• l’année dernière
Une avant-première ce soir au Gazette Café à Montpellier.
La projection d'un documentaire intitulé "Menaces sur le littoral Languedoc Roussillon".
C'est l'oeuvre de la journaliste Dominique Martin-Ferrari qui s'interesse donc aux conséquences de la montée des eaux sur notre littoral.
Un film de 52' dans lequel elle anticipe sur ce à quoi pourrait ressembler le littoral héraultais dans les 50 années qui viennent.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Nous recevons ce matin sur France Bleu Euro à 8h10 une journaliste et réalisatrice,
00:04 Dominique Martin-Ferrari est avec nous ce matin, Guillaume Roland.
00:07 Bonjour Dominique Martin-Ferrari.
00:08 Bonjour.
00:09 Votre film est effectivement présenté et diffusé en avant-première ce soir au Gazette
00:13 Café, film intitulé « Menaces sur le littoral Languedoc-Roussillon, de la mission racine
00:18 à la montée des eaux ». Bon, ça doit prendre beaucoup de place sur la fiche, j'imagine,
00:22 parce que ça veut dire plein de choses ce film.
00:23 Ça veut dire plein de choses.
00:24 Je rappelle, et je dis aussi à nos auditeurs que vous avez pendant 10 ans dirigé sur France
00:30 5 le premier magazine de l'environnement qui s'appelait Gaïa entre 1995 et 2005.
00:36 Vous étiez précurseur à l'époque parce qu'on n'en parlait pas beaucoup d'environnement.
00:40 Voilà, exactement.
00:41 Et donc j'ai appris à répéter et on va en reparler sans doute, mais il faut répéter.
00:46 Répéter tout le temps les choses.
00:48 Qu'est-ce qui vous a donné l'idée de faire ce film de 52 minutes que vous avez produit
00:52 d'ailleurs à compte d'auteur ?
00:54 Absolument.
00:55 Vous ne travaillez pour aucune chaîne de télévision ni pour aucun producteur.
00:59 C'est vous qui avez eu l'idée.
01:00 En espérant quand même que, bien sûr, le documentaire se préfère au documentaire.
01:05 C'est d'abord une initiative personnelle.
01:06 C'est une initiative personnelle.
01:08 C'est-à-dire qu'après avoir effectivement pour le magazine Gaïa longuement parlé du
01:14 réchauffement climatique et attendu que les choses évoluent et se passent finalement,
01:20 ça a été très vite.
01:21 Malgré ce qu'on entend entre 92 et aujourd'hui, les choses ont beaucoup avancé et assez rapidement.
01:28 Donc j'ai appris aussi qu'il fallait répéter sans arrêt, qu'avant que ça rentre dans
01:34 les cerveaux, il fallait vraiment que les gens prennent conscience de ce qui allait
01:39 advenir.
01:40 Et quand je suis arrivé sur Montpellier il y a 10 ans maintenant, je me suis aperçu
01:46 qu'une des conséquences du réchauffement climatique allait être la montée des eaux
01:50 et que notre littoral Languedoc-Roussillon allait être modifié par ce phénomène.
01:56 Donc il fallait en parler.
01:57 Il fallait en parler d'autant plus qu'à Paris, les journalistes ont tendance un petit
02:01 peu à parler beaucoup de la Normandie, parce que c'est à côté.
02:04 - Ils vont y passer leur week-end.
02:06 - D'aller y passer le week-end, voilà, exactement.
02:08 Et qu'on parlait très peu de la côte Languedoc-Roussillon.
02:11 En plus, je pense que l'Occitanie élargie étant née tardivement, on s'est beaucoup
02:18 préoccupé soit des Pyrénées-Orientales, parce que c'était l'Occitanie, soit de Paca,
02:23 mais la portion littorale qui était justement celle concernée par la mission Racine était
02:29 très peu prise en compte.
02:30 - Alors justement, quelques années après la concrétisation de la mission Racine avec
02:34 la création de ces nouvelles stations balnéaires que sont la Grande Mote ou le Cap d'Acre,
02:39 vous vous rappeliez dans la présentation de votre film que votre premier papier pour
02:44 L'Express, vous le signez en 1983 et vous le titrez "La Floride française", puisque
02:50 c'est comme ça qu'à l'époque on surnommait le littoral Hérolté, la Floride française.
02:55 - La Floride française, c'est-à-dire qu'effectivement, à cette époque, c'était la fin de la mission
03:00 Racine, puisque 63-83, c'était la durée des travaux à peu près.
03:05 Donc 83, les touristes effectivement arrivaient sur le littoral et la mission Racine portait
03:13 ses fruits, puisque alors d'où l'expression Floride française.
03:17 - Alors un véritable eldorado touristique, la suite des événements l'a montré puisque
03:22 notre littoral...
03:23 - C'est la volonté de la mission Racine.
03:24 - ... est un des plus fréquentés de France aujourd'hui, on peut le dire, peut-être même
03:28 d'Europe, sauf que c'est un eldorado aujourd'hui qui est très clairement menacé, c'est ça
03:31 que vous dites ?
03:32 - Qui est menacé selon les termes du GIEC, donc du groupe d'experts intergouvernemental
03:40 qui s'occupe du climat, et aujourd'hui les chercheurs ont tout à fait cartographié
03:47 la manière dont l'eau, dont la mer va monter au cours des années qui viennent.
03:53 - Alors on voit quoi dans votre film ? Quelle a été votre démarche, votre propos ?
03:57 - Alors mon propos d'abord c'était de resituer un peu les choses, et justement à échelle
04:02 peut-être nationale, c'est-à-dire qu'on s'aperçoit que beaucoup de choses ont été
04:07 faites localement, mais si vous voulez d'abord, c'est pas entré forcément dans les esprits,
04:13 parce que comme le dit Denis Lacroix qui est le prospectiviste de l'IFREMER dans le film,
04:19 très souvent on dit intellectuellement, on l'entend, mais ça ne produit rien dans notre
04:24 cerveau, et donc il fallait redire un certain nombre de choses.
04:30 - Excusez-moi je vous interromps, mais vous êtes en train de dire que quelque part localement
04:33 on est toujours un peu dans le déni, c'est ça, par rapport à ce qui va se passer ?
04:36 - Tout à fait, les gens qui sont sur les bords ne l'entendent pas, les élus ont pris
04:42 conscience, le problème c'est qu'ils vont avoir le temps du politique, et le temps n'est
04:50 pas le temps de l'écologie, c'est-à-dire qu'un élu il se fait élire pour quelques
04:55 années et il faut qu'il satisfasse ses électeurs ce temps-là, tandis que la montée de la
05:02 mer va se faire sur un siècle, donc évidemment tout ce qu'il faut prévoir aujourd'hui ne
05:07 se voit pas forcément.
05:08 Les gens ont pris conscience d'un certain nombre de choses, donc maintenant par exemple
05:12 ils ont pris conscience quand même du réchauffement climatique, c'est déjà quelque chose, on
05:16 a quand même eu à faire et à répondre au climat de sceptique longtemps.
05:19 - C'est une affaire qui implique beaucoup de monde, parce qu'il y a évidemment les
05:22 élus, on va commencer par eux parce que c'est eux qui prennent les décisions, les habitants
05:25 des zones concernées, vous parlez des assureurs aussi, parce que les assureurs vont avoir un
05:29 rôle à jouer, parce que bientôt il y a des zones qui ne sont plus habitées.
05:32 - Habitables, il y a des zones qui ne seront plus habitables, c'est ça ?
05:35 - Très rapidement, les assureurs vont jouer un rôle, dans la mesure où les primes risquent
05:40 d'exploser dans un premier temps et même d'être refusées dans un second temps.
05:46 Donc on voit par exemple aux Etats-Unis certaines zones non assurées, les assureurs ne veulent
05:53 plus assurer certaines zones.
05:55 Alors notamment contre les inondations, parce que dans un premier temps cette montée des
06:01 eaux, elle va se faire en tenaille entre les lagunes et la mer, et il va falloir forcément,
06:08 les rez-de-chaussée vont être très menacées.
06:11 - Quel est le sentiment que vous avez eu, je dirais commun, incontestable, que vous
06:19 avez ressenti en rencontrant, j'imagine, tous ceux qu'on doit rencontrer dans ce film ?
06:25 Vous vous êtes dit "bon ça y est, maintenant les gens commencent vraiment à prendre conscience
06:29 à se préparer" ou vous vous êtes dit "il y a encore du travail" parce qu'effectivement
06:32 les gens ne se projettent pas sur un siècle ?
06:35 - Non, il y a encore beaucoup de travail, il y a beaucoup de travail d'abord parce qu'on
06:39 ne sait pas forcément comment faire, et donc il va falloir réfléchir à une autre manière
06:45 et de vivre la mer, et de vivre le tourisme, etc.
06:49 Donc il y a quand même beaucoup de choses à faire.
06:51 Deuxièmement, il va y avoir un problème financier, une restructuration, enfin si vous
06:56 imaginez ce qui a été mis sur la table par De Gaulle au moment de la mission Racine,
07:02 il faudrait presque un plan équivalent aujourd'hui pour la déconstruction ou la reconstruction
07:07 financière.
07:08 - Équivalent à la mission Racine, on voulait dire en termes financiers ?
07:10 - Voilà, en termes financiers, oui.
07:12 C'est-à-dire qu'il va y avoir de nouvelles infrastructures à créer, il va y avoir à
07:16 déplacer les populations.
07:17 - Pourquoi ? Parce qu'il y a des routes qui n'existeront plus ?
07:19 - Voilà, alors il y a des...
07:20 Une des premières choses qui a été réellement touchée par l'érosion et par la montée
07:26 de la mer, ce sont les plages, et puis ce sont les routes, parce que la mission Racine
07:30 a relayé l'ensemble des stations balnéaires par une route littorale.
07:34 Et on a vu, et au Grand Travers, et sur le Lido de Sète, déjà des premières attaques
07:40 puisque les routes ont déjà été reculées.
07:42 Bon, donc les élus connaissent le prix de l'érosion.
07:47 Ils ont payé très souvent les rechargements en sable, les épis, les routes déconstruites,
07:55 les reculs, etc.
07:56 Ils vont maintenant ajouter à ce problème d'érosion le problème de la montée des eaux.
08:01 Et ça, ils ne savent pas comment faire.
08:03 Et personne ne sait aujourd'hui.
08:05 Donc on a une expérimentation, et c'est cette expérimentation qu'il faut développer.
08:10 Alors il y a des expérimentations agruissantes sur justement les eaux de terre flottantes
08:15 dont on a beaucoup parlé, mais on n'en parle pas au niveau national.
08:18 Encore une fois, il faut imaginer que l'ensemble du message doit se développer au niveau français
08:27 pour obtenir justement les financements.
08:29 Parce qu'on va avoir besoin de beaucoup de financements sur cette recomposition spatiale.
08:33 Et le problème, c'est que le Languedoc-Roussillon a des lagunes et est difficile de reculer.
08:40 - Ce film, on peut le voir donc ce soir. C'est à quelle heure au Gazette Café ?
08:43 - À 20h au Gazette Café.
08:44 - À 20h, on peut aller le découvrir en avant-première.
08:47 Peut-être qu'il sera diffusé, vous nous en tiendrez au courant, dans quelques mois,
08:51 sur un grand diffuseur.
08:53 Et pour toutes celles que toutes ces questions intéressent.
08:56 - Et on le répétera. Et on redira. Et on reviendra vous voir pour en parler.
08:59 - La porte vous est grande ouverte, Dominique Martin-Ferrari.
09:03 Et on vous remercie d'être venue ce matin pour en parler. Merci à vous.
09:06 - Pour retrouver cette interview, en tout cas sur notre site internet francebleu.fr à 8h19.
09:10 Un petit point sur la circulation.
09:11 Pour ceux qui sont en voiture, c'est vrai que c'est mercredi, vous êtes un petit peu moins nombreux.
09:15 Donc ça circule un petit peu mieux pour arriver jusque dans le centre de Montpellier.
09:18 Parce que c'est là où il y a quand même les principales difficultés.
09:20 C'est un peu chargé, mais enfin on a connu pire.
09:23 Et pareil pour Bézier.
09:24 Si vous avez des infos, partagez de votre côté.
09:25 04 67 58 6000.
09:28 Pour ceux qui prennent le train, il n'y a pas de difficultés non plus.

Recommandations