Les gendarmes de l'Hérault ont désormais un nouveau patron.
Le Colonel Thomas Debrecq a pris ses fonctions dans le courant de l'été.
Il arrive de Martinique, ou il était commandant en second des gendarmes de l'île.
Parmi ses priorités, la lutte conte les violences intra-familiales, contre les stupéfiants et la consommation excessive d'alcool.
Le Colonel Thomas Debrecq a pris ses fonctions dans le courant de l'été.
Il arrive de Martinique, ou il était commandant en second des gendarmes de l'île.
Parmi ses priorités, la lutte conte les violences intra-familiales, contre les stupéfiants et la consommation excessive d'alcool.
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00:00 Vous écoutez France Bleu et Rho, vous nous regardez peut-être sur France 3 Occitanie
00:03 comme chaque matin entre 7h et 9h.
00:05 Nous recevons ce matin le colonel Thomas Deprecq, le nouveau patron des gendarmes de
00:09 l'Héros, Guillaume Molland.
00:10 Bonjour colonel Deprecq.
00:11 Bonjour Guillaume Molland, vous allez bien ?
00:13 Très bien, écoutez, très très bien, ravi de vous avoir ce matin, je vous souhaite
00:16 la bienvenue dans ce studio que vous découvrez pour la première fois puisque vous êtes
00:20 nouvellement arrivé dans l'Héros.
00:21 D'autres se sont chargés j'imagine de vous souhaiter la bienvenue dans ce département
00:25 où vous avez pris vos fonctions tout début août, c'est ça ?
00:27 Oui, oui, effectivement, j'arrive de la Martinique où je commandais en second la gendarmerie
00:32 et j'ai atterri à Paris le 3 août au soir et le 4 août j'étais ici dans l'Héros
00:38 à commencer à arpenter le département.
00:40 Vous quittez le soleil de la Martinique pour le soleil de l'Occitanie et de l'Héros
00:44 en particulier.
00:45 Exactement, mais en fait j'arrive dans un département qui est particulièrement agréable
00:49 quand on quitte la saison humide martiniquaise et qu'on trouve la fraîcheur de l'Héros
00:53 malgré la canicule.
00:54 La fraîcheur de l'Héros, on est monté jusqu'à 42 ici.
00:57 Non, non, mais il y a quelque chose de reposant en fait dans ce climat hexagonal et la proximité
01:04 de la Méditerranée vient équilibrer la chaleur qui vient de la terre.
01:09 Alors c'est vous qui dirigez, commandez désormais tous les gendarmes du département.
01:13 On rappelle combien de gendarmes dans l'Héros exactement ?
01:15 Alors on est environ 1200 gendarmes d'actifs et 700 gendarmes de réserve et l'objectif
01:22 et je le dis sur le plateau, on cherche à recruter des réservistes de la gendarmerie,
01:28 donc des gens comme vous qui avez du temps à donner à la gendarmerie et à votre vie.
01:34 Il y a du temps.
01:35 Et vous aussi peut-être ?
01:36 Oui, après la sieste alors.
01:38 Et donc on aurait bien monté à 2000 gendarmes ici, donc recruter encore une centaine de
01:43 réservistes.
01:44 Mais il faut avoir une petite expérience quand même ou pas ?
01:45 Non, non, pas du tout en fait.
01:46 On prend celui qui veut, qui a de l'enthousiasme, qui est en forme physiquement et puis on fait
01:52 en forme en fait cette personne pour travailler avec des gendarmes d'actifs.
01:56 Parce que vous avez besoin de main d'oeuvre comme tout le domaine.
01:59 Dans le contexte d'aujourd'hui, beaucoup d'entreprises ont besoin de main d'oeuvre
02:02 et nous également.
02:03 Alors je sais que vous êtes déjà amoureux de ce département et de son terroir.
02:08 Département où on a aussi parfois des situations un peu compliquées et extrêmes et je vous
02:14 en parle parce que j'ai vu aussi que vous étiez un spécialiste de la gestion de crise
02:17 et si les crises qu'on a, c'est la chaleur, c'est la sécheresse ou parfois les épisodes
02:20 sévenols.
02:21 Vous avez retenu j'imagine avant d'arriver.
02:22 - Oui d'ailleurs c'est très impressionnant.
02:24 Je ne réalisais pas du tout l'ampleur de ces phénomènes notamment.
02:28 Vous parlez des incendies, mais les épisodes sévenols, je n'imaginais pas ce que c'était.
02:33 Alors quand on vient des Antilles où les tempêtes tropicales peuvent être parfois
02:37 monstrueuses avec des inondations, on imagine un petit peu ce que ça peut être.
02:41 Ce que j'ai compris ici, c'est qu'en matière de gestion de crise, notamment dans la lutte
02:44 contre les incendies, vous avez des pompiers qui sont particulièrement pros sur le sujet.
02:49 J'ai rencontré Eric Flores, le patron des pompiers et ils ont une expérience finalement
02:56 assez époustouflante.
02:59 Je pense qu'ils doivent être les meilleurs en fait dans ce domaine aujourd'hui en France
03:04 avec une expérience, un aguerrissement au quotidien dans la lutte contre les feux.
03:08 Finalement en gestion de crise, vous parliez de la gestion de crise tout à l'heure, la
03:12 crise c'est décidé dans la certitude.
03:13 Les feux, on ne sait pas quand ça arrive.
03:17 Les épisodes sévenols, on ne sait pas quand ça arrive.
03:19 Il faut s'y préparer.
03:20 - Pour les feux, on a été épargnés, heureusement, relativement épargnés cet été.
03:23 On espère qu'on le sera aussi par les épisodes sévenols.
03:25 Colonel Deprecq, votre agenda est déjà coupé en deux.
03:30 C'est ce que j'ai cru comprendre aussi, puisque vous dites que vous consacrez, vous avez l'intention
03:35 de consacrer, c'est ce que vous faites d'ailleurs, j'imagine déjà, 50% de votre temps à vos
03:40 hommes et 50% de votre temps au territoire en faisant notamment le tour des brigades.
03:45 Vous avez déjà commencé.
03:46 - Oui, j'ai commencé parce que l'enjeu pour un patron de gendarmerie ou pour un gendarme
03:51 qui arrive sur son territoire, c'est de comprendre les attentes de la population.
03:55 On ne fait pas notre métier pour nous, on le fait pour les autres.
03:58 C'est un vrai métier de service public.
04:00 Et on ne répond pas de la même manière aux attentes, en tout cas les attentes de la population
04:05 ne sont pas les mêmes forcément en Martinique ou ici dans les Roues.
04:08 - Qu'est-ce qu'elle vous dit la population héroltaiste que vous avez déjà rencontrée
04:11 depuis un mois ?
04:12 - Écoutez, en fait, j'ai rencontré des gens très différents, beaucoup d'élus.
04:16 Locaux et nationaux, des austréiculteurs, des agriculteurs, des gens de la ville.
04:22 Et les besoins ne sont pas partout les mêmes.
04:24 Mais il y a une attente très très forte de la présence de la gendarmerie pour protéger.
04:29 Et on passe beaucoup de temps à s'occuper de victimes et on passe beaucoup de temps
04:35 aussi à chasser les délinquants.
04:37 Il y a une attente forte en fait sur ce sujet.
04:39 - Alors justement, ça fait partie de vos trois priorités.
04:41 On va commencer par celle-là.
04:43 Vous dites, c'est l'humain, c'est ce que vous vous appelez l'humain.
04:47 Et vous dites, il faut faire du sur-mesure.
04:49 - Oui, alors si vous voulez, dans les priorités énumérées, la plus importante d'entre
04:54 elles, pour moi, ce sont mes gendarmes.
04:58 Ce sont les gendarmes de l'héros.
04:59 - L'humain, ça inclut aussi vos gendarmes.
05:01 - Ça inclut les gendarmes.
05:03 Mais si vous voulez, le gendarme s'engage et pour s'engager, il est prêt à donner
05:06 sa vie pour ses concitoyens.
05:08 Ce ne sont pas des mots, c'est la réalité en fait de leur choix de militaires de la
05:12 gendarmerie.
05:13 Ils ont besoin d'être soutenus par leur chef.
05:15 Et pour bien faire son métier, il faut y prendre plaisir.
05:17 Et les gendarmes ici ont besoin d'être renourris et de retrouver le sens de leur engagement.
05:22 - Mais alors, je reviens au sur-mesure.
05:24 Qu'est-ce que vous entendez quand vous dites qu'il faut faire du sur-mesure ? C'est-à-dire
05:27 qu'il faut que le gendarme, dans son action, s'adapte à… ça peut être soit un chef
05:32 d'entreprise qui a une problématique de cambriolage ou autre, ou ça peut être le
05:36 règlement d'un simple conflit de voisinage.
05:38 Il faut que le gendarme sache s'adapter en fonction de la population à laquelle il
05:42 a affaire, c'est ça ?
05:43 - Alors, le gendarme doit comprendre… le gendarme qui sert à Saint-Jean-de-Vedas,
05:49 tout près d'ici, est confronté à une augmentation énorme de population.
05:53 Celui qui sert à Holonzac, aux confins du département, n'a pas du tout le même
05:59 rapport.
06:00 Il a peut-être plus de temps pour aller rencontrer les gens, mais ils sont moins nombreux les
06:04 gendarmes là-bas.
06:05 Donc, il y a deux enjeux complètement différents.
06:08 Mais à chaque fois, il faut réussir à établir ce lien de proximité pour répondre aux besoins
06:14 de la population, aussi bien à Holonzac qu'à Saint-Jean-de-Vedas.
06:16 C'est compliqué.
06:17 - Même si les gendarmes sont un peu débordés, comme tout le monde aussi ?
06:20 Comme la police nationale ou municipale ?
06:22 - Le gendarme n'est pas un super-héros.
06:24 Le gendarme, c'est un homme comme vous et comme moi qui a fait le choix de servir avec
06:29 les moyens qu'on lui confie.
06:30 Après, dans notre ADN de gendarme, de militaire, on nous demande de remplir la mission en manœuvrant.
06:37 Donc, avec les moyens qu'on a, on peut choisir.
06:40 C'est ce que je vais faire très prochainement, quand j'aurai fait mon tour de piste.
06:42 Je vais dire "ok, j'ai peut-être besoin de renforcer avec des moyens conséquents la
06:47 périphérie de Montpellier".
06:48 Et donc, je vais faire ce qu'on appelle des bascules de force pour venir aider les gendarmes
06:52 de Montpellier à faire face à la montée de l'incron.
06:56 - C'est ça aussi le sur-mesure, c'est d'adapter les moyens en fonction de l'évolution de
07:00 la situation.
07:01 Deux autres axes principaux sur lesquels il faudrait qu'on s'arrête rapidement.
07:03 La lutte contre les violences intrafamiliales.
07:05 Ça, c'est quelque chose qui vous préoccupe.
07:08 Quand on parle de violences intrafamiliales, on peut aussi parler de violences conjugales,
07:12 mais pas que.
07:13 - Très bien.
07:14 Alors, ça, c'est clairement une priorité du gouvernement.
07:17 Et c'est un sujet, si vous voulez, qui est extrêmement préoccupant et sensible.
07:23 Tous les jours, toutes les nuits, en fait, les gendarmes interviennent pour sauver des
07:27 femmes ou des enfants ou des hommes qui sont victimes de violences au sein de la cellule
07:32 familiale.
07:33 - Tous les jours, dans les rues ? - Tous les jours.
07:34 Tous les jours.
07:35 Je pense que dans les...
07:36 En Martinique, ça a été 7 fois par nuit, en moyenne.
07:40 Ici, ça doit être 5-6 fois par nuit.
07:43 D'accord ? Donc, c'est extrêmement important.
07:44 C'est à la fois très beau et très bon parce qu'en fait, on va sauver un enfant, on va
07:51 sauver une femme de violence ou un homme.
07:54 Mais c'est à la fois très chronophage parce que finalement, s'occuper, prendre en charge
08:00 complètement une victime, c'est l'accompagner ensuite dans toutes ses démarches pour la
08:03 protéger, pour la soigner si elle a été blessée.
08:06 Et finalement, on voit qu'on est à la limite du métier du gendarme qui doit à la fois
08:12 protéger la victime, mais aussi agir contre les auteurs.
08:16 Et donc, en passant beaucoup, beaucoup de temps avec les victimes, finalement, on consacre
08:22 moins de temps à lutter contre un adversaire ou un délinquant.
08:25 - Donc, il faut faire quoi du coup ? - Et donc, on s'organise.
08:27 On a créé une maison de protection des familles avec des intervenantes sociales gendarmerie
08:32 qui là, pour le coup, ne sont plus des militaires, mais des experts, des spécialistes de l'accompagnement,
08:39 de la santé et qui viennent aider ces victimes pour les sortir de la situation de crise profonde
08:48 qu'elles connaissent.
08:49 - Il nous reste une minute, je connais le deprès que ça passe très vite.
08:53 Je voudrais juste qu'on s'arrête aussi parce que c'est votre dernière priorité, mais
08:56 ce n'est pas nouveau, j'ai envie de dire.
08:58 Votre prédécesseur, vos prédécesseurs étaient aussi évidemment préoccupés par ça.
09:01 La lutte contre les stupéfiants, l'alcool et les ravages qu'elle peut provoquer en
09:07 termes d'accidentologie ou pas que, ça aussi, ça fait partie des choses sur lesquelles
09:11 vous allez mettre une attention.
09:12 - La lutte contre les stups, en fait, c'est un vrai sujet national, priorité également
09:17 du gouvernement.
09:18 Si vous voulez, les stupéfiants génèrent une insécurité dans la rue qui est insupportable
09:24 pour le citoyen et donc qu'on ne peut pas laisser faire.
09:26 Donc l'idée, c'est de casser ces points de deal qui peuvent se multiplier.
09:31 - Y compris en zone gendarmerie, en zone rurale.
09:35 - C'est partout, si vous voulez, la zone gendarmerie, elle n'est pas que rurale.
09:38 Quand on est en périphérie de Montpellier, nous, on a 30, pardon, sur les 23 communes
09:44 de la métropole, on a 21.
09:46 - Donc casser les points de deal comme le dit le ministre.
09:49 - C'est exactement ça, c'est casser les points de deal.
09:53 - Gros boulot.
09:54 - Merci.
09:55 - On fera le point avec vous dans quelques mois alors sur la question.
10:00 - Moi je reviendrai avec plaisir pour expliquer ce qu'on fait dans le département.
10:04 - Merci, colonel Thomas Duprecq, nouveau patron des gendarmes de l'héros d'être venu.
10:08 - Merci à vous.
10:09 - Merci à vous.
10:10 - C'est un réécouté sur le site internet.