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Après le crash d’un avion en 1961 l’épave va être déplacée.

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00:00 L'invité de France Bleu ce matin, c'est le gardien du refuge des Cortalets.
00:03 On l'a invité, Alexandra Lagarde, parce qu'une opération très spéciale se prépare sur le Canigou.
00:08 Opération de dépollution.
00:10 Il s'agit, le week-end prochain, de retirer les débris d'un avion qui s'est craché il y a plus de 60 ans sur le Canigou.
00:17 Exactement, et pour en parler avec nous ce matin dans notre studio, Thomas Dulac, le gardien du refuge des Cortalets.
00:23 Bonjour Thomas Dulac.
00:24 Bonjour.
00:24 Merci d'être avec nous ce matin.
00:26 Peut-être avant de commencer, je vais rappeler rapidement l'histoire de cet avion DC-3.
00:30 Le 7 octobre 1961, cet avion qui vient de Londres et qui doit atterrir à Perpignan, se crache sur les hauteurs du Canigou vers minuit,
00:37 près du refuge des Cortalets.
00:39 A 62 ans après ce crash, on va finalement enlever l'épave.
00:43 Une question toute simple, pourquoi aujourd'hui et pourquoi ça n'a pas été fait plus tôt ?
00:47 Alors ça a été fait plus tôt.
00:49 C'est-à-dire que l'avion effectivement, il est parti de Londres, il devait aller sur Perpignan en ligne droite et il a été dérouté par un orage.
00:59 Il est arrivé au niveau de Toulouse et Toulouse, il devait voler au-dessus de Carcassonne et arriver sur Perpignan.
01:05 Et il a fait une petite dérive, il a volé un peu trop bas et il s'est écrasé à 20 minutes à pied du refuge, sur le flanc du Barbé, du refuge on le voit.
01:16 Et vous dites donc que déjà on a commencé, ça a été commencé déjà, on a enlevé des bris de l'avion ?
01:23 Oui tout à fait. Alors pour l'enquête, on a enlevé les parties principales, on a enlevé le moteur, on a enlevé un petit peu tout ce qui était important.
01:32 Et puis en fait on a laissé que des morceaux de tol, puisque l'avion s'est craché contre une barrocheuse à très haute vitesse.
01:40 Enfin c'était un bimoteur, c'est pas les vitesses des avions d'aujourd'hui, mais l'avion était totalement disloqué.
01:47 Il y avait 34 morts, des corps disloqués sur une centaine de mètres.
01:53 Il y avait des bris de partout et un avion qui avait commencé à prendre feu sur une partie de...
02:00 Je crois que c'était sur l'avant qui est partie en flamme.
02:04 Et pourquoi donc aujourd'hui on enlève ce qui reste ?
02:06 Alors c'est pas aujourd'hui, moi ça fait 30 ans que je suis dans le massif, ça fait 13 ans que je suis gardien.
02:12 Et avec la réptation de la neige, la neige elle pousse tout le matériel vers le bas.
02:16 Il y a des morceaux que je retrouve de partout dans tout le massif.
02:19 Et chaque année j'en descends et puis à un moment je me suis dit "mais c'est tout ça c'est trop gros pour moi".
02:24 Donc je me suis dit "je vais essayer de trouver une solution, on peut faire une journée pour enlever ça".
02:28 Alors effectivement quand les gens disent "l'épave de l'avion, on a marché dessus", mais ils marchent sur un petit bout de l'épave qu'il y a au niveau du GR.
02:35 Parce que ça représente combien en termes de poids ? Vous avez une idée ?
02:37 C'est énorme, alors ça fait 11 tonnes 41 d'avion exactement.
02:43 Et pour tout vous dire ça fait une longueur de 20 mètres, une envergure de 30 mètres.
02:47 Et il reste combien là, vous pensez sur le canigou ?
02:49 Je sais pas tout ce que j'ai réussi à enlever, mais ce que je sais c'est que quand on part du GR et qu'on descend vers la piste,
02:55 c'est encombré de petits morceaux de fer de partout.
02:59 Alors des bouts de tol, des morceaux de fer, des morceaux de pots d'échappement, il y a un peu de tout.
03:04 Et il faut dire que nous...
03:06 Vous en avez un petit bout d'ailleurs avec vous, j'y pense, peut-être que vous pouvez le montrer.
03:09 Alors je vous ai amené peut-être une des pièces les plus importantes.
03:16 Donc c'est une pièce que j'imagine qu'il faudra garder en souvenir, il faudra la mettre quelque part.
03:21 Est-ce qu'on pourrait la décrire peut-être pour les auditeurs ?
03:23 Parce qu'on a bien sûr les spectateurs pour France 3, mais il y a aussi ceux qui sont toujours à la radio.
03:26 C'est quoi que vous avez dans votre main ?
03:28 Alors j'ai ce qui a permis...
03:32 Enfin c'est peut-être ce qu'a touché le dernier moment le pilote, le capitaine Higgins.
03:37 C'est le palonnier, c'est ce qui permet de virer de bord,
03:39 c'est-à-dire ce qui permet à l'avion de tourner à droite ou à gauche.
03:42 C'est ces deux pédales qu'on a au niveau des pieds.
03:44 Et j'ai retrouvé ça dans la forêt, donc je me suis dit "non mais ça il faut le garder".
03:48 Et c'est ça donc que les gens seront amenés à enlever par exemple le week-end prochain ?
03:53 Est-ce que peut-être on pourrait expliquer ce que vous allez faire le week-end prochain ?
03:56 Comment ça va se passer ?
03:57 Le week-end prochain, finalement au départ j'ai essayé de trouver du monde.
04:01 Il y a Mountain Wilderness, donc une association qui nettoie tous les déchets en montagne,
04:06 qui s'est décidé à venir, qui a un peu tout organisé après avec le Canigou Rancite.
04:10 Et on va être peut-être une quarantaine de personnes.
04:13 Et l'objectif c'est d'enlever tous les petits morceaux,
04:16 mais c'est-à-dire des morceaux qui font peut-être des fois un centimètre,
04:18 jusqu'à des bouts de tol qui font cinq mètres de long, qui sont vrillés,
04:22 et qui sont aujourd'hui dans la forêt, sous les rôdeaux d'Indron,
04:26 presque quasiment invisibles pour l'œil humain,
04:30 mais c'est des endroits où les animaux circulent.
04:32 Donc en fait finalement, on encombre un peu la forêt de tous nos déchets.
04:38 Et pourquoi, j'ai une question, ça m'y fait penser,
04:42 pourquoi c'est vous, le syndicat du Canigou qui s'en occupe,
04:45 une association de nettoyage, et pas la compagnie aérienne de nettoyer ça ?
04:50 Effectivement, vous avez tout à fait raison.
04:51 C'est un avion qui date de 1944, qui a été construit par les Américains,
04:55 qui était au début un avion militaire,
04:57 et qui a été revendu à trois compagnies ensuite,
04:59 jusqu'à la compagnie d'Airbis Aviation, et on les a contactés.
05:04 Bien sûr, ils ont eu le mot fabuleux et à prescription.
05:07 Aujourd'hui, quand il y a un avion qui s'écrase, notamment la Germanwings,
05:10 l'avion qui s'est écrasé dans les Alpes, c'est retiré de suite, c'est dépollué.
05:14 C'est ce qui me semble le plus important.
05:15 Il y a un camion qui s'est retourné, qui s'est écrasé juste à côté du refuge,
05:21 à peu près à 20 minutes, pareil, il a été retiré l'an dernier.
05:24 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on se rend bien compte
05:26 qu'on ne peut pas laisser à nos enfants tous les déchets qu'on a accumulés.
05:31 Et toutes ces pièces de métal pourront peut-être avoir un avenir, être recyclées.
05:36 Donc...
05:37 - Oui, on va revenir sur...
05:39 - Voilà, l'aviateur Saint-Exupéry disait
05:43 "On n'hérite pas de nos ancêtres, on les emprunte à nos descendants."
05:46 Donc vous voyez, on est aviateur, on retombe un peu là-dessus.
05:49 C'est-à-dire qu'on ne peut pas tout accumuler de nos ancêtres,
05:53 il faut quand même aussi donner un avenir à nos enfants.
05:57 - On va en parler Thomas Dulac dans quelques instants.
06:00 - France Bleu Roussillon, l'invité du 6/9.
06:03 - Il est 7h52 sur France Bleu Roussillon, notre invité c'est vous,
06:07 le gardien du refuge des Cortalettes,
06:09 avec cette opération de nettoyage pour enlever l'épave d'un avion,
06:12 on en parlait, qui s'est craché il y a plus de 60 ans sur le massif du Quédigou.
06:15 Opération prévue, Alexandre Lagarde, le week-end prochain.
06:18 - Et on en parlait Thomas Dulac, là, juste à l'instant,
06:20 de la question de la mémoire, de ce que ça laisse aussi, ces débris.
06:23 Ce nettoyage, ça pose la question du souvenir, plus de 60 ans après le crash,
06:27 tous les Catalans connaissent cette histoire, c'est légendaire,
06:30 certains même viennent le voir, certains randonneurs.
06:32 Comment on fait pour enlever cette épave, nettoyer la montagne,
06:35 et en même temps laisser le souvenir ?
06:37 - Alors, l'épave n'est pas quelque chose qui a favorisé les souvenirs,
06:42 puisque la plupart des gens qui viennent au refuge me disent
06:44 "Oh, l'hélicoptère qui s'est écrasé..."
06:46 - C'est flou. - Il y a très très peu de gens qui savent ce qui s'est passé.
06:50 Le savoir que c'était un bimoteur, savoir qu'il y avait 34 personnes à l'intérieur,
06:56 30 personnes dont 99% venaient d'Angleterre,
07:01 il y avait quand même un Allemand au milieu, plus l'équipage,
07:04 savoir la date, pourquoi il y a eu le crash,
07:08 parce que l'avion voulait trop bas, mais on ne peut pas dire exactement ce qui s'est passé.
07:13 Tout ça, personne ne le savait.
07:15 Donc ce n'est pas l'épave qui permet d'avoir cette histoire-là.
07:19 Je pense que l'idéal est...
07:22 On a contacté un journaliste anglais qui a essayé de retrouver un petit peu les familles,
07:26 on a consulté le consulat d'Angleterre,
07:28 et en fait, il va y avoir une commémoration qui va être faite plus tard,
07:32 on va reposer une petite plaque sur le lieu de l'accident,
07:35 on va peut-être y laisser un petit bout d'avion,
07:37 et bien sûr au refuge, j'ai commencé à collecter toutes les données,
07:42 toutes les infos que j'avais, et petit à petit ça va s'enrichir,
07:45 jusqu'à ce que les Catalans puissent connaître ce qui s'est passé,
07:49 puisque je pense que la majorité des Catalans ne savent pas du tout de quoi il en est.
07:54 Donc en fait, ce nettoyage paradoxalement va permettre de mieux comprendre,
07:57 de mieux connaître cette histoire.
07:58 Vous allez en tout cas essayer de l'expliquer.
08:01 Qu'est-ce que vous allez faire aussi de ces débris ?
08:03 Il me semblait que j'avais vu passer que ça irait peut-être dans un musée.
08:05 Alors on a essayé de contacter la plupart des musées de l'aviation,
08:09 il y a le musée de Luchon qui serait intéressé.
08:11 Alors effectivement, les débris que vous voyez,
08:15 franchement il n'y a pas vraiment une esthétique.
08:19 C'est-à-dire que je peux comprendre qu'on garde une vieille cathédrale
08:22 qui est effondrée comme au milieu de Berlin.
08:25 Quand Berlin a été bombardée, on a gardé une cathédrale
08:28 qui avait été à moitié écroulée, mais elle est belle, c'est une belle ruine.
08:32 Un avion qui s'écrase, c'est des morceaux de tol dans tous les sens.
08:36 Ce n'est pas très esthétique au regard.
08:38 Donc là, cette pièce maîtresse que j'ai, le palmonnier,
08:41 on va essayer de le garder, mais je préférerais que ce soit au refuge,
08:45 soit quelque part dans l'épyrène oriental, un lieu symbolique, un musée
08:49 où les gens puissent justement se rappeler à cette histoire
08:53 et avoir une explication derrière, un petit livre.
08:57 On suivra ça d'après. Merci Thomas Dulac d'être venu en direct ce matin
09:00 dans les studios de France Bleu Roussillon, je rappelle.
09:02 Vous allez participer et vous pouvez vous aussi,
09:04 auditeurs et auditrices de France Bleu,
09:06 participer à cette opération de dépollution dans le Canigou.
09:08 On vous mettra toutes les informations, bien sûr, sur notre site
09:11 pour nettoyer cette épave d'avion qui s'est crachée il y a plus de 60 ans.
09:14 Bon courage. Merci encore.

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