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Interview cinéma d'une émission produite par CANAL+ autour d'un film disponible sur CANAL+ ou sortant en salles, un événement ou une actualité du 7ème Art
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Transcription
00:00 Et...
00:01 C'était une nouvelle pose, je sais pas pourquoi j'ai fait ça.
00:07 Non mais c'était...
00:08 C'était une nouveauté pour changer.
00:09 Je crois que j'avais très envie quand même d'essayer
00:14 d'aller conquérir un autre territoire en effet,
00:16 puisque la médecine, j'avais le sentiment d'avoir fait un petit peu le tour.
00:20 Cet univers de prof, j'ai grandi dedans.
00:23 Toute ma famille, à part mon père qui est médecin, toute ma famille est enseignante.
00:26 Et ça m'a, je pense, donné envie de m'intéresser à cette profession,
00:31 essayer de comprendre ce qu'était ce métier.
00:32 Et pourquoi les hommes et les femmes qui sont derrière ces enseignants,
00:35 pourquoi ce sont des gens qui ont des qualités assez exceptionnelles
00:39 et qui sont surtout un sens de l'engagement
00:41 et qui donnent du sens à leur existence en pratiquant ce métier.
00:46 Déjà j'étais très curieux de voir ce qu'avait à proposer Thomas,
00:49 parce que c'est un peu la première fois qu'il fait un film
00:51 qui n'est pas dans le milieu médical.
00:53 Et je l'ai trouvé assez vite, sa patte finalement,
00:58 ça ne change pas grand chose que ce ne soit pas dans le milieu médical,
01:01 parce qu'il y a toujours, je ne sais pas comment dire,
01:03 à la fois des films très réalistes,
01:05 et en même temps une forme d'humanité qui est inhérente à tous ces films.
01:08 Donc j'ai retrouvé vraiment son univers, ses dialogues.
01:12 Il a une manière très particulière d'écrire aussi les scènes de groupe, etc.
01:16 Donc j'ai trouvé que c'était surtout un film extrêmement intéressant.
01:20 Moi j'ai été séduite tout de suite par le côté choral et collectif du film,
01:24 qui me séduisait autant humainement d'avoir des partenaires comme ça
01:28 que dans le côté immersion dans les salles de prof,
01:32 dans leur intimité et autant la manière dont ils font front à l'école.
01:36 Je vais pas avoir tellement envie de rigoler.
01:39 Et puis l'ironie aussi du cinéma, de me dire, moi ancienne mauvaise élève,
01:43 j'ai eu la chance de jouer une professeure de mathématiques.
01:46 Donc il y avait beaucoup de choses, je pense que humainement ça m'a touchée.
01:49 Et puis j'aime le cinéma de Thomas pour ça en fait,
01:53 pour le côté, l'empathie qu'il a, jamais misérable,
01:57 de se mettre dans des gens du service public
02:00 qui sont complètement dévoués à des vocations peu reconnues
02:04 et d'imaginer leur quotidien de manière très réaliste.
02:08 Nous tous on a été élèves, on a donc eu un prof en face de nous,
02:13 mais l'énigme c'était la salle des profs.
02:16 On passait devant et on se demandait qu'est-ce qui pouvait se passer derrière cette porte.
02:20 Donc ça, ça m'a beaucoup plu.
02:22 Et ensuite, ce qu'on ignore tous, c'est le prof chez lui.
02:25 Donc il y a trois strates, devant ses élèves, qui est sa fonction,
02:29 ses collègues dans la salle des profs et puis individuellement chez lui, la vie qu'il a.
02:33 Et j'ai trouvé que c'était écrit justement sur ces trois mouvements-là,
02:40 à partir d'un groupe avec de jeunes acteurs que j'admirais déjà.
02:44 J'ai l'euphorie du groupe. J'aime quand il y a beaucoup de monde,
02:47 j'aime quand il y a beaucoup d'avis différents, j'aime quand il y a du bruit.
02:51 Moi aussi.
02:52 J'étais servi.
02:53 Moi j'aime ça, enfin j'aime quand on est deux aussi.
02:56 Mais là c'était sympa en l'occurrence qu'on soit beaucoup.
03:02 De toute façon, Thomas, il se pose toujours des questions sur la vocation,
03:07 est-ce que je suis au bon endroit, la légitimité,
03:09 est-ce que telle personne est faite pour faire ce métier ?
03:12 C'est un questionnement qui l'obsède, je pense,
03:14 et qui sont racontés de manière très juste dans ses films.
03:17 J'ai une sorte d'obsession comme ça, d'essayer de recréer la réalité,
03:20 mais pas au service du documentaire ou pas pour le réel.
03:25 En fait, c'est une vision du réel qui est par déficience déjà de la fiction.
03:30 C'est ma vision à moi du réel,
03:32 à laquelle vient se rajouter l'interprétation des comédiens.
03:36 Et ça, ça m'échappe en partie.
03:38 Ce qui ne m'échappe pas, c'est qu'en effet, je peux les diriger,
03:40 je peux les emmener vers certaines choses,
03:42 mais après, ce qu'ils sont, leur personnalité,
03:44 ce qu'eux apportent au personnage, ça, ça m'échappe.
03:46 C'est pour ça que c'est très important pour moi de travailler avec des acteurs
03:48 en qui j'ai extrêmement confiance, que je connais très bien.
03:51 Lui, ce qu'il veut, c'est que les personnages soient vivants.
03:53 Pourquoi ? Parce qu'ils ont bien plus de présence
03:55 et beaucoup plus d'acuité demandée aux spectateurs.
03:58 De voir un type, une fille vivante, un groupe vivant.
04:01 Je pense à la scène du réfectoire, je pense à des scènes comme ça.
04:04 Vraiment, j'ai un sentiment que c'était ça qu'il voulait.
04:07 Or, c'est notre bonheur à nous.
04:09 Arriver qu'un metteur en scène nous demande d'être vivants
04:12 et qu'il y parvienne et qu'entre acteurs, nous y parvenions ensemble.
04:15 Moi, j'ai fait une scène, la scène du conseil de discipline.
04:19 C'est-à-dire, on l'a fait en temps réel.
04:21 Chaque prise durait une heure.
04:23 Ça donne un côté un peu théâtral.
04:25 Enfin, théâtral et du coup, extrêmement naturel
04:27 parce qu'on a filmé toute cette scène.
04:29 Et c'était pour Partout pareil, parce qu'il adore faire des impros.
04:32 Donc, en fait, il y a une scène écrite
04:34 et on improvise le début et la fin, donc ça met en situation.
04:37 Moi, ce que j'aime bien là-dedans, c'est qu'on passe notre temps à jouer.
04:40 Tandis qu'il y a beaucoup de films où on attend beaucoup.
04:42 Je pense qu'il faut arrêter de parler à la place des profs
04:44 et de leur dire comment ils devraient faire leur métier.
04:46 Donc, moi, je ne suis pas capable de dire
04:48 « ça serait mieux si vous faisiez comme ça ».
04:50 Par contre, le petit début de solution que je donne
04:52 et qui est la particularité de mon collège,
04:54 c'est que tous ces profs, tous ces personnages,
04:56 ils font corps.
04:58 Il y a cette solidarité, cette confraternité.
05:00 Et je pense que c'est cette solidarité
05:02 qui est beaucoup liée au choix des comédiens,
05:04 à ceux que j'ai choisis,
05:06 qui ont eu beaucoup d'affection sur le tournage entre eux.
05:08 C'était un peu l'objectif que je m'étais fixé.
05:10 Je pense que c'est un peu la solution
05:12 face à la solitude et la difficulté de ce métier.
05:14 Ça ne peut pas être une solution suffisante,
05:16 mais c'est indispensable pour qu'on puisse supporter
05:19 la difficulté de la pratique de l'enseignement.
05:22 [SILENCE]