Patrick Poivre d'Arvor : "Ma fille Solenn m'a longtemps hanté..."

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Patrick Poivre d'Arvor : "Ma fille Solenn m'a longtemps hanté..."
Transcript
00:00 [Musique]
00:16 Vous en voulez de la disparition de Solène, de n'avoir pas réussi à l'empêcher ?
00:20 Oui, parce qu'on devrait pouvoir retenir, d'abord c'est pas dans l'ordre naturel des choses que les cadets partent avant les aînés,
00:27 puis on devrait pouvoir les retenir. J'étais proche, très très proche d'elle, on se parlait, le week-end précédent on avait passé,
00:35 on était encore à la neige ensemble, on devait partir le soir même. Bien sûr, je lui ai téléphoné le matin même encore,
00:43 rien ne le laissait pressentir, même si je la savais fragile. Et bien sûr que c'est toujours, c'est toujours, voilà, il n'y a pas,
00:54 je ne dirais pas de culpabilité mais... Il n'y a pas de culpabilité ? Non, il ne faut pas avoir de culpabilité, ils partent parce qu'ils ont voulu partir.
01:02 Et en fait, plus que ça, ils ont voulu surtout se soustraire à la douleur qu'ils ont en eux, ils ont juste voulu couper ce moment de douleur,
01:11 ils n'ont pas voulu nous quitter. La lettre qu'elle m'a adressée, que j'ai découvert donc après sa mort, était bouleversante, bouleversante d'amour.
01:18 « Merci pour tout mais je n'aime pas la vie », écrit-elle. Bah oui, mais alors la vie pourtant, elle l'a aimée profondément.
01:26 Elle est allée avec moi dans des tas de pays, elle avait envie d'aider, notamment elle était passionnée par l'Afrique, elle avait envie d'aider dans l'humanitaire et tout ça.
01:35 Je sentais qu'il y avait chez elle une passion réelle. Mais malheureusement, l'anorexie est une maladie terrible, comme la boulimie,
01:45 comme tous les troubles alimentaires qui vous bouffent le cerveau.
01:49 Est-ce qu'il y a une volonté de se détruire ? Est-ce que vous le ressentez comme ça ou pas du tout dans la maladie ?
01:53 Non, j'avais un dégoût de tout, de tout, de tout. Les gens, pour moi, voir des gens qui faisaient des grands dîners, ça me dégoûtait, j'avais l'impression que c'était malsain.
02:05 C'était malsain de manger pour moi. C'est dingue.
02:09 Solène, je pense beaucoup à elle. Je dirais qu'au début, elle m'a hanté, bien sûr, et que maintenant, elle m'accompagne.
02:16 Je pense même qu'à un moment donné de ma vie, elle m'a guidé, elle m'a poussé sur un chemin qui n'était pas tout à fait le mien.
02:22 Et le fait d'avoir créé, par exemple, un hôpital qui porte son nom, la maison de Solène, ça, ça m'a rendu très, très, très heureux.
02:28 Et je suis très, très fier, car depuis quelques semaines, nous avons lancé les bourses Solène, justement, pour permettre à des chercheurs d'essayer partout dans le monde,
02:37 d'essayer de trouver les raisons de cette maladie.

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