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Style de vieTranscription
00:00 Salut, c'est Stormi, autrement appelée Inès dans la vraie vie.
00:02 Je suis sur les réseaux sociaux, je suis une influençaise
00:05 et je suis une personne transgenre.
00:06 Pourquoi le pseudo Stormi ?
00:13 En fait, c'est un peu bête dit comme ça,
00:16 mais c'est vrai que quand j'étais petite, je regardais les Winx
00:18 et c'est un book animé qui n'a pas forcément de code de genre.
00:20 Les hommes portent des crop tops
00:22 parce que de base, les crop tops ont été inventés pour les garçons.
00:24 Il n'y a pas forcément de code
00:26 et c'est vrai que le personnage Stormi est un peu sous la forme de tempête,
00:29 il est un peu imprévisible.
00:31 Et ce surnom, il m'a permis de m'assumer
00:32 et de rester forte face aux critiques que je peux recevoir souvent
00:36 sur les réseaux sociaux.
00:37 Alors, ça a commencé il y a deux ans.
00:44 J'ai eu beaucoup de mal parce que sur les réseaux,
00:47 j'ai commencé en étant un homme gay cisgenre, entre guillemets.
00:51 Il a fallu du temps pour que je puisse me trouver
00:53 et comprendre réellement qui j'étais.
00:55 Et lorsque j'ai eu ce déclic et la force de me lancer,
00:58 je me suis lancée et j'ai assumé que j'étais une personne transgenre
01:01 sur les réseaux sociaux.
01:02 Je dirais que ça a été mitigé.
01:08 Il y avait des personnes qui étaient pour, d'autres contre.
01:10 C'est quand même quelque chose qui n'est pas facile à comprendre
01:14 quand on n'est pas dans notre situation.
01:15 C'est quelque chose que les gens ont beaucoup de mal à ressentir,
01:19 si je peux dire, dans le sens où ce n'est pas des choses
01:21 que les personnes ressentent,
01:22 des choses sur lesquelles des personnes s'identifient.
01:25 Donc, ça a été un peu compliqué,
01:28 mais en l'occurrence, là, actuellement,
01:30 c'est assez positif vis-à-vis de toute la famille.
01:31 Alors moi, pour ma part, j'ai fait quelques erreurs dans mon parcours
01:40 que, à l'heure d'aujourd'hui, je peux reconnaître sans avoir honte.
01:43 J'ai fait du reparcours.
01:44 J'ai commencé les hormones en hors-suivi médicalisé,
01:47 c'est-à-dire que ce n'est pas du tout recommandé
01:49 parce que ça peut fragiliser vos os et conduire à plein de bémols
01:52 au niveau de votre corps.
01:54 Il faut vraiment étudier médicalement.
01:55 Donc, au début, j'ai pris les hormones sans être suivi par des médecins
01:58 et j'ai vite arrêté.
02:00 J'ai repris un parcours
02:01 surveillé par le milieu médical.
02:04 Et du coup, ça a apporté beaucoup de changements.
02:06 Ça fait pousser les seins.
02:08 Ça modifie le visage pour affiner les traits féminins.
02:11 Ça répartit les graisses aussi et ça change beaucoup les humeurs.
02:15 J'ai mes humeurs qui vont du tout au tout.
02:17 Je peux pleurer de soir et me lever du tout, tout d'un coup
02:20 et faire "Allez, on fait la fiesta".
02:22 C'est pas facile à vivre tous les jours.
02:24 J'ai eu beaucoup de mauvaises expériences,
02:31 mais c'est parce que la transidentité,
02:34 c'est quelque chose qui n'est pas encore assez ouvert
02:36 au niveau de la société.
02:37 Il y a encore beaucoup trop de tabous
02:38 et les hommes n'ont pas forcément
02:39 l'envie ni la force de nous assumer
02:42 parce qu'il y a ces prix a priori.
02:44 Et donc, moi, en l'occurrence,
02:45 j'ai eu beaucoup d'expériences négatives et péjoratives, je dirais.
02:49 Mais j'ai eu du positif.
02:52 Genre là, j'ai rencontré quelqu'un
02:53 et ça se passe plutôt bien
02:55 parce que du coup, j'ai rompu avec mon ex,
02:57 qui était un fétichiste de personnes transgenres.
03:00 C'est-à-dire que...
03:02 Voilà, il idéalisait en fait que les personnes transgenres,
03:06 c'est-à-dire qu'il voulait sortir que c'était malsain, très malsain.
03:08 Oui, oui, oui, j'en ai une.
03:14 C'était à Paris, j'étais avec une amie également transgenre
03:17 qui est sur les réseaux sociaux
03:18 et on se baladait tranquillement, on faisait notre petite vie
03:21 jusqu'à ce que deux filles nous reconnaissent des réseaux,
03:23 qu'elles s'approchent.
03:24 Et là, je vous avoue que c'est vraiment la première fois qu'on me l'a faite.
03:26 Elles sont venues vers nous et nous ont dit "vous êtes des hommes".
03:29 Du coup, nous étonnés, on leur a répondu "mais comment, on se connaît".
03:33 Elles nous ont littéralement dit qu'elles nous suivaient sur les réseaux.
03:35 Et juste après ça, elles nous ont demandé des conseils make-up.
03:38 Du coup, on était un peu en mode "à quoi elle joue ?"
03:41 Mais voilà, je pense que c'est la plus traumatisante que je suis
03:44 parce que c'est vrai que j'ensois beaucoup de haine sur les réseaux.
03:46 Mais dans la vraie vie, je n'ai pas forcément de "monsieur ou "mademoiselle".
03:48 C'est en général tout le temps "mademoiselle" et "madame".
03:50 Je pense que les gens sur les réseaux veulent juste blesser et attaquer
03:53 par manque de confiance ou je ne sais pas.
03:56 En tout cas, ils ont un mal-être au fond, ils ont besoin de l'exprimer.
03:58 Oui, oui.
04:04 Si je peux donner des exemples de situations,
04:08 des soirées où personne ne sait que je suis transgenre
04:10 et des personnes me "out" sans me prévenir
04:13 et disent que je suis une personne transgenre,
04:15 alors que ce n'est pas forcément des milieux "safe",
04:16 je ne sais pas ce qui peut m'arriver,
04:18 je ne sais pas si on peut me sauter dessus
04:19 parce que c'est vrai que la transphobie est assez répandue.
04:21 Quand je dois annoncer à un homme que je suis une personne transgenre
04:24 sans l'avoir prévenu au début
04:25 parce que je ne vois pas forcément l'intérêt de le prévenir dès le début,
04:28 généralement, les situations peuvent être assez violentes et très gênantes.
04:31 Ça dépend des hommes et ça dépend des personnalités,
04:33 mais j'ai eu des expériences pas trop top top.
04:37 Une fois, j'ai déjà annoncé à un homme que j'étais transgenre,
04:39 mais ça faisait deux ou trois jours qu'on discutait.
04:41 Et en fait, ça part sur des crises de colère, de l'énervement
04:44 et beaucoup de transphobie.
04:46 Au début, ils sont là en train de nous dire qu'on est trop belle,
04:48 qu'on est magnifique, qu'on leur plaît.
04:50 Et après, ils sont en train de dire
04:52 "Ah, mais ça se voyait que t'étais un homme de toute façon".
04:53 En fait, c'est juste pour blesser gratuitement
04:55 parce qu'il y a toujours ce mal-être.
04:57 Je ne sais pas pourquoi de ne pas bien se sentir
05:00 après avoir dragué une personne transgenre,
05:02 alors qu'on est autant légitime que qui que ce soit dans la société.
05:04 Ça dépend de sa manière d'être.
05:11 Sa manière de s'exprimer.
05:13 C'est vrai que la société nous a beaucoup trop de fois mis dans des caisses,
05:16 beaucoup trop de fois associées à des critères dits féminins ou masculins,
05:20 ce qui a trop de fois sexualisé la femme, par exemple,
05:23 ou trop de fois mis en avant ce côté masculin toxique chez les hommes aussi.
05:27 Et pour moi, trouver sa féminité, c'est d'abord trouver
05:30 son bien-être intérieur, je dirais.
05:34 Et non, contrairement à ce que diraient certaines femmes
05:37 quand elles voient des femmes transgenres, non, on ne s'identifie pas en tant que femme
05:40 parce qu'on se maquille et qu'on s'habille en tant que femme.
05:42 On s'identifie en tant que femme parce qu'on s'est toujours sentie femme.
05:46 Et ça, c'est quelque chose qu'on ressent intérieurement.
05:48 Après, exprimer notre féminité, c'est à nous de décider comment on l'exprime.
05:51 De se forger seule,
05:58 de savoir être prête à affronter
06:01 beaucoup de problèmes et beaucoup de combats.
06:04 Mais je sais qu'au fond d'elle, elle sera fière
06:07 qu'elle aura réussi à affronter tout ça et qu'elle aura entamé sa transition.
06:11 Et surtout de ne pas écouter les mauvais commentaires,
06:13 parce qu'il y a beaucoup de frustrés sur les réseaux
06:15 et ça ne représente pas forcément la vraie vie.