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00:00 - Hello et bienvenue sur le podcast de "Les matchs de ma vie".
00:04 A travers 5 matchs de foot, notre invité parle de son amour
00:07 pour ce sport et nous ouvre aussi sur quelques chapitres
00:10 de sa vie. 5 matchs à raconter, beaucoup de bonheur
00:13 à partager avec vous, où que vous soyez, où que vous nous écoutez.
00:17 Merci déjà de nous avoir choisis. C'est parti pour ce nouveau
00:20 numéro de "Les matchs de ma vie". Avec moi, Darren Tullette
00:24 et notre invité aujourd'hui est...
00:27 - Louise Fernandez.
00:28 - C'est la bonne réponse, ça commence très bien.
00:31 - Merci Darren, merci de m'accueillir, merci de me faire rappeler
00:35 de très bons souvenirs.
00:37 - Ravie d'avoir avec nous, Louise. Déjà, grande carrière de foot
00:40 en tant que joueur et entraîneur que nous allons revisiter
00:43 grâce à ta liste de 5 matchs qui ont le plus marqué ta vie.
00:47 Pour toi, ça a dû être difficile parce que tu as déjà joué
00:51 tellement de matchs et entraîné tellement de rencontres,
00:55 une carrière tellement riche. Est-ce que ça a été difficile
00:59 de choisir 5 matchs seulement ?
01:01 - Oui, c'est dur, c'est difficile parce que tout au long de cette carrière,
01:04 tu sais, tu as des coéquipiers parce que le football, c'est un sport collectif
01:07 où tu partages, où tu es accompagné par des coéquipiers,
01:11 par des entraîneurs et par des supporters. Et c'est vrai que
01:14 dans cette carrière, en tant que joueur ou en tant qu'entraîneur,
01:17 j'ai énormément apprécié beaucoup de monde et des matchs
01:20 dans lesquels il y a eu des suspens, avec lesquels que tu gagnes
01:23 et lesquels que tu perds. Mais je préfère me parler de ceux que j'ai pratiquement
01:26 gagné que ceux que j'ai perdu.
01:28 - Et il y en a beaucoup. On va se régaler, Louis, avec toi.
01:32 C'est parti pour les Matchs de la vie de Louis Fernandez.
01:35 Match numéro 1, Louis, quel est ton choix et pour quelles raisons ?
01:39 - Ce sont mes débuts. Pourquoi ? Parce que quand tu arrives
01:43 d'un quartier comme ce quartier des Manguettes, lorsque tu arrives
01:46 avec ta famille lorsque j'ai 6 ans et que je grandis
01:50 et que j'aime ce football grâce aux Brésiliens,
01:53 ces Brésiliens de 1970, cette génération de Pelé, de Clodoaldo,
01:57 de Rivelino qui jouait du côté du Mexique,
02:01 en regardant, j'avais envie de faire de même,
02:04 mais je n'étais pas aussi doué qu'eux. Mais j'avais envie de grandir
02:07 dans ce monde du football pour atteindre un objectif.
02:10 Peut-être que je l'aurai atteint.
02:13 - Donc c'était 70 qui était vraiment une moteur pour toi.
02:15 Tu avais une dizaine d'années à ça ?
02:17 - 11 ans, c'est le Brésil d'arène, c'est le Brésil de Pelé.
02:20 Tu regardes, tu restes avec les grands yeux et tu as envie
02:24 en descendant en bas sur la pelouse, tu as envie de faire de même.
02:27 Tu ne pouvais pas faire pareil parce que les Brésiliens,
02:29 c'était des génies, c'était des artistes.
02:31 Mais c'est ça, ils m'ont donné envie de jouer au football, les Brésiliens.
02:34 - C'était où quand tu avais 11 ans ?
02:36 - 11 ans, j'étais dans ce quartier des Manguettes,
02:38 le quartier du côté de Lyon. J'étais heureux, content de partager
02:41 avec mes amis, toutes ces communautés réunies,
02:45 toutes ces diversités, puis d'aller après sur mon terrain
02:47 de la S Manguette, mon club qui était juste à côté.
02:50 Et c'est là que j'ai commencé à jouer avec mon club.
02:53 - Et à la maison, c'était une famille sportive ?
02:56 - Oui, on était tous. J'avais un frère qui m'accompagnait,
02:58 qui m'amenait, et puis l'autre qui me surveillait,
03:00 qui me surveillait pour que je travaille mieux à l'école
03:02 parce que si à l'école, je n'étais pas bon,
03:04 il pouvait éventuellement me supprimer le football
03:06 et que je fasse très attention. Mais bon, j'ai perdu mon père à l'âge de 6 ans.
03:09 Mais mes grands frères étaient là pour le remplacer
03:12 avec mes trois soeurs qui étaient aussi qui nous accompagnaient.
03:15 - D'accord. Ça n'a pas dû être facile tous les jours quand même, au début,
03:17 quand on est jeune et on n'a pas son papa.
03:20 - Ce n'est pas facile, mais j'ai une maman
03:24 qui n'a jamais refait sa vie.
03:28 Elle est restée auprès de nous, elle nous a accompagnés
03:30 avec mes frères et mes soeurs, et puis on a vécu dans une belle ambiance.
03:33 Et ça, je pense que je peux te dire que ça t'aide beaucoup aussi pour grandir.
03:37 - Parce que tu es né en Espagne, et quand tu parles
03:39 de ces premiers souvenirs de joueurs, il faut se rappeler
03:42 que tu étais encore considéré comme un Espagnol,
03:45 même si tu grandis en France.
03:47 - Oui, mais je n'ai pas encore la nationalité française.
03:49 Je suis émigré, je suis de l'immigration espagnole de 1966.
03:53 On est là, on est arrivé parce qu'il y avait les soeurs de mon papa
03:57 qui étaient du côté de Vénitieux, du côté de Lyon,
03:59 et puis dans ce quartier des Manguettes.
04:01 Et c'est là qu'on grandit, c'est là qu'on va essayer
04:03 dans l'intégration, de bien s'intégrer, de bien être au quotidien.
04:08 C'est pour ça qu'on a essayé de faire pour le mieux,
04:10 on a essayé d'être bien pour être bien considéré.
04:14 - Donc, on revient sur ton choix pour ton premier match.
04:17 Je vais rappeler la date.
04:19 Pour ceux qui nous écoutent, le 11 octobre 1978,
04:23 on est au Parc des Princes, et Louise Fernandez est titulaire
04:26 pour la première fois avec le Paris Saint-Germain,
04:28 donc contre Nancy. Tu viens d'avoir 19 ans.
04:31 - Je viens d'avoir 19 ans, et puis je viens d'intégrer
04:34 ce centre de formation depuis un an, deux ans,
04:36 et j'avais un objectif, un objectif d'essayer un jour
04:39 de pouvoir atteindre, de pouvoir réussir,
04:42 de pouvoir rentrer dans cette équipe.
04:44 Et voilà, ce soir-là, les deux entraîneurs
04:46 qui étaient Pierre Alonso et Monsieur Camille Chokier,
04:51 qui assuraient l'intérim, me lancent dans le grand bain,
04:54 et c'est là que je débute dans ce Paris Saint-Germain-là.
04:58 - Qu'est-ce que tu as encore en tête de cette soirée-là ?
05:00 C'était un mercredi soir, et le parc était loin d'être plein
05:04 à cette époque-là. Il y avait des joueurs
05:06 comme Battnay, comme Carlos Bianchi.
05:09 - D'Alep. Je n'avais pas envie de décevoir Daren.
05:12 Je n'avais pas envie de... J'avais envie de donner le maximum.
05:15 J'avais envie de montrer que je pouvais éventuellement
05:18 l'intégrer, ce club, rentrer dans ce club, dans cette équipe,
05:21 et puis d'essayer de faire le strict minimum d'erreurs
05:24 sur le terrain, puisque c'est comme ça que j'ai...
05:26 En rentrant, j'étais... J'étais avec la force pour réussir.
05:30 - Et tu avais encore un contrat amateur,
05:32 alors que tu jouais dans l'équipe de Paris Saint-Germain ce soir-là ?
05:35 - Il faut que tu saches qu'à l'époque, c'était la loi Bausman.
05:37 La loi Bausman, ce n'était que deux contrats
05:40 dans le club d'étrangers, que ce soit en stagiaire,
05:43 en aspirant et en professionnel.
05:45 Et que le Paris Saint-Germain, j'étais passé par...
05:47 J'ai fait des essais avant de venir au Paris Saint-Germain,
05:50 et c'était Pierre Alonso qui était l'entraîneur du centre de formation,
05:53 qui avait décidé de me faire signer.
05:56 Mais je ne pouvais pas signer un contrat de stagiaire ou d'aspirant.
05:59 Mais j'étais nourri et logé, j'étais au centre de formation
06:02 avec les autres jeunes du centre, les Perfetti, les Mongéli,
06:05 tous ces jeunes qui m'ont accompagné à ce moment-là.
06:08 - D'accord. Et dans ta tête, à ce moment-là,
06:10 tu es espagnol ou tu es français ?
06:12 - Ah non, je suis français.
06:13 - D'accord.
06:14 - Moi, je suis dans la...
06:15 En rentrant dans ce pays et en regardant l'évolution,
06:18 cette évolution dans laquelle j'ai eu l'occasion de grandir,
06:21 j'étais, tu sais, avant d'arriver au Paris Saint-Germain,
06:23 j'ai fait... J'ai travaillé en usine.
06:25 Dans une usine de Saint-Fond, aide électricien.
06:29 J'ai réussi à avoir un CAP de mécanique générale.
06:32 C'est fraiseur, ajusteur et tourneur.
06:35 C'est pour ça que j'ai...
06:37 Mais là, tu as une opportunité, une possibilité.
06:39 Quand tu rentres sur ce terrain-là, quand tu rentres et que tu es titulaire,
06:41 tu n'as qu'une seule chose, le seul envie qu'il y ait en toi,
06:44 c'est de ne pas décevoir d'être à la hauteur.
06:46 - Et ce soir-là, en plus, on est un partout,
06:49 il reste deux minutes à jouer.
06:51 Et un certain Louis Svenlandes a le ballon.
06:53 - On me lance dans la profondeur, je rentre dans cette surface
06:56 et j'ai un gardien qui s'appelle Jean-Michel Moutier
06:58 qui sort à ma rencontre.
07:00 J'ai réussi à l'éliminer, je ne sais pas comment j'ai fait.
07:02 J'ai peut-être poussé un peu trop le ballon.
07:04 Il m'a touché, il m'a déséquilibré.
07:06 Il y a un pédatier pour le PSG.
07:08 C'est Carlos Bianchi qui le tire et qui le marque.
07:10 C'est la victoire. - Et Paris gagne.
07:12 - Et Paris s'impose. - Oui, formidable de souvenir ça.
07:15 Mais même au début, Louis, on remarque
07:18 que tu as une condition physique exceptionnelle.
07:21 Ça va devenir un trait de caractère.
07:25 Oui, tu avais une intelligence incroyable.
07:27 D'où ça vient ça ? - Chaque joueur joue avec ses qualités.
07:29 Mais ça, ça vient de l'envie, de la motivation.
07:31 L'engagement que tu as en toi, c'est cette envie
07:33 que tu as envie de satisfaire tes entraîneurs,
07:36 satisfaire tes coéquipiers, satisfaire aussi tes supporters,
07:39 de montrer que tu es là sur le terrain en donnant le maximum,
07:42 en allant au maximum de toi, en essayant de...
07:44 Peut-être je vais finir épuisé, mais je n'ai pas envie de tricher.
07:47 Je n'ai pas envie de garder quelque chose en moi
07:50 en me disant "retiens-toi, ne y va pas encore".
07:53 J'y allais de partout.
07:55 Pour moi, c'était primordial.
07:57 - Tout donner. - Tout donner.
07:59 Si tu as envie d'avoir une chance de revenir, de rejouer,
08:02 il faut donner le maximum.
08:04 Est-ce que tu aurais pu déjà, à ce moment-là, imaginer
08:07 que c'était le premier de 273 matchs que tu allais disputer avec le PSG ?
08:11 Non, on ne peut pas l'imaginer d'arène,
08:13 parce que tu rentres déjà, tu es content de vivre ce moment-là.
08:16 En plus, après tu reçois...
08:19 Tu as les amis, tu as la famille, tu as la fierté,
08:22 tu es heureux, tu es content, tu te sens bien.
08:25 Et puis tu te dis, surtout Louis, ne t'arrête pas,
08:28 parce que, surtout qu'à cette époque-là, quand on est jeune,
08:31 il faut rester sérieux, il faut rester...
08:33 On rentre au centre de formation, on rentre se coucher,
08:36 on ne rentre pas pour sortir, on reste pour se préparer,
08:39 pour être dans la récupération pour les matchs à venir.
08:42 - Donc tu ne t'enflammes pas après ce premier match.
08:45 - Le premier examen, il est bon.
08:47 - Il est déjà passé.
08:49 - Tu vas t'établir dans cette équipe de Paris-Saint-Germain.
08:52 On arrive maintenant au match numéro 2.
08:55 On est le 15 mai 1982, donc quatre ans plus tard.
08:59 C'est la finale de la Coupe de France.
09:02 C'est encore au Parc des Princes.
09:04 Paris-Saint-Germain contre Saint-Etienne.
09:07 - Oui, c'est un grand soir, parce qu'il y a une ambiance...
09:11 Ce Saint-Etienne-là, tu sais, je suis un Lyonnais,
09:14 parce que j'ai grandi et j'ai le souvenir
09:17 d'avoir souvent été au Stade de Gerland,
09:20 voir cette équipe lyonnaise de Serge Queza,
09:23 de Floridien Allaud, de Bernard Lacombe.
09:26 Et puis il y avait la rivalité avec Saint-Etienne.
09:29 Et puis ce Saint-Etienne-là qui arrive au Parc des Princes
09:32 avec Michel Platini qui allait disputer son dernier match.
09:35 - Avant de partir en Italie.
09:37 - Avant de partir en Italie.
09:39 Et puis tu es dans cette équipe et tu as face à toi
09:42 un adversaire de taille, c'est-à-dire que ce n'est pas
09:45 un adversaire facile.
09:47 Et puis de ce match-là, je peux te dire que c'est quelque chose...
09:50 Ça marque.
09:51 - C'est vrai que c'était une sacrée finale.
09:53 En face, Baptiste Tant, le petit Paganelli.
09:55 Laurent qui était là.
09:56 Larios, Johnny Repp.
09:57 Belle équipe en face.
09:58 - C'est une équipe qui est...
09:59 Dans cette époque-là, moi, j'ai grandi avec ces clubs
10:02 qui étaient Bordeaux, qui étaient Saint-Etienne.
10:04 C'était ces clubs-là qui dominaient le football français.
10:07 Et puis Saint-Etienne était une de ces grosses équipes françaises.
10:10 On avait une motivation, vraiment une grosse motivation
10:13 pour aller les battre.
10:15 - Voilà, parce qu'il y avait une belle équipe
10:16 de Paris Saint-Germain aussi.
10:17 Parle-moi un petit peu de Moustapha Daleb.
10:19 Parce que je sais que ceux qui l'ont vu jouer l'ont adoré.
10:22 Il y a beaucoup de jeunes qui ont entendu parler de ce mec-là.
10:26 - Pour te dire, De Mousse, c'est quelqu'un qu'on ne peut pas
10:29 oublier comme ça du jour au lendemain d'arène.
10:31 Parce que tu sais, quand tu rentres dans un vestiaire,
10:34 déjà, tu te tiens à carreau.
10:36 Tu restes calme, tu restes tranquille, tu t'assoies.
10:39 Et puis quand tu as la chance, c'est une chance,
10:42 quand tu cites Daleb, quand tu cites ces joueurs que tu as cités,
10:46 pour moi, je les regardais tous avec des grands yeux.
10:49 Je ne voulais surtout pas les décevoir.
10:51 Je voulais qu'ils soient fiers de moi aussi.
10:53 Et quand tu me parles de Mousse, Mousse, c'est un artiste.
10:56 Mousse, c'est un génie.
10:58 Mousse, c'est quelqu'un que, quand tu le regardais,
11:01 tu n'osais pas, tu sais, dans les contacts,
11:03 dans les entraînements, de te freiner.
11:06 Mais Daleb, c'était quelqu'un qui marquait des différences.
11:08 Daleb, c'était quelqu'un qui, par sa virtuosité,
11:11 cette facilité qu'il avait, cette aisance qu'il avait
11:14 d'éliminer, d'accélérer.
11:16 Puis il y a un match au Parc des Princes,
11:19 je ne sais pas, c'est contre Watersky,
11:21 où je récupère un ballon sur un côté,
11:23 je le donne et je m'appuie sur Daleb.
11:26 Et Daleb, avec les yeux, je ne sais pas,
11:28 il regardait à droite et à gauche, il me fait une talonnade,
11:31 il me la remet devant, j'arrive, je frappe et je marque.
11:34 Mais c'était ça, Daleb.
11:35 Daleb, il pouvait, je ne sais pas, jouer avec les yeux bandés,
11:38 c'était une facilité.
11:39 Moi, c'est toujours, pour moi, c'est le joueur avec,
11:42 bon, avec cette génération quand je rentre,
11:43 parce que je ne me souviendrai pas non plus,
11:45 ces joueurs qui étaient avec lui.
11:47 Mais moi, ça marque des différences, oui.
11:49 - Ça crée des joueurs.
11:50 On revient donc sur cette finale de 82.
11:53 Il y a les buts de Tocco, de Platini,
11:56 il y a un partout, il y a prolongation.
11:58 Platini remarque, et là, vous jouez la 120e minute,
12:02 lorsque Dominique Rocheteau va aller égaliser.
12:05 Et là, c'est un petit peu la folie au parc.
12:07 - Oui, mais si tu regardes bien cette action,
12:09 c'est Salah Assad qui déborde,
12:11 et je suis dans le passage, j'ai failli mettre ma main,
12:14 j'ai failli arrêter le ballon avec la main,
12:16 je baisse ma main, et le ballon arrive dans la surface,
12:19 et c'est Dominique qui est là pour la reprendre de de volée.
12:21 Donc ça, je me suis dit, après, en regardant les images,
12:24 heureusement que je ne touche pas ce ballon-là,
12:26 je l'aurais fredé, je l'aurais arrêté,
12:28 non, mais j'ai enlevé la main, hop, et c'est Dominique.
12:30 Et c'est vrai que c'est l'égalisation,
12:32 et puis en plus, c'est vrai que Michel Platini,
12:34 sur ce match-là, fait encore parler de lui.
12:36 On avait mis un joueur sur lui, c'était Jean-Claude Lemieux,
12:39 qui était son, on va dire, son marquage individuel,
12:42 mais Michel, c'était un top player dans cette époque-là.
12:46 - Donc, de partout, Francis Borrelli,
12:49 le président de Paris Saint-Germain,
12:51 embrasse la pelouse, à ce moment-là.
12:53 - Sache aussi que le stade a été envahi par les supporters,
12:57 mais les supporters des deux camps,
12:59 où il n'y a pas eu d'incident,
13:01 il n'y a pas eu de...
13:03 C'était festive, c'était une fête.
13:05 Et je pense que c'est...
13:07 Quand tu vois ça, après le match, l'égalisation,
13:09 le stade envahi, tu vois les supporters
13:11 stéphano-stéphano et les Parisiens.
13:13 Je me suis dit, putain, je suis resté, c'est pas possible, c'est incroyable.
13:15 C'était magnifique, c'était vraiment une vraie fête.
13:18 - C'est vrai que c'était quelque chose d'exceptionnel,
13:20 il faut aller chercher les images de cette finale.
13:22 Et puis, pour la première fois dans l'histoire de la Coupe du France,
13:25 c'est une séance de tir au but pour décider qui va gagner.
13:29 Est-ce que vous aviez un petit avantage,
13:31 parce que j'ai vu qu'en demi-finale,
13:33 le Paris Saint-Germain avait déjà battu Tour
13:35 avec une séance de tir au but.
13:37 Ça aide peut-être un petit peu à préparer ?
13:39 - Je ne sais pas si ça aide, mais on joue au Parc des Princes,
13:41 on joue devant quand même, on joue dans un stade que l'on connaît bien.
13:44 - Oui, c'est chez vous en quelque sorte.
13:46 - Oui, on est chez nous, mais voilà, c'est Saint-Etienne.
13:48 Après, c'est pile ou face, tu sais, les tirs au but,
13:52 il faut surtout être bien concentré pour les mecs.
13:55 - En tout cas, toi, tu y vas, tu tires en cinquième,
13:58 tu marques, Platini aussi.
14:00 Jean-Marc Pillerger va marquer le dernier,
14:05 parce que Christian Lopez... - Le sixième, l'oup, le sien.
14:08 - C'est le premier titre pour le Paris Saint-Germain, cette victoire en Coupe.
14:11 - Oui, c'est le premier titre.
14:13 C'est celui d'un club jeune,
14:15 un club qui vient de naître il n'y a pas longtemps.
14:18 Ça fait plaisir, ça fait plaisir,
14:20 peut-être, de réaliser quelque chose,
14:22 de lancer peut-être une belle aventure pour ce club,
14:24 pour les années à venir.
14:26 - C'est comment la fête après ? Comment vous fêtez ça ?
14:28 - On sort ensemble, on est tous ensemble,
14:30 on est accompagnés.
14:32 Je suis accompagné de ma femme,
14:34 ma future femme, Audrey,
14:36 et puis on se retrouve tous avec les joueurs,
14:38 les femmes des joueurs,
14:40 et puis c'est magnifique, parce que même les supporters
14:42 nous ont accompagnés. On avait été fêter ça
14:44 dans un hôtel,
14:46 on est sortis au balcon,
14:48 on était tous en train à eux, les supporters en bas.
14:50 Ils étaient proches,
14:52 et c'est vrai que ça marque quand même.
14:54 Aujourd'hui, on ne pourrait peut-être pas le faire,
14:56 mais à cette époque-là, c'était agréable,
14:58 parce qu'il y avait cette relation,
15:00 proximité avec les joueurs et les supporters.
15:02 On pouvait se retrouver ensemble.
15:06 - C'est formidable.
15:08 C'était Georges Perroche l'entraîneur à cette époque-là ?
15:10 - Oui, Georges, c'était cet entraîneur
15:12 qui a su nous, on va dire,
15:14 avec son discours, un très bon entraîneur.
15:16 C'est vrai que c'est quelqu'un aussi
15:18 qui m'a aidé pour réussir
15:20 dans ma carrière, dans la prolongation.
15:22 Ensuite, quand tu commences,
15:24 tu te retrouves avec ce groupe-là.
15:26 C'est vraiment quelque chose d'inoubliable.
15:28 - Louis Fernandez,
15:30 il est en train de gagner des titres,
15:32 et ça va continuer.
15:34 On va sauter deux ans en avant
15:36 maintenant pour le match
15:38 numéro 3, Louis.
15:40 Et là, tu as choisi
15:42 le 27 juin 1984.
15:44 Encore une fois au Parc des Princes.
15:46 Les trois premiers matchs que tu as choisis.
15:48 Toujours au Parc.
15:50 C'est la finale de l'Euro, donc.
15:52 - C'est la finale de l'Euro.
15:54 C'est la finale d'une génération.
15:56 La génération Michel Platini,
15:58 avec Père Sonâme à Michel Hidalgo.
16:00 Et Henri Michel, qui était aussi Père Sonâme
16:02 parce que c'était son adjoint.
16:04 Et cette génération de 84 que j'intègre en 82.
16:06 Une génération qui venait de réaliser
16:08 une très belle Coupe du Monde en Espagne
16:10 en étant battue en demi-finale
16:12 par cette fameuse équipe d'Allemagne.
16:14 - Oui, oui.
16:16 - Et cette génération, quand on arrive en 82,
16:18 quand tu rentres dans cette équipe
16:20 où je côtoie ces joueurs,
16:22 ces grands joueurs, parce que c'est une génération
16:24 qui avait commencé en 78 en Argentine.
16:26 Et quand tu rentres là,
16:28 et que tu as envie de t'imposer,
16:30 de prendre part, de jouer avec cette équipe
16:32 et qu'on réalise un parcours
16:34 exceptionnel, unique.
16:36 Et pour arriver à ce match-là
16:38 au Parc des Princes
16:40 contre une sélection en face de moi
16:42 qui est la sélection espagnole, la sélection d'Espagne.
16:44 - C'est particulier. - C'est dur.
16:46 - Pour Luis Fernandez. - Parce que je me suis senti agressé,
16:48 attaqué. - Ah oui ? - Ah oui, parce que
16:50 les Espagnols voulaient me déstabiliser.
16:52 Parce que j'ai eu l'occasion de les revoir,
16:54 de discuter.
16:56 "Comment t'as pu rester
16:58 aussi tranquille, aussi calme ?
17:00 Tu n'étais pas énervé, tu n'es pas sorti de ton match
17:02 alors que tu avais ce tempérament de compétiteur."
17:04 - Oui, oui. - Ils m'ont titillé,
17:06 ils m'ont dit de tout.
17:08 Je ne peux pas te dire les mots,
17:10 mais bon, c'est l'Espagne.
17:12 C'est vrai que cette génération en 1984
17:14 et ce parcours, que ce soit
17:16 au Parc ou contre le Danemark,
17:18 on va à Nantes à la Beaujoire contre la Belgique,
17:20 on va à Saint-Etienne contre la Yougoslavie à l'époque,
17:22 avant demi-finale face à ce match
17:24 face à Marseille, face à
17:26 Portugal, que l'on gagne.
17:28 - Extraordinaire cet héros.
17:30 Je peux t'arrêter juste un instant
17:32 pour revenir sur ce match à Marseille.
17:34 J'ai pris énormément de plaisir
17:36 à revisiter ce match-là.
17:38 Sans vouloir te flatter, Louis,
17:40 tu as fait un match énorme contre les Portugais.
17:42 C'était un match de dingue. Il y avait tellement
17:44 d'occasion dans ce match.
17:46 Quand tu revois les images, c'est juste
17:48 un match d'anthologie. - C'est un match
17:50 de fou, c'est un match avec
17:52 Jean-François Daumère qui met
17:54 deux buts. - Le jour de son anniversaire.
17:56 - Le coup franc, et ensuite
17:58 qui nous met l'égalisation. Et puis le
18:00 Portugal qui mène, et donc on va
18:02 essayer de pousser, on va essayer de chercher
18:04 de trouver comment peut-on y arriver.
18:06 - Et Chalana. - Chalana.
18:08 C'est vrai que tu as raison de le dire,
18:10 parce que ce match-là, c'est un match qui marque.
18:12 Un match qui nous marque et qui nous
18:14 donne cette force pour aller jouer cette finale.
18:16 On ne voulait pas passer au travers,
18:18 on ne voulait pas encore rester en demi-finale.
18:20 On voulait avec cette génération qu'elle soit récompensée.
18:22 La génération a quand même réussi
18:24 de belles choses. Après, il y aura encore 86,
18:26 mais en 84, tu joues à domicile,
18:28 tu joues chez toi,
18:30 et là, tu as envie de le faire,
18:32 de réussir. Et c'est vrai que je me suis
18:34 vraiment dépensé. En plus, j'ai marqué
18:36 dans ce championnat de Rome,
18:38 j'ai marqué un but le deuxième match
18:40 face à la Belgique, là où Michel en a mis trois.
18:42 J'en ai mis un de la tête.
18:44 Et en plus, on me demandait
18:46 de jouer arrière-droit contre la Belgique,
18:48 parce que Francky Vercotoren, qui est un joueur assez impressionnant
18:50 en face, de le prendre au marquage,
18:52 de le suivre. Et puis, moi, tout ce qu'on me demandait,
18:54 Michel Higado, Amalie Dalgo, je ne contestais pas.
18:56 Si on me disait de jouer à l'égau, chez l'égau,
18:58 à l'arrière-droit, n'importe quelle place.
19:00 Même dans les buts, n'importe où.
19:02 À cette époque-là, on ne peut pas...
19:04 Quand on te met sur le terrain, quand on te fait jouer,
19:06 quel que soit le poste, accepte.
19:08 Ne dis rien. Tais-toi. Parce que c'est comme ça
19:10 que je l'ai toujours accepté. Parce que je me suis dit,
19:12 tu as une chance, une opportunité d'être titulaire.
19:14 Tu n'es pas remplaçant, tu es titulaire.
19:16 Et si on te demande de courir,
19:18 de bloquer, d'avancer, de défendre,
19:20 de récupérer, on me disait, "Oui, mais lui, il n'arrête pas
19:22 de courir, il met des coups." Non, lui, s'il met des coups,
19:24 il essaie de récupérer des ballons, il essaie
19:26 de casser des lignes, de faire des passes,
19:28 et de jouer pour le rôle un peu ingrat.
19:30 Ce n'est pas grave. Je l'ai toujours assumé.
19:32 Ça a toujours été ma façon de penser,
19:34 de jouer dans cette équipe-là. - Oui, mais il ne faut pas réduire
19:36 non plus ta carrière au ballestic
19:38 à ça. Oui, je sais que certains peuvent
19:40 le faire, mais j'invite
19:42 tous ceux à aller regarder ce match contre le Portugal
19:44 pour voir... Tu savais tout faire
19:46 aussi. Si tu voulais
19:48 dribler, tirer et marquer des buts,
19:50 tu as su le faire aussi. Et dans cette
19:52 équipe-là, tu as parlé
19:54 d'Hidalgo, Michel Hidalgo, effectivement.
19:56 Parlons un petit peu de ce
19:58 "carré magique", comme tout le monde l'a appelé.
20:00 Parce que tu joues avec Tigana, avec Giresse
20:02 et Platini. Sacré milieu
20:04 de terrain. - C'est un sacré milieu de terrain qui a été
20:06 quand même... Il faut aussi se souvenir que
20:08 le quatrième, et il ne faut pas l'oublier
20:10 non plus, c'est Bernard Gingini. En 82,
20:12 c'est lui qui... Mais là, c'était trop de
20:14 meneurs de jeu. Il fallait trouver quelqu'un
20:16 qui puisse un peu laisser...
20:18 Qui puisse un peu récupérer
20:20 des ballons. Et puis c'est vrai que
20:22 Bernard était encore avec nous.
20:24 Il était aussi dans le groupe. Mais dans ce milieu de terrain,
20:26 avec ces trois garçons, la complémentarité
20:28 des uns et des autres, en jouant ensemble,
20:30 en essayant de savoir quel était
20:32 mon rôle. Mon rôle, oui, c'était
20:34 une sentinelle. Tu restes devant la
20:36 défense, tu récupères, tu donnes,
20:38 tu peux éventuellement te projeter, tu peux éventuellement
20:40 le faire. Ça m'est arrivé de le faire.
20:42 Mais tu essaies de
20:44 rester à un poste dans lequel,
20:46 pour que le carré puisse s'exprimer,
20:48 qu'il puisse jouer ensemble, qu'il puisse
20:50 réussir. Et c'est vrai qu'entre
20:52 Tigana, Gigi
20:54 et Michel Platini, pour moi,
20:56 c'était un plaisir, c'était un régal. Je me disais, tu sais,
20:58 Louis, des fois, tu sais,
21:00 j'avais des souvenirs. Tu sais, mes souvenirs,
21:02 c'était 70. Le
21:04 Brésil de Pelé,
21:06 Jairzino, Jackson,
21:08 Rivelino. J'ai dit, attends, Louis, c'est en train de jouer avec
21:10 des Brésiliens, là. Parce que là, tu...
21:12 C'était les joueurs auxquels tu pouvais leur donner
21:14 le ballon, lesquels ils étaient capables d'éliminer
21:16 ou faire des passes. Même Jirès,
21:18 pour moi, ça a toujours été un joueur... C'est le seul
21:20 qui m'a donné deux passes décisives en équipe de France.
21:22 Platini nous a marqué des buts et Jeannot était
21:24 un accélérateur. Mais bon, là,
21:26 ce carré magique
21:28 que Dieu fasse, je ne peux pas
21:30 l'effacer. Il sera toujours dans mon...
21:32 dans ma tête et je suis content encore aujourd'hui
21:34 d'avoir une très, très bonne relation avec cette génération
21:36 de Michel Platini, c'est la relation 84.
21:38 - Oui, tu sais, les Français ont adopté
21:40 et adoré cette équipe-là, mais aussi
21:42 à l'étranger, parce que moi, petit Anglais que je suis
21:44 à ce moment-là chez moi,
21:46 les Anglais ont adoré cette équipe de France
21:48 aussi. Le romantisme des
21:50 82, malheureusement, ça a terminé
21:52 en défaite contre les Allemands, mais ce tournoi
21:54 des 84, l'équipe de France
21:56 joue super bien.
21:58 - On a démarré difficilement
22:00 face au Danemark. On gagne péniblement,
22:02 difficilement, mais ensuite, on s'est
22:04 libérés. Et puis, tu sais, quand tu as un
22:06 leader, un vrai leader,
22:08 il est encore le meilleur buteur
22:10 en activité, avec neuf
22:12 buts dans le championnat d'Europe. - En cinq
22:14 matchs seulement ? - Cinq matchs, Michel Platini.
22:16 - Incroyable, Michel Platini. - Il a encore ce
22:18 record, il n'a pas été abattu. Pourtant, il y a plus de matchs
22:20 aujourd'hui dans les championnats d'Europe. Dans ses compétitions.
22:22 - Oui, bien sûr. - Ah non, lui, Michel, il est encore le
22:24 meilleur de cette compétition-là. - En quoi était-il
22:26 un leader en dehors de la pelouse ? Dans le Vestiaire,
22:28 c'est lui le boss ? - C'était le boss,
22:30 mais on avait tous un
22:32 grand respect pour un personnage, pour
22:34 Michel Dadault. Moi, quand je l'écoutais,
22:36 quand je le voyais,
22:38 contre ces causeries d'avant-match,
22:40 avec ce calme olympien, cette tranquillité,
22:42 en nous expliquant, en nous disant
22:44 le rôle de chacun sur le terrain,
22:46 on a tout de suite...
22:48 On comprenait ce qu'on avait à faire sur le terrain.
22:50 Et puis, Michel, c'était quand même ce leader, parce qu'il
22:52 te faut un leader où il a été quand même
22:54 le ballon d'or
22:56 avec la jupe, quand même. Ce n'est
22:58 pas rien. Et on a quand même eu trois
23:00 de ballons d'or. Ce n'est pas un, c'est trois.
23:02 C'est Michel Platini. Alors, Michel Platini, ça se respecte.
23:04 S'il te demande de te repositionner,
23:06 si tu demandes...
23:08 Tu sais, c'était l'homme
23:10 qui te donnait, certainement, qui te
23:12 donnait aussi envie de te transcender
23:14 aussi, d'aller au maximum
23:16 de toi. - Et dans cette finale, donc, pour ton
23:18 troisième match, le 27 juin 1984
23:20 contre l'Espagne au Parc des Princes,
23:22 c'est lui qui marque le premier but, ce coup franc,
23:24 mais on se souvient tous, enfin, ceux qui l'ont eu,
23:26 l'Arconada, le gardien
23:28 de but espagnol. - C'était dur pour lui.
23:30 - Le ballon lui échappe. - Il lui échappe.
23:32 C'est dur pour Arconada.
23:34 Et puis, je ne sais pas si tu sais
23:36 qu'il a un fils,
23:38 Arconada, qui travaille
23:40 du côté de la Real Sociedad, et un jour,
23:42 en appelant la Real Sociedad,
23:44 le monsieur me dit "je m'appelle Louis Arconada",
23:46 je lui dis "non, tu te fous pas de moi, quand même, tu te moques pas de moi",
23:48 il m'a dit "non, je suis son fils".
23:50 Il était à la communication. Pourquoi c'est
23:52 Louis Arconada ? C'est vrai que ce gardien-là,
23:54 ça l'a poursuivi. Quand un gardien
23:56 c'est une Arconada, c'est une Arconada,
23:58 mais c'est vrai que c'est... On le gagne
24:00 avec... Après, il y a quand même le deuxième but
24:02 de Bruno Bélone, avec un
24:04 joli piqué, mais c'est vrai que c'est
24:06 ce but-là qui peut-être déclenche un peu
24:08 pour nous amener à gagner cette finale.
24:10 - 2-0 pour l'équipe de France,
24:12 effectivement. Et ton premier
24:14 match, c'était le premier titre pour le Paris Saint-Germain,
24:16 ça c'est le premier titre pour l'équipe de France, à 84.
24:18 La France n'avait jamais gagné un grand
24:20 tournoi avant ça. Donc comment tu le vis, toi ?
24:22 - On le vit bien, on est heureux,
24:24 on va tous ensemble ensuite à la Fédération,
24:26 on est reçus,
24:28 on mange tous ensemble, et c'est vrai que ça reste
24:30 un grand souvenir, et
24:32 c'est vrai que même... J'ai des images, quand je
24:34 quitte le parc, je quitte avec cette
24:36 fameuse Coupe d'Europe, qu'on a
24:38 gagnée, et puis c'est quelque chose que ça nous
24:40 a vraiment fait un plaisir,
24:42 de rendre le
24:44 peuple de France, ses supporters de France,
24:46 parce que ses supporters, on ne peut pas
24:48 les oublier. Quand tu fais la Beaujoire, quand tu fais
24:50 le Parc des Princes, quand tu fais
24:52 Geoffroy Guichard, quand tu fais le Stade Vélodrome,
24:54 quand tu finis au Parc des Princes,
24:56 quand tu vois ce peuple qui t'a
24:58 suivi, qui t'a accompagné, qui t'a aidé,
25:00 qui t'a poussé, parce que le match, tu me
25:02 dis, le match contre le Portugal, et on l'a senti
25:04 le public, derrière, nous pousser à Marseille,
25:06 à la Beaujoire, c'était magnifique, au Parc,
25:08 contre l'Espagne, pareil, donc, sur tous les stades,
25:10 on les a sentis, ils étaient là, ils avaient
25:12 cette envie de nous voir gagner, de nous...
25:14 de voir cette génération être récompensée.
25:16 On l'a été au final, et on était aussi heureux pour eux aussi.
25:18 - Gagner à la maison, c'est
25:20 pas mal, effectivement, c'était en 1984,
25:22 donc les trois premiers matchs
25:24 de Luis Fernandez au Parc des Princes,
25:26 on va peut-être aller ailleurs maintenant,
25:28 vous écoutez les Matchs de ma vie, le podcast
25:30 de Beanspour, où notre invité raconte les cinq
25:32 matchs de foot qui ont le plus marqué
25:34 sa vie, on arrive au match
25:36 numéro 4 de Luis Fernandez,
25:38 le 21 juin, jour de l'anniversaire
25:40 de Michel Platini,
25:42 et ce quart de final de la Coupe du monde,
25:44 de 1986, à
25:46 Guadalajara, en Mexique.
25:48 - Ben ouais, c'est...
25:50 Tu sais, quand on a commencé,
25:52 tu sais de quoi je t'ai parlé, je t'ai parlé
25:54 de qui? Je t'ai parlé du Brésil,
25:56 ce Brésil de 70, et ça jouait où?
25:58 Ça jouait au Mexique, ça jouait à Guadalajara,
26:00 là-bas, et quand tu joues ce
26:02 match-là, quand tu arrives dans ce stade
26:04 et que tu vois, tu rentres dans le stade,
26:06 et tu vois le stade en jaune, tout en jaune,
26:08 tu te dis on joue à l'extérieur,
26:10 on joue contre des artistes,
26:12 contre les Brésiliens, on vient d'éliminer
26:14 les champions du monde, les Italiens,
26:16 on vient d'éliminer l'Italie, surtout que ce
26:18 match-là, Michel, il voulait pas le perdre,
26:20 il nous a dit, on peut perdre
26:22 contre d'autres équipes, mais pas contre les Italiens,
26:24 parce que quand je vais rentrer en Italie,
26:26 ils vont me faire un rappel,
26:28 et c'est pour ça que
26:30 ce match-là, on l'a passé,
26:32 et puis là, ce jour-là, il y a ce fameux match
26:34 avec Henri et Michel,
26:36 qui est l'entraîneur personnel aussi,
26:38 qui met en place, on va dire,
26:40 un dispositif,
26:42 et ce match-là va rester marqué,
26:44 parce que je commence dans ce match un peu comme à l'arrière latéral,
26:46 parce que, un peu comme on l'avait
26:48 fait face à la Belgique, à
26:50 la Beaujoire, et les consignes étaient
26:52 qu'il fallait que je bloque un peu ce latéral,
26:54 ils avaient un joueur assez spectaculaire,
26:56 mais je peux te dire, Darren, que quand tu vois
26:58 ce début de match,
27:00 tu prends un bouillon, tu te fais
27:02 vraiment surpasser,
27:04 et le but qu'ils nous mettent, c'est un but,
27:06 je l'ai revu dix fois, vingt fois,
27:08 trente fois, avec des feintes de corps,
27:10 des une-deux,
27:12 à la vitesse grand V,
27:14 avec cette qualité, je dis, c'est pas possible,
27:16 ce jour-là, tu sais, il faut aussi savoir
27:18 aussi qu'au Mexique,
27:20 à ce moment-là, l'altitude est
27:22 dure, pour jouer,
27:24 c'est très dur, la chaleur, c'est
27:26 difficile, mais
27:28 je veux dire que sur ce match-là,
27:30 on est vraiment,
27:32 ce jour, on s'est peut-être dit,
27:34 c'est notre finale, c'est la finale,
27:36 la finale contre le Brésil, on avait ce rêve
27:38 de jouer le Brésil, de les rencontrer
27:40 en finale, bon, le TH, c'est pas,
27:42 on les retrouve en
27:44 quarts de finale, mais on rentre
27:46 dans ce stade, avec une
27:48 motivation extrême, on est vraiment
27:50 content de jouer contre eux. - Mais là aussi, on parle d'un match
27:52 hyper mémorable, que beaucoup de
27:54 supporters vont prendre beaucoup de plaisir
27:56 en écoutant tes souvenirs
27:58 de cette rencontre, parce que, comme tu dis,
28:00 Caracas, il marque le premier but,
28:02 et le Brésil, oui, a commencé très, très
28:04 fort, mais Platini va marquer,
28:06 on est à un partout, - Sur un centre,
28:08 - et le match commence à être un petit peu plus
28:10 équilibré, - Oui. - Il y a des
28:12 sacrés joueurs, chez
28:14 vous, évidemment, on vient d'en parler, de cette
28:16 génération qui arrive, donc,
28:18 champion d'Europe, deux ans plus tard, vous faites partie quand même
28:20 des favoris pour cette Coupe du Monde,
28:22 il y a Zico, - Oui, Zico va rentrer,
28:24 le Poulet Blanc, - Qui va rentrer, oui. - Qui va rentrer au cours de match, et qui va
28:26 obtenir un pénalty. - Et son deuxième ballon,
28:28 justement, c'est ce pénalty qu'il tire,
28:30 et Joel Bass le repousse. - Il le repousse, mais je suis un peu
28:32 responsable de ce pénalty, parce que
28:34 Michel me dit,
28:36 il n'a pas intérêt à le marquer, parce que sinon, je vais te
28:38 tirer les oreilles, parce que c'est vrai que
28:40 Michel Platini, au départ
28:42 de l'action, je perds le ballon dans le
28:44 cœur du jeu, j'ai tenté
28:46 quelque chose, bon, moi j'ai, et puis dans l'action,
28:48 dans la continuité, il y a une balle dans la profondeur, et puis
28:50 il y a cette passe où
28:52 Joel sort, et il y a ce pénalty
28:54 qui est ciblé pour le Brésil,
28:56 mais Joel l'arrête, et je suis parti,
28:58 Michel est venu m'embrasser, et j'étais
29:00 embrassé aussi, Joel, bat, salut.
29:02 - Tu m'étonnes. - Je dis merci.
29:04 - Il t'a bien sauvé la vie, là. - Il m'a bien sauvé, c'est vrai.
29:06 Et ouais, c'est vrai que c'est un match
29:08 où il y a aussi un record qui est établi,
29:10 Darren, c'est le ballon reste
29:12 dans l'air de jeu. - Dans le jeu,
29:14 - Le ballon ne sort pratiquement jamais.
29:16 Et puis j'ai eu l'occasion
29:18 de le revoir, de le recommenter
29:20 avec Florian Jonton, il y a deux garçons
29:22 qui m'ont vraiment impressionné,
29:24 c'est Maxime Bossis et Manuel Amoros.
29:26 Sur ce match-là, quand tu les vois
29:28 jouer et faire cette performance,
29:30 parce que tu sais, quand tu fais
29:32 des allées, il fallait penser qu'il y avait le retour.
29:34 Et puis tu sais, quand tu joues
29:36 dans ces conditions climatiques, qui sont
29:38 vraiment les plus difficiles que j'ai rencontrées,
29:40 c'était dur, c'était...
29:42 Tu sais, la respiration,
29:44 déjà avec ton volume
29:46 de jeu, ce style de jeu que j'avais,
29:48 où j'avais... Dans cet engagement,
29:50 il fallait peut-être de temps en temps un peu
29:52 avoir un peu dans le calcul, mais comme je peux pas
29:54 être dans le calcul, j'allais à fond,
29:56 et puis c'était dur, mais c'est vrai que ce match-là,
29:58 dans ces conditions-là, puis voilà,
30:00 c'était le Brésil, là, tu avais envie de tout donner, oui.
30:02 - Ah oui, il y avait prolongation, donc il y avait
30:04 ce fameuse faute du gardien
30:06 sur Bruno Bellone. - C'est à la fin.
30:08 - Oui. On aurait pu avoir la pénalité
30:10 pour la France, là. - Oui, mais Bruno
30:12 ne se laisse pas tomber. - Oui.
30:14 - Bruno, il garde son équilibre. - Il est trop joueur, en fait,
30:16 sur le coup. - Il est trop joueur, parce qu'il reste
30:18 sur ses appuis, il reste sur son équilibre
30:20 pour aller peut-être penser qu'il peut encore...
30:22 - C'est tout à son crédit, évidemment. Mais si
30:24 il se laisse tomber... - Si il se laisse tomber, il y a le pénalty,
30:26 il y a aussi l'expulsion du gardien, aussi. - Peut-être bien.
30:28 En tout cas, on arrive à
30:30 une séance de tir au but.
30:32 Joel Batts, encore une fois, cette fois-ci,
30:34 il arrête le tir de Socrates. - Le premier, de Socrates.
30:36 - Oui. Ça, ça doit être un sacré boost, quand même.
30:38 Lorsque le premier tireur
30:40 ne marque pas... Est-ce qu'il y a
30:42 quelque chose, déjà, dans vos têtes ?
30:44 - C'est pas que dans nos têtes, on pense
30:46 que c'est fait, parce que c'est le premier tireur.
30:48 Si c'est le quatrième, cinquième, oui, tu peux te dire.
30:50 Parce qu'au moment où je vais le tirer,
30:52 on aura l'occasion d'en parler. Là, déjà, c'est
30:54 que tu prends confiance. Il y a une confiance
30:56 qui s'installe. Et puis, pour ton gardien, aussi, c'est important,
30:58 parce que Joel venait d'arrêter
31:00 un pénalty... - Oui, dans le match.
31:02 - Et là, il en arrête un d'entrée.
31:04 Et c'est un pénalty qui va le chercher,
31:06 vraiment, parce que la frappe, la force,
31:08 la précision, il fait un bel arrêt.
31:10 - Oui, c'est ça. Mais,
31:12 plus tard dans la séance, Michel Platini
31:14 rate le cadre, complètement.
31:16 Comme quoi, les meilleurs peuvent aussi
31:18 rater les pénalties. Je suis tout de suite
31:20 derrière Julio César
31:22 Poto. - Poto.
31:24 - Et donc, place à un certain
31:26 Louis Fernandez, qui va tirer
31:28 pour la victoire, pour la qualification.
31:30 À ce moment-là, qu'est-ce qui se passe
31:32 dans ta tête ? Parce que tu dois aller
31:34 cette fameuse balade,
31:36 cette marche vers le point de pénalty.
31:38 Est-ce que ça apparaît très long ?
31:40 - Ce qu'il faut savoir, c'est que
31:42 en allant pour tirer ce pénalty,
31:44 déjà, on a eu l'occasion
31:46 d'en parler tout à l'heure, quand je tire
31:48 le cinquième avec le Paris Saint-Germain,
31:50 pour ce premier titre, j'étais toujours
31:52 un cinquième tireur. Je me positionnais toujours
31:54 pour être le cinquième, parce que je voulais que la décision
31:56 soit faite avant. Mais, en me mettant
31:58 dans la série, en me demandant à tirer,
32:00 je voulais aussi montrer que j'étais capable,
32:02 j'avais la personnalité pour assumer
32:04 cette position-là.
32:06 Et c'est vrai que, quand j'arrive
32:08 et que je traverse pour arriver au point de pénalty,
32:10 c'est vrai qu'en étant... en ayant
32:12 vu que Michel venait de louper le sien,
32:14 je pouvais éventuellement aussi
32:16 le louper, parce que, en le marquant,
32:18 on était qualifiés.
32:20 En le ratant, la série
32:22 continuait. Alors j'étais un peu plus.
32:24 Et puis, en plus, quand j'arrive à ce point de pénalty,
32:26 je regarde les buts, il n'y a pas le gardien
32:28 de but. Parce que le gardien, Farah,
32:30 était derrière. Il est arrivé,
32:32 il m'a mis le pied sur le point de pénalty.
32:34 Tu sais, où j'ai mis le ballon, parce qu'il a voulu
32:36 un peu que je fasse peut-être encore...
32:38 Il a tenté quelque chose pour me déstabiliser.
32:40 Puis, finalement, je me suis lancé.
32:42 Puis j'ai changé de côté. Parce que
32:44 la veille, on s'est entraîné. Je tirais
32:46 beaucoup du côté gauche
32:48 du gardien. Mais là, j'ai préféré
32:50 tirer du côté droit. Voilà, c'est comme ça que...
32:52 - Tu l'as décidé à quel moment, ça ?
32:54 - Au dernier moment. Je disais, ne tire pas là.
32:56 - En mettant le ballon... - En mettant le ballon.
32:58 Parce que la veille, on nous regardait,
33:00 on nous observait. Parce qu'on faisait...
33:02 On s'entraînait au tir au but. Les pénalty,
33:04 on était... Puis tu ne peux jamais savoir ce qu'il...
33:06 - S'il y avait un espion. - Quelqu'un qui
33:08 suit ou qui regarde. Mais bon, là, tu te
33:10 lances et on se dit, bon, tu
33:12 essaies de le mettre au fond. Parce que si tu le mets au fond,
33:14 c'est quelque chose de magnifique. Tu vas éliminer
33:16 tes idoles.
33:18 - Oui. - C'est pour ça que
33:20 je me suis appliqué pour pouvoir bien le mettre. Parce que
33:22 je suis certain que Pellé, à cette époque-là, il devait regarder
33:24 la Coupe du Monde. Tous les Brésiliens devaient la regarder.
33:26 Et j'en ai entendu des commentaires.
33:28 Quand on les a commandés,
33:30 tu ne peux pas savoir ce que tu nous as fait.
33:32 Tu ne peux pas savoir si tu as été méchant
33:34 avec nous. Mais non, je n'ai pas été méchant.
33:36 J'ai essayé d'être gentil avec
33:38 le peuple de France, avec l'équipe de France
33:40 pour essayer de se qualifier.
33:42 - Incroyable, ce moment quand même.
33:44 Parce que là, ça y est, tu as éliminé le Brésil.
33:46 Tu as qualifié l'équipe de France pour les demi-finales.
33:48 La joie. Comment ça se passe,
33:50 ton taquet ? - J'ai envie de rentrer chez moi.
33:52 J'ai envie de rentrer à Paris.
33:54 - Tu cours comme un fou. Qu'est-ce qui se passe ?
33:56 - Je cours de partout. Je fais le tour.
33:58 Le problème, c'est que dans le stade,
34:00 il n'y a que des jaunes.
34:02 On avait une petite partie de supplémentaires. Mais après,
34:04 je fais le tour. Même Bernard Gigny a essayé de me rattraper.
34:06 Je me suis retrouvé dans les bras de Michel Platini.
34:08 - Oui, oui, il y a cette image.
34:10 Qu'est-ce qu'il se dit à ce moment-là ?
34:12 - Il me dit merci. - Oui, parce que lui, il venait d'arrêter.
34:14 - Oui, parce qu'il me dit merci.
34:16 - C'est à moi de te dire merci.
34:18 Déjà, pour être avec toi, pour être avec vos générations ici,
34:20 assez souvent, je lui dis, non, non,
34:22 ne me dites pas... Ce n'est pas à vous de me dire merci.
34:24 C'est à moi. Mais c'est vrai que j'ai vécu...
34:26 On était contents, on était heureux.
34:28 Parce que Michel, c'est vrai qu'il jouait gros.
34:30 Si jamais on a été éliminés, ça aurait été dur.
34:32 Je ne voulais pas. Et puis après,
34:34 la joie dans les vestiaires, tu ne peux pas savoir.
34:36 C'est une joie exceptionnelle,
34:38 magnifique, mais avec... On a chanté et tout.
34:40 Et puis après, le soir, on a fait l'anniversaire de Michel.
34:42 - Ah ! - L'anniversaire de Michel.
34:44 Ils m'ont mis même un gâteau sur la tête.
34:46 Je ne sais pas quoi. Je me suis fait arroser.
34:48 Non, mais c'était... En plus,
34:50 ce qui est bien, c'est qu'on va se faire éliminer
34:52 par les Allemands, mais aussi,
34:54 il y aura cette...
34:56 Tu sais, on les a appelés... Comment on les appelle ?
34:58 Les remplaçants, les coiffeurs. - Les coiffeurs, on disait.
35:00 - C'est à cette époque-là. Ils ont joué
35:02 cette match pour la troisième place.
35:04 Ils l'ont gagnée, tout ça.
35:06 Ce match-là contre le Brésil, ça marque.
35:08 Ça marque parce que...
35:10 Le scénario, c'est dur. On aurait préféré les battre
35:12 sur le terrain, sur le jeu.
35:14 Après, avec le penalty, les penaltys,
35:16 c'est vrai qu'en tirant le dernier, en donnant
35:18 cette victoire, c'est souvent... On me le rappelle.
35:20 - Ah, mais c'est un moment magique,
35:22 effectivement. Tu entres dans
35:24 le mémoire collectif
35:26 de tout un pays avec ça.
35:28 Mon ami Louis,
35:30 c'est le match dont on te parle le plus encore
35:32 aujourd'hui, tu penses ? - Assez, oui.
35:34 Il y a toujours cette fameuse génération, parce que la génération
35:36 platiniste, c'est quand même une génération qui a marqué,
35:38 même quand tu vois les...
35:40 Les générations d'après,
35:42 que ce soit les 98,
35:44 souvent les...
35:46 Même Zidane, ou les Thierry Henry,
35:48 ou les...
35:50 Emmanuel Petit, les Basile,
35:52 ils t'en rappellent, ils te font un...
35:54 On va dire un signe,
35:56 en te disant "on était jeunes".
35:58 Même Zizou me disait "j'avais
36:00 10 ans quand on était pour le championnat
36:02 d'Europe en 84
36:04 au Vélodrome, et même quand
36:06 on a été champion du monde, on était...
36:08 Ils avaient 10 ans, 11 ans,
36:10 12 ans, tu vois ? C'est cette génération, mais bon...
36:12 - Oui, vous étiez leurs idoles.
36:14 - On a peut-être certainement contribué pour que
36:16 ils arrivent derrière et qu'ils nous
36:18 ramènent cette finale de Coupe du Monde.
36:20 - Ça a montré le chemin ! - Contre le Brésil aussi.
36:22 - Contre le Brésil aussi. Parce que là,
36:24 ils savaient que c'était possible de battre le Brésil.
36:26 En étant français. - En étant français, exact.
36:28 - Allez, le dernier
36:30 des 5 matchs qui ont le plus marqué ta vie,
36:32 Louis Fernandez, c'est lequel et pourquoi ?
36:34 Maintenant, c'est "Tu es sur le banc".
36:36 On va parler de ce match.
36:38 Cette finale de coupe.
36:40 - Oui, là, quand tu... - Coupe des coupes.
36:42 C'était un coupe des vagues de coupe.
36:44 Qui n'existe plus malheureusement. - Entre le Rapid de Vienne.
36:46 Et puis, avant tout,
36:48 pour devenir entraîneur,
36:50 un petit clin d'œil à
36:52 ce club de l'Ice Can où
36:54 j'ai commencé. - Tiens, tu parlais de Zidane.
36:56 - Voilà, et puis il a commencé
36:58 à jouer avec moi.
37:00 Et puis, le Paris Saint-Germain, quand tu arrives
37:02 au Paris Saint-Germain, tu arrives
37:04 avec des ambitions pour,
37:06 pourquoi pas, essayer de gagner des titres.
37:08 - Toi, le chouchou du parc, tu reviens
37:10 sur le banc. - Le poste est différent.
37:12 Le poste en entraîneur, c'est totalement différent.
37:14 C'est plus comme lorsque tu es un joueur
37:16 où tu peux te dépenser, tu peux courir,
37:18 tu peux sauter, tu peux tacler, tu peux récupérer.
37:20 Et puis là, tout le monde te suit. Mais là,
37:22 l'entraîneur, pour que les gens te suient,
37:24 il faut que les résultats... - Il faut gagner tout le temps.
37:26 - Il faut toujours gagner parce que sinon, c'est la faute de l'entraîneur.
37:28 C'est pas la faute des gens, c'est la faute de l'entraîneur.
37:30 Et c'est vrai que quand on a cette opportunité,
37:32 on fait ce parcours en coupe des couples,
37:34 quand on regarde depuis le début
37:36 et puis tu te retrouves en quart de finale
37:38 contre un Parm,
37:40 le Parm de Strykow,
37:42 quand tu te retrouves en demi-finale
37:44 contre ce super déportivo
37:46 de la Corogne, en Espagne,
37:48 une belle équipe, il n'y a que des Brésiliens
37:50 qui jouaient dans ce fameux club,
37:52 que tu les élimines et que tu arrives en finale et qu'on te dit
37:54 tu vas jouer contre le Rapide de Vienne.
37:56 Le Rapide de Vienne, mais c'est facile, tu vas le gagner facile,
37:58 ce match, mais non, il n'y a jamais deux matchs faciles.
38:00 Il faut le gagner, il faut s'imposer,
38:02 puis il faut mettre l'équipe, il faut éviter
38:04 de te tromper, puis voilà,
38:06 gagner une Coupe d'Europe, ça marque
38:08 en tant qu'entraîneur, en tant que supporter,
38:10 pour tes joueurs, pour une équipe, pour un club.
38:12 Une Coupe d'Europe, ça restera toujours une Coupe d'Europe.
38:14 Et ce moment-là, il est magnifique parce qu'après
38:16 le retour sur Paris, sur les Champs-Élysées
38:18 et puis la réception avec Chirac
38:20 et tout ce
38:22 beau monde qui nous attendait, voilà,
38:24 ça reste toujours en tant qu'entraîneur un titre,
38:26 c'est-à-dire pour un entraîneur qui gagne une Coupe d'Europe,
38:28 ça ne s'oublie pas comme ça du jour au lendemain.
38:30 - Contre le Rapide de Vienne,
38:32 à Bruxelles, but de Bruno N'Gothi.
38:34 - À Lyonnais. - Oui, avec
38:36 un coup franc d'une puissance.
38:38 - Yuri voulait tirer, mais je lui dis "non, pas toi, Yuri,
38:40 c'est Bruno qui tire", parce que de loin,
38:42 Bruno avait beaucoup plus de force, mais de quoi
38:44 je l'aurais certainement laissé tirer à Yuri.
38:46 - Ah oui, Yuri Turcotte. - Non, c'était un groupe
38:48 où j'ai pris du plaisir
38:50 avec ce groupe-là, c'est vrai que quand tu la gagnes,
38:52 ça marque. - C'est la fin de ta
38:54 deuxième saison sur le banc de Paris Saint-Germain,
38:56 et tu es toujours
38:58 le seul entraîneur français à avoir remporté
39:00 une Coupe d'Europe sur le banc
39:02 d'un club français. - Oui. - Toujours aujourd'hui ?
39:04 - Toujours aujourd'hui, ça reste, et en souhaitant,
39:06 en espérant qu'il y en ait un qui puisse
39:08 venir prendre aussi la relève,
39:10 parce que je pense que tous les titres sont faits pour
39:12 être battus, et en espérant
39:14 qu'il y ait un jeune entraîneur, un entraîneur français
39:16 qui puisse gagner ce titre aussi. - Un petit mot
39:18 sur ces célébrations, tu me parlais
39:20 d'une réception, Jacques Chirac... - Oui, parce que
39:22 cette Coupe d'Europe, tu sais,
39:24 quand tu la joues, quand tu la disputes,
39:26 on a eu
39:28 l'occasion, avec un groupe,
39:30 de faire une belle aventure,
39:32 de partir, de commencer.
39:34 Ces matchs-là, tu ne peux pas
39:36 les oublier.
39:38 Ça reste, et
39:40 quand tu aimes un club,
39:42 je peux toujours le dire,
39:44 j'ai un club, je suis né dans ce club, j'ai grandi dans ce club,
39:46 j'étais un enfant de ce club,
39:48 fier de l'être,
39:50 parce que c'est le Paris Saint-Germain qui te sort
39:52 d'un quartier, qui te sort
39:54 pour une belle histoire,
39:56 ensuite, tu fais les efforts nécessaires,
39:58 et quand tu arrives à jouer une finale
40:00 de Coupe d'Europe, tu te dis "mais Louis, pense
40:02 à ce club, pense à ce club,
40:04 qu'est-ce qu'il t'a apporté, tout ce qu'il t'a
40:06 pu te donner, si tu peux lui donner aussi
40:08 avec ce groupe-là, parce que tu n'es pas seul
40:10 quand tu es entraîneur, tu as un staff, moi je n'ai jamais...
40:12 Tu sais, mon staff a son importance,
40:14 Pierre Alonso, avec Mouba,
40:16 ou avec Eric Blondel, avec tous ces gens
40:18 qui ont joué le match, qui m'ont accompagné,
40:20 c'est important de les réunir aussi,
40:22 ce n'est pas que Fernandez qui gagne la Coupe d'Europe,
40:24 c'est un staff, ce n'est pas qu'un joueur, c'est tout un
40:26 groupe platini, qui était bien accompagné,
40:28 il y avait les joueurs qu'il fallait à ses côtés pour gagner des titres,
40:30 et les entraîneurs aussi, c'est pour ça que le football,
40:32 ça reste un sport collectif,
40:34 il faut toujours remercier, toujours être...
40:36 penser à ceux qui t'accompagnent,
40:38 parce que tu ne peux pas réussir tout seul,
40:40 à moins que tu fasses du tennis, d'accord,
40:42 que tu fasses du golf, d'accord, mais là, au football,
40:44 non, parce que pour gagner,
40:46 il faut que tes coéquipiers ou tes partenaires soient forts,
40:48 et il faut aussi les remercier quand tu gagnes.
40:50 - Formidable moment de gagner
40:52 la Coupe d'Europe, avec le club que tu aimes,
40:54 qui est le Paris Saint-Germain,
40:56 Louis, quelle vie,
40:58 quelle carrière ?
41:00 - C'est une carrière, oui, j'en suis fier,
41:02 aussi d'être bien accompagné,
41:04 j'ai été accompagné par ma femme Audrey,
41:06 qui a aussi... la vie de famille a son importance,
41:08 Darène, tu sais, tes enfants,
41:10 Johan et Romain,
41:12 sont là,
41:14 j'ai pas eu de père,
41:16 je l'ai perdu très tôt, et tu es obligé
41:18 d'être... qu'ils puissent te regarder
41:20 avec respect,
41:22 qu'ils puissent être fiers de toi,
41:24 tu dois être exemplaire,
41:26 j'ai aussi pour finir, tu sais, aujourd'hui,
41:28 on va me remettre une légion d'honneur,
41:30 la légion d'honneur, c'est qu'on
41:32 regarde un peu ton parcours,
41:34 et ton parcours, que ce soit dans le football ou à l'extérieur,
41:36 j'en suis fier d'être à l'âge qu'on est aujourd'hui,
41:38 on parle de ces fameux matchs que j'ai eu l'occasion
41:40 d'avoir avec toi, et ça me fait
41:42 des rappels, des bons souvenirs,
41:44 toutes ces personnes, je leur dirai
41:46 jamais assez merci, merci de m'avoir accompagné,
41:48 merci d'avoir été à mes côtés, et d'avoir une pensée
41:50 pour, même pour des joueurs comme
41:52 Michel Hingohem ou Thierry Bacogné,
41:54 qui étaient là quand on a gagné ses premiers
41:56 titres de champion de France ou de la Coupe de France,
41:58 et qui aujourd'hui ne sont plus là, ils sont décédés,
42:00 et puis c'est dans le président, Borrelli, Francis Borrelli,
42:02 tout ça, mais j'en aurais... pour en citer d'autres,
42:04 et Gérard Rouillet, qui était mon premier entraîneur,
42:06 et que ce premier titre de champion de France
42:08 avec le PG, voilà, c'est...
42:10 Ils sont tellement nombreux, tellement de personnes,
42:12 parce que tu ne peux pas le faire tout seul.
42:14 Tu ne peux pas dire "je fais ça tout seul",
42:16 non, non, non, non, pour que je puisse
42:18 le faire, il faut que les gens qui
42:20 soient avec toi, que tu puisses
42:22 bien t'entendre avec eux, ça a été le cas durant ces
42:24 années-là, même s'il n'a pas toujours été parfait,
42:26 on ne raconte pas...
42:28 Il y a des hauts et des bas, des disputes parfois...
42:30 On raconte les bons souvenirs, mais bon,
42:32 c'est bon, mais les autres aussi,
42:34 parce qu'il y a des clubs comme l'Ice Can,
42:36 ou comme l'athlétique du Bilbao, en tant qu'entraîneur,
42:38 ça n'a pas été si mal que ça.
42:40 - Oui, des moments faux aussi.
42:42 Et un sacré soutien de la famille.
42:44 Félicitations pour la légende d'honneur,
42:46 aussi, Louis, et franchement,
42:48 merci d'avoir partagé ces matchs,
42:50 ces souvenirs, ces moments de vie avec nous,
42:52 vraiment, on a pris beaucoup de plaisir
42:54 à t'écouter. - C'est gentil à toi, Darren,
42:56 c'est toujours un plaisir de t'accompagner, d'être à tes côtés
42:58 pour ce genre d'émission
43:00 que l'on fait. - On est privilégiés.
43:02 Merci beaucoup, Louis. - Merci.
43:04 - Merci à vous de nous avoir écoutés.
43:06 Si ce podcast vous plaît, n'hésitez pas
43:08 à partager avec vos amis, et si
43:10 jamais vous n'avez pas aimé,
43:12 vous pouvez toujours envoyer un lien
43:14 à vos ennemis. - J'ai fait un compliment
43:16 sur l'Olympique de Marseille,
43:18 sur le vélodrome.
43:20 Alors, marseillais, comme quoi...
43:22 - Comme quoi, tout peut arriver
43:24 dans ce podcast, les matchs
43:26 de ma vie. Vos commentaires
43:28 sont les bienvenus, n'hésitez pas à nous donner
43:30 évidemment 5 étoiles sur la plateforme
43:32 où vous nous écoutez. A très vite pour un nouvel épisode
43:34 de "Les Matchs de ma vie". Bye bye !