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Avant de devenir un phénomène de pop culture international souligné par le succès de RuPaul’s Drag Race aux Etats-Unis et de sa déclinaison française, le drag était une pratique clandestine qui a évolué dans les milieux de la communauté LGBT+.

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Transcription
00:00 Mais tu veux pas que j'existe ?
00:01 En fait, je vais exister, et encore plus que tout ce que tu pouvais imaginer.
00:04 Le drag, c'est ça.
00:05 Revendiquer le droit d'exister dans une société qui ne le permet pas.
00:09 En fait, derrière son côté spectaculaire, c'est bien une démarche politique.
00:12 Et ça l'a toujours été.
00:14 Remontons le temps.
00:15 Le fait de se travestir a toujours existé,
00:19 dans des formes plus ou moins bien acceptées par la société.
00:21 Mais le drag a proprement parlé,
00:23 le fait pour une personne de se transformer en un personnage extravagant,
00:26 qui joue avec les codes du genre,
00:28 se développe aux Etats-Unis et en Europe à la fin du 19e et au début du 20e siècle.
00:33 C'est alors une pratique clandestine,
00:35 à des époques où homosexualité et travestissement sont souvent interdits.
00:39 À New York, hommes et femmes LGBT+ se réunissent dans des balles à Harlem,
00:43 où ils se sentent libres de s'habiller comme ils et elles veulent,
00:46 à l'abri des regards de la bonne société qui les rejette.
00:49 De base, l'art du drag est un art militant,
00:53 juste parce qu'on joue avec les codes de la société.
00:56 Dans notre société très patriarcale et très hétéronormée,
00:59 il y a "homme, femme, point, barre".
01:01 On va vraiment jouer avec ça.
01:02 En plus, la plupart des drags, l'immense majorité des drags,
01:05 font partie de la communauté LGBTQIA+.
01:08 En France, c'est dans les cabarets parisiens que la pratique se structure.
01:11 Dans les années 60, ça cartonne.
01:13 On appelle alors ces artistes des transformistes, qui imitent des célébrités.
01:17 Pourtant, le drag reste, partout où il existe, une pratique souterraine.
01:20 Aux Etats-Unis, à la même époque,
01:22 les LGBT+ sont constamment menacés par les agressions homophobes,
01:26 et la répression policière.
01:27 Le 28 juin 1969, à New York, un bar gay, le Stonewall Inn,
01:31 fait l'objet d'une énième descente de police qui vire à l'émeute.
01:35 Les clients se révoltent contre les forces de l'ordre,
01:37 des affrontements ont lieu et plusieurs personnes sont arrêtées.
01:40 Un an plus tard, dans plusieurs grandes villes américaines,
01:42 les LGBT+ commémorent les émeutes de Stonewall,
01:45 en organisant une marche de fierté homosexuelle.
01:48 C'est la toute première Gay Pride.
01:49 Au premier rang de celle-ci, des personnes gays, lesbiennes,
01:52 bi, transgenres et des drag queens.
01:55 Alors que l'homosexualité est taboue, réprimée,
01:58 les drag queens deviennent des symboles de liberté.
02:01 En tant que membre de la communauté LGBTQIA+,
02:03 on fait partie d'une minorité qui a des combats très durs.
02:06 Beaucoup de personnes LGBT qui se font mettre à la rue de par leur sexualité,
02:11 de personnes trans qui se font tuer juste parce qu'elles sont trans,
02:14 de mecs pédés qui se font tuer juste parce qu'ils sont homosexuels.
02:18 Et ça, on a besoin de le crier encore plus,
02:22 pour dire "tu veux pas que j'existe ?
02:24 En fait, je vais exister et encore plus que tout ce que tu pouvais imaginer."
02:28 Qu'on soit homme, femme ou non-binaire,
02:30 l'idée est de se transformer en ce que l'on veut.
02:32 Au cours des années 70 et 80,
02:42 des groupes de drag queens militants mettent le drag au service de lutte politique.
02:46 On peut citer les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence,
02:49 un mouvement de drag queens international né en 1979,
02:53 qui parodie l'Église pour lutter contre l'homophobie et alerter sur le VIH SIDA.
02:57 Et puis à partir des années 2010, le drag sort des boîtes de nuit et entre dans la pop culture,
03:02 avec l'émission américaine RuPaul's Drag Race,
03:04 une émission de télé-réalité qui met en compétition des drag queens.
03:08 L'émission est un carton international,
03:11 sa version française connaît déjà sa deuxième saison.
03:13 Malgré cette popularisation, la pratique n'a pas perdu sa dimension militante.
03:18 Je suis là pour faire passer des messages,
03:19 pour guider un petit peu et pour transmettre de la parole,
03:22 en criant plus mon homosexualité, en la vivant mieux et plus fort et plus librement.
03:27 Ça a libéré toutes les facettes de ma personnalité.
03:30 Et puis dès qu'on commence à jouer avec son genre,
03:32 on se rend compte que c'est merveilleux et c'est libérateur.
03:35 Aujourd'hui, les LGBT+ font toujours l'objet de discrimination
03:38 et le drag est actuellement la cible d'attaques par des groupes conservateurs,
03:42 aux États-Unis notamment.
03:44 [Bruit de bouche]

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