• l’année dernière
Il n'a que 24 ans et a filmé Camille Cottin en mère célibataire de 43 ans avec une impressionnante justesse.

Pour l'actrice et le réalisateur, il était important de raconter le courage de ses millions de "super-héroïnes" en France. Ce rôle, dit Camille Cottin, c'est un peu son Marvel à elle.

La comédie dramatique "Toni, en famille" se dévoile dans les salles obscures ce mercredi 6 septembre 2023.

Transcription
00:00 Le départ des enfants, ce n'est pas forcément la fin.
00:02 Ça peut aussi être le début d'autre chose, mais c'est difficile.
00:05 C'est difficile de se réinventer après avoir donné consacré
00:09 la plus grande partie de sa vie à ses enfants.
00:11 En écrivant le film, je voulais quand même adresser
00:20 beaucoup de bienveillance à ces mères-là.
00:22 C'est un métier extrêmement difficile de s'occuper de cinq enfants,
00:26 extrêmement prenant, extrêmement énergivore.
00:29 Il y a quelque chose de surhumain, presque.
00:30 C'est ce qu'on se dit beaucoup.
00:32 Je dis que c'est mon Marvel.
00:33 C'est son film de super héros, Camille.
00:36 Parce que c'est ça, c'est à demander énormément de force mentale et physique
00:40 de s'occuper de cinq enfants, mais même d'un enfant, de deux enfants.
00:43 Bref, pour moi, c'est beaucoup, c'est une lettre d'amour,
00:46 même si ça peut être un peu galvaudé comme terme.
00:48 Mais j'ai envie vraiment que le film s'adresse avec bienveillance à ces mamans-là.
00:52 Oui, et puis dans ton film, tu leur souhaites une vie après la maternité
00:56 de tout ton cœur, si elles le souhaitent,
00:58 si elles en ont envie.
00:59 Tony, elle a eu ses enfants assez jeunes, donc ça en fait une jeune femme.
01:03 Mais peu importe, même dix ans plus tard, même à 50, même à 60 ans.
01:07 Le départ des enfants, ce n'est pas forcément la fin.
01:10 Ça peut aussi être le début d'autre chose.
01:12 Mais c'est difficile.
01:14 C'est difficile de se réinventer après avoir venu consacrer
01:17 la plus grande partie de sa vie à ses enfants.
01:20 Il n'y a pas que les enfants qui rendent la tâche difficile à Tony
01:23 ou la société, on le voit, elle se heurte à beaucoup de résistance.
01:27 Mais même elle, de s'avouer son désir et de mettre en place
01:30 ce qu'il faut pour le réaliser, ça lui demande beaucoup de courage.
01:33 J'ai beaucoup aimé interpréter un personnage
01:41 qui a énormément de force et de puissance,
01:44 mais dans une enveloppe très douce, dont la fragilité est très palpable.
01:49 Ça m'a beaucoup inspirée.
01:51 Oui, ça m'a fait du bien de jouer un personnage comme celui-ci.
01:55 Dans son rapport à ses enfants, aussi,
01:57 dans le fait de ne pas se poser comme une figure d'autorité.
02:01 Il n'y a pas de rapport de domination, je trouve, avec ses enfants.
02:05 Elle est moins protégée, du coup.
02:06 Ils se laissent plus facilement aller à dire ce qu'ils pensent,
02:10 comme ils le pensent, sans se soucier de l'impact que ça pourra avoir
02:13 ou savoir si c'est un manque de respect ou pas, des dernières choses comme ça.
02:16 Mais après, ils la respectent néanmoins.
02:18 Je pense qu'ils sont quand même conscients d'avoir face à eux
02:21 quelqu'un qui est quand même dans le don de soi.
02:24 Donc, ils ont une humanité, ces gens.
02:27 Dès qu'on s'est vus, on a parlé de notre amour commun pour Phoebe Waller-Bridge,
02:36 son humour, la liberté de ton.
02:40 Mais attends, on va parler de Greta Gerwig aussi, c'était avant Barbie.
02:43 Du féminisme, de genre.
02:45 Le cinéma, en général, c'est vrai qu'on s'est retrouvés sur pas mal de points.
02:48 Et c'est là où, quand on se dit
02:51 "mais pourquoi écrire sur Tony qui a 40 ans, qui est une femme ?"
02:54 En fait, en te parlant, je me suis rendu compte qu'on n'était pas si différents.
02:58 En tout cas, il y a plein de choses qui nous différencient,
03:00 mais il y a aussi plein de choses qui nous rapprochent.
03:01 C'est drôle parce que moi, je disais "mais moi, je l'oublie, la différence d'âge".
03:04 Je me disais "bon, je pense que lui, il l'oublie pas"
03:05 parce que t'es plus âgé, t'as toujours l'impression que t'es à le même âge.
03:07 Il était là "mais c'est fou, non ? Aucune différence !"
03:10 À un moment, ça va...
03:11 Non, je l'oubliais aussi.
03:13 C'est vrai que j'avais l'impression de ne pas tout de suite parler à une amie
03:16 parce que moi, j'étais très stressé de te rencontrer,
03:18 mais très vite, j'ai eu l'impression que c'était organique et naturel.
03:21 On peut se parler pendant des heures, tu vois.
03:23 Il n'y a aucun moment où je me dis "moi, je sais parce que j'ai plus vécu".
03:27 J'ai été plus souvent sur un plateau de cinéma
03:29 de par mon expérience, à mon âge.
03:32 Enfin, j'ai même l'impression que t'as vu plus de films que moi,
03:35 que t'es plus cinéphile, plus sensible, plus passionnée.
03:38 Et t'as plus d'ardeur sur certains sujets
03:41 et que j'ai beaucoup à apprendre de toi.
03:43 Quand tu me fais découvrir de la musique,
03:45 enfin, je ne sais pas, plein de choses.
03:46 J'apprends beaucoup.
03:47 Tu ne te rends pas compte de la réciprocité de tout ça ?
03:49 T'auras 30 ans, je serai ta vieille actrice,
04:02 tu me parleras mal.
04:03 "Ah, voilà, le coca-milk !"
04:04 Notre relation va évoluer de façon très saine, moi, je pense.
04:08 Mais j'en suis sûre.
04:09 Non, je plaisante, je ne sais pas.
04:11 Tu te vois où, toi, dans 10 ans ?
04:12 Sur un plateau de cinéma, j'espère.
04:14 À moins d'un méga-Covid qui dure 15 ans,
04:16 tu ne vas pas penser comment tu pourrais ne pas être
04:18 sur un plateau de cinéma dans 10 ans.
04:20 Oui, mais toi aussi,
04:21 je pense qu'on y est tellement bien
04:23 et c'est tellement chouette d'être sur un plateau de cinéma.
04:25 Moi, j'espère être sur un plateau de cinéma avec Camille à mes côtés,
04:28 qui accepte toujours de jouer dans mes films,
04:29 malgré tous les projets qu'on lui propose tout le temps.
04:32 Et c'est vrai que quand même, quand tu me dis
04:33 "Ah, j'aimerais te retourner avec machin",
04:35 il ne prend pas les plus nuls.
04:37 Et je dis "Ouais".
04:39 Et en même temps, j'ai tort.
04:40 Au rythme où tu vas,
04:41 j'ai vu la façon dont tu réalises tes rêves.
04:43 Attention, je ferais bien de ne pas...
04:46 de ne pas te remettre en doute.
04:48 Il se trouve maintenant, je tais-toi
04:49 pour accéder à tous ces gens.
04:51 C'est la vraie chose, je suis un super hamster.
04:53 Il y a une mutation, même on le voit physiquement,
04:58 c'est étonnant.
04:59 Il y a une transformation et ce n'est pas très harmonieux
05:01 et ça reflète bien.
05:03 Non, mais souvent, quand même souvent,
05:04 même des enfants magnifiques
05:06 qui redeviennent de jeunes adultes magnifiques,
05:07 il y a un endroit un peu particulier
05:09 qui reflète bien en fait les zones de turbulence.
05:12 C'est vraiment une mutation, ouais.
05:14 Ça peut se faire dans une certaine douleur,
05:16 pas toujours.
05:17 Le parent assiste à ça,
05:19 un peu désemparé, je pense.
05:21 Il y a un deuil, il y a un premier deuil,
05:22 qui est le deuil de l'enfance
05:23 et que tout le monde doit faire.
05:24 Mais en général, l'adolescent le fait plutôt joyeusement
05:26 en pensant qu'enfin, il va accéder à la liberté.
05:29 Parce que l'enfance, c'est magnifique,
05:30 c'est l'insouciance, mais il y a aussi zéro liberté.
05:33 ♪ ♪ ♪

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