les fondamentaux de notre République.
08:06 La République, la démocratie, ce sont les urnes,
08:09 c'est la liberté d'opinion, mais ce ne sont pas les armes,
08:11 ce ne sont pas l'insurrection ou les invectives.
08:15 Donc dès lors qu'il sort de cela, il sort du champ démocratique.
08:19 – Merci, merci monsieur le ministre.
08:20 Le temps qui nous est imparti est écoulé.
08:23 Merci d'être venu sur notre plateau. Merci Raphaël.
08:25 – Merci monsieur le ministre Abdou Karim Fofana
08:27 de vous être exprimé sur France 24 en direct.
08:30 Et merci à Stéphane Ballon qui vous a interrogé pour France 24.

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