Marche arrière pour la Suède : le gouvernement a annoncé le retour aux manuels scolaires dans les écoles

  • l’année dernière
Avec Michel Desmurget, chercheur français spécialisé en neurosciences cognitives, auteur de "Faites-les lire ! Pour en finir avec le crétin digital. Comment la lecture stimule l'intelligence de nos enfants." éditions Seuil, paraîtra en septembre 2023.

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##LE_COUP_DE_FIL_DU_MATIN-2023-08-24##

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Transcript
00:00 - La prochaine avec le coup de fil du matin, c'est un gros changement de cap en Suède.
00:03 Ils font marche arrière sur le tout numérique à l'école.
00:06 Décision du gouvernement, dès cette rentrée, les bons vieux manuels papiers vont faire leur retour.
00:10 60 millions d'euros engagés pour ça dès cette année.
00:13 Pour en parler, on reçoit Michel Demurger, chercheur spécialisé en neurosciences cognitives,
00:18 auteur de "Faites les lire" pour en finir avec le crétin digital,
00:21 "Comment la lecture stimule l'intelligence de nos enfants aux éditions Seuil",
00:25 à paraître en septembre. Bonjour Michel Demurger, bienvenue.
00:28 - Bonjour, merci. - Bonjour Michel Demurger.
00:31 Le titre de votre futur ouvrage nous dit tout, effectivement, de ce que vous pensez de ce sujet.
00:37 Il faut le dire déjà, la Suède a été pionnière sur le numérique à l'école.
00:41 Pourquoi est-ce qu'elle a décidé de faire marche arrière ?
00:44 - Parce que comme vous l'avez dit, elle a commencé plus tôt que les autres.
00:48 Elle l'a fait de façon intense et aujourd'hui, c'est normal qu'elle soit en première ligne pour constater les résultats.
00:53 Donc je pense que la Suède ne fait que prendre les décisions qui sont conformes à ce qu'elle a pu observer.
01:00 Ça fait maintenant 20 ou 25 ans qu'il y a des études sur ce sujet.
01:04 Toutes les études de grande ampleur montrent que ce sont des investissements au mieux perdus,
01:10 c'est-à-dire qu'ils n'ont pas de bénéfices positifs sur le résultat des enfants.
01:13 Et au pire, souvent, notamment les dernières études de comparaison internationale PISA montrent que ça a un effet négatif.
01:20 La Cour des comptes en France a dénoncé des investissements pharaoniques,
01:24 une gabegie financière de plusieurs milliards d'euros,
01:27 sans réflexion pédagogique, sans impact pédagogique.
01:30 Donc voilà, je crois que la Suède est sortie un peu des baratins lobbyistes
01:35 pour s'intéresser aux effets vraiment effectifs de ces investissements.
01:40 - Oui, alors vous parlez déjà du coût de l'argent,
01:44 énorme investi pour ce type de programme.
01:47 Vous dites qu'au-delà de ça, ça n'a que des inconvénients.
01:50 Lesquels, très concrètement, pour nos enfants ?
01:53 - Alors je ne dis pas que ça n'a que des inconvénients,
01:56 c'est-à-dire que si on parle d'enseigner l'informatique aux enfants,
01:58 évidemment, il n'y a aucun problème, il faut leur enseigner l'utilisation du numérique pour ce qu'il a de positif,
02:02 et notamment des outils informatiques.
02:04 Là où ça commence à poser problème, on s'aperçoit que quand on prend tous les systèmes scolaires les plus efficaces de la planète,
02:11 ils sont tous différents, c'en est très étonnant.
02:13 C'est-à-dire les programmes sont différents, les organisations sont différentes.
02:16 La seule chose qu'ils ont en commun, c'est la qualité de leur corps enseignant.
02:20 C'est-à-dire l'OCDE d'ailleurs le dit très bien,
02:22 ce qui fait la différence entre ces systèmes, c'est la qualité des enseignants au niveau de leur recrutement,
02:27 au niveau de leur formation initiale, mais aussi de leur formation continue.
02:31 Et la seule chose qui prédit de façon fiable la réussite des élèves,
02:38 c'est la qualité du corps enseignant qu'on met sur les estrades, si j'ose dire.
02:42 - Vous avez parlé, Michel Desmurgés, du baratin des lobbyistes.
02:46 Vous nous avez dit également que l'ensemble des études sont très critiques sur le tout numérique à l'école.
02:54 Pourquoi alors la France continue finalement à investir, toujours un peu plus,
02:59 sur les tablettes notamment, les ordinateurs ou les manuels numériques à l'école ?
03:04 - Alors le cas de la Suède est intéressant à ce niveau-là.
03:06 C'est-à-dire qu'ils ont, comme la plupart des pays, des pays occidentaux,
03:10 des commissions censées éclairer le gouvernement, des commissions éducatives, etc.
03:15 Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il y a souvent ou il y a parfois des gens dans ces commissions
03:19 qui ne sont pas totalement indépendants des impératifs commerciaux du domaine.
03:26 Vous avez des gens, par exemple, qui en même temps conseillent le gouvernement
03:30 et en même temps sont actionnaires ou membres de startups qui développent ce genre d'outils
03:35 et les vendent et ce genre d'outils numériques.
03:37 Ce qui est intéressant avec la Suède, c'est que ces commissions supposément éducatives
03:42 faites de supposés spécialistes du domaine ont conseillé à la ministre suédoise de l'éducation
03:48 de continuer, donc il faut en mettre de plus en plus.
03:51 Et ce qui est intéressant dans ce cas-là, c'est que c'est le corps médical,
03:54 et notamment qu'il y a 10 stops.
03:56 Il y a un moment donné, il faut regarder les données, il faut arrêter,
03:59 parce qu'il faut bien comprendre que c'est un marché à plusieurs milliards d'euros
04:03 et l'histoire plus ou moins récente nous apprend que quand ces sommes aussi astronomiques sont en jeu,
04:09 ce n'est pas toujours le gain collectif qui prévaut.
04:12 Et donc la Suède, la ministre a fait preuve d'un certain courage politique en disant
04:15 "on va arrêter d'écouter ces lobbies, on va regarder ce qui se donne au niveau des résultats"
04:22 et elle a écouté et elle a suivi le corps médical qui, lui, pour une bonne part,
04:26 commence à s'alarmer très sérieusement, oui.
04:28 Mais c'est vrai que ça peut avoir.
04:29 - Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que le corps médical en France ne parle pas assez de ces problèmes-là
04:36 ou qu'on ne l'écoute pas assez, selon vous ?
04:39 - Non, je crois que ça commence à bouger.
04:41 Je crois que pendant longtemps c'était un discours inaudible,
04:44 on était dans une espèce de modernité magique,
04:46 il suffit de mettre des ordinateurs à la place des profs de français
04:50 et les gamins vont devenir tous de super élèves en français.
04:55 On s'aperçoit que ce n'est pas le cas,
04:57 et justement je ne sais pas si c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle,
04:59 c'est une bonne nouvelle parce qu'il y a une prise de conscience,
05:01 c'est une mauvaise nouvelle parce qu'on est à un niveau tellement dégradé
05:05 que justement ça commence à se voir.
05:06 Mais c'est un peu comme le réchauffement climatique,
05:08 pendant longtemps, le GIEC a dit "il y a des problèmes, il y a des problèmes"
05:10 et on les a cru quand on a commencé à voir les glaciers du fondement blanc qui fondaient.
05:15 On ne peut plus dire aux parents et aux enseignants
05:17 "regardez, c'est extraordinaire, ces gamins c'est des digitales natifs,
05:20 ils arrivent à faire 59 choses à la fois".
05:22 - Après le numérique, ça reste quand même l'avenir
05:24 et la France est quand même en retard, on le dit souvent sur ce point-là.
05:27 - Non mais personne ne dit qu'il faut éradiquer l'ensemble du numérique.
05:32 Ce qui est dit, c'est que la façon dont il est utilisé,
05:35 balancer des milliards d'euros pour fiser des tablettes à des gamins,
05:38 on sait depuis 25 ans que ce n'est pas la bonne solution.
05:40 On sait aussi que quand on met ces outils entre les mains des enfants,
05:43 ce n'est pas vers les éléments et les pratiques les plus positifs
05:47 ou celles vers lesquelles voudrait qu'ils s'orientent,
05:50 mais vers les usages récréatifs les plus délétères.
05:53 Et ça c'est une constance, personne ne dit qu'il faut rejeter le numérique.
05:57 Moi je dis que ce n'est pas une campagne technophobe,
06:00 mais à un moment donné il faut regarder les résultats
06:02 et il faut voir que ces investissements-là sont des investissements à fonds perdus.
06:07 Si je veux dire, ce sont des milliards d'euros,
06:08 vous parliez des impôts tout à l'heure,
06:10 ce sont des milliards d'euros qui sont claqués à fonds perdus.
06:12 Ce n'est pas moi qui le dis, c'est la Cour des comptes aussi.
06:15 - Effectivement Michel Desmurgeaux, en tout cas un grand merci d'avoir été avec nous ce matin
06:18 sur celui de Radiochercheurs en neurosciences cognitives
06:20 et je rappelle le titre de votre prochain ouvrage aux éditions du Seuil,
06:24 il apparaîtra en septembre, faites-les lire pour en finir avec le crétin digital,
06:28 comment la lecture simule l'intelligence de nos enfants.
06:30 Merci à vous et très bonne journée.
06:31 - Merci.
06:32 - Merci à vous.
06:33 - Très bon réveil et bon début de journée.
06:34 Dans un instant c'est les détours de France,
06:36 on partira dans les Alpes-Maritimes avec Xavier Louis
06:38 et Guiguerlier nous racontera une chanson.
06:41 A tout de suite, 7h44 sur Sud Radio.

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