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Chef de la cellule enquête à L'Equipe, Marc Leplongeon nous livre dans le détail la situation à l'OL après que le tribunal de commerce de Lyon a ordonné le gel de 14,5 millions d'euros du club et le nantissement des titres à la demande de Jean-Michel Aulas.

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Transcription
00:00 Pour nous expliquer, écoutez, on va faire simple.
00:02 Nous avons le plaisir d'accueillir Marc Le Plongeon,
00:03 qui est le chef de la cellule expert à l'équipe Les Cellules Enquête,
00:07 et qui est donc un expert de toutes ces choses-là.
00:09 Bonsoir Marc, merci d'être avec nous ce soir en direct dans l'EDG.
00:13 - Bonsoir.
00:13 - Alors, on va commencer très simplement Marc.
00:15 Je vais vous poser une question très simple.
00:17 Expliquez-nous ce qui se passe à l'OL.
00:21 - Bah écoutez, pendant qu'on était nous en train de bronzer sur nos serviettes,
00:24 Jean-Michel Holla s'est activé,
00:27 pas seulement sur le terrain du football, mais aussi sur celui judiciaire,
00:30 où il est un petit peu moins connu.
00:32 Ce qu'a fait Jean-Michel Holla, c'est qu'il a trouvé que tout cela traînait un petit peu,
00:36 et que John Sextor mettait un petit peu de temps à le payer
00:40 pour les derniers parts qu'il possédait encore dans l'OL.
00:43 Ce qu'il a fait, c'est qu'il a usé une procédure qui est extrêmement rare,
00:46 on peut le dire, devant le tribunal de commerce,
00:49 et qui est une procédure non contradictoire.
00:50 C'est-à-dire qu'il est allé voir tout simplement le président du tribunal de commerce de Lyon,
00:54 il lui a dit "voilà, j'ai un certain nombre de créances qui ne me sont pas payées,
00:58 la décision de la DNCG récemment fait peser un doute sur les finances de l'OL
01:03 et sur le fait que cette créance ne soit jamais payée,
01:05 et donc je voudrais saisir les comptes de l'OL,
01:08 mettre la somme qu'on doit de côté en attendant que tout cela se résolve".
01:14 - Donc en fait, c'est une histoire de grossons, c'est une histoire de non-payement ?
01:17 - Ah, c'est une histoire de non-payement, et donc on parle de 14,5 millions d'euros,
01:22 donc c'est une somme considérable,
01:24 mais on peut se dire après tout pour un club comme l'OL, 14,5 millions d'euros,
01:28 ce n'est pas ça qui va opérer totalement les capacités financières.
01:31 Mais en fait, si on regarde un peu dans le détail, quand cette procédure a agi,
01:35 en fait tous les comptes de l'OL se trouvent gelés,
01:37 c'est-à-dire que tous les comptes en banque vont être identifiés par des huissiers,
01:42 et ensuite ces huissiers vont dire "on gèle tout jusqu'à ce qu'on trouve 14,5 millions d'euros".
01:46 Tout ça, ça va prendre quelques jours.
01:48 Et donc ça veut dire que l'OL, au plein cœur de l'été, en pleine période de mercato,
01:51 elle a eu trois ou quatre jours où elle n'avait aucune liquidité,
01:54 c'est-à-dire elle n'avait pas accès à ses comptes.
01:55 Dès que cette somme a été séquestrée, ensuite ils ont fait savoir aux huissiers que c'était bon,
02:01 et donc ils ont récupéré leurs capacités financières.
02:03 Mais ce qu'a demandé en plus Jean-Michel Hollande, c'est un antissement des titres de l'OL,
02:08 c'est-à-dire qu'il y a un certain nombre d'actifs de l'OL,
02:11 on peut penser à son stade, on peut penser à tout un tas de choses,
02:14 qui servent de garantie auprès des banques pour obtenir des emprunts, pour obtenir de l'argent.
02:19 Et donc ce qu'a fait le tribunal, c'est qu'il a nanti ses titres,
02:23 et donc l'OL se trouve aujourd'hui bien embêtée,
02:25 parce que non seulement on a un petit 15 millions d'euros d'un côté
02:29 qui a été mis sur un compte en banque et auquel ils n'ont plus accès,
02:32 et en plus leurs titres, leurs principaux actifs, sont nantis.
02:35 Donc évidemment ils se sont fâchés très fort, ils n'étaient pas au courant,
02:38 c'est une procédure non contradictoire,
02:40 donc ils ont saisi à nouveau le tribunal de commerce à leur tour,
02:42 et ils ont dit "écoutez, nous ça nous va pas du tout,
02:45 on a des arguments pour dire qu'on ne doit pas forcément cet argent-là à M. Ollas,
02:50 en tout cas pas dans ces conditions, et certainement pas comme ça,
02:53 de manière totalement arbitraire, sans qu'on puisse même donner notre avis".
02:56 Et ce matin, ils ont perdu, c'est-à-dire que le tribunal de commerce a confirmé
03:00 les ordonnances qui ont été rendues, et donc maintenant ils vont faire appel,
03:03 et on imagine qu'il va y avoir une audience au fond début septembre,
03:06 mais là on est sur une vraie grosse guerre de grosses roues.
03:09 Donc, si je résume, j'essaie de vulgariser le plus simplement possible,
03:13 parce que, vous l'avez dit, c'est une procédure très inhabituelle,
03:16 même presque à minima, ai-je envie de dire,
03:19 c'est une histoire de grosses roues, les 14,5 millions étaient dus à Jean-Michel Ollas,
03:23 qui trouvait que ça n'allait pas assez vite,
03:25 il a fallu trouver cet argent parmi tous les comptes,
03:27 ils les ont mis de côté, donc ça fait moins 14,5,
03:30 c'est comme quand on va sur notre appli bancaire, on les a trouvés,
03:33 et en plus après, il y a toute cette histoire que vous nous avez expliquée avec le tribunal de commerce,
03:36 mais ça veut dire quand même, mon cher Marc,
03:39 que Jean-Michel Ollas, qui est encore président d'honneur de ce club,
03:42 qui, on ne peut pas douter de son amour pour l'OL,
03:46 semble, en plein mercato, pour une guerre d'argent et d'égo, possiblement,
03:51 marquer un CSC là.
03:53 Alors allons-y, allons un petit peu plus loin,
03:57 pour Jean-Michel Ollas, cette affaire, il y a un enjeu réputationnel qui est énorme,
04:00 il en va de l'amour qu'il a pour ce club,
04:02 et en fait, comment vont le percevoir les supporters ?
04:05 C'est-à-dire que là, en plein mercato,
04:07 on a l'ancien président qui plante un peu un coup de poignard dans le dos de son propre club.
04:12 La question, en fait, elle est de savoir, elle est double.
04:15 C'est, d'un côté, il y a M. Ollas qui dit,
04:18 c'est John Textor qui ne respecte pas ses engagements
04:21 et qui ne porte pas le club là où il devrait être,
04:23 et il a un montage financier, bancaire, qui est fragile,
04:28 et la preuve, c'est que moi, je ne suis pas payé.
04:30 Voilà ce que dit M. Ollas.
04:31 Et de l'autre côté, la situation, elle est embarrassante pour l'OL,
04:33 puisque on est en plein mercato.
04:35 Ils ont besoin de convaincre leur club homologue,
04:38 leur club européen, évidemment, de leur solvabilité,
04:40 de dire, nous, on a le pognon, on a l'argent s'il y a des transferts.
04:43 Et puis, il faut aussi rassurer les banques,
04:45 où on est dans le cadre, je le rappelle, d'une décision de la DNCG
04:49 qui est en cas de la masse salariale,
04:50 où ils ne peuvent pas dépenser autant qu'ils veulent,
04:52 et donc, les discussions, on l'imagine, doivent être un peu dures
04:55 avec les établissements bancaires.
04:57 Et pile poil, à ce moment-là, on a Jean-Michel Ollas qui arrive
04:59 et qui demande un anticipement des titres et une saisie des comptes.
05:02 Donc, la situation est véritablement difficile.
05:05 Aujourd'hui, l'OL dit, c'est bon, on a la maîtrise de notre argent,
05:10 on va y arriver, mais c'est un très, très, très mauvais signal
05:13 pour ce début de saison.
05:14 - Et alors, pour ceux qui sont strictement dans le football
05:17 et qui suivent, par exemple, l'affaire Barcola,
05:19 c'est-à-dire que la négociation actuelle entre le Paris Saint-Germain
05:22 et l'Olympique Lyonnais, que ce soit une somme de 40, 45 millions, 50 millions,
05:25 finalement, qu'importe, est-ce que ça, ce qui se passe en coulisses,
05:29 ça a un impact et ça donne une obligation aux Lyonnais
05:32 de vendre leur jeune espoir ou est-ce que non, c'est encore différent ?
05:37 - Alors non, c'est certainement pas les 15 millions d'euros
05:42 qui sont sur un compte en banque quelque part,
05:45 qui les empêchent de gérer la bonne marche du club.
05:49 Le risque aujourd'hui, il est bancaire.
05:52 Il est d'éviter aussi les scénarios du pire avec les banques
05:56 à partir du moment où il y a leurs grands actifs,
05:59 où il y a leurs titres qui sont nantis.
06:01 On peut imaginer que les banques peuvent faire jouer
06:03 des dispositions contractuelles pour faire un peu marche arrière,
06:06 parfois dans des négociations ou dans des emprunts qu'elles ont pu consentir.
06:10 Donc c'est très dur, ils font très attention à leur communication.
06:14 Maintenant, s'ils ont des liquidités, je pense qu'ils en ont,
06:20 ils vont pouvoir quand même mener ce mercato.
06:22 Mais oui, c'est sûr que c'est très compliqué pour eux.
06:25 – Vous avez été extrêmement clair.
06:27 Merci beaucoup Marc Le Plongeon, chef de la cellule enquête à l'équipe.
06:31 Et Pierre Portelance qui s'occupe de ces émissions ici m'avait dit
06:33 "Vous avez fait votre grand saut Marc Le Plongeon dans l'EDG".
06:36 Je devais la faire, j'avais été obligé, j'y suis avec vous.
06:39 Merci pour votre qualité, vraiment, ça a été un plaisir de vous accueillir
06:43 et j'espère qu'on se reverra.
06:45 Alors j'espère pas pour les supporters lyonnais,
06:46 mais pour nous, pour d'autres choses évidemment.

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