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00:00:00 Pour ce premier moment d'échange, le bilan et les perspectives de lutte
00:00:03 contre la violence sexuelle ici en France,
00:00:05 je vais demander à cinq personnes issues de cinq entités sportives différentes
00:00:08 de me rejoindre.
00:00:09 Le ministère des Sports est représenté par la déléguée ministérielle
00:00:12 à la lutte contre la violence dans le sport et directrice des sports.
00:00:15 Fabienne Bourdet, installez-vous, bon, vous semble, je range mes petites affaires.
00:00:19 Vous serez accompagnée, Fabienne, par les fédérations qui auront
00:00:24 comme témoin le chargé du développement territorial à la Fédération française
00:00:27 des sports de glace.
00:00:28 Cyril Savidan, merci de nous rejoindre aussi.
00:00:30 Vous prenez place sur ces canapés.
00:00:32 Moi, je vais prendre celui là.
00:00:33 Les athlètes ne sont pas en reste puisqu'on a la chance d'avoir une membre
00:00:36 de la commission des athlètes de haut niveau, Delphine Réau,
00:00:39 qui vient s'installer avec nous.
00:00:42 On n'oublie pas le volet médical avec la psychologue du sport Aline Sepp,
00:00:45 Élise Ancart.
00:00:46 Où est Élise? Je l'ai vue tout à l'heure.
00:00:48 Elle prépare ses affaires, elle veut nous rejoindre.
00:00:51 Et puis, on va inviter également le monde universitaire avec Didier Chavrier,
00:00:54 vice-président de l'Université d'Orléans.
00:00:57 Merci de nous rejoindre tous les cinq sur scène pour que l'on puisse discuter,
00:01:01 échanger. Je me suis permise.
00:01:03 Il manquait d'Is. Ah, là, voilà.
00:01:06 Il y a de la place ou pas? Sinon, je reste debout, puis je vous installe là.
00:01:09 Comme vous préférez.
00:01:11 Mettez-vous là si vous voulez.
00:01:14 Merci pour mes talons. C'est gentil.
00:01:16 Je me suis permise une rapide introduction.
00:01:18 Est-ce qu'on va peut-être prendre quelques minutes pour apprendre tous à mieux se connaître?
00:01:23 Tiens, Fabienne Bourdet, dites-nous un petit peu plus sur votre rôle au sein du gouvernement.
00:01:26 C'est quoi être déléguée à la lutte contre les violences?
00:01:29 Vous avez chacun un micro, je crois.
00:01:31 Alors, le la création, c'était une création de mission de délégué ministériel à la lutte contre les violences dans le sport,
00:01:39 qui a été initiée en début d'année 2020.
00:01:43 La présidente y a fait allusion tout à l'heure à l'occasion de la première convention nationale de lutte contre les violences dans le sport.
00:01:50 Et pourquoi la création de ce poste?
00:01:54 Finalement, il s'agissait à un moment dont tout le monde a dit que c'était un moment un peu fondateur de mettre en place une stratégie nationale qui implique,
00:02:09 bien sûr, le ministère chargé des Sports, mais pas que puisqu'on l'a évoqué au cours des différentes interventions.
00:02:16 Ce sujet des violences ne concerne pas que le ministère des Sports.
00:02:20 Il embarque en interministériel différents ministères, dont le ministère de la Justice, ministère, égalité hommes, femmes, etc.
00:02:29 Je ne vais pas tous, tous les citer. Donc, il y avait un sujet de coordination de l'action interministérielle sur le sujet de la lutte contre les violences dans le sport.
00:02:39 Et à un moment où très clairement, chacun partageait le diagnostic que on ne pouvait plus continuer comme ça,
00:02:49 mais qu'il y avait la nécessité de mobiliser des moyens et de structurer la lutte contre les violences au niveau national jusqu'au niveau territorial.
00:03:01 Donc, peut être, on y reviendra. Donc, pendant trois ans, j'ai exercé cette fonction.
00:03:07 Je suis aujourd'hui directrice des Sports et je continue bien sûr cette mission de déléguée ministérielle à la lutte contre les violences dans le sport.
00:03:15 Très bien, c'est plus clair. On a voulu aussi que les fédérations soient présentes cet après-midi. C'est celle des sports de glace qui est avec nous sur cette scène.
00:03:21 Cyril Savidon, est ce qu'on peut en savoir un petit peu plus sur vous, votre fédération dans le cadre de la lutte contre les violences sexuelles?
00:03:27 On avait Nathalie Péchala tout à l'heure. Bien sûr, effectivement. Bonjour à tous.
00:03:30 C'est évident. Alors moi, je suis chargé de partenariat public au sein de la fédération.
00:03:34 Je suis arrivé sous la mandature de Nathalie Péchala, qui a parlé rapidement du projet européen que je vais présenter.
00:03:43 Effectivement, c'était un sujet important pour la fédération. Alors, la présidente Gwenaëlle Noury n'a pu être présente parmi nous aujourd'hui.
00:03:49 Mais je suis là pour la représenter, évoquer avec vous ce projet collaboratif qui associe plusieurs partenaires nationaux,
00:03:57 mais également d'autres fédérations et d'autres partenaires internationaux.
00:04:00 On a hâte de vous entendre. Didier Chavrier, vous aussi, vous représentez les fédérations puisque vous êtes vice-président de la Fédération française de canoë,
00:04:05 kayak et des sports de pagaie, mais aussi vice-président de l'Université d'Orient.
00:04:10 Vous avez plusieurs casquettes finalement qui se rejoignent en ce qui concerne la lutte contre ces violences sexuelles.
00:04:14 Bonjour à toutes et à tous. Effectivement, je suis vice-président d'université en charge des questions d'égalité, de diversité, d'inclusion.
00:04:23 Et je travaille depuis une quinzaine d'années sur la question de discrimination à l'école et dans le sport,
00:04:28 ce qui m'a amené à former des cadres de différents ministères, à développer différents dispositifs de lutte contre les violences.
00:04:36 Et cette expérience professionnelle s'est transposée au sein d'autres responsabilités, effectivement, que j'ai dans la Fédération française de canoë, kayak et de sport de pagaie.
00:04:46 À votre droite, Delphine Réau, on connaît votre passé d'athlète de haut niveau en tir sportif. Est ce que vous pouvez nous parler de la CAN, de ses missions et des vôtres?
00:04:55 Alors, la CAN serait beaucoup plus active ces dernières années et notamment le sujet.
00:05:00 Tout d'abord, des discriminations étaient venues autour de la table et on avait commencé à créer justement un groupe de travail sur ce sujet là.
00:05:06 Et puis, les violences sexuelles sont apparues également tristement, notamment par le biais de Sarah.
00:05:14 Et du coup, on s'est on a vraiment décidé de s'emparer de ce sujet là. Et lorsque la commission a été créée, on s'est senti.
00:05:22 On a senti comme un devoir, en fait, d'intégrer cette commission pour aussi parler et faire parler les sportifs de haut niveau.
00:05:28 On n'a pas tous été touchés. Bien heureusement. En revanche, il y en a.
00:05:32 Et au-delà des sportifs de haut niveau, il y a également effectivement les athlètes loisirs qui sont également touchés.
00:05:41 Et les encartes, on a entendu Mériem Salmi tout à l'heure. Vous êtes la psychologue de l'INSEP.
00:05:45 Est ce qu'on peut en savoir un petit peu plus sur votre votre quotidien, votre expérience en matière de lutte contre les violences sexuelles?
00:05:51 Alors du coup, bonjour à tous. Donc, mon quotidien, heureusement, n'est pas fait que de ça pour quand même.
00:06:00 Essayons d'être aussi un peu positif. Donc, oui, effectivement, le métier de psychologue, en fait, quelque part,
00:06:12 on accompagne les personnes qui font du sport de haut niveau, qui sont sur un terrain qui est déjà glissant.
00:06:19 Ça, c'est important de rappeler qu'il y a des ingrédients qui sont là, qui sont des terreaux fertiles pour la mise sous influence,
00:06:31 l'emprise et les violences. Et ça, c'est quand même important. Je vais droit au but de rappeler qu'on est sur un terrain sensible.
00:06:41 L'accompagnement des personnes, parfois, ça met du temps, c'est à dire qu'il y a des personnes qui sont victimes,
00:06:45 qui ont été abusées, soit dans leur club. On parle du haut niveau, mais le haut niveau n'existe pas sans les clubs et dans les structures
00:06:52 qui sont fermées ou autarciques. Et donc, petit à petit, cette reconstruction d'un vécu, des fractions physiques et psychologiques
00:07:02 peut prendre énormément de temps, voire n'est pas forcément accessible pendant la carrière. Et donc, la personne va présenter
00:07:10 tout un tas de symptômes psychiatriques parfois. Et comment nous, on aide la personne à se reconstruire dans le milieu
00:07:21 dans lequel il appartient. Il y a beaucoup de choses qui nécessitent finalement de travailler jamais seul.
00:07:28 Et je souligne l'importance du travail des associations qui sont faits, mais aussi la nécessité d'orienter sur des psychologues
00:07:38 qui soient formés. Parce que les violences sexuelles, c'est quelque chose en fait, on voit bien qu'il y a eu des résistances collectives
00:07:45 au niveau sociétal. Il y a des résistances des patients à dire ce qu'ils ont vécu, même si c'est nécessaire, ils ont beaucoup de mal
00:07:52 et c'est normal. Il y a la résistance aussi des personnes qui reçoivent la parole ou des bribes d'informations.
00:08:01 Donc il y a quand même beaucoup de résistances qui rendent le travail difficile, la thérapie difficile. Et donc c'est vraiment important
00:08:08 d'identifier des personnes qui soient formées parce que c'est quand même une spécificité dans la relation thérapeutique et dans le travail.
00:08:18 Vous allez pouvoir développer tout ce dont vous êtes témoin d'ici quelques secondes. Maintenant qu'on a fait connaissance,
00:08:23 n'hésitez pas à rebondir les uns sur les autres. J'ai des questions pour tout le monde, mais vraiment ça peut être un échange dans le public aussi.
00:08:28 N'hésitez pas à relever des choses. Il y aura un temps d'échange ensuite. On a besoin de vous. Fabienne Bourdet au ministère.
00:08:33 On a vu l'état des lieux et l'étude proposée par Amouvance. Au niveau des violences sexuelles dans le sport, est-ce que vous avez des éléments chiffrés
00:08:40 à nous rajouter ? Oui, quelques éléments chiffrés, mais peut-être aussi pour vous dire que finalement, le bilan qui nous a été présenté,
00:08:50 qui est évidemment extrêmement intéressant parce que finalement, c'est un retour sur les actions qu'on a collectivement conduites et qui montre que
00:09:00 ça invite d'abord à beaucoup d'humilité parce que ça montre que du chemin est parcouru, mais qu'il en reste encore à parcourir.
00:09:09 Alors peut-être quelques éléments aussi pour expliquer comment on a travaillé et là où nous en sommes effectivement dans l'évaluation du sujet aujourd'hui.
00:09:20 Dans toute sa complexité, parce qu'il n'y a pas de comment dire. On ne peut pas dresser un bilan simple en disant voilà aujourd'hui la réalité des violences
00:09:30 sexuelles dans le sport, c'est ça et ce dont je vais vous parler. Moi, c'est de ce dont le ministère a connaissance. J'enfonce une porte ouverte, mais quand même.
00:09:40 D'abord, pour pouvoir bien traiter le sujet des violences dans le sport, il faut d'abord les connaître. Et une des premières difficultés et ce sur quoi
00:09:49 on a travaillé, c'est comment est-ce qu'on peut organiser les choses pour recueillir la parole, pouvoir la traiter et y donner suite. Et on sait bien aujourd'hui,
00:09:59 et ça a été dit précédemment, que parmi aujourd'hui, depuis la création de la cellule qui a été dédiée au recueil de ces signalements à la direction des sports,
00:10:10 donc il y a maintenant 3 ans, on est un peu plus de 900 personnes qui ont été mises en cause dans le cadre de ces signalements.
00:10:17 Mais on sait qu'il y a aujourd'hui des signalements qui pourraient être faits, voire qui devraient l'être et qui ne le sont pas. Donc ce chiffre-là,
00:10:27 c'est le chiffre des signalements dont nous avons connaissance et que nous traitons. Voilà. Donc je fais bien le distinguo parce que c'est vraiment un point important.
00:10:38 Vous dire aussi qu'au moment où se met en place, je prends mes fonctions, et où comme je vous le disais, on essaie avec beaucoup de détermination
00:10:50 et parfois de difficulté d'organiser les choses, on s'appuie parce que ça n'a pas été dit, bien sûr sur les témoignages des victimes courageuses qui ont pu
00:11:03 parler de ce dont elles avaient été victimes, mais on s'appuie aussi sur un certain nombre d'enquêtes et notamment sur les médias qui ont joué un rôle
00:11:13 absolument déterminant dans le travail qui a été conduit depuis ces dernières années et notamment l'enquête Disclose qui date de fin 2019.
00:11:24 Et cette enquête, j'en parle parce que finalement c'est cette enquête qui va structurer le travail qu'on a conduit au ministère et qu'on continue de conduire.
00:11:35 Parce que qu'est-ce qu'elle montre cette enquête ? Au-delà de l'horreur évidemment des faits qui sont dénoncés, elle montre des victimes qui n'ont pas été écoutées
00:11:47 et encore moins entendues, mais, et je vais le dire comme ça, peut-être encore pire, des victimes qui avaient été écoutées, entendues, des personnes condamnées
00:11:58 mais qui étaient toujours en situation d'encadrement et elle montre des personnes qui savaient et qui n'ont rien dit. Et elles n'ont rien dit soit parce que sciemment
00:12:13 elles ont couvert les auteurs des faits, soit parce qu'elles ont elles-mêmes eu peur de parler et elles n'ont pas su quoi faire de l'information dont elles étaient détentrices.
00:12:24 Et finalement, c'est autour de ce constat assez terrible qu'on construit la stratégie nationale et elle se construit autour de trois axes.
00:12:35 Le premier, c'est la création de la cellule qui va garantir qu'à chaque signalement il va y avoir une traçabilité des suites qui vont être données et peut-être on y reviendra
00:12:45 parce que ça n'est pas si simple. Et on voit aujourd'hui qu'on bute sur un certain nombre de difficultés qui pour certaines d'entre elles ont été évoquées.
00:12:55 Donc aujourd'hui, les 900 personnes qui ont été mises en cause depuis trois ans ont forcément donné lieu à une enquête administrative, parfois des suites, parfois pas, bien sûr,
00:13:05 mais en tout cas des enquêtes et bien sûr un lien avec la justice si besoin et avec les fédérations puisque dans toute l'organisation qu'on met en place,
00:13:16 on le voit bien dans l'enquête, un des enjeux, c'est comment est-ce qu'on communique entre les différentes institutions qui toutes ont une responsabilité,
00:13:26 qui concernent toutes des mêmes faits, mais dont il faut rappeler que dans notre droit, toutes les procédures sont indépendantes.
00:13:36 Et c'est toute la difficulté dans laquelle on est collectivement pour donner les suites adéquates au signalement.
00:13:43 Ça, c'est le premier sujet, c'est créer cette cellule avec maintenant cette adresse qui est, je crois, assez bien connue, signal-sport.gouv.fr,
00:13:51 peut-être pas encore assez, mais qui commence à l'être bien, je crois. Le deuxième sujet, c'est le contrôle d'honorabilité.
00:13:58 Donc, vous évoquiez les chiffres. Pourquoi contrôle d'honorabilité ? C'est pour répondre à la question, comment se fait-il que des personnes qui ont été condamnées
00:14:05 se retrouvent à être en situation d'encadrement, parfois même avec des mineurs, etc. Donc là, la question, c'est comment ? Alors, évidemment, en tant que citoyen,
00:14:16 on se dit, c'est un scandale. Une fois qu'on a dit ça, on se dit, oui, mais comment on fait ? Comment on fait ? C'est extrêmement compliqué.
00:14:23 Parce que dans le monde du sport, on a à la fois des encadrants professionnels, donc qui, eux, doivent avoir une carte professionnelle,
00:14:32 et qui, parfois, ne l'ont pas, alors qu'ils devraient l'avoir, et s'ils ne l'ont pas, et que personne ne leur a demandé, forcément, à un moment donné,
00:14:42 on peut avoir des trous dans la raquette. Et on a un nombre très important d'intervenants, et très heureusement, de bénévoles. Et donc, la question,
00:14:50 c'est comment est-ce qu'on met en place un dispositif qui soit à la fois respectueux des libertés publiques, mais qui permette aussi de faire les contrôles
00:14:57 de condamnation qui auraient déjà été prononcés à l'encontre des personnes qui encadrent. Donc, ça veut dire mettre en place tout un dispositif
00:15:07 de croisement de fichiers entre le fichier des licenciés des fédérations qui exercent ces fonctions-là, avec le fichier du ministère de la Justice,
00:15:17 sur lequel figurent les condamnations les plus graves pour les infractions sexuelles et les infractions violentes. Donc, avec des considérations,
00:15:24 nous en doutons bien, de protection de données personnelles, juridiques, etc. Et on a étendu le contrôle d'honorabilité des bénévoles qui concernaient
00:15:34 les dirigeants et les éducateurs par la loi d'août 2021, qui concerne aujourd'hui les arbitres, mais aussi toutes les personnes qui interviennent auprès de mineurs
00:15:44 dans les fédérations. Donc, l'arsenal juridique, aujourd'hui, on l'a. Et donc, on a estimé à 2 millions dans la première configuration de premier périmètre,
00:15:53 peut-être 3 millions aujourd'hui, les personnes susceptibles d'être contrôlées. Donc, vous imaginez, voilà, on est quand même sur une ambition collective qui est très forte.
00:16:04 Et dans sa mise en œuvre, qui rencontre, et c'est normal, des difficultés, on est aujourd'hui à un peu plus de 500 000 personnes qui, d'ores et déjà, ont été contrôlées.
00:16:12 Donc, on n'est pas au bout du chemin, mais on est bien avancé. Puis, le troisième sujet, c'est la prévention, mais on y reviendra peut-être dans les échanges.
00:16:19 — Juste, on va essayer d'être un tout petit peu positif, mais vous avez constaté une évolution, ça va mieux qu'avant quand même ? Rassurez-nous.
00:16:27 — Alors d'abord, dire que l'évolution, les chiffres parlent d'eux-mêmes, c'est d'avoir, je crois maintenant, convaincu que ces violences n'étaient pas l'apanage de quelques sports,
00:16:45 et que tout le monde était concerné. Donc, au moment où on se parle, il y a environ 60 fédérations pour lesquelles nous avons eu au moins un signalement.
00:16:56 Donc, personne ne peut dire "pas chez moi". Bon, ça, c'est quand même le premier élément. Donc, c'est peut-être un peu terrible de le dire comme ça,
00:17:05 mais c'est aussi ce qui contribue à la prise de conscience, et de se dire "ah, et bien, finalement, il faut que moi aussi, je m'intéresse à ce sujet,
00:17:14 et que je vois si ça m'arrive, comment est-ce que je vais être amenée à le traiter". Donc oui, j'ai envie de vous dire, on a progressé.
00:17:23 On a d'autant plus progressé que, comme je vous le disais, on a un cadre législatif qui s'impose aujourd'hui à tout le monde sur ces sujets,
00:17:29 et qu'au-delà, je dirais, du droit dur, on a, dans le travail qui a été initié au niveau du ministère, exigé que dans chaque fédération,
00:17:41 on ait un référent qui traite avec la cellule des signalements dont on a connaissance, et qui puisse permettre justement cette circulation de l'information,
00:17:51 dont on voit qu'elle n'est pas encore au top. Mais bon, en tout cas, le dispositif existe, et aujourd'hui, je peux en témoigner,
00:17:59 chaque jour, il y a des relations entre ces référents des fédérations et la cellule pour traiter au mieux les signalements qui nous arrivent.
00:18:07 Et puis on a mis en place un réseau de référents, cette fois-ci sur le domaine de la prévention, notamment grâce aux directeurs techniques nationaux
00:18:16 et aux cadres de l'État qui interviennent auprès des fédérations, et on a demandé, dans le cadre des contrats de délégation qui sont signés entre l'État et les fédérations,
00:18:25 que chaque fédération se dote d'un plan de prévention. Et ce plan de prévention, aujourd'hui, on a une cinquantaine de fédérations qui l'ont initié,
00:18:36 parfois jusqu'à son plus haut niveau d'aboutissement, qui est pour nous que ce plan soit évidemment travaillé par les techniciens de la fédération,
00:18:43 mais soit voté par les instances de la fédération, et donc partagé par l'ensemble de la gouvernance nationale et territoriale.
00:18:52 Il y en a une vingtaine de fédérations aujourd'hui qui sont, je dirais, à ce niveau de mise en place et de déclinaison de leur plan de prévention.
00:19:01 Donc voilà, on n'est pas à toutes les fédérations, mais on peut quand même mesurer aussi le chemin parcouru, et avec un travail, et ça a été dit tout à l'heure,
00:19:10 et je voudrais vraiment le souligner, dans le cadre de partenariats qui sont évidemment essentiels, avec des associations qui, elles, ont la compétence et l'expertise
00:19:22 pour pouvoir, non seulement traiter des signalements, mais contribuer à la sensibilisation, ça a été dit tout à l'heure, et à la formation des acteurs.
00:19:31 Et on vous y présentera tout à l'heure ces associations. En tout cas, on va dans le bon sens. Fabien, vous avez parlé de fédérations, on a deux représentants ici,
00:19:37 Cyril Savidon, est-ce que vous pouvez nous parler maintenant du projet européen porté justement par votre fédération française des sports de glace
00:19:42 concernant la prévention contre les violences sexuelles dans les sports de glace ? Déjà, le contexte, comment est né le projet ?
00:19:49 Effectivement, le contexte est important et particulier parce qu'il est né, ce projet, dans le cadre des révélations de Sarah Bidboll, qui vient de nous rejoindre,
00:19:58 je crois, parmi nous, qui a eu des conséquences politiques au sein de la fédération avec la démission de l'ancien président et l'arrivée de Nathalie Péchala.
00:20:07 Et effectivement, Nathalie a souhaité mettre en place différents processus, mais aussi travailler sur la prévention, et pour ça, on a considéré qu'il y avait un moyen opportun
00:20:17 qui était de candidater sur un programme européen, donc le programme Erasmus+ Jeunesse, parce qu'il offrait déjà des moyens pour travailler sur ce sujet-là.
00:20:25 Donc on a candidaté en 2021 parce que les candidatures sont souvent longues et nécessitent de s'associer à des partenaires, à réfléchir à la bonne méthodologie et aux bonnes actions.
00:20:36 Et on a pu débuter ce projet, qui est un petit peu résumé ici, en 2022. Mais comme on ne s'ennuie jamais à la fédération française des sports de glace,
00:20:44 il y a eu un nouveau changement politique et l'arrivée d'une nouvelle équipe en 2022, qui a questionné non pas la prolongation du projet, parce que c'était une nécessité de le continuer,
00:20:55 mais plutôt de la méthodologie, l'implication de tout le monde. Et donc le consortium que vous voyez là a été vite rassuré par la présidente actuelle, Gona El Nouri,
00:21:04 qui a confirmé tout l'intérêt de ce projet-là, qui s'est impliqué dedans, qui a nommé la secrétaire générale comme référente de ce projet-là.
00:21:12 Donc la secrétaire générale suit de près ce projet. Et puis elle a associé également des athlètes et d'anciens athlètes à ce projet.
00:21:21 Donc pour le présenter très rapidement, effectivement, il y a sept organisations qui composent ce consortium, la fédération française des sports de glace étant le leader de ce projet-là.
00:21:30 On a deux fédérations nationales, la fédération angloise de patinage et la fédération néerlandaise. Trois organisations françaises.
00:21:37 Colosse qui était associée dès le début à la candidature, donc dès l'année 2020, ainsi que Sport et Citoyenneté qui nous a aidés notamment sur le montage technique du projet,
00:21:48 et puis également actuellement sur la valorisation et la communication du projet. Et enfin, en partenaire français, l'université Claude Bernard lui-même,
00:21:55 car l'université dispose d'un laboratoire sur les vulnérabilités et l'innovation dans le sport. Son chercheur, Philippe Liotard, nous aide notamment sur la réalisation d'une étude qui est en cours actuellement.
00:22:06 Et enfin, la fédération internationale, j'y reviendrai peut-être, qui est également un partenaire essentiel de ce projet-là.
00:22:13 Donc le calendrier, le projet a débuté en mars 2022 avec une conférence lors des championnats du monde de patinage à Montpellier.
00:22:19 Et le projet se terminera en décembre 2024, même si on espère pouvoir le prolonger par la suite au-delà de la période d'éligibilité du projet européen.
00:22:30 Alors les actions sont diverses. On est actuellement en train de réaliser une étude scientifique pour mettre en avant les spécificités finalement des sports de glace,
00:22:39 et mettre en avant en quelque sorte les situations à risque au sein des fédérations européennes des sports de glace, pour traduire tout ça en plan d'action pour nos fédérations.
00:22:51 Et puis, afin d'éveiller les consciences et sensibiliser, on va mettre en place, on a déjà mis en place des conférences, on travaille sur des campagnes de sensibilisation.
00:23:01 Et enfin, on va créer une revue dédiée à la lutte contre les violences sexuelles dans les sports de glace.
00:23:07 On va mettre aussi en place sur ce calendrier des interventions directes, avec des formations et des sessions de sensibilisation qui ne seront pas exclusivement en webinaire,
00:23:17 même s'il y en aura certaines, mais effectivement pas seulement, et on en a déjà commencé certaines avec Coloss.
00:23:24 Et ensuite, on va travailler sur un plan de déploiement d'intervention, parce qu'il n'était pas envisageable dans le cadre du projet d'intervenir, comme le fait Coloss,
00:23:33 au sein des autres fédérations qui n'avaient pas forcément le même niveau d'avancement.
00:23:37 Mais en tout cas, on va créer une sorte de guide, un plan pour que ces fédérations puissent quand même mettre en place ces interventions directes en présentiel,
00:23:44 auprès des différents acteurs et des jeunes athlètes.
00:23:48 Et enfin, un e-learning qui sera utilisé à la fois en distanciel par les jeunes, mais aussi lors de ces sessions de sensibilisation,
00:23:58 où ce sera un outil qui sera utilisé par des encadrants formés pour l'utiliser.
00:24:04 En ce qui concerne les moyens, on a obtenu un peu plus de 250 000 euros sur ces deux ans et demi,
00:24:11 avec également le soutien de la présidence française de l'Union européenne par le ministère, c'était lors de la conférence de l'ensemble Montpellier.
00:24:20 On avait eu ce soutien-là, évidemment aussi l'agence de services civiques française qui nous aide sur le pilotage du projet européen.
00:24:28 Et puis pour mener à bien ces résultats, on s'appuie sur différents regroupements, différentes réunions,
00:24:34 des ambassadeurs et des conférences de dissémination qui auront lieu en fin de projet.
00:24:39 Et on espère notamment en 2024, pourquoi pas organiser une conférence ici au CNESF lors de la période des Jeux olympiques pour mettre en avant nos résultats de ce projet.
00:24:51 Un petit message qui est passé, on ne le dis plus là.
00:24:54 Ce qui est intéressant avec ce projet, c'est qu'il est applicable à d'autres fédérations reproductives et son côté international aussi.
00:25:00 Oui, tout à fait. Alors là, vous voyez quelques photos des premiers événements phares de ce projet avec la réunion de Montpellier, la conférence de Montpellier.
00:25:08 Suria Bonaly qui est donc ambassadrice de ce projet-là, Gwenaëlle Noury lui a proposé d'être ambassadrice, elle l'a accepté.
00:25:15 C'est bien aussi justement pour la médiatisation de ce projet.
00:25:19 Le mois dernier, nous avons eu une conférence organisée par la Fédération néerlandaise.
00:25:23 Une représentante d'ailleurs de la fédération est parmi nous dans la salle avec énormément de clubs et de dirigeants présents.
00:25:32 On a effectivement aussi organisé une réunion de travail dans ce cadre-là.
00:25:35 Vous voyez la dernière photo en bas à droite, c'est une présentation de nos premiers résultats et des échanges avec la Fédération internationale,
00:25:41 International Skating Union, pour évoquer notamment leur rôle parce qu'effectivement la fédération internationale aura un rôle prépondérant
00:25:50 notamment pour ce qui concerne la dissémination qui est un mot important pour la commission européenne
00:25:56 qui veut dire que les autres fédérations au-delà des partenaires doivent aussi pouvoir s'appuyer sur ce travail-là pour mettre en place les mêmes outils totalement ou partiellement.
00:26:06 Alors on a entendu les fédérations, on a entendu le ministère, on va s'intéresser au monde universitaire maintenant.
00:26:12 Didier Chavrier, je me dresse à la casquette du vice-président cette fois de l'université d'Orléans.
00:26:16 Est-ce que vous pouvez nous parler de l'accompagnement des étudiants sportifs de haut niveau contre les violences sexuelles ?
00:26:21 Comment on éduque nos jeunes ? Comment on forme les élèves dans l'enseignement supérieur ?
00:26:25 On peut commencer par la fin déjà, chose d'un habituel. C'est vrai que, et ça a été dit dans certaines interventions, dès qu'on apporte ces questions-là ce sont toujours des questions d'éducation.
00:26:35 Et d'éducation dès le premier âge dans la socialisation primaire au sein de la famille puis après la socialisation secondaire par les pères et les différentes institutions traversées dont les institutions sportives.
00:26:46 Donc il y a un énorme travail d'éducation à faire à l'ensemble de ces niveaux.
00:26:52 Maintenant sur la particularité des sportifs et sportives de haut niveau.
00:26:56 Nous les côtoyons dans les clubs, dans les structures de haut niveau mais également ils ne se cantonnent pas.
00:27:03 Je ne sais pas si vous savez mais ce n'est pas juste une espèce endémique au pôle et aux structures clubs fédérales.
00:27:08 On les retrouve aussi ailleurs parce qu'ils ont une vie sociale et entre autres ils font des études.
00:27:12 Et donc à l'université c'est un public qui est quand même très spécifique parce que c'est à la fois un public étudiant.
00:27:18 Et comme bon nombre d'étudiants ou d'étudiantes comme une bonne partie aussi de la société nul n'est censé ignorer la loi mais une bonne partie de la population l'ignore.
00:27:27 Et en particulier sur les questions d'outrage sexiste comme ça a été encore rappelé tout à l'heure où on retrouve parfois dans le milieu sportif comme dans d'autres milieux.
00:27:36 Le milieu universitaire ne fait pas exception des blagues salaces sexistes et ainsi de suite qui sont ces agissements le terreau de violences sexuelles par la suite.
00:27:46 Donc il faut être en capacité de dès les premiers signaux d'intervenir de manière forte pour pouvoir éviter une complexification des trajectoires beaucoup plus tragiques sur un certain nombre de situations.
00:28:00 Après sur les sportifs et sportives de haut niveau leur spécificité au delà d'être étudiants étudiantes c'est leur engagement leur engagement conséquent sur les dimensions d'entraînement.
00:28:11 Sur aussi toutes les spécificités qu'on peut retrouver dans le lien entraîneur entraîné avec les dimensions d'emprise comme ça va être évoqué ce soir dans le film.
00:28:19 Mais ces dimensions d'emprise on les retrouve aussi à l'université parfois dans la relation entre un directeur de thèse et une doctorante on peut faire ici un parallèle aussi assez intéressant.
00:28:32 En tout cas de cause sur l'exemple ici de l'université d'Orléans sur l'accompagnement des sportifs et sportives de haut niveau il y a des formations qui sont mises en place sur la prévention des violences sexistes et sexuelles.
00:28:45 Qui s'étendent également à l'ensemble des associations étudiantes dans l'organisation d'événements festifs et même en dehors des événements festifs c'est aussi des conventions d'accompagnement des sportifs et sportives de haut niveau.
00:28:58 Sur l'aménagement bien évidemment de leurs horaires mais leurs horaires d'études, leurs horaires d'examen mais également leur accompagnement psychologique alors que ça soit dans le cadre de violences ou non tout simplement.
00:29:10 Et puis enfin c'est la charte c'est la charte signée sur laquelle nous travaillons actuellement signée par l'ensemble des athlètes de l'université qui représentent l'université qui représente aussi souvent leur fédération.
00:29:23 Et qui sont amenés du coup à diffuser un certain nombre de valeurs les valeurs que nous connaissons du sport du sport olympique qui est l'excellence certes mais pas uniquement le respect et entre autres le respect des différences.
00:29:36 Mais aussi la possibilité à travers cette charte de rappeler toutes les procédures de signalement existantes interne à l'université ou en lien avec les fédérations qui sont que sont les leurs.
00:29:50 Donc je pense ici qu'il y a un gros combat à faire au quotidien et pour ceux et celles qui sont engagés sur ces questions là ce qui est en fait la majeure partie si ce n'est la totalité des personnes présentes dans la salle.
00:30:01 Aujourd'hui on sait que ce sont des actions répétées au quotidien qui permettent d'endiguer les violences sexistes et sexuelles dès que nous relâchons l'attention de stress un instant on sait que des biais simi c'est à partir de ces biais on peut avoir les pires conséquences par la suite.
00:30:17 Vous avez parlé de blagues salaces des étudiants je vais demander à Dalphine Rio de nous témoigner si au sein des athlètes même on connait mieux ce phénomène on sait mettre des mots on reconnait quand on est allé plus loin quand cette blague se fait plus.
00:30:30 On apprend tous un peu ce qui se fait et ce qui se fait pas.
00:30:34 Oui alors effectivement on apprend bon moi j'ai quitté l'équipe de France en 2017 mais je suis quand même régulièrement en contact avec des athlètes encore en activité ça reste encore je trouve un peu tabou on a encore du mal à en parler et je pense que communiquer et je sais pas encore j'ai pas de solution miracle pour le moyen de communication parce que là on voit bien il y a des réunions il y a des échanges.
00:31:03 Mais les athlètes c'est à dire les premières victimes en fait elles sont un peu loin de tout ça alors quand on est sportif de haut niveau en fait on est on est on est dans notre bulle on est on est là pour faire de la perf on est là pour atteindre notre objectif on est là pour aller gagner une médaille.
00:31:19 Et je vais pas dire qu'on est prêts à tout mais en fait l'objectif est tellement grand et tellement plus important que tout ce qu'il y a autour qu'on en oublie parfois qu'il y a des choses qui sont inacceptables et moi j'ai pas été personnellement touché j'ai quelqu'un de mon environnement personnel qui l'a été pas dans le cadre du sport de haut niveau mais peu importe j'ai envie de dire ça reste une victime.
00:31:44 En fait on le voit pas forcément arriver parce que soit quand on pratique du loisir on est dans notre voilà on est dans le plaisir de pratiquer une activité physique qui nous convient et du coup on va on va pas penser à mal surtout plus on est jeune plus c'est difficile à décrypter en fait comment on donne les moyens à des enfants notamment à des jeunes adultes de quand il faut dire stop.
00:32:10 Et surtout après si jamais on n'a pas dit stop on a honte on a peur on est sous emprise on n'ose pas et là comment on fait en fait concrètement c'est ça en fait qu'il faut qu'on trouve quel est le moyen de détecter quel moyen on donne aux jeunes victimes en fait de dire les choses de libérer la parole on arrête pas de parler de la libération de la parole ouais mais concrètement on fait comment désolé je pose plein de questions.
00:32:36 Et parce que j'ai pas encore les réponses à tout ça et c'est pour ça d'ailleurs qu'on est tous là autour de la table c'est pour ensemble construire structurer pour que ça n'arrive plus.
00:32:48 Vous voulez quand même faire le distinguo sport loisir sport de haut niveau est-ce que ce sont les mêmes enjeux.
00:32:53 Alors les enjeux sont pas forcément les mêmes en revanche l'acte fin la conséquence psychologique en tout cas physique parfois elle reste la même en fait peu importe qu'on soit sportif de haut niveau ou tout simplement en pratiquant du loisir.
00:33:10 Ça fait mal quoi et après on fait comment comment on se reconstruit mais c'est surtout et c'est vrai que ça a été évoqué comment on fait pour que ça n'arrive pas comment on fait pour réduire tous ces risques comment on fait pour mettre.
00:33:24 Hors d'état de nuire tous ces nuisibles qui font du mal et qui et qui tuent certains jeunes le mot tuer peut-être un peu fort mais c'est aussi psychologique c'est-à-dire parce qu'après derrière on est plus ou moins fort face à cette adversité.
00:33:41 On n'est pas tous capables de se relever et comment on fait pour aider toutes ces différentes populations toutes ces toutes ces personnes toutes ces victimes à se reconstruire ou à éviter que ça n'arrive en fait qu'est-ce qu'on met en place quels sont les points d'alerte il faut des choses très simple très concrète accessible à tous âges et moi par exemple à mon niveau avec mon fils très tôt je l'ai sensibilisé je lui ai dit voilà ça ton corps t'appartient personne n'a pas.
00:34:10 Même moi la limite si tu souhaites pas que je te touche tu me le dis voilà donc en fait mais comment on aide les parents comment on aide aussi l'encadrement sportif parce qu'il y a des gens très bien dans le monde du sport.
00:34:24 Il n'y a pas que des fous furieux ou des folles furieuses et du coup comment aussi on va la valoriser comment on aide ces personnes là à être des aidants en fait et à éviter que ça n'arrive.
00:34:36 Vous avez beaucoup de questions des films et heureusement on a Élise Ancard notre psychologue qui peut peut-être apporter quelques réponses notamment sur les conséquences de ces violences sexuelles les dégâts finalement chez le sportif.
00:34:48 J'ai envie plutôt de répondre parce que les dégâts finalement ils peuvent être soit irréversible parce que ça peut être des équivalents de meurtre de meurtre psychologique.
00:35:00 Ça peut se manifester sous forme d'addiction de conduite à risque de tentative de suicide de mutilation de dépression dont on se sort pas de troubles de l'identité.
00:35:14 Par exemple sur la question de l'éducation.
00:35:18 Moi je la question qui moi j'ai évolué en tant que sportive dans le monde du sport donc c'est quelque part une identité qui est très forte.
00:35:28 On parle beaucoup de famille la famille du sport parce qu'effectivement les enfants sont très tôt engagés dans le sport de haut niveau donc vont souvent déplacement parfois rentre en structure.
00:35:40 Et en fait l'identité l'identité sportive prend le relais.
00:35:45 Les entraîneurs deviennent les relais parentaux.
00:35:49 Et en fait ce qui est vraiment je pense une question qui devrait être incluse dans les formations dans les sensibiliser au delà de la sensibilisation.
00:35:57 C'est comment éviter le piège de l'incestuel.
00:36:00 Le mot peut se dire là là on va parler de quoi mais en fait l'inceste dans les familles on n'en parle pas.
00:36:06 Et l'incestuel et l'inceste dans le sport on n'en parle pas parce que c'est un peu la famille aussi quelque part.
00:36:12 Donc il y a aussi cette résistance là et l'incestuel dans les familles.
00:36:16 Quand Delphine disait ça commence aussi dans les familles.
00:36:20 Vous disiez aussi également ça c'est effectivement comment on discrimine.
00:36:24 Quelle est la limite.
00:36:26 Qu'est ce qui est bon pour soi.
00:36:27 Qu'est ce qui est bon pour l'autre.
00:36:28 Qu'est ce qui est un dépassement et une effraction.
00:36:31 Et les enfants peuvent pas vraiment ils savent quelque part qu'il y a quelque chose qui n'est pas en place.
00:36:36 En revanche ils n'ont pas forcément les moyens de s'en défendre.
00:36:39 C'est la première chose.
00:36:41 Et de deux en fait on voit bien que la mise sous emprise et la mise sous isolement elle se fait petit à petit.
00:36:46 Donc il y a à la fois je pense une une explication et une répétition de ce qu'est en fait les limites l'intimité et l'incestuel.
00:36:55 Comment éviter ces pièges là.
00:36:57 C'est à dire c'est des équivalents psychologiques incestueux en fait où finalement l'autre devient le prolongement et l'objet de jouissance de l'adulte.
00:37:08 Et l'enfant naturellement il est dans le désir de l'adulte.
00:37:11 Il a besoin de quoi l'enfant.
00:37:13 Il a besoin d'amour et de sécurité.
00:37:15 Et donc si on rajoute à ça cette exigence cette adaptation nécessaire à la performance.
00:37:22 Cet espoir de gagner d'aller plus haut.
00:37:25 Du coup l'entraîneur est dépositaire de tous les pouvoirs.
00:37:29 Et donc pour un entraîneur c'est pas si simple de se positionner et de pas tomber aussi dans le piège de la séduction qui est normal.
00:37:38 Dans le lien humain dans le lien mère enfant il est normal et les mêmes constructeurs.
00:37:43 C'est à dire qu'on retrouve ce contrat narcissique de séduction mutuelle entre la mère et l'enfant.
00:37:49 Où chacun se reconnaît dans ce qu'il apporte à l'autre et c'est ce qui se rejoue un petit peu dans le lien entraîneur entraîné.
00:37:55 Où il y a beaucoup de sportifs qui ont besoin d'être rassurés.
00:37:58 Ils font des très grandes perfs, c'est fabuleux tout ce qu'ils ont comme capacité de travail etc.
00:38:04 Et pour autant il y a une espèce de fragilité où ils ont besoin d'être rassurés.
00:38:08 Où c'est jamais assez bien ce qu'ils font.
00:38:10 Où il faut toujours répéter les performances pour exister en tant que sportif de haut niveau.
00:38:14 Tout ça c'est des choses en fait qui sont fragilisantes.
00:38:17 Et quand ça ne va pas, ils ne trouvent en général pas d'excuses.
00:38:24 Donc si quelque chose a eu lieu à leur rencontre, une effraction physique, une effraction psychologique,
00:38:30 ça ne va pas être si simple de dire peut-être que c'est moi.
00:38:35 On protège aussi le rapport à l'adulte, on protège le lien.
00:38:43 Dans les personnes qui sont vulnérables à l'emprise et aux violences physiques et psychologiques,
00:38:51 il y a un point commun entre l'agresseur et l'agressé.
00:38:54 C'est une faille initiale qui fait qu'il y a une rencontre.
00:38:59 Et donc ça c'est important, il faut bien expliquer avec des langages adaptés aux enfants, aux adolescents, aux adultes.
00:39:07 Et comment on évite ce piège là ? Déjà en expliquant ce que c'est parce que ça commence dans les familles.
00:39:11 Les limites ne sont pas toutes les mêmes partout.
00:39:14 Je vous cite un exemple d'une jeune fille qui part en structure, qui va s'entraîner,
00:39:21 et puis en fait elle dort chez son entraîneur parce que c'est le copain des parents, donc c'est cool, pas de problème.
00:39:26 Et puis en fait, c'est plus possible, je ne sais plus pour quelle raison,
00:39:30 et du coup c'est le président du club qui l'héberge.
00:39:33 Et puis petit à petit, on voit que cette gamine, qu'est-ce qu'elle a compris de son intimité, de son espace,
00:39:39 de l'ordre de l'extérieur, de l'intérieur, s'il n'y a pas de référent qui explique et qui répète ce que c'est.
00:39:46 Et donc je pense que c'est important parce que les entraîneurs aussi, finalement,
00:39:51 ils évoluent dans un terrain aussi le même, qui finalement les fragilise dans leur garde-fou,
00:40:02 et qui répètent aussi les vécus qu'ils ont vécus, le rapport au corps qui est complètement banalisé.
00:40:11 Le corps c'est l'outil commun, donc forcément on va avoir un droit de regard et de dire ce qu'il en est,
00:40:16 puis ça sera normal, et puis petit à petit, c'est normal de se toucher, et puis les fractions, elles vont jusqu'où ?
00:40:22 Et ça est doublé à l'épuisement physique, parce qu'il y en a de l'épuisement physique,
00:40:27 au dépassement des limites physiques, psychologiques, et de la nécessaire violence,
00:40:31 parce qu'il faut se dépasser, il faut se faire mal, etc.
00:40:34 Finalement, on ne sait plus ce qui est mal.
00:40:37 Oui, là ça a été trop loin en fait.
00:40:39 Et donc c'est important de savoir que les garde-fous tombent, et il faut en remettre.
00:40:44 C'est quand même de la régulation, ça c'est le maître mot à tous les niveaux.
00:40:47 La régulation, ça veut dire qu'il ne faut pas laisser un lien entraîneur-entraîné en autarcie,
00:40:52 donc il faut réguler le lien, réguler la séduction, ouvrir, et ça, ça se joue à tous les étages.
00:40:57 Et ça c'est vraiment important, on a une responsabilité collective, ça c'est clair et net.
00:41:02 Et c'est vrai que c'est pas en fait, comme ça reste du subjectif, c'est pas si simple,
00:41:07 on va dire "ouais mais ça, ça va, on va banaliser le fait que..."
00:41:11 Non, non, en fait on parle pas de sexualité avec des jeunes ados,
00:41:16 on raconte pas sa vie en tant qu'adultes,
00:41:18 parce qu'on voit bien que l'incestuel c'est la confusion des places,
00:41:21 c'est le fait qu'il y a des sexualités qui est partagée, racontée, comme si de rien n'était,
00:41:26 c'est l'effraction dans l'intime, répétée,
00:41:29 et puis petit à petit, finalement, on sait plus qui fait quoi,
00:41:33 et ça vous le verrez bien dans le film qui est remarquable,
00:41:35 dans la justesse des glissements progressifs,
00:41:40 où on voit plus finalement quelle est la différence des générations,
00:41:44 où il y a bien la séduction qui est progressive,
00:41:48 aussi au nom de la performance, au nom de la toute-puissance,
00:41:52 du coup le rapport à la loi est évincé.
00:41:55 Donc voilà, je pense qu'il faut répéter à tous les étages,
00:41:58 quand même, des points de repère et les limites, en fait,
00:42:02 qui, malgré tout, sont pas les mêmes chez chacun,
00:42:06 et pour autant, ça crée des effractions, ça crée des fragilisations,
00:42:09 toutes les victimes de violences sexuelles, elles ont eu déjà des effractions en avant,
00:42:14 c'est-à-dire avant, on va dire, le point terminal,
00:42:19 on voit bien dans l'historique qu'il y a eu des effractions qui ont été faites,
00:42:24 qui font que petit à petit, les limites s'amenuisent,
00:42:27 et qu'en fait, la personne, à un moment, il y a cette rencontre qui s'avère fatale.
00:42:34 Donc c'est aussi important de revenir sur quelles sont les limites,
00:42:38 qu'est-ce qui est bon pour moi, qu'est-ce qui est pas bon pour moi,
00:42:42 qu'est-ce que j'accepte, qu'est-ce que j'accepte pas,
00:42:44 et au nom de la performance, il faut évidemment que ce soit régulé,
00:42:47 et ça c'est un travail de fond et de quotidien.
00:42:50 Je suis désolée, j'espère ne pas avoir mené un petit peu la parole,
00:42:53 mais c'est vrai que c'est des sujets qui sont hyper importants,
00:42:56 et qui mériteraient du temps, parce que vraiment la notion d'incestuel,
00:43:00 elle est vraiment importante, il ne faut pas en avoir peur,
00:43:03 parce que c'est des risques qui existent dans les familles,
00:43:06 et des risques qui existent dans les milieux à haut potentiel émotionnel,
00:43:10 où il y a beaucoup d'affectifs, beaucoup de proximité,
00:43:14 beaucoup de quêtes communes de perfection,
00:43:16 et tout ça c'est des ingrédients fragiles des enfants.
00:43:18 On a des pistes, c'est très intéressant, vous n'excusez pas de prendre du temps,
00:43:21 au contraire on apprend plein de choses.
00:43:23 En termes de signalement, on va parler signalement maintenant Delphine,
00:43:25 est-ce que les athlètes peuvent plus facilement libérer leur parole ?
00:43:28 Alors moi j'ai l'impression qu'au niveau des sportifs de haut niveau,
00:43:33 c'est plus facile, parce qu'effectivement il y a beaucoup de choses qui existent aujourd'hui,
00:43:37 qui leur permettent justement, et notamment tout ce qui est inscrit dans la politique des fédérations,
00:43:43 ça je pense que c'est vraiment utile pour eux,
00:43:47 pour s'exprimer clairement sur le sujet, pour alerter.
00:43:50 Là où j'ai plus de doute, c'est sur l'aspect loisir,
00:43:54 où là on est beaucoup plus loin des fédérations,
00:43:58 les fédérations à mon avis ne connaissent pas un dixième de ce qui se passe sur le terrain,
00:44:02 ça remonte pas.
00:44:04 Donc effectivement, je pense que les sportifs de haut niveau sont aujourd'hui mieux protégés,
00:44:10 mieux préparés, et plus enclin à libérer leur parole,
00:44:13 ce qui n'est pas le cas pour des potentielles victimes du terrain plutôt loisir,
00:44:20 où là on est vraiment très très loin, quand on est dans des tout petits clubs,
00:44:24 où c'est pas forcément un entraîneur qui va passer à l'acte,
00:44:30 ça peut être dans certains cas un adulte qui pratique également et qui dépasse les limites.
00:44:37 Parce qu'il participe à quelques petites compétitions avec des plus jeunes,
00:44:43 et qui se laissent glisser et qui embarquent des enfants vers ça.
00:44:49 Et pour moi aujourd'hui, c'est cette population là,
00:44:55 où il y a véritablement, je sais pas s'il y a des réponses par rapport au ministère,
00:45:01 comment on fait pour vraiment faire remonter cette information là du terrain,
00:45:05 qu'est-ce qu'on met en place en termes de communication terrain,
00:45:09 pour que cette parole s'exprime vraiment, et que vous ayez enfin les vraies données du terrain.
00:45:16 Peut-être par rapport à tout ça, ce que vous disiez tout à l'heure,
00:45:22 avant d'être sportif de haut niveau, on a de toute façon pratiqué dans un club,
00:45:26 je dirais classique, évidemment c'est pas péjoratif,
00:45:30 et il y a des habitudes qui ont pu être prises,
00:45:35 et qui vont marquer l'athlète jusqu'au plus haut niveau,
00:45:40 dans aussi ce qui peut relever de dysfonctionnement, ce que vous disiez à l'instant madame.
00:45:46 Finalement, quand on regarde les 900 signalements,
00:45:52 c'est rarement des signalements pour des faits qui se sont produits
00:45:57 pendant que l'athlète pratique son activité sportive.
00:46:01 En fait, le pire arrive toujours dans l'environnement de la pratique,
00:46:07 c'est à dire quand le sportif est en déplacement,
00:46:11 quand il est hébergé parfois dans la même chambre que son entraîneur,
00:46:17 dans les vestiaires, parce que ça arrive encore,
00:46:22 que des adultes prennent leur douche avec des enfants, etc.
00:46:27 En tout cas, ce qu'on observe, c'est que le monde du sport,
00:46:31 alors heureusement ça évolue, et ça évolue très bien,
00:46:35 est quand même un environnement dans lequel on tolère certaines pratiques,
00:46:40 qu'on ne tolèrerait pas dans d'autres champs de la vie sociale,
00:46:44 y compris dans la prise en charge des mineurs, etc.
00:46:46 Moi je fais souvent le parallèle entre un enfant qui va partir en classe verte
00:46:50 ou en classe de neige, et un enfant qui part en stage sportif.
00:46:54 Les parents vont se sentir autorisés à poser beaucoup de questions
00:46:58 aux professeurs des écoles, etc.
00:47:01 et ne les poseront pas forcément à l'entraîneur, etc.
00:47:06 Donc c'est parce qu'il y a aussi une confiance,
00:47:09 et il faut s'en féliciter dans l'institution,
00:47:12 sauf que, à certains moments, le dérapage,
00:47:17 pour reprendre un terme le plus neutre possible,
00:47:20 est possible, et la régulation que vous évoquiez,
00:47:24 elle ne se fait pas.
00:47:26 Et donc le travail sur lequel on s'est mobilisé,
00:47:31 avec les fédérations sportives, etc. sur les outils,
00:47:34 ça a été de communiquer sur ce que j'appelle, c'était l'époque,
00:47:38 des gestes barrières, des gestes simples,
00:47:42 pour dire "attention, ça vous ne devez pas l'accepter".
00:47:46 Il y a un certain nombre de pratiques qui ne doivent plus avoir lieu d'être
00:47:51 quand on est dans une organisation sportive,
00:47:54 alors même qu'on a toute confiance dans l'éducateur,
00:47:58 alors même qu'on a toute confiance dans le dirigeant, etc.
00:48:01 Pour autant, et on le voit bien dans l'enquête,
00:48:04 entre le travail qui est fait au niveau national
00:48:06 et la manière dont ça infuse au niveau territorial,
00:48:09 il y a un écart qui est absolument considérable,
00:48:12 et malgré les efforts des uns et des autres.
00:48:16 Donc là, on a besoin vraiment d'une communication aussi grand public,
00:48:22 sur la question de l'intégrité physique et morale du pratiquant,
00:48:28 qui doit être perçue, non seulement comme un sportif,
00:48:33 mais d'abord comme un enfant, comme un jeune, comme un être humain,
00:48:37 et qui est aussi sportif, et donc qui a droit au respect de son intégrité, etc.
00:48:42 Mais c'est un changement de paradigme,
00:48:45 même pour le ministère au sein du Code du sport,
00:48:48 quand on voit comment sont rédigées les dispositions législatives
00:48:54 et réglementaires en matière de protection,
00:48:56 on parle toujours de la protection du pratiquant, du sportif, etc.
00:49:00 Le terme "protection des mineurs", par exemple,
00:49:03 n'arrive dans le Code du sport qu'à l'aune des dernières lois,
00:49:07 où là, on pose la question finalement de l'intégrité physique,
00:49:13 morale, psychologique du pratiquant,
00:49:16 et pas uniquement dans la dimension progression technique,
00:49:21 recherche de la performance, etc.
00:49:23 Donc ça, c'est vraiment important.
00:49:26 Et vous disiez à quoi est-ce qu'on peut voir que les choses évoluent.
00:49:30 Alors il y a un indicateur, c'est que quand la cellule a été créée,
00:49:35 l'essentiel des signalements qui nous parvenaient
00:49:38 étaient des signalements pour des faits très anciens,
00:49:41 avec toute la difficulté de pouvoir conduire les procédures,
00:49:45 parce que voilà, c'est à un moment donné compliqué,
00:49:50 dans le respect des droits de la défense,
00:49:52 de pouvoir établir qu'effectivement les faits qui sont dénoncés
00:49:55 ont réellement eu lieu.
00:49:56 Et aujourd'hui, les signalements qu'on a sont des signalements
00:49:59 pour des faits très récents,
00:50:02 et essentiellement dans le champ du sport loisir.
00:50:06 Donc voilà, encore une fois, on n'est pas au bout du chemin,
00:50:10 mais je pense que ce sont quand même des indicateurs
00:50:13 qui sont assez encourageants de la prise de conscience collective.
00:50:18 Oui Delphine, on répond à toutes vos questions.
00:50:20 C'est génial, merci.
00:50:21 Didier Chavrier, vous avez la double casquette, alors j'en profite.
00:50:24 Est-ce que vous pouvez me parler des procédures administratives,
00:50:27 des procédures disciplinaires ?
00:50:28 Est-ce qu'il y a des parallèles entre FED, l'université,
00:50:31 et une finie du ministère ?
00:50:33 Grande question.
00:50:35 Grande question.
00:50:36 Alors effectivement, il y a des parallèles sur les dimensions de signalement.
00:50:40 On a très souvent, alors je ne vais pas parler pour toutes les fédérations,
00:50:43 parce que je ne connais pas les dispositifs de toutes les fédérations.
00:50:46 On a vu les chiffres, en tout cas un bon nombre de fédérations sont armées,
00:50:50 sont différemment armées suivant aussi leur constitution, leur taille,
00:50:55 et les moyens dont elles disposent, que ce soit des moyens humains ou financiers.
00:50:58 On a vu que c'est un des points faibles.
00:51:00 Mais très généralement, on a effectivement un signalement
00:51:04 qui peut être téléphonique sur une adresse mail dédiée,
00:51:07 qui va amener après un binôme d'écoute qui a été formé
00:51:10 à recueillir les premiers éléments de parole pour pouvoir faire deux choses.
00:51:14 La première chose, c'est recueillir les premiers éléments juridiques,
00:51:17 si je puis dire, pour essayer de commencer à, non pas caractériser,
00:51:21 mais pouvoir creuser un peu la situation.
00:51:25 Et également proposer, à partir du moment où il y a eu le signalement,
00:51:28 proposer un accompagnement psychologique, médical, social, voire juridique,
00:51:31 le cas échéant, parce que s'il y a eu le signalement,
00:51:34 il y a forcément une situation de mal-être.
00:51:36 Donc il y a une proposition d'accompagnement.
00:51:38 Une fois le rapport constitué d'entretien, celui-ci est transmis généralement
00:51:44 aux instances dans les fédérations de bureaux exécutifs,
00:51:47 aux présidents ou aux présidentes, poursuite à donner,
00:51:50 et en particulier la mise en place de mesures conservatoires,
00:51:53 la mise en place également d'enquêtes internes,
00:51:57 avec toutes les difficultés pour avoir des personnels aussi qualifiés
00:52:01 pour mener ces enquêtes internes, et le cas échéant,
00:52:04 la mise en place d'une commission disciplinaire.
00:52:08 Alors, à la Fédération française de kanoïkaïk et de sport de pagaie,
00:52:12 on a fait le choix aussi déjà de former l'ensemble de ces étages,
00:52:15 de manière à ce que les acteurs et actrices de la fédération
00:52:18 présents à chacune de ces moments-là, soient des personnes formées
00:52:23 et soient des personnes surtout différentes,
00:52:25 qu'il n'y ait pas ici une confusion dans les rôles et tâches
00:52:28 de chacun et de chacune dans l'ensemble de la procédure.
00:52:30 Autre aspect, et je pense que d'autres fédérations le font également,
00:52:34 c'est dans la commission disciplinaire d'être aussi avec au moins
00:52:38 50% de personnalités extérieures, des avocats, des juristes,
00:52:42 de manière à pouvoir avoir un regard neuf sur les situations
00:52:46 et éviter, on va dire, des situations endémiques
00:52:50 qui ne seraient pas gérées ou mal gérées en interne.
00:52:54 Donc ça, ça pose évidemment de très nombreuses questions
00:52:59 et avec toute la difficulté d'articulation par la suite
00:53:02 avec les procédures qui peuvent être aussi des procédures
00:53:07 auprès de Signal Sport, parce qu'on a aussi des procédures
00:53:10 administratives au sein de Signal Sport, et après on pourra
00:53:13 ajouter le triptyque et les procédures pénales.
00:53:15 Et comment du coup les fédérations sont en capacité d'articuler
00:53:19 cette triple problématique ? Alors déjà pour une université,
00:53:22 c'est parfois complexe d'articuler la procédure administrative
00:53:25 d'une université avec la procédure judiciaire en cours.
00:53:28 C'est encore beaucoup plus difficile pour une fédération
00:53:31 parce qu'en réalité il y a trois procédures qui sont à articuler,
00:53:35 et un briquet. Donc ça pose la question de l'articulation
00:53:39 des deux procédures administratives interne à la fédération
00:53:43 ou aux fédérations avec la procédure menée par Signal Sport,
00:53:46 et c'est ce que vous avez effectivement évoqué,
00:53:49 entre autres sur le partage d'informations pour pouvoir mener
00:53:53 par exemple une enquête en interne, puisque quand le président
00:53:57 ou la présidente de fédération saisit la commission disciplinaire,
00:54:00 encore faut-il qu'il y ait un dossier constitué,
00:54:02 puisque la commission disciplinaire doit statuer,
00:54:05 bien évidemment sur pièce, donc il faut que l'enquête interne
00:54:08 ait été réalisée ou que des éléments aient été transmis
00:54:11 par ailleurs, sinon en fait on est dans un dialogue de sourds.
00:54:15 Et je rejoins et je rappelle effectivement ce qui a été dit,
00:54:18 c'est que les procédures administratives propres aux fédérations
00:54:21 sont totalement indépendantes des procédures judiciaires.
00:54:24 Ça, ça va de soi, ne pas attendre évidemment qu'il y ait
00:54:27 un dépôt de plainte ou un signalement article 40
00:54:30 du code de procédure pénale pour pouvoir agir, ça va de soi.
00:54:34 Ça va de soi, d'autant plus que, c'était rappelé,
00:54:38 un peu plus tôt, c'est que les procédures pénales
00:54:41 peuvent être aussi plus longues, le sont souvent.
00:54:44 Alors, il y a aussi du mieux, je ne veux pas jeter l'opprobre
00:54:48 sur le ministère public et sur les différents parquets,
00:54:51 les différents magistrats, puisqu'il y a du mieux dans le traitement,
00:54:54 il y a des cellules spécialisées, il y a aussi des capacités
00:54:57 de prise de mesure sur première ordonnance
00:55:00 qui permettent d'accélérer le processus. Alors, non pas le jugement,
00:55:03 mais au moins les mesures d'éloignement potentiel ou ainsi de suite.
00:55:06 Mais ça pose une réelle question, en tout cas, c'est un gros travail
00:55:09 à mener sur l'articulation de l'ensemble des procédures.
00:55:12 Je sens que ça va discuter pas mal à l'issue de cette table ronde.
00:55:15 Pour conclure, je sais que je n'ai pas encore beaucoup de questions
00:55:18 à vous poser, je suis un tout petit peu prise par le temps,
00:55:21 on me fait des signes là-haut. C'est une idée qui nous vient de Catherine
00:55:24 qui nous a dit que ce serait quand même pas mal si après chaque intervenant,
00:55:27 on leur demandait à chacun une idée, une mesure innovante,
00:55:30 concrète à appliquer. Peut-être que vous n'en avez pas tout de suite,
00:55:33 peut-être qu'il vous faut un peu plus de temps,
00:55:36 mais est-ce que je peux vous prendre un par un et vous demander
00:55:39 concrètement quelque chose ? On est là pour ça aussi, pour trouver des solutions.
00:55:42 Cyril. Pour moi, ça sera autour des moyens financiers
00:55:45 parce que l'état des lieux, Mouvance, disait que plus de 2/3, je crois,
00:55:48 des fédérations n'avaient pas de compétences en interne,
00:55:51 déclaraient ne pas avoir de compétences en interne
00:55:54 et 47% ne pas avoir les moyens financiers suffisants.
00:55:57 Donc je pense que ça peut passer, déjà, notamment sur la prévention,
00:56:00 de travailler en collaboration avec les autres fédérations
00:56:03 et puis aussi aller chercher l'argent là où il est.
00:56:06 Alors nous, on a présenté un projet européen,
00:56:09 mais on est une petite fédération, donc déjà ça prouve que c'est possible
00:56:12 et puis il y a d'autres forfaits, des montants forfaitaires
00:56:15 plus accessibles au niveau de l'Europe. Il y a aussi des appels à projet
00:56:18 de l'ANS, du ministère, du CNOSF
00:56:21 qui permettent de travailler sur ces sujets-là, parfois en collaboration
00:56:24 entre plusieurs fédérations. Donc je pense qu'il faut aller chercher
00:56:27 l'argent là où il est pour travailler sur ce type de sujet.
00:56:30 Fabienne Bourdet.
00:56:33 Peut-être, je dirais,
00:56:36 j'emploierais le mot systématisation.
00:56:39 C'est-à-dire ce sur quoi
00:56:42 on bute aujourd'hui et peut-être que
00:56:45 je le dis avec beaucoup d'humilité
00:56:48 et un peu de tristesse aussi,
00:56:51 c'est qu'à un moment donné, on marque le pas. On marque le pas
00:56:54 pourquoi ? Parce que finalement, on a réussi à
00:56:57 embarquer tous les convaincus.
00:57:00 Sauf que notre souci
00:57:03 aujourd'hui, c'est comment est-ce qu'on va irriguer
00:57:06 au plus près des pratiquants jusque dans les clubs,
00:57:09 etc. Donc le cadre législatif, il a été posé.
00:57:12 C'est plus la loi,
00:57:15 même le règlement qui permettra de progresser.
00:57:18 C'est comment aujourd'hui, tout le monde s'empare
00:57:21 de ce cadre et considère
00:57:24 que dans tous les diplômes fédéraux,
00:57:27 aujourd'hui, on doit avoir une sensibilisation
00:57:30 sur ces questions-là.
00:57:33 Pas forcément sous une forme, je dirais, académique,
00:57:36 mais avec des choses extrêmement pratiques, concrètes.
00:57:39 Voilà. Et qu'on soit vraiment dans une démarche
00:57:42 qui ne soit plus au gré
00:57:45 de la bonne volonté de telle ou telle personne,
00:57:48 mais bien quelque chose qui soit porté
00:57:51 avec toute la colonne vertébrale fédérale,
00:57:54 si je puis dire.
00:57:57 Moi, je vais rester aussi sur un aspect un peu communicatif.
00:58:00 C'est essayer de trouver un moyen de communiquer
00:58:03 auprès des jeunes, auprès des moins jeunes, auprès des encadrements.
00:58:06 Par exemple, pour les jeunes, ça pourrait être
00:58:09 les plus jeunes, des BD, qui expliquent le stop,
00:58:12 là où on pose les limites. Et puis après, en fonction
00:58:15 des âges, donc ça, c'est pour les victimes, on va dire,
00:58:18 essayer de trouver un moyen de communication adapté
00:58:21 via notamment, éventuellement, par les réseaux sociaux
00:58:24 pour les jeunes adultes, pourquoi pas.
00:58:27 Après, comment concrètement, exactement, je pense qu'il faut
00:58:30 qu'on se fasse aider. Et pour les encadrants,
00:58:33 c'est en fait, continuer à essayer de les réunir,
00:58:36 à communiquer, à leur donner les bonnes pratiques
00:58:39 pour intervenir quand ils sont susceptibles
00:58:42 d'être témoins d'un acte,
00:58:45 soit par la parole d'un enfant
00:58:48 qui vient leur dire ce qui s'est passé,
00:58:51 ou par un autre moyen. Mais voilà, en fait, c'est éduquer
00:58:54 tout le monde, et où ça s'arrête,
00:58:57 pour éviter justement d'en arriver à avoir des victimes.
00:59:00 C'est un peu plus préventif, ce que moi je proposerais.
00:59:03 Voilà, et je pense que mes collègues vont avoir
00:59:06 d'autres idées pour faire l'étape d'après.
00:59:09 C'est quoi l'étape d'après Didier ?
00:59:12 Superbe transition.
00:59:15 En y réfléchissant un peu, il y a quatre mesures
00:59:18 qui me viennent à l'esprit. Effectivement,
00:59:21 venir davantage dans l'anticipation, là on est en train de traiter
00:59:24 souvent l'urgence, et être davantage dans une dimension
00:59:27 prophylactique d'anticipation me semble être essentiel.
00:59:30 Et cela passe par une première mesure, me semble-t-il,
00:59:33 c'est déployer un plan égalité dans l'ensemble
00:59:36 de nos fédérations, nos structures. Le plan égalité
00:59:39 comprend certes la lutte contre les violences, mais également
00:59:42 l'articulation vie pro, vie perso, vie familiale,
00:59:45 et on sait que c'est important au niveau du sport de haut niveau,
00:59:48 également l'accès paritaire
00:59:51 au cadre, emploi et fonction. Bref, en réalité,
00:59:54 si vous êtes investi dans la fonction publique,
00:59:57 vous savez que je suis en train de dénumérer les items de la loi
01:00:00 de transformation de la fonction publique. Alors j'ai bien conscience
01:00:03 que les fédérations ne sont pas fonction publique, mais néanmoins
01:00:06 elles ont une mission de service public. Et à cet égard, je pense
01:00:09 qu'il serait de bonne à loi que chaque fédération puisse se
01:00:12 doter d'un plan égalité, d'un vaste plan égalité
01:00:15 qui placerait un cadre beaucoup plus large sur
01:00:18 la lutte contre l'ensemble des inégalités, et on sait que
01:00:21 de ces inégalités naissent les violences. Le deuxième point,
01:00:24 ce serait peut-être aussi de sortir de la logique de dispositif.
01:00:27 On est souvent en train de construire des dispositifs
01:00:30 qui sont par nature pensés comme
01:00:33 périphériques, annexes à une politique centrale. Et c'est là
01:00:36 où je vous rejoins totalement dans le fait d'intégrer cette
01:00:39 dimension-là au cœur des politiques. Et pour cela,
01:00:42 il y a plusieurs axes qui me semblent être importants.
01:00:45 C'est déjà le portage politique au sein des fédérations. Qui porte
01:00:48 cette thématique au sein des fédérations ? Est-ce directement la présidente,
01:00:51 le président, un vice-président ? Ou est-ce que c'est un référent
01:00:54 qui, du coup, a une portée politique bien moindre ?
01:00:57 Ça en dit long, quand même, sur la structuration ici
01:01:00 de cette dimension. C'est également, toujours dans cet
01:01:03 item, la sous-traitance. C'est vrai que beaucoup de fédérations
01:01:06 qui n'ont pas forcément, en plus, les compétences en interne
01:01:09 seraient tentées de sous-traiter cette question-là
01:01:12 et épineuse. Et on voit de fait,
01:01:15 de facto, toutes les difficultés après avoir une réelle
01:01:18 transformation au sein de la fédération, des mentalités
01:01:21 et des dispositifs. Et enfin,
01:01:24 c'est sur les formations, transiter de formations
01:01:27 qui soient des formations, on va dire
01:01:30 en parallèle, en périphérie, placées, peu importe
01:01:33 leur modalité, que ce soit en présentiel, en distanciel
01:01:36 ou autre. Mais on sait que ces formations-là,
01:01:39 il y a quand même deux difficultés. La première,
01:01:42 c'est de former tous les membres d'une fédération
01:01:45 qui peut représenter des centaines, voire des millions
01:01:48 de personnes. Former des millions de personnes en présentiel,
01:01:51 c'est tout juste colossal. En distanciel,
01:01:54 on connaît les limites du distanciel également.
01:01:57 Donc, ça pose des questions très importantes. Et enfin, si ces
01:02:00 formations sont simplement des formations facultatives,
01:02:03 on sait qu'on va toucher toujours les mêmes personnes, des personnes
01:02:06 qui sont déjà sensibilisées à ces questions-là. Donc, comment faire ?
01:02:09 J'ai quelques pistes, puisqu'on les met en œuvre au sein de la
01:02:12 Fédération française de kanoïkaïk et de sport de pagaie. C'est,
01:02:15 entre autres, ne plus penser ces formations comme parallèles, mais
01:02:18 totalement intégrées aux autres formations. Lorsqu'on met en place
01:02:21 des formations d'initiateurs, de moniteurs, de monitrices, d'entraîneurs,
01:02:24 de juges et ainsi de suite, forcément, ils ont des modules
01:02:27 sur ces questions-là. Donc, en réalité,
01:02:30 on a déjà des publics qui sont captifs d'autres formations et
01:02:33 on intègre cette dimension de lutte contre les violences sexistes et sexuelles
01:02:36 de manière transversale et non pas de manière périphérique.
01:02:39 Et enfin, peut-être une dernière proposition,
01:02:42 dans ces avancées, on voit la difficulté
01:02:45 qu'ont un bon nombre de fédérations à traiter au niveau disciplinaire
01:02:48 les dossiers. On voit la difficulté qui peut être
01:02:51 celle déjà de grosses fédérations et encore
01:02:54 pire, de plus petites fédérations. A cet égard,
01:02:57 si on compare avec d'autres structures
01:03:00 au sein du sol français, je pense à certains ministères ou même
01:03:03 à d'autres pays, il y aurait une voie
01:03:06 qui serait potentiellement la création d'un organe
01:03:09 disciplinaire qui soit transfédéral
01:03:12 et qui permette ici de traiter le cas de l'ensemble
01:03:15 des fédérations et ce qui permettrait de dépayser, d'externaliser
01:03:18 et d'éviter ainsi les conflits d'intérêts. On voit
01:03:21 ici très rapidement trois, quatre propositions.
01:03:24 Il y en a d'autres potentiellement, mais je vais m'arrêter à trois, quatre.
01:03:27 Didier, on va vous embaucher à la commission. Il y a plein d'idées.
01:03:30 Vous pouvez me conclure. Une idée comme ça, quelque chose à laquelle vous avez pensé.
01:03:33 Plein, mais on va se limiter à une.
01:03:36 Je rebondis sur les formations et les répétitions.
01:03:39 Dans l'éducation, il y a de la répétition, beaucoup.
01:03:42 Donc il faut répéter. Et puis,
01:03:45 à l'instar de l'éducation nationale où il y a un socle commun de connaissances
01:03:48 et d'exercices, etc.,
01:03:51 ça sera la même chose sur la question de l'intimité, des limites,
01:03:54 de développer
01:03:57 et de travailler sur l'estime de soi pour pouvoir éviter
01:04:00 les fragilités qu'on retrouve chez les sportifs,
01:04:03 notamment. Et la deuxième chose,
01:04:06 pour ne pas être redondant, sur la question des structures privées,
01:04:09 des structures autarciques, quels contrôles,
01:04:12 quels liens, quels contrats avec l'État
01:04:15 pour éviter aussi les
01:04:18 zones obscures
01:04:21 où tout est possible.
01:04:24 Et ça, je pense que c'est une vraie question.
01:04:27 Je n'ai pas envie d'idéaliser le haut niveau. En revanche, dans le haut niveau,
01:04:30 il y a quand même du monde.
01:04:33 Du coup, parfois, ça évite
01:04:36 les relations duels où ça se fait en douce.
01:04:39 Je me dis quid des structures privées.
01:04:42 Voilà.
01:04:45 - On va en discuter après. Ça ne vous embête pas.
01:04:48 - Entre autres. - Merci à tous pour ces échanges.
01:04:51 C'était passionnant. Je me tourne vers la salle. On a des micros
01:04:54 qui sont à votre disposition. Est-ce que cette table ronde vous a inspiré?
01:04:57 Est-ce que vous avez des questions pour nos différents intervenants? Est-ce que vous avez des idées, peut-être,
01:05:00 à apporter? On a un petit peu de temps. On a une main levée là-bas.
01:05:03 On va vous amener un micro.
01:05:06 Est-ce que quelqu'un peut s'occuper de nous amener un micro?
01:05:09 Je crois que oui. Une deuxième main levée.
01:05:12 Très bien. Ça arrive là.
01:05:15 Je vous demande si vous pouvez vous présenter, évidemment, en quelques mots.
01:05:18 Et puis ensuite, j'ai une main derrière. On vous écoute.
01:05:21 - Merci. Je voulais interroger Fabienne
01:05:24 plutôt que les autres intervenants.
01:05:27 Je suis Jacques Novak, membre de la Commission nationale
01:05:30 de prévention et de lutte contre les violences sexuelles et les discriminations
01:05:33 dans le sport, vice-président du comité olympique du TARN.
01:05:36 On a fait un certain nombre d'avancées,
01:05:39 un certain nombre de propositions. La question, je ne veux pas commenter
01:05:42 tout ce qui s'est dit. Ça serait un petit peu fastidieux. Il y a beaucoup de choses
01:05:45 à dire. Je voulais demander à Fabienne ce qu'elle pensait
01:05:48 du contrat de la Charte d'engagement républicain
01:05:53 qui a été votée par notre représentation nationale
01:05:57 en février et en mars 2022 avec des décrets d'application
01:06:01 assez contraignants qui conditionnent les agréments
01:06:05 et les subventions au respect d'un certain nombre de charges
01:06:08 pour les comités, les clubs, évidemment,
01:06:11 les clubs et les fédérations. Merci.
01:06:15 Alors, j'imagine que vous renvoyez le sujet dont on parle aujourd'hui
01:06:21 aux questions de respect d'un certain nombre d'engagements,
01:06:24 effectivement, qui trouvent place dans la Charte d'engagement républicain
01:06:27 autour des questions d'éthique et d'intégrité.
01:06:31 Donc, la question que vous posez, c'est finalement
01:06:35 comment est-ce qu'on articule un dispositif qui s'applique
01:06:38 à toutes les associations et pas seulement aux associations sportives
01:06:44 avec finalement des exigences qui sont aussi posées
01:06:47 par les fédérations, etc. Et la question, je tire le fil,
01:06:52 c'est la question du lien entre le club local et sa fédération,
01:06:58 notamment par le lien de l'affiliation, c'est-à-dire finalement,
01:07:02 je le reformule un petit peu autrement, c'est comment est-ce que
01:07:07 dans le lien d'affiliation entre le club et la fédération,
01:07:10 on inclut parmi les conditions de l'affiliation le respect des engagements
01:07:16 tels qu'ils figurent dans la Charte d'engagement républicain.
01:07:20 Et vous avez raison, aujourd'hui, ce sujet-là, il n'a pas été traité
01:07:23 en tant que tel, puisque, comme je l'ai dit, ce que vous évoquez là
01:07:27 ne concerne pas que les associations sportives, donc ça concerne
01:07:30 beaucoup d'associations, y compris qui ne sont pas fédérées, etc.
01:07:34 Mais si là où je continue de tirer le fil, le prolongement de ce que vous dites,
01:07:40 c'est le contrat de délégation. C'est quand même dans le contrat
01:07:43 de délégation, parmi les obligations qui apparaissent aujourd'hui
01:07:47 dans le contrat de délégation qui est signé avec chacune des fédérations,
01:07:51 c'est le respect d'un certain nombre de cadres, notamment en matière
01:07:55 d'éthique et d'intégrité, et c'est quel est le contrôle qu'on peut
01:07:59 à un moment donné réaliser, au-delà du seul sujet de l'implication
01:08:06 nationale de la fédération, et pour vérifier que jusqu'au niveau local,
01:08:11 eh bien, toutes ces obligations sont effectivement respectées.
01:08:17 Alors, toujours en allant au bout du raisonnement, avec quand même
01:08:21 la conséquence en cas de non-respect de la charte, qui est la remise
01:08:26 en cause de l'agrément, puisque l'État ne délivre pas l'agrément,
01:08:34 puisque c'est l'affiliation qui voit l'agrément, mais peut le retirer.
01:08:37 Ce qui renvoie du coup à la question du contrôle.
01:08:40 Alors, je ne sais pas, je pense que vous pensez peut-être à quelque chose
01:08:43 de plus précis dans votre question.
01:08:46 Je crois qu'il y avait une deuxième main levée.
01:08:49 Je vous le dis clairement, on n'aura pas le temps de toutes les faire,
01:08:52 mais on pourra discuter après. On va en prendre une dernière.
01:08:54 Je suis désolée, on est pris par le temps.
01:08:56 Il y a l'international qui nous attend derrière. C'est à vous.
01:08:59 - Oui, bonjour. Laurence Robert. Je suis éducatrice sportive en activité.
01:09:03 Je dirige un établissement à Equestre, au Nouvelle-Équitaine,
01:09:05 et je suis aussi membre de la Commission nationale de lutte contre la violence.
01:09:08 Alors, moi, je me pose depuis longtemps la question du rôle des parents.
01:09:12 Vous disiez très justement, Fabienne Bourdy, le rôle important
01:09:17 qu'ont les parents dans le cadre des contrôles des vacances scolaires,
01:09:20 par exemple, des séjours de classe verte.
01:09:22 Et moi, je me pose la même question du rôle des parents.
01:09:24 On a des fédérations de parents d'élèves qui sont très puissantes
01:09:27 actuellement sur la Commission éducation nationale,
01:09:30 et je ne vois pas pourquoi on n'arriverait pas à intégrer les parents
01:09:35 dans le rôle de tuteur au sein du milieu du sport.
01:09:39 Alors, on va tous se plaindre en tant qu'éducateurs sportifs,
01:09:41 de voir les parents sur le dos, mais je ne pense pas du tout, justement.
01:09:44 Je crois qu'ils ont un rôle à jouer prépondérant dans le devenir sportif
01:09:47 de leurs enfants, qui sont les jeunes adultes de demain,
01:09:50 dans le rôle éducatif et dans un rôle de régulation, de tutelle
01:09:53 sur l'emprise des dirigeants sportifs, sur les pratiquants,
01:09:57 qu'ils soient de loisirs ou athlètes de haut niveau.
01:09:59 Donc, je pense qu'il y a peut-être une réponse à travailler
01:10:01 sur la possible intervention de fédération de parents d'élèves sportifs
01:10:07 au sein du milieu sportif. Merci.
01:10:09 Alors, au niveau national, c'est vrai que le sujet,
01:10:12 lors de la première Convention nationale, y avait été posé,
01:10:15 en se disant, est-ce qu'on doit aller vers, finalement,
01:10:18 une fédération des parents de sportifs ?
01:10:20 Bon, je n'ai pas la réponse aujourd'hui, mais en tout cas,
01:10:24 ce que j'observe, c'est que certains clubs, aujourd'hui,
01:10:27 mettent en place un dispositif dans lequel il y a, finalement,
01:10:31 une sorte de comité de parents, qui est à la fois un comité
01:10:38 qui regroupe des parents, qui donne un coup de main dans le club,
01:10:42 etc., mais qui, au-delà de ça, joue un peu ce rôle de régulation.
01:10:48 Quand il y a quelque chose dans le fonctionnement du club
01:10:51 qui ne leur paraît pas forcément aller dans le sens
01:10:53 de l'intérêt des enfants, je ne parle pas de l'organisation
01:10:56 de la pratique elle-même, qui, elle, relève vraiment
01:10:58 de la responsabilité du club, eh bien, sont autorisés
01:11:01 à faire des propositions, etc.
01:11:03 Donc, il y a déjà des frémissements qui vont tout à fait
01:11:06 dans le sens de ce que vous dites.
01:11:10 Vous me promettez de rester à la disposition de notre public,
01:11:13 parce que j'ai vu plein de mains se lever.
01:11:15 Merci, en tout cas, à tous les cinq.
01:11:16 Élise est déjà partie, elle a été prise, on l'excuse.
01:11:18 Merci pour ce moment passionnant.