Retrouvez "Et si on parlait sport ?" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-decideurs-du-sport
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00:00 On a parlé du mot sport il y a quelques secondes,
00:02 je voudrais qu'on parle de la vision du sport.
00:04 Quelle est votre vision du sport actuel ?
00:08 Les professionnels, les amateurs, les stades, les structures, etc.
00:12 Imaginons, vous arrivez au pouvoir, qu'est-ce que vous prenez comme première décision
00:16 concernant le sport, même s'il y a quelques priorités avant ?
00:19 Pour moi, c'est d'abord qu'est-ce qu'on va faire pour les clubs amateurs,
00:23 qu'est-ce qu'on va faire pour les jeunes en fait.
00:24 Je pense que la politique du sport est liée à une politique de la jeunesse,
00:28 et il doit y avoir la possibilité d'accéder au sport qu'on veut, quand on veut,
00:33 et qu'il n'y ait pas de barrière du porte-monnaie.
00:35 Vous voyez, je me souviens là d'une rencontre que je fais autour du secours populaire à Abbeville,
00:39 il n'y a pas longtemps, avec une maman qui dit "ben voilà, mon gamin il voulait jouer au ping-pong,
00:44 mais vu le prix qui était demandé pour la licence, ce n'est pas possible,
00:47 je ne vais pas pouvoir le mettre à ça, je ne trouve pas ça normal".
00:49 Donc la priorité, elle doit être à la démocratisation du sport,
00:53 elle doit être à ce que tout enfant qui veut faire du sport le puisse,
00:56 et que si jamais il ne le veut pas, on ne l'oblige pas.
00:58 Pour moi la priorité des priorités en matière de sport elle est celle-là.
01:01 Ce qui suppose aussi qu'à l'intérieur du monde du sport,
01:05 il y ait des contributions qui soient faites pour que ça ruisselle un petit peu,
01:09 que là où il y a beaucoup d'argent, il y ait la possibilité qu'on fasse ruisseler,
01:14 que les petits clubs puissent recevoir des gros clubs.
01:16 - Ça veut dire que le Paris Saint-Germain, l'Olympique Lyonnais, l'OGC Nice,
01:21 fassent ce qu'on appelle entre guillemets des "reversements" à des clubs amateurs qui en ont besoin ?
01:26 - Parce que vous le savez aussi bien que moi, François Ruffin,
01:27 parce que je sais que vous connaissez très bien le sport et notamment le football,
01:30 il y a des clubs qui disparaissent parce qu'ils n'ont plus les moyens.
01:32 - Pour des raisons financières, pour des raisons que vous voyez par exemple chez moi,
01:36 tout le pouvoir s'est recentré avec la fin de la région Picardie,
01:38 s'est recentré sur le Nord Pas-de-Calais, les déplacements des arbitres,
01:42 et tout ça, ça coûte de plus en plus cher,
01:43 donc il y a des raisons aussi qui font qu'il y a une espèce d'éloignement,
01:47 on se sent impuissant, il y a des normes supplémentaires qui sont apportées
01:50 en disant "on ne va pas réussir à se mettre aux normes",
01:52 ce qui fait qu'il y a un certain nombre de petits clubs qui disparaissent.
01:55 Donc oui, je pense qu'il y a le besoin que Marseille, Nice...
01:58 - Ils n'en font pas.
01:59 - Il faut des règles, il faut une loi, et puis il faut que ça soit fait de bonne volonté,
02:03 que les dirigeants de ces clubs-là comprennent bien que...
02:06 - Mais vous n'avez jamais pensé un jour déposer un projet de loi ?
02:08 - Bah si, on en a déposé.
02:10 Marie-George Buffet avait déposé un texte en ce sens,
02:14 même je me souviens de Michel Zumkehler qui était un député UDI,
02:17 on avait même joué au foot dans la cour de l'Assemblée ensemble
02:21 pour illustrer un peu le sujet, avait déposé un texte
02:23 qui demandait à ce qu'il y ait une reversion.
02:26 Donc c'était plutôt un député de centre droit,
02:27 mais lui-même considérait qu'il faut une espèce d'équilibre
02:30 qui puisse se tenir.
02:31 Voilà, en tout cas ma priorité, des priorités, c'est très clair,
02:34 ça ne serait pas un gamin sans sport.
02:36 - Oui mais qu'est-ce qui ne va pas à ce sujet-là actuellement en France ?
02:40 Parce que ce que vous défendez, c'est rationnel, c'est logique,
02:43 je veux dire, que vous demandez à toutes les familles
02:46 que les enfants fassent du sport gratuitement,
02:48 pourquoi pas ? C'est ce qui se passe d'ailleurs, je vous signale,
02:50 en Allemagne, aux Pays-Bas, et c'est ce qui se passe surtout en Italie.
02:53 C'est la gratuité du sport partout.
02:55 - Il faut une volonté politique à ça, il faut le poser comme un objectif,
02:59 pour moi c'est un objectif à la fois sportif,
03:02 mais c'est un objectif éducatif, je le dis.
03:04 D'ailleurs, à l'occasion de la proposition de loi
03:06 qu'on a posée sur les vacances, et donc qui a un volet sport,
03:09 qui a un volet activité pendant l'été,
03:11 l'intuition que j'avais, que quand un gamin n'allait pas bien,
03:15 il réussisse quelque chose dans ce temps en dehors de l'école,
03:19 que ça rejaillisse sur le temps scolaire,
03:22 c'est prouvé dans plein de rapports, qui disent d'une part,
03:24 l'été, les temps en dehors de l'école, ce sont le temps des inégalités,
03:28 parce qu'il y a des familles qui ont les moyens de partir,
03:30 qui ont les moyens de payer des activités,
03:32 et d'autres familles qui n'ont pas les moyens,
03:33 donc là il y a une grande injustice qui se crée pendant ce temps-là,
03:36 mais ensuite qui dit bien que quand un gamin,
03:38 il fait quelque chose de bien pendant l'été,
03:40 quand il fait du sport, quand il respire,
03:42 quand il réussit à quelque chose,
03:44 ça a des chances de rejaillir pendant l'année,
03:46 sur son parcours scolaire.
03:47 Donc je pense que dire qu'il ne s'agit pas...
03:50 parce que le sport est considéré presque comme un truc périphérique,
03:54 anodin, qui ne serait pas important,
03:56 où ça serait juste les champions.
03:58 Mais non, dire que le sport, c'est une question éducative,
04:01 et c'est une question sanitaire, c'est une question de santé,
04:04 c'est à la fois une question de santé physique, évidemment,
04:07 la meilleure manière de lutter contre l'obésité, c'est de bouger.
04:10 Bon, et c'est une question de santé psychologique,
04:13 pour que les gens se sentent bien dans leur tête,
04:14 bouger ça fait du bien aussi.
04:16 Parce que vous savez, faire du sport,
04:17 ce n'est pas tout seul sur son tapis roulant en général,
04:19 c'est quand même aussi aller rencontrer des gens,
04:21 être inscrit dans un collectif, et être bien ensemble.