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Jacques Chancel et Jean Ferrat
Transcription
00:00 Jean Ferrat, le poète a-t-il toujours raison ?
00:07 Ah, je crois.
00:09 Vous êtes sûr, vous, d'avoir raison ?
00:13 Ah, mais moi, je ne me prends pas pour un poète.
00:15 Je pense que, dans l'histoire, ça s'est vérifié constamment.
00:23 Pourquoi avoir composé cette chanson "La femme et l'avenir de l'homme" ?
00:27 C'est parce que nous sommes à la fin de l'année de la femme ?
00:30 Écoutez, certainement que, dans ma campagne, j'ai été influencé par tout ce qui s'est dit, chanté, à ce sujet,
00:38 et à ce que j'ai lu, bien sûr.
00:41 Et je pense aussi que c'est vrai, c'est ça, je pense que c'est profondément vrai.
00:47 Parce que, il est incontestable pour moi qu'après des millénaires de servage,
00:55 d'ailleurs, c'est exactement le terme que j'emploie, et d'infini-servage, qui est, je crois, de Rimbaud, d'ailleurs,
01:02 eh bien, nous allons assister, dans les années, dans les siècles qui viennent,
01:11 à un prodigieux développement de l'importance de la femme, et que tout va vraiment changer.
01:20 Vous avez l'impression d'être engagé plus qu'autrefois, dans ce que vous faites ?
01:25 Non.
01:26 Êtes-vous communiste ?
01:28 Je suis sympathisant.
01:31 Pourquoi ne vous engagez-vous pas à fond ?
01:33 Eh bien...
01:34 Une carte vous fait peur ?
01:35 Pardon ?
01:36 Une carte vous fait peur ?
01:37 Pour moi, le militantisme, je le pratique sur le plan de la municipalité, dans laquelle j'ai ces fonctions,
01:46 je le pratique aussi sur le plan de la chanson, je pense que c'est bien,
01:52 et que je ne dis pas qu'un jour je n'adhérerai pas au parti communiste, c'est très possible.
01:58 Pour l'instant, pas encore.
02:00 Mais vous pensez avoir raison. Et les autres, ils ne pensent pas comme vous.
02:03 Ah, mais je leur reconnais tout à fait le droit.
02:05 Vous êtes tolérant ?
02:06 Oui. Je suis tolérant pour les pauvres gens.
02:10 Vous savez, je chante une chanson qui s'appelle "J'entends, j'entends", sur un poème de Ragon,
02:17 où je chante à un moment, j'en ai tant vu qu'il s'en allait, il ne demandait que du feu.
02:23 Il se contentait de si peu, il avait si peu de colère.
02:28 Ce qu'ont fait de vous, hommes, femmes, aux pierres tendres tôt usées,
02:33 et vos apparences brisées, vous regardez m'arrache l'âme.
02:37 C'est ça.
02:39 Jean Ferrat, si vous étiez à la tête d'une chaîne de télévision,
02:43 vous permettriez aux faiseurs de tube de passer ?
02:47 Je ne veux exclure personne.
02:51 Il est impossible d'exclure qui que ce soit de la diffusion normale.
02:57 Mais au moins que ça reste dans des limites décentes,
03:00 et que chaque expression propre, dans le domaine de l'art comme d'ailleurs dans les autres,
03:05 ait la possibilité de s'exprimer.
03:07 On assiste de plus en plus à une monopolisation des choses qui sont soit disant dans le vent,
03:15 soit disant du 8 parades, soit disant à la pointe du progrès.
03:21 Si Rimbaud faisait des émissions maintenant, vous croyez qu'il aurait un gros pourcentage d'écoute ?
03:27 Non, hélas.
03:29 Bon.
03:31 Il y a aussi cette autre chanson, "Mon chant est un ruisseau".
03:35 Et il y a cette phrase, "Buvez mon chant comme du thé au lait".
03:42 Oui, je vous dis, c'est Nesval qui l'a écrite.
03:46 Mais je la chante.
03:49 Et je trouve ça joli.

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