Retrouvez "Les incontournables de Julia" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-de-julia-vignali
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00:00 - Bonjour Lénaïque ! - Vous avez passé une bonne semaine entourée de vedettes ?
00:02 - Une semaine entourée de vedettes et puis surtout de projets hyper intéressants, de films passionnants,
00:07 dont celui que je vais vous présenter dans quelques instants.
00:10 - Puisque c'était Pierre Ninet votre invité cette semaine, c'est votre invité aujourd'hui. Très sympa, on écoute ça !
00:15 - Bonjour Pierre Ninet, merci d'avoir accepté cet entretien pour les incontournables d'Europe 1.
00:21 Vous êtes à l'affiche du film de Michel Gondry, "Le Livre des solutions" avec notamment Blanche Gardin.
00:26 Michel Gondry, forcément on le connaît, c'est un super réalisateur, notamment de "L'écume des jours",
00:31 d'"Eternal Sunshine of the Spotless Mind". Vous dites l'adulé, qui a fait le premier pas ? C'est vous qui l'avez contacté ?
00:38 - Oui, c'est moi dans le sens où je lui ai demandé d'être mon parrain à une soirée des Césars il y a plus de 12 ans maintenant.
00:43 J'étais un tout jeune comédien, j'osais à peine lui proposer de venir me parrainer et il est venu.
00:48 Et toute la soirée on a parlé de Jim Carrey, de Kate Winslet, de Jack Black, de musique, des groupes dont il avait fait des clips.
00:56 De Daft Punk en passant par les Rolling Stones, Kanye West. Donc je buvais du petit lait.
01:01 - Et quand il vous a rappelé pour vous proposer le film, comment vous avez réagi ?
01:04 - Ça lui a pris 12 ans quand même. Le temps qu'il me fasse confiance.
01:07 - C'est parce qu'on appelle un coup de foudre.
01:09 - Non, clairement pas le coup de foudre. Clairement pas le choix je crois.
01:13 Parce qu'il s'est dit "bon, qui peut faire ce truc ? Apparemment c'est lui".
01:16 Non, il est revenu vers moi en me disant "bon, t'es mon neveu". On avait gardé un peu le contact à travers des petits mails de temps en temps,
01:21 un peu rigolo où je l'appelais toujours parrain et lui toujours fial.
01:24 Et il est venu vers moi en me proposant ce film. Ça tombait à un moment de ma vie où c'était assez...
01:28 Ça faisait écho à plein de trucs pour moi et puis j'avais envie d'un film exactement comme ça,
01:31 un peu hors des sentiers battus, à la fois créatif et un peu inattendu.
01:35 C'était une autre approche créative et super intéressante.
01:38 - J'imagine. Alors dans le film "Le Livre des Solutions", vous incarnez Marc qui s'enfuit dans un petit village des Cévennes
01:43 avec toute son équipe pour finir son film chez sa tante Denise.
01:46 Sur place, votre personnage est assailli par un million d'idées qui lui viennent à l'esprit en même temps.
01:51 Et pour organiser ses idées, justement, il décide d'écrire "Le Livre des Solutions" comme un guide de conseil pratique.
01:56 Vous l'avez dit, c'est complètement loufoque, décalé, absurde. C'est vraiment ce que vous aimez ?
02:01 - Oui, c'est ce que j'aime. Puis c'est surtout ce qu'a vécu Michel Gondry à ce moment-là de sa vie.
02:05 C'était vraiment une tempête sous un crâne puisqu'il se réfugie chez sa tante, précisément parce qu'il veut finir son film,
02:13 mais dans le dos des financiers, des producteurs et tout ça, parce qu'ils ne sont plus d'accord avec ce qu'il fait.
02:17 - Oui, tout le monde a lâché.
02:19 - Oui, il est en cavale totale. Il n'est pas vraiment avec toute son équipe, il n'est vraiment qu'avec sa monteuse et son assistante.
02:23 Il se retrouve chez sa tante et là, il pète un plomb.
02:26 Et en fait, effectivement, il se met à faire un film sur une fourmi, à construire un camion de montage qu'il appelle "Le Camiontage".
02:31 Et tous ces trucs-là existaient vraiment parce qu'on est vraiment allé chez Michel, on a vraiment tourné avec les gens du village.
02:37 Donc c'était assez dingue de vivre ça.
02:39 - Il parait qu'il vous a fait fabriquer des objets, c'est ça Michel Gondry ?
02:42 - Oui, il m'a appris quelques trucs. Il m'a appris à dessiner, il m'a appris à faire un petit dessin animé d'animation
02:46 de manière un peu artisanale à l'époque, en faisant vraiment une photo pour chaque image.
02:51 Donc de re-raconter effectivement ce côté "do it yourself", je trouve ça assez cool.
02:55 - Alors vous le disiez tout à l'heure, vous êtes doré Jim Carrey, Ben Stiller, Ricky Gervais.
02:59 Vous dites même que vous êtes addict au rire.
03:01 Il parait que jeune, vous organisiez même des sessions de rire, que vous expérimentiez dans des laboratoires de la Vannes.
03:06 Le comédien réalisateur Jonathan Cohen dit de vous que vous êtes "l'homme le plus drôle de France".
03:11 A votre avis, ça vient de cette époque-là ? C'est de l'entraînement ? Comment on dire ?
03:14 - J'ai une passion pour ça. Après, comme plein de gens, venant de la part de Jonathan Cohen,
03:19 ça fait doublement plaisir évidemment, puisque c'est un des mecs les plus drôles que j'ai rencontrés de ma vie.
03:24 Mais non, j'ai toujours bien aimé effectivement expérimenter le rire et aussi le bide.
03:30 C'est-à-dire jusqu'où tu vas, quand est-ce que ça devient gênant.
03:33 J'ai toujours aimé faire ça avec un de mes meilleurs potes d'enfance qui s'appelle David.
03:37 On allait chez lui après les cours au collège et on poussait les conneries le plus loin possible
03:43 et on voyait ce qui nous éclatait, ce qui nous gênait.
03:46 Du coup, oui, pour moi, faire l'émission "L'Alkyr est sort" c'était génial, je me suis régalé.
03:50 C'était dur en même temps, mais ce n'était pas étranger complètement pour moi.
03:54 - Vous étiez sur un territoire que vous connaissiez ? - Que j'aime bien en tout cas.
03:57 J'aime bien faire rire, j'adore rigoler aux vannes des autres et aux conneries des autres.
04:00 - Alors votre personnage Marc ne tient pas en place, il déborde d'énergie, a du mal à se canaliser.
04:04 Vous-même, vous avez dit qu'enfant, vous étiez un enfant hyperactif.
04:08 Est-ce que par moments, vous vous êtes retrouvé dans ce rôle ?
04:11 - À plein de moments.
04:13 C'est vrai que le théâtre, assez tôt, vers mes 12-13 ans, a canalisé beaucoup mon impatience de vivre.
04:19 Donc ça m'a fait beaucoup de bien.
04:21 Mais par contre, je me suis reconnu dans la volonté de vivre dans la fantaisie.
04:25 Moi, j'adore la fantaisie.
04:27 Je crois que j'ai beaucoup de mal avec le small talk.
04:30 J'adore Michel parce qu'on n'a jamais des small talk ensemble.
04:33 - Alors small talk, c'est quoi ? - Small talk, les petites conversations un peu quotidiennes
04:36 qu'on peut avoir avec les voisins, mais qui sont un peu du lien social.
04:40 C'est normal, il faut commencer quelque part.
04:42 Mais c'est vrai que moi, j'ai un peu une hantise du côté...
04:45 "Alors, ça va ? Bon, il a fait beau pour un mois de mai."
04:48 Oui, c'est vrai, parce que la dernière, cette saison, ça, je peux crever, moi.
04:51 - Oui, d'accord. - Donc c'est vrai qu'assez vite, je m'oriente vers des gens.
04:54 Avec Michel, très vite, on parle de...
04:56 Qu'est-ce que ça ferait si on faisait un trou et qu'on sautait au centre de la Terre ?
04:59 On a des conversations de gamins en disant "tu préfères avoir des bras en mousse ou des jambes en jambon ?"
05:03 Bon, c'est vrai que c'est pas toujours ce qu'il y a de plus...
05:06 Pour d'autres gens, ça serait une perte de temps.
05:08 Moi, j'adore ce lien-là à la connerie, à l'enfance.
05:10 Mais aussi parfois, des conversations sérieuses sur la physique quantique qui nous fascinent.
05:14 Et Michel, voilà, j'adore Michel pour ça.
05:16 Eh bien justement, votre personnage dans le film est maniaco-dépressif.
05:20 Il prend pas son traitement.
05:21 Et on sent dans ce film que le thème de la santé mentale est abordé avec recul, avec poésie et légèreté.
05:26 Vous pensez justement qu'on peut aborder des thèmes lourds,
05:29 comme la dépression ou la bipolarité, avec humour, en faisant passer des messages forts ?
05:33 Parce que la santé mentale, c'est un thème qui, en ce moment, est plutôt évoqué de manière positive.
05:38 Bien sûr. Je suis très fier d'avoir fait ce film pour cette raison.
05:41 Je pense qu'aujourd'hui, évoquer justement les troubles mentaux par lesquels tout le monde peut passer
05:45 et ne pas en faire un sujet de honte, mais un sujet tout à fait humain,
05:48 de dire "Ce sera peut-être pas le meilleur moment de ta vie, mais sache qu'il y a d'autres gens qui traversent ça,
05:52 qu'il y a d'autres gens comme Michel Gondry qui ont vécu ça, mais qui non seulement se sont relevés de ça
05:56 et aujourd'hui arrivent à en parler avec du recul et comme vous le disiez, avec beaucoup d'humour."
06:00 Et oui, je suis fier que le film parle de ça et effectivement, qu'il le fasse avec la pudeur et la politesse de l'humour et de la comédie,
06:08 je trouve ça courageux de la part de Michel, en fait.
06:10 Vous-même, vous avez dit avoir déjà connu, je vous cite, "des tempêtes sous votre crâne".
06:15 À quelle occasion et comment vous vous en êtes sorti, surtout ?
06:17 À l'occasion de la vie, qui est parfois clémente et puis parfois plus dure.
06:22 Donc, au moment où Michel me propose ce film, ça tombe à un moment de ma vie où c'est quelque chose qui me parle
06:28 et je trouve que c'est important de faire la lumière là-dessus.
06:31 Et puis encore une fois, encourager les gens à en parler parce que c'est pas obligé de vivre ces trucs-là tout seul, il n'y a pas de honte.
06:36 La parole est en train de se libérer, je pense qu'il faut que ça continue.
06:39 C'est bien qu'il y ait des gens, des artistes et des athlètes aussi en ce moment qui en parlent.
06:43 Bien sûr. Alors, comme votre personnage marque, vous vous êtes déjà essayé à la réalisation avec la série "Succès Casting" diffusée sur Canal+.
06:51 On était en 2013, ça fait pile il y a 10 ans.
06:54 Ça ne serait pas le moment de repasser derrière la caméra ? Est-ce que vous avez un projet en tête ?
06:57 Merci de me le proposer déjà. Est-ce que vous avez un projet en tête pour moi ?
07:01 Moi j'aimerais bien le voir en réel évidemment, puisque la dernière fois c'était quand même très réussi.
07:05 Est-ce que vous avez quelque chose qui vous trotte ?
07:08 J'ai un sujet mais je pense que ce ne sera pas mon premier film.
07:10 Et du coup là, je cherche un peu ce qui pourrait être mon premier film.
07:13 Je veux vraiment le meilleur sujet possible, donc un truc qui me tient bien à cœur.
07:17 En fait, ce qui est dur pour être tout à fait franc, c'est que j'aimerais bien un projet où je ne jouerai pas dedans pour pouvoir vraiment me consacrer à la réalisation.
07:23 Parce que c'est dur de faire les deux. Ça demande quand même de l'expérience ou beaucoup d'énergie.
07:30 Donc j'aimerais bien commencer par juste réaliser.
07:33 Et souvent quand des sujets me plaisent beaucoup, je finis par dire "Allez, je vais le jouer !"
07:37 Et du coup, j'ai quelqu'un d'autre à réaliser.
07:39 C'est très tentant, effectivement. Dans le livre "Les solutions", votre personnage construit une chaise, vous l'avez dit tout à l'heure,
07:45 et dit "Un homme n'est pas un homme tant qu'il n'a pas fabriqué une chaise".
07:48 J'ai donc envie de vous demander, un acteur n'est pas un acteur tant que quoi ?
07:52 Tant qu'il n'accepte pas d'être ridicule, je pense.
07:57 Ce sera le mot de la fin. Merci beaucoup Pierre Ninet d'avoir accepté cet entretien pour les incontournables d'Europe 1.
08:02 Je rappelle la sortie du film de Michel Gondry, "Le livre des solutions", qui sort donc au cinéma mercredi 13 septembre.
08:08 Si vous aimez rire en toute poésie, ce film est fait pour vous. Merci à vous.
08:12 Alors moi j'aurais beaucoup aimé avoir ce genre d'idée, Julia. Un problème, une solution, le livre des solutions.
08:19 Pierre Ninet est sympathique. Il est absolument adorable, le film, je pense, peut plaire au plus grand nombre,
08:25 parce que c'est vraiment foutrac, et on a besoin de sourire en ce moment, il faut aller au cinéma.