"Je suis meurtrie par la violence de ce que j’entends" : Faustine Bollaert se confie sur la gestion de ses émotions dans Ça commence aujourd'hui
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00:00 - Vous avez parfois du mal à retenir votre émotion, ça s'est vu dans quelques émissions...
00:04 - Oui, oui, bien sûr. Alors aujourd'hui avec le temps...
00:06 Oui, pardon, dites-moi.
00:07 - Oui, oui, avec le temps vous arrivez à prendre du recul, mais comment vous préparez ces émissions justement ?
00:11 Vous les rencontrez avant ? Comment ça se passe ?
00:13 - Je les rencontre juste sur le plateau avant, parce que j'ai envie de les détendre un petit peu,
00:17 parce que quand ils me voient, parfois ils sont impressionnés, parce qu'ils ont l'impression de rentrer dans leur télé,
00:19 donc je leur explique qu'on va se détendre et qu'on est vraiment comme si on prenait un café ensemble,
00:23 et qu'ils me fassent confiance, et de leur expliquer aussi parfois pourquoi ce sujet me touche moi.
00:27 Parce que moi j'ai pas le droit de le dire pendant l'antenne, en disant "oui moi aussi, ma mère ceci, mes enfants ceux-là",
00:32 donc je leur explique en disant "voilà, ça me prend au trip aussi parce que j'ai été touchée, parce que ça me parle,
00:36 et du coup il y a aussi une complicité qui naît".
00:38 Et puis par contre en tout début de semaine, ma productrice m'envoie en général les thèmes où elle sait
00:43 que je vais me prendre un camion dans la tronche, quoi.
00:45 Et donc en fait c'est une histoire de mentalisation, c'est-à-dire qu'à partir de...
00:48 - Oui, de là, vous intégrez l'histoire.
00:51 - En direct, vendredi, on va parler de suicides, de personnes qui se sont suicidées sur leur lieu de travail,
00:56 elle me prépare avant, parce qu'elle sait que ça va être très violent,
01:00 et moi comme ça, il y a une espèce de petite musique toute la semaine où je sais que je me prépare à ce que je vais écouter.
01:05 - Est-ce que ça veut dire aussi qu'au bout de tant d'années, vous vous dites
01:10 "moi j'ai une vie privilégiée quand je vois tous ces témoins",
01:13 est-ce que dans votre vie ça permet de relativiser les petits bobos ou les petits accidents de la vie ?
01:17 - Oui, oui, tout le monde. Après je suis surtout assez meurtrie aussi par la violence de ce que j'entends.
01:25 C'est-à-dire que j'ai souvent les épaules quand même très lourdes et accablées de la noirceur de ce que j'entends.
01:30 Donc ça fait relativiser aux ceux qui nous regardent aussi beaucoup.
01:33 Moi évidemment, ça remet souvent l'église au milieu du village, mais ça a aussi un prix.
01:37 Je ne suis pas thérapeute, je n'ai pas forcément les capacités...
01:42 Voilà, on ne m'a pas appris à mettre à distance,
01:44 donc j'arrive aujourd'hui à un peu avoir de la discipline et réussir à me protéger,
01:49 à trouver comme ça une routine pour éloigner un peu les émotions fortes,
01:53 mais ça n'est pas sans conséquence.
01:55 Moi-même, je suis devenue quelqu'un d'inquiet.
01:58 Il y a des périodes où quand on est au mois de novembre, décembre,
02:01 quand on fait des thèmes un peu lourds, c'est moins facile à entendre.