Après « Pupille », la réalisatrice française Jeanne Herry consacre son nouveau long-métrage à la justice restaurative, un dispositif très peu connu qui propose un dialogue entre victimes et agresseurs. Un film choral dans un faux huis clos au casting cinq étoiles, intitulé simplement « Je verrai toujours vos visages ».
Je verrai toujours vos visages
FR – 2023 – Drame
De Jeanne Herry
Avec Adèle Exarchopoulos, Dali Benssalah, Leïla Bekhti, Gilles Lellouche, Elodie Bouchez, Suliane Brahim, Jean-Pierre Darroussin, Miou-Miou…
Frenetic Films
05.04.2023 au cinéma
Pour plus d'infos sur :
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Court métrageTranscription
00:00 Le film "Je verrai toujours vos visages" est sur la mise en place de deux dispositifs
00:27 de justice restaurative, qui est une justice complémentaire de la justice pénale et qui
00:34 consiste à faire dialoguer des auteurs et des victimes dans des espaces de dialogue
00:38 sécurisés.
00:39 Ce que vous proposez à ces gens c'est l'inverse de ce que tout le monde leur a toujours proposé.
00:45 On ne parle pas à leur place, on ne suggère rien, on écoute, on accueille, inconditionnellement.
00:52 J'aimerais revoir mon frère, j'ai pas envie de le croiser par hasard.
00:54 Enfin, je veux le voir pour être sûr de ne pas le croiser par hasard.
00:57 Non, en fait c'est ça, c'est que chaque personne victime ou auteur d'infraction
01:07 peut se voir proposer et peut bénéficier à sa demande de mesures de justice restaurative.
01:13 C'est évidemment pas obligatoire parce que ça va à l'encontre de absolument toute
01:17 la philosophie de la justice restaurative qui est basée vraiment sur le volontariat
01:21 et les attentes des gens.
01:23 Donc ça ne s'impose pas du tout.
01:25 J'ai été agressée dans le supermarché dans lequel je travaillais à 5 ans.
01:28 Je suis là pour vous dire ce qui se passe pour les victimes quand vous commettez ce
01:30 genre de choses.
01:31 J'ai 25 ans et j'ai braqué une supérité.
01:34 J'ai passé toute ma vie dans le monde des stupéfiants.
01:36 Ça fait 25 ans que je fais des aller-retours entre la prison et l'extérieur.
01:39 Je suis plus comme avant.
01:40 Ma vie est plus comme avant.
01:42 Et si je résume, avant elle était mieux.
01:47 Non, non, je connais, je connaissais pas, j'étais comme la majorité des gens, la
01:52 grande majorité des gens en France, je ne connaissais pas cette justice.
01:54 Je l'ai découverte par le biais d'un podcast.
01:57 Et oui, ça me paraît un peu fou qu'on ne connaisse pas parce que c'est des outils
02:04 qui sont à disposition, qui sont prêts, qui sont prêts à être utilisés.
02:08 Il y a des gens qui sont formés, les protocoles sont pensés, ils sont déjà mis en place.
02:12 Ça a commencé quand même depuis 2014.
02:14 Il y a eu plusieurs centaines de mesures qui ont été mises en place.
02:16 Mais c'est relativement peu connu et je pense que d'un point de vue collectif et individuel,
02:21 on devrait s'en saisir beaucoup plus.
02:23 Quand vous parlez de peur, vous voulez dire quoi exactement ?
02:29 Quand vous attaquez quelqu'un, il n'y a pas qu'une victime.
02:31 Il y a d'autres victimes derrière.
02:32 Il y a des familles, des couples, des enfants.
02:35 En fait, je me suis documentée par le biais de plusieurs dizaines d'entretiens que j'ai
02:46 menés pendant 3-4 mois avec des gens qui font cette justice, qui la pensent, qui la
02:51 mettent en place.
02:52 Après, j'ai ricoché aussi grâce à eux vers certaines victimes, certains auteurs
02:55 qui avaient participé à ce type de dispositif.
02:57 J'ai suivi des formations qui sont dispensées pour être animateur ou animatrice.
03:05 Et puis, forte de tous ces témoignages qui étaient nombreux, où j'ai essayé vraiment
03:12 très bien de comprendre la justice restaurative et les protocoles, je suis allée dans mon
03:17 petit bureau travailler pendant un an pour essayer de proposer une partition intéressante
03:24 aux acteurs.
03:25 On met des petites claques, c'est pour impressionner.
03:26 Mais des claques, c'est des coups.
03:27 En vrai, j'ai l'impression que je n'ai jamais rien décidé dans ma vie.
03:28 Assume ! Ne me sors pas tes excuses débiles !
03:29 Tu ne le prépares pas en fait ! Moi, tu me prépares ! Moi, ça fait des mois que je
03:35 bosse comme une chienne, que j'ouvre tous les dossiers !
03:37 Non, en fait, moi, aux acteurs, j'ai proposé un scénario qui était déjà étayé par
03:47 une grande documentation, mais qui était un scénario avant tout, avec des personnages
03:51 à jouer, des scènes à jouer et des mots qui étaient choisis de manière assez rigoureuse.
03:56 Moi, je ne demande pas du tout aux acteurs d'improviser.
03:58 Ça ne m'intéresse pas du tout.
04:00 Donc, les acteurs eux-mêmes n'ont pas suivi de formation.
04:04 Ils ne connaissaient pas la justice restaurative non plus.
04:06 Ils ont un peu découvert le sujet avec le scénario et voilà, ils ont fait un travail
04:13 d'acteurs.
04:14 Si vous leur laissez un espace pour réfléchir, ils vont réfléchir.
04:19 Sinon, ils vont dire ce qu'ils ont toujours dit à tout le monde et ils vont taire ce
04:22 qu'ils ont toujours tué.
04:23 Je ne comprends pas cette violence.
04:24 On est là pour favoriser leur réparation.
04:25 L'objectif du film, c'est de faire un bon film.
04:36 Déjà, moi, c'est vraiment, je n'ai pas spécialement de message à passer.
04:39 C'est un film qui a pour thématique principale, c'est vrai, la réparation et le triomphe
04:44 du collectif.
04:45 Il se trouve que là, c'est la réparation par le dialogue, par la reprise du dialogue,
04:50 par la parole.
04:51 Oui, bien sûr, moi aussi, dans ma vie, c'est très important.
04:55 Je sais que mécaniquement, on a tous besoin de parler et d'être entendu, de se dire
05:02 qu'on est compris et entendu.
05:04 Ça répare, ça fait du bien et je pense qu'on en a tous besoin collectivement, même
05:11 si on n'est pas victime, même si on n'est pas auteur.
05:13 Cette reprise du dialogue, globalement, je pense que ça nous ferait à tous du bien
05:20 de recommencer à nous écouter.
05:23 Notre époque ne favorise pas beaucoup les espaces de dialogue sereins.
05:30 J'ai l'impression que les échanges se transforment souvent en débats, qui se transforment en
05:38 affrontements.
05:39 Moi, je trouve ça très stérile et très pénible.
05:42 Donc, c'est sûr que c'était très agréable pendant trois ans de se pencher sur cet endroit
05:47 du réel qui existe, la justice restaurative, où on ne fait que ça, écouter les gens
05:52 et les mettre dans des dispositifs où ils s'écoutent et où ils s'entendent.
05:56 Du coup, j'ai perdu mon frère quand j'ai porté plainte, en fait, et ça me fait de
06:02 la peine parce que j'adorais mon frère.
06:04 C'était mon grand frère.
06:07 Plusieurs choses déjà, aller au cinéma, ça fait du bien.
06:17 C'est un peu comme parler.
06:19 Ça fait du bien.
06:21 Non, je le pense vraiment.
06:22 Je pense qu'aller au cinéma, globalement, c'est magnifique et ça procure des moments
06:28 formidables et des émotions formidables.
06:30 Quant à mon film, si on aime les acteurs, si on aime les films qui travaillent sur la
06:38 tension et l'intensité, ça peut plaire.
06:42 [Musique]
06:45 [Bruit d'un bateau]
06:48 [Coup de feu]
06:51 [Musique]
06:54 [Bruit d'un bateau]
06:57 [SILENCE]