Le prix du gazole effleure les 2 euros le litre voire les dépasse par endroits. Une hausse qui s'explique notamment par la période de départs en vacances qui augmente la consommation, mais aussi par une baisse de production de la Russie et de l'Arabie Saoudite.
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00:00 8h17 dans première édition, vous n'avez pas pu le manquer, le prix des carburants dans les stations-services
00:05 explose de nouveau, le gazole flirte par exemple avec les 2 euros par endroit
00:10 et même parfois il le dépasse. Pourquoi ? Est-ce que ça va durer ?
00:13 Dans un instant, c'est parti pour 7 minutes pour comprendre pourquoi le retour du cauchemar à la pompe est arrivé.
00:24 Allez, on en parle avec nos invités. Fabrice Gautrefroy, expert mobilité environnement chez 40 millions d'automobilistes, l'association.
00:30 Bonjour Anna Créty, vous êtes économiste et spécialisée des questions énergétiques, vous êtes professeure à l'université Paris Dauphine.
00:37 Aurore Villemur aussi, notre journaliste que l'on retrouve depuis une station-service de région parisienne de Montrouge.
00:44 Alors Aurore, que nous raconte le tableau d'affichage des prix ce matin ?
00:51 Ce matin, on découvre que le gazoil atteint quasiment les 2 euros le litre.
00:56 1,98 le litre de gazoil, c'est le carburant qui a le plus augmenté ces dernières semaines
01:03 avec une augmentation d'environ 17 centimes le litre depuis le début du mois de juillet.
01:08 Et puis pour ce qui est du sans plomb 95 et du sans plomb 98, la barre des 2 euros est franchie.
01:14 On est respectivement à 2,04 et 2,26 le litre, une augmentation qui évidemment n'a pas échappé aux quelques automobilistes que nous avons pu rencontrer ce matin.
01:24 Je vous propose de les écouter, ils étaient au micro de Théo Ctoucher.
01:28 Je trouve que les prix sont augmentés, donc j'essaie de tourner un peu pour voir où trouver moins cher.
01:36 J'ai à peine commencé, j'ai fait première station, j'ai vu comme j'ai mis 98, ça a augmenté de 20 centimes ou 28 centimes.
01:46 J'ai dit bon, je cherche où c'est moins cher.
01:49 Je dirais que je fais à peu près un plein par semaine, un plein, ça dépasse maintenant à chaque fois les 100 euros.
01:55 Donc on doit être entre, en fonction de comment je roule, entre 2 et 300 euros par mois je pense.
02:01 J'utilise ma voiture pour le travail presque chaque jour et le coût, je ne vous dis pas, on sent ça sur les salaires.
02:07 Donc je dépense plus avec le carburant que pour la nourriture.
02:11 C'est une catastrophe, ça ne change pas, même si on baisse de 2 centimes ou 3 centimes, ça ne veut rien dire.
02:17 Déjà les salaires ne sont pas augmentés, l'inflation est toujours là.
02:21 On nous a promis qu'à partir du mois de septembre, ça va baisser, mais pas seulement au mois de septembre, il faut que ça continue.
02:27 Alors pourquoi cette augmentation ? Parce que nous sommes en période de vacances et donc la consommation a évidemment augmenté.
02:34 Et puis surtout parce que deux pays producteurs, la Russie et l'Arabie Saoudite, ont décidé de diminuer leur production.
02:42 Ce qui entraîne donc une augmentation des prix. Ces niveaux de prix devraient être maintenus jusqu'au début du mois d'octobre.
02:51 - Aurore Villemur avec Anne-Nille Solcène et Théo Touché. Aurore Chrétien, on vient d'entendre cette dame, ça nous a frappé quand même.
02:57 Elle dit qu'elle dépense maintenant plus d'argent pour son essence que pour manger.
03:01 On rappelle les chiffres, on est à plus 20 centimes pour le gazole par rapport à début juillet. Comment est-ce qu'on en est arrivé là ?
03:07 - Disons que c'est un effet progressif, l'accumulation de plusieurs facteurs.
03:14 À l'origine, c'est vrai qu'il y a l'augmentation de demandes de pétrole qui est tirée surtout par la Chine,
03:24 qui a retrouvé une économie en ce moment en croissance.
03:29 Et également les États-Unis qui ont eux-mêmes d'ailleurs augmenté la production, mais pas suffisamment.
03:36 C'est-à-dire que cette tension est quand même reportée sur les marchés mondiaux du pétrole.
03:41 Dès lors que les principaux producteurs dans ces marchés, donc les pays de l'OPEP,
03:47 ont décidé depuis 2021 de toujours baisser leur production pour soutenir justement les prix,
03:55 qui est quand même leur facteur de rentabilité primaire pour toutes leurs économies.
04:01 Et en plus des baisses concertées par les pays de l'OPEP, l'Arabie saoudite, la Russie, l'Algérie
04:09 ont encore diminué de façon unilatérale leur production.
04:13 Donc ce qui nous amène à des prix du pétrole élevés.
04:17 Ensuite, comment on arrive à des prix à la pompe également très élevés
04:22 qui n'ont pas fini d'augmenter pendant à peu près un mois ?
04:27 Il y a aussi d'autres facteurs locaux comme vous venez aussi de le souligner.
04:32 Fabrice Godefroy, on a l'impression lorsqu'on entend cette analyse
04:36 que c'est un peu une fatalité finalement cette hausse des prix à la pompe ?
04:40 Malheureusement oui, on est complètement dépendant au niveau du carburant.
04:44 C'est sûr que quand il y a une augmentation du prix du baril du Bren comme on subit maintenant depuis le mois de juillet,
04:50 malheureusement avec une certaine inertie, à peu près de 3-4 semaines,
04:54 on le retrouve dans les stations-service et les automobilistes malheureusement sont confrontés aujourd'hui à ces augmentations
05:00 qu'ils avaient d'ailleurs connues en 2022.
05:03 Parce qu'il faut se rappeler quand même qu'en 2022 on avait eu des augmentations mais qui avaient même été encore plus fortes.
05:07 Sauf qu'à l'époque, rappelez-vous, il y avait eu des ristournes, notamment de l'État.
05:11 On avait eu d'abord du transcending.
05:12 Alors c'est sûr, vous me dites que c'est une fatalité, mais est-ce que vous vous en appelez chez 40 millions d'automobilistes
05:16 à de nouvelles mesures du gouvernement sur ce sujet ?
05:19 Comme on ne peut malheureusement pas faire grand-chose sur le marché du pétrole, sur lequel on est dépendant.
05:25 Ce qu'il faut savoir quand même, c'est que sur le prix du carburant, il y a quand même plus de taxes que de produits et de services.
05:31 On a à peu près 60% de taxes.
05:33 Il faut quand même savoir qu'on a deux taxes.
05:35 On a la TICPE, qui est une taxe fixe, sur laquelle on a une TVA à 20% dessus.
05:42 Donc on est aux alentours de 60% au total.
05:45 Ce qui veut dire qu'aujourd'hui, on a plus de taxes que de produits.
05:49 C'est là-dessus qu'il faudrait agir.
05:51 Et nous, chez 40 millions d'automobilistes, effectivement, on essaye d'inciter depuis maintenant des années à avoir une TVA à 5,5%
05:57 en considérant le carburant comme un produit de prévalence nécessite.
06:01 Parce qu'il faut bien comprendre une chose, on parle des automobilistes.
06:04 Donc il y a quand même 40 millions d'automobilistes sur 67 millions de Français qui ont besoin de leur voiture.
06:08 Alors là, on parle des vacances.
06:09 Mais quand au mois de septembre, il va falloir aller travailler, ça va être exactement la même chose.
06:13 Et puis la deuxième chose, c'est qu'il faut savoir que le diesel, c'est le produit du transport.
06:18 Donc l'inflation d'une façon générale se traduit aussi par l'augmentation du prix du diesel.
06:23 Anne Créty, c'est vrai que c'est un intérieur débat qui revient tout le temps.
06:26 Cette baisse de la TVA potentielle, c'est exprimé par beaucoup de partis politiques.
06:30 Le gouvernement dit non, ça ne sert à rien.
06:32 Qu'en est-il vraiment ? Est-ce que baisser la TVA, c'est une solution ?
06:37 Disons que c'est un sacrifice pour le gouvernement parce que les différents leviers de taxation sur les carburants rapportent beaucoup à l'État.
06:49 Et il me semble qu'au moment où on a également baissé les boucliers tarifaires sur l'énergie,
06:56 sous couvert justement des besoins des budgets de l'État,
07:01 il est difficile de rénoncer à ces révenus qui sont quand même très conséquents.
07:07 Après, toute la question, c'est de voir comment cet os est répercuté sur les consommateurs
07:15 selon aussi leurs besoins de mobilité et ainsi que leur impact sur les révenus
07:22 parce qu'il y a des catégories qui sont particulièrement vulnérables
07:26 et qui normalement, effectivement, devraient être aidées dans leurs besoins.
07:36 Alors que d'autres, on en a vu toutes les conséquences.
07:39 Vous me dites que les aides parviennent à cibler les plus modestes.
07:42 C'est toujours une question d'équité, je pense, dans la mesure où une aide généralisée, ce n'est plus faisable.
07:52 Merci Anne Créty, merci Fabrice Gautreau et merci à Aurore Villemur.