Dans « Les voyages de Nicky », disponible sur France 5, la drag queen la plus connue de France explore la question du genre et du drag à l’international. Rencontre.
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00:00 Coucou, c'est Alice in Icky Doll.
00:01 Le projet Les Voyages de Niki est né d'une idée un peu farfelue
00:13 que j'ai eue il y a à peu près trois ans,
00:15 quand je regardais le travail d'Anthony Bourdain,
00:19 qui est un homme américain que j'adore, qui voyageait autour du monde,
00:23 mais qui te faisait découvrir le monde à travers la cuisine.
00:27 Et j'ai toujours été un globetrotter depuis tout petit.
00:30 Ma mère m'a fait voyager, que ce soit dans les Caraïbes pendant sept ans,
00:33 au Maroc, après je suis rentré en France,
00:35 puis après j'ai déménagé aux Etats-Unis.
00:36 Donc j'ai toujours adoré découvrir la culture des autres.
00:40 Et je me suis découvert gay.
00:43 Et du coup, en étant queer, je me suis toujours demandé
00:45 ce que c'était la réalité des personnes comme moi
00:48 dans d'autres cultures, dans d'autres sociétés.
00:49 Et il y a certaines personnes, par exemple, comme les personnes transgenres,
00:52 qui ont une vie totalement différente en Inde
00:55 que par exemple en Arabie Saoudite.
00:57 Donc pour moi, c'était important de pouvoir parler de tout ça
00:59 et surtout montrer que la définition même d'une personne queer,
01:02 elle n'existe pas, parce qu'il y a 36 000 définitions.
01:06 Et surtout, on a toujours été là.
01:08 Donc je voulais montrer ça à notre cher peuple et j'espère le monde.
01:11 En faisant tous ces voyages,
01:17 en fait, ça m'a vraiment permis de me rendre compte que la définition
01:20 qu'on essaie de nous inculquer dans nos chers pays d'Occident,
01:25 est erronée par plein de choses.
01:28 Et l'histoire même explique pourquoi cette définition,
01:31 en fait, nous a été imposée.
01:32 Mais pas qu'à nous, elle a été aussi imposée par tous les pays
01:34 qui ont été colonisés, par tous les pays à qui on a forcé notre religion.
01:39 Et d'ailleurs, en Inde, par exemple, quelqu'un à qui j'ai parlé,
01:43 qui s'appelle Maya, m'a expliqué que l'homosexualité
01:46 n'a pas été ramenée par les colons, mais c'est l'homophobie
01:48 qui a été ramenée par les colons.
01:55 À travers ces quatre pays, il y a vraiment une définition historique
01:59 qui est, entre guillemets, à peu près tolérée, acceptée,
02:03 qui était une culture qui était vachement plus fluide
02:05 avant d'être devenues les sociétés que sont devenues ces pays-là.
02:09 Mais c'est vrai qu'après, avec l'évolution de la société,
02:12 la religion, etc., il y a pu peut-être avoir un pas en arrière
02:16 sur ces projets-là.
02:17 Mais ce que j'ai pu voir, par exemple, au Mexique,
02:21 c'est qu'il y a des députés qui sont des femmes trans
02:23 et qui sont acceptées, célébrées et respectées,
02:28 pas juste par des personnes de leur communauté,
02:29 mais aussi par les personnes hétéros et les alliées.
02:32 Et d'ailleurs, en Inde, ce qui est hyper intéressant,
02:34 c'est que la femme trans, par exemple, a un statut très différent.
02:37 Elle est respectée, elle est célébrée,
02:39 mais elle est aussi très sollicitée pour ses dons surnaturels
02:42 parce qu'elles sont vues comme des déesses.
02:45 Et elles sont là, par exemple, pour bénir un nouveau-né
02:48 ou alors danser et chanter pour aider la personne décédée
02:51 à passer dans l'autre monde.
02:53 Donc elles ont vraiment un statut qui est unique dans leur société.
02:56 J'ai rencontré des personnes
03:04 qui m'ont vraiment changé en tant qu'être humain
03:07 parce que les conversations qu'on a eues,
03:08 les échanges et les partages qu'on a eus sur nos vécus
03:11 étaient vraiment intenses.
03:12 Mais si je dois me rappeler d'une rencontre en particulier,
03:15 je pense que ce sera Grace en Inde,
03:18 qui est la première femme trans ingénieure d'Inde,
03:22 une activiste et qui s'est battue pour pouvoir non seulement
03:25 faire changer les choses pour sa culture et sa communauté,
03:28 mais qui a carrément créé un village uniquement
03:31 pour que ces femmes trans puissent non seulement avoir un toit,
03:34 mais être propriétaires et être parfaitement indépendantes,
03:37 que ce soit financièrement,
03:38 et avoir leur communauté autour et être acceptées
03:41 et se sentir en sécurité.
03:42 Je pense que ma vision du drag a été influencée par tous ces voyages
03:50 parce que j'ai été confronté à différents types de drag.
03:52 Comme en France, on peut avoir par exemple
03:54 un aspect plus burlesque, cabaret, etc.
03:57 J'ai pu voir en Grèce par exemple,
03:59 qu'il y avait vraiment une subculture très punk du drag.
04:02 J'ai vu qu'en Inde, on avait énormément d'influences bollywoodiennes.
04:07 Au Japon, j'ai pu voir des queens qui ne sont pas juste
04:11 dans la female impersonation,
04:14 mais qui vont aussi s'influencer de la pop culture japonaise.
04:17 Donc chaque artiste drag a été influencé par la culture qui l'entoure
04:21 et c'était très intéressant de voir ça de mes propres yeux.
04:24 Là, vous voyez quatre épisodes,
04:31 mais c'est quatre épisodes d'une saison un.
04:33 Donc plus vous regardez, plus des saisons il y aura
04:36 et plus des voyages je vous ferai faire.
04:37 Mais j'adorerais pouvoir aller au Brésil.
04:40 J'adorerais pouvoir aller en Thaïlande,
04:41 parce que la Thaïlande, c'est l'un des pays
04:42 où j'ai été le plus confronté à du drag.
04:46 Il y a carrément...
04:48 Si un jour la Thaïlande venait à disparaître de la carte,
04:51 vous auriez beaucoup de décès de drag queens,
04:53 parce qu'on se fournit toutes et tous en bijoux, en pierres, en tissus.
04:58 Les artistes les plus doués que je connaisse sont des artistes thaïlandais.
05:01 Et donc, ça serait hyper intéressant de voir ça.
05:03 Et il y a surtout cette compréhension de la transidentité,
05:07 de la non-binarité qui existe depuis très longtemps,
05:10 avant même que ce soit quelque chose qui soit montré à la télé plus souvent.
05:14 *Bruit de pet*
05:16 [Bruit de bébé]