• l’année dernière
Transcription
00:00 J'espère que dans ma culture et dans toutes les cultures des personnes racisées,
00:02 des minorités, on pourra de plus en plus avoir des personnes qui s'assument.
00:05 Ici Lapiche, reine de Gitanie 2, Drag Race France, saison 2 pour Konbini.
00:10 Quand j'avais 13 ans, je sortais avec un garçon un petit peu plus âgé
00:15 qui, lui, pour le coup, était plus OK avec sa sexualité,
00:18 qui était out, du coup.
00:20 Et moi, je ne l'étais pas.
00:21 Et c'est vrai que cette personne, du coup, a pris la liberté à ma place
00:24 de le communiquer à ma mère, ce qui est une bonne chose.
00:26 Déjà, il ne l'a pas fait avec mon père.
00:28 Et le truc, c'est que ma mère, sachant d'où je viens et la culture
00:32 dans laquelle j'ai grandi,
00:34 savait qu'il fallait avoir cette conversation maintenant,
00:36 quand j'étais plus jeune, parce que du coup, il y a un risque de confrontation
00:39 qui est moins important que quand on a 18 ans.
00:41 Donc, elle l'a dit, elle, à mon père, parce que moi,
00:45 ce n'était pas possible d'en parler en direct.
00:46 Et donc, à l'annonce de cette nouvelle, j'ai été contrainte de partir de chez moi.
00:50 De partir de chez moi.
00:51 Au bout, peut être d'un peu plus d'un an,
00:54 mon père est revenu me chercher au collège
00:57 pour me dire qu'il m'aimerait un peu malgré tout,
01:01 mais juste qu'on n'en parlerait pas et que voilà, un peu le système d'autruche.
01:05 Et un jour, j'ai décidé de couper court parce que je ne suis pas une autruche,
01:09 en fait, et que je n'ai pas à vivre la moitié de ma vie chez moi.
01:12 Moi, c'est ce que j'ai toujours dit de l'amour, c'est soit il est inconditionnel,
01:14 soit il ne l'est pas.
01:15 Moi, je ne veux pas d'un amour à moitié, je veux d'un amour complet.
01:18 Donc, j'ai choisi de me prioriser.
01:20 Ça a été un chemin long, parsemé d'embûches,
01:23 mais je suis très heureux de ces épreuves que j'ai vécues
01:26 parce qu'elles ont fait la personne que je suis et m'ont permis maintenant,
01:28 aujourd'hui, de spread un message qui est si important pour d'autres personnes
01:31 qui pourraient vivre la même chose que moi.
01:32 Alors moi, je suis originaire de Harle, d'une culture camargaise très ancrée.
01:37 J'aime toujours dire que dans Drag Race,
01:38 j'ai un petit peu plus mis mon côté gitan, qu'algérien en avant
01:41 parce que je sais que la communauté maghrébine a quelques représentations
01:44 queer dans le paysage médiatique.
01:45 On en a quelques unes et tout ça.
01:46 Alors que c'est vrai que les Manouches,
01:48 Romanichel, Gypsy, gens du voyage, etc. n'en ont pas du tout.
01:52 Et je me dis, c'est tellement dommage.
01:54 C'est pas normal, en fait.
01:55 On n'est pas que des forains ou des gens qui font des mariages un peu.
01:59 Il y a aussi autre chose.
02:01 Tu vois, j'avais envie de montrer une autre représentation,
02:02 en tout cas, la représentation, moi, que j'avais envie de ma culture.
02:05 Je voulais montrer que je suis gitan et que je peux aussi être queer et faire du drag.
02:10 Je connais quelques personnes de la communauté gitane qui sont queer,
02:13 mais elles sont cachées.
02:14 Par exemple, de la communauté gitane, je reçois des messages de personnes
02:17 qui me disent voilà, dans ma famille,
02:18 je n'ai pas la possibilité de pouvoir regarder ça.
02:20 Donc, du coup, je te regarde sur mon ordi en cachette, tu vois, dans la chambre.
02:22 Et ça, moi, c'est des trucs qui me...
02:24 qui me touchent en plein coeur.
02:26 Alors que tout le monde sait, tout le monde sait qui ils sont.
02:28 Tout le monde connaît leur sexualité, etc.
02:29 Leur orientation de genre et tout ça.
02:31 Eh bien, non, on ne le dit pas pour autant.
02:34 Et j'ai eu une chance extraordinaire parce que j'ai une mère absolument
02:36 merveilleuse et incroyable qui nous a toujours dit.
02:38 Je ne sais pas si les parents se reconnaîtront dans ce discours-là,
02:41 mais quand on est dans une voiture,
02:42 c'est important de se retourner sur la banquette arrière
02:44 et de dire à ses enfants que vous aimiez dix hommes, dix femmes, un homme,
02:47 une femme ou whatever, je vous aimerais toujours de la même manière.
02:49 Parce qu'en vrai, les trois quarts des parents,
02:51 je ne pense pas qu'ils ont peur parce que leurs enfants sont queer.
02:53 Ils ont peur de comment le monde va les accepter.
02:56 Mais si vous ne l'acceptez pas, ça va être pire,
02:57 parce que de toute façon, les gens vont être comme ils sont.
02:59 Donc autant, au moins que quand on rentre chez soi, on ait du soutien
03:03 et que vous soyez là pour nous et que vous nous compreniez,
03:05 que vous nous écoutiez.
03:06 En fait, si on a cette aide-là à la maison,
03:08 on va pouvoir affronter le monde extérieur.
03:10 Que si c'est déjà comme ça chez nous, on ne sort même pas de chez nous.
03:13 En fait, j'ai reçu des messages de personnes justement
03:14 qui arrivent à s'assumer plus par rapport à l'image qu'ils ont vu de moi
03:17 dans Drag Race.
03:18 Donc c'est que déjà, j'ai gagné sur ce plan-là
03:20 et j'espère que ça va continuer.
03:21 J'espère que dans ma culture et dans toutes les cultures des personnes
03:24 racisées et des minorités,
03:25 on pourra de plus en plus avoir des personnes qui s'assument.
03:26 C'est tellement important.
03:28 Au plus, on va oser être nous-mêmes.
03:30 Au plus, les personnes qui sont autour de nous vont comprendre
03:32 que c'est normal d'être différent et qu'en fait, être différent,
03:34 ce n'est pas être différent.
03:35 On n'est pas différent.
03:36 On est juste nous-mêmes.
03:37 Je vais essayer de le faire un peu artistique.
03:40 Oh putain, je me suis défoncé les mains en vrai !

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