Objectif Lune, Mars, Vénus : à la conquête de l’espace !

  • l’année dernière
La Russie a lancé dans la nuit de jeudi à vendredi son premier engin vers la Lune depuis 1976, soit après 47 ans d’attente. En plein contexte de tensions géopolitiques, et dans une course à la Lune récemment relancée, Moscou espère marquer le coup et reprendre une place de choix dans le concert spatial.

Nos invités Marie-Ange Sanguy, rédactrice en chef pour le magazine Espace et Exploration, et Stéphane Sébide, rédacteur du site Space quotes en débattent.

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##LE_FACE_A_FACE_ETE-2023-08-14##

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Transcript
00:00 Les Etats-Unis, la Russie, la Chine et l'Inde, tout le monde veut mettre un pied sur la Lune.
00:05 La course est lancée et ce n'est qu'un début.
00:08 Le prochain objectif, ce sera mars avec le projet d'installer une colonie humaine.
00:12 Et il y a plus fou encore, un milliardaire envisage d'envoyer 1000 personnes vivre autour de Vénus d'ici 2050.
00:19 Pour explorer notre système solaire en moins d'une demi-heure sur Sud Radio,
00:22 j'accueille Marie-Ange Sanguy, rédactrice en chef du magazine "Espace et Exploration".
00:27 Bonjour !
00:28 Bonjour !
00:28 Et Stéphane Sébile, rédacteur du site Space Quotes.
00:32 Bonjour !
00:32 Bonjour !
00:34 Alors, objectif Lune, ce sera notre première destination ce midi.
00:38 La sonde indienne Chandrayaan-3 se posera sur la surface de la Lune la semaine prochaine, normalement.
00:44 La Russie vient de lancer sa première sonde vers notre satellite.
00:48 Et les Américains prévoient toujours de poser un pied d'astronaute sur le sol lunaire en 2025.
00:54 Même si le programme semble avoir un peu de plomb dans l'aile, on va y revenir.
00:58 Pourquoi cet engouement soudain pour la Lune après des dizaines d'années où rien ne semblait se passer, Marie-Ange Sanguy ?
01:06 Alors, pourquoi ?
01:07 Tout simplement parce qu'il y a une très grande nation qui a décidé d'aller sur la Lune pour la première fois,
01:13 au niveau robotique et puis au niveau humain, c'est la Chine.
01:18 Et à partir du moment où la Chine a décidé qu'elle allait, elle s'est installée sur la Lune.
01:22 Vous comprenez bien que les Américains ne pouvaient pas laisser une autre nation,
01:26 surtout la Chine, aller sur la Lune au XXIe siècle sans qu'eux y retournent.
01:31 Donc s'ils s'étaient désintéressés de la Lune pendant un certain nombre d'années,
01:34 ils s'étaient tournés vraiment vers Mars, ils ont décidé de ressortir tous les dossiers des cartons
01:39 et de dire "Oh là là là, on ne les laisse pas faire, on y va aussi".
01:43 Donc là maintenant c'est une petite course entre les États-Unis et la Chine pour savoir qui des deux
01:48 va être le premier à poser un humain au XXIe siècle sur la Lune.
01:51 Et l'Inde et la Russie, des outsiders, Stéphane Sibyl ?
01:55 Oui, des outsiders mais qui eux aussi misent sur la Lune pour accroître un peu leur prestige.
02:02 Et donc la Chine, comme vient de le dire Marie-Ange, a tiré la première, les Américains ont suivi
02:09 et il était évident que d'autres nations allaient suivre pour pouvoir montrer qu'elles existent.
02:16 Au-delà du prestige, au-delà des enjeux, on va dire, diplomatiques, sur un plan scientifique,
02:22 est-ce que tous ces pays ont les mêmes objectifs par rapport à la Lune, Marie-Ange ?
02:27 Ils ont à peu près tous les mêmes objectifs.
02:31 Vous parlez de géopolitique, oui, c'est important au niveau de l'image de montrer qu'on est capable de le faire.
02:37 Ça c'est quelque chose de primordial à la fois pour l'extérieur, pour comment le monde montre vis-à-vis du monde,
02:44 mais aussi vis-à-vis de son propre peuple, c'est-à-dire dire "Regardez, on est bon,
02:49 on a encore de très bonnes compétences dans le spatial".
02:52 Dans le cas de l'Inde, c'est qu'on montre qu'on les a, qu'on est en train d'acquérir tout ce qu'il faut.
02:56 La Chine, il n'y a plus aucun doute là-dessus.
02:58 La Russie, ils l'ont eu, ils montrent qu'ils ont encore les compétences.
03:02 Donc tout ça, c'est montrer vis-à-vis à la fois du monde et de son peuple qu'on est capable de faire tout ça.
03:07 Ensuite, au niveau scientifique, il y a un intérêt à aller sur la Lune
03:11 parce que ça va être un terrain de jeu, un terrain d'entraînement pour de futures missions lointaines,
03:17 martiennes entre autres, mais aussi apprendre à être loin de la Terre.
03:21 La Station Spatiale Internationale, on est en banlieue terrestre,
03:24 450 km, entre 400 et 450, quelques heures, on est rentré sur Terre.
03:29 La Lune, c'est 400 000 km, et là, il faut plusieurs jours pour rentrer.
03:33 Donc on va apprendre à vivre avec ce qu'on trouve sur place, loin de la Terre.
03:39 Donc c'est un terrain d'entraînement.
03:40 - Stéphane Sébille, l'objectif de construire des bases sur la Lune et d'y installer des hommes,
03:48 c'est envisageable à quelle échéance les Chinois veulent envoyer des taïkonautes,
03:55 puisqu'on parle de taïkonautes en Chine, sur la Lune avant 2030,
03:59 et construire une base sur place.
04:01 Est-ce que la base lunaire, comme dans Cosmos 99, la célèbre série des années 70,
04:07 c'est pour demain ou après-demain ?
04:10 - Peut-être pas pour demain la base de type Cosmos 99,
04:15 mais une base permanente pour les Chinois à partir de 2000, au début des années 2030,
04:20 oui, il n'y a pas de problème.
04:22 Les Chinois avancent lentement, mais avancent très sûrement.
04:27 Maintenant, comme l'a dit Marie-Ange, oui, effectivement,
04:31 la Lune sera le terrain d'yeux, le terrain d'entraînement pour des missions plus lointaines.
04:36 Donc on parle d'une station spatiale autour de la Lune, la Gateway,
04:41 qui devrait arriver vers aussi le début des années 2030, fin des années 2020,
04:48 et donc tout le monde veut un petit peu s'implanter sur la Lune,
04:54 justement pour pouvoir se préparer pour des voyages plus lointains.
04:59 - Alors une fois sur la Lune, l'UNA-25, qui est la sonde russe,
05:06 aura pour mission pendant au minimum un an de prélever et d'analyser le sol
05:11 et de mener des recherches scientifiques à long terme.
05:15 Rappelons que c'est la première mission lunaire pour Moscou depuis 1976,
05:20 et à l'époque, Marie-Ange Sanguil, l'URSS faisait figure de pionnière dans la conquête spatiale.
05:29 - Tout à fait, vous avez parfaitement raison.
05:31 À l'époque, dans les années 70, il est très clair que l'Union soviétique,
05:36 donc ce qui était le grand pays de l'Union soviétique qui regroupait la Russie,
05:41 mais en tout 16 républiques, tout ce bloc était pionnier.
05:47 C'est-à-dire qu'ils ont été les premiers à envoyer un satellite, Spoutnik,
05:52 et puis un être vivant, l'AEK, et puis un homme, une femme.
05:56 Ils avaient réussi tout ça.
05:57 Les Américains, qui ont été un petit peu vexés, pour être très clair,
06:00 ont décidé de les coiffer aux poteaux sur la Lune.
06:02 Mais la Russie était un très grand pays.
06:05 C'était la première nation spatiale à cette époque-là,
06:08 avec très proche derrière les États-Unis.
06:12 Ils ont été au coude à coude, passant plus ou moins l'un devant l'autre pendant longtemps,
06:16 mais c'était une très très grande nation spatiale.
06:20 Sauf qu'ils se sont arrêtés en 1976 de s'intéresser à la Lune.
06:24 Ils se sont intéressés à Mars.
06:26 Ça n'a pas été joyeux pour eux, parce qu'aucune de leurs missions n'a été un succès.
06:30 Et donc là, ils reviennent vers la Lune pour montrer qu'ils sont capables.
06:34 Attention, Luna 25, c'est une mission qui a été décidée il y a une vingtaine d'années.
06:39 Elle ne date pas d'hier.
06:40 Ça fait partie de deux ou trois missions qui ont été décidées il y a 20 ans,
06:45 et qui, là, enfin, avec retard, démarrent un programme lunaire.
06:50 - Et à l'époque, il y a 20 ans, des collaborations étaient envisagées, envisageables,
06:55 qui ne le sont plus aujourd'hui ?
06:57 - Oui, tout à fait.
06:59 Ce qui se passe, c'est que cette mission devait accueillir entre autres des Européens.
07:05 Et malheureusement, avec la guerre russo-ukrainienne,
07:08 les Européens sont partis, ont quitté cette coopération sur Luna 25.
07:14 Donc c'est quasiment 100% russe.
07:17 Il y a un petit peu de Suisse, mais très peu.
07:19 Et tout le reste, c'est du pur produit russe.
07:22 C'est ça aussi qu'ils ont voulu montrer, c'est que, même s'il y avait une guerre,
07:26 même s'ils étaient très isolés,
07:28 ils pouvaient se débrouiller tout seuls et réussir cette mission.
07:31 Alors attention, elle a décollé parfaitement, mais elle n'a pas encore atterri.
07:35 - Oui.
07:36 Et du côté américain, l'objectif, c'est de poser le pied sur la Lune fin 2025,
07:43 avec une femme et un afro-américain, pour faire du politiquement correct.
07:47 Mais à l'heure actuelle, ça semble un peu compliqué, Stéphane Sibylle.
07:52 - Oui, ça a pris un petit peu de retard.
07:55 Ils vont déjà, fin 2024, normalement, avec Artemis II,
07:59 tourner autour de la Lune avec une capsule habitée.
08:03 Ils vont faire un petit remake de la mission Apollo 8.
08:08 Et puis après, il était prévu, effectivement, une mission sur place, habitée, à partir 2025.
08:15 Mais ça a pris du retard, parce qu'ils comptaient notamment sur le Starship,
08:20 le SpaceX et son atterrisseur, et le Starship n'a toujours pas décollé.
08:25 Donc l'arrivée de l'homme sur la Lune, pour marcher sur la Lune,
08:30 se fera certainement bien plus tard que 2025.
08:33 - Le premier vol test, il y a quelques mois,
08:37 avait débouché sur une immense explosion après le décollage, c'est ça ?
08:41 - Oui, le Starship, au mois d'avril, un peu de temps après le décollage, avait explosé.
08:48 C'est un peu la philosophie des Américains de SpaceX.
08:53 On teste, ça ne marche pas, on améliore jusqu'à ce que ça marche.
08:58 Mais là, la NASA est un peu prise par le temps, puisque 2025, c'est quasiment demain.
09:05 - Ce partenariat public-privé entre la NASA et SpaceX,
09:09 SpaceX et Elon Musk, le milliardaire, rappelons-le,
09:12 Marie-Ange Sanguil s'est risqué de faire un partenariat avec le privé,
09:17 comme ça, et sur des enjeux aussi importants ?
09:20 - Non, ce n'est pas nouveau.
09:22 Ça fait une cinquantaine d'années qu'il y a des partenariats public-privé.
09:26 La différence, c'est que la NASA achète de la prestation de service.
09:30 En gros, elle prend un taxi, elle dit que la course va coûter tant.
09:35 C'est ce qu'ils ont dit à SpaceX, mais aussi à Blue Origin,
09:38 qui est récemment sélectionné pour faire aussi le deuxième atterrisseur lunaire,
09:42 qui arrivera un petit peu plus tard.
09:44 Mais ce n'est pas nouveau.
09:46 Et ce n'est pas vraiment un risque, parce qu'ils se sont rendu compte
09:48 que c'était assez rentable et assez commode pour eux.
09:51 Au lieu de développer ça en interne et que ça coûte très cher,
09:54 ils le font en externe.
09:56 C'est-à-dire qu'ils disent, voilà, on va mettre un milliard pour ça.
09:59 Maintenant, qui est capable de le faire et comment ?
10:01 Et en fonction, ils choisissent un ou deux prestataires
10:04 qui vont s'occuper de faire ça.
10:06 Et ils délèguent entièrement.
10:08 Par exemple, pour la Station Spatiale Internationale,
10:10 il y a SpaceX et Boeing qui ont été choisis.
10:13 SpaceX remplit le travail depuis deux ans maintenant
10:16 et fait les rotations vers la station.
10:18 Boeing n'a toujours pas réussi.
10:20 Donc, si on avait compté que sur Boeing, ça serait compliqué avec la station,
10:24 justement dans une situation de guerre avec la Russie,
10:28 où on passait par la Russie pendant très longtemps.
10:30 Donc là, la NASA est habituée à travailler avec le privé
10:36 et, si possible, avoir deux prestataires
10:38 pour toujours en avoir un qui fonctionne.
10:40 - Alors jusqu'à présent, seuls trois pays sont parvenus à se poser
10:44 à la surface de la Lune.
10:46 Les États-Unis, la Russie et la Chine.
10:49 Israël et le Japon avaient échoué dans leurs tentatives.
10:52 C'est bien ça, Stéphane Sébille ?
10:54 - Oui, tout à fait.
10:56 Israël et le Japon ont échoué vraiment à peu de choses.
10:59 Le Japon, si on se souvient, il y a quelques mois,
11:02 c'était au moment de l'aluminissage,
11:04 ça s'est vraiment déroulé à peu de choses.
11:07 C'était une société privée.
11:09 Et pareil pour Israël, il y a deux ans, c'était aussi une société privée.
11:13 Donc, comme quoi, ce qui est surtout important à retenir,
11:17 c'est que des sociétés privées font le voyage jusqu'à la Lune
11:22 et envisagent vraiment de s'y poser.
11:25 Ça, c'est important.
11:27 - Et l'Europe, dans tout ça, elle a renoncé à jouer un rôle
11:30 dans la reconquête de l'espace ?
11:32 Marie-Ange Sanguy ?
11:34 - Alors, ce n'est pas qu'elle a renoncé à se relancer
11:39 dans la conquête de l'espace,
11:41 mais disons qu'elle est un petit peu à la traîne de ce côté-là.
11:44 C'est un peu dommage.
11:46 On a de grandes compétences.
11:48 D'ailleurs, les Américains ne s'y trompent pas
11:50 puisqu'on collabore par exemple sur les rovers martiens.
11:53 On est un partenaire de choix.
11:55 Dans la prochaine Gateway, la station lunaire
11:57 dont parlait Stéphane tout à l'heure,
11:59 une grande partie des modules vont être fabriqués en Europe,
12:02 des modules pressurisés.
12:04 Donc, on prépare des choses pour la surface de la Lune,
12:06 mais en revanche, aller vers la Lune seule,
12:09 non, ça n'est pas prévu au programme.
12:11 De même que malheureusement aussi,
12:13 envoyer des hommes par nous-mêmes avec notre propre fusée,
12:17 quand nous en aurons une,
12:19 parce que je vous rappelle que nous n'avons plus d'Ariane 5
12:21 et on attend la prochaine Ariane 6,
12:23 envoyer des hommes dans l'espace par nous-mêmes,
12:26 ça n'est pas encore à l'ordre du jour.
12:28 On en parle, mais il va se passer sans doute du temps.
12:30 Donc, l'Europe est un petit peu à la traîne sur certaines choses.
12:32 Stéphane Sébile, quelles pourraient être les ambitions de l'Europe
12:36 dans la conquête de l'espace,
12:38 dans le voyage vers les étoiles ?
12:41 L'Europe a plein de projets,
12:43 l'Europe a plein de compétences, comme a dit Marianne.
12:46 Le vrai problème, c'est l'accès autonome à l'espace.
12:50 C'est-à-dire que, pour l'instant,
12:53 on n'a plus d'Ariane pour envoyer les satellites,
12:57 et puis on n'a pas d'accès autonome pour les vols habités.
13:01 C'est-à-dire que l'Europe se fournit,
13:05 on disait à l'achat d'un seul moment ou pas,
13:08 de développer un programme pour la Lune.
13:11 L'Europe a un grand programme de villages lunaires, etc.
13:14 Mais tant qu'on n'aura pas d'accès autonome pour y aller,
13:18 on ne pourra rien faire.
13:20 Depuis la Lune, l'objectif, c'est Mars.
13:22 Elon Musk, le patron de SpaceX,
13:25 voudrait amener un million de colons sur Mars d'ici 2050,
13:29 en construisant des cités dômes.
13:32 Est-ce qu'il y a du fantasme ou de la réalité dans ce projet, Marie-Ange Sanguie ?
13:37 Il y a du fantasme,
13:40 mais vous savez, beaucoup de fantasmes sont devenus la réalité d'aujourd'hui.
13:44 Des vieux fantasmes sont devenus la réalité.
13:46 On prend par exemple les écrits de Jules Verne,
13:49 qui parlait de voyages vers la Lune,
13:51 ou qui parlait de Montgolfier, etc.
13:53 De tout un tas de choses,
13:55 ou Léonard de Vinci, encore plus loin,
13:57 qui parlait de choses qui semblaient être du fantasme,
13:59 et qui aujourd'hui sont quelque chose d'assez courant.
14:02 Alors, pas le voyage vers la Lune, entendons-nous, pas encore.
14:05 Donc oui, c'est du fantasme.
14:07 Est-ce que ça sera un million de colons ?
14:09 Je ne suis pas sûre.
14:11 2050, c'est quand même très, très proche.
14:13 Au stade où on est déjà allé sur Mars avec des hommes,
14:16 c'est compliqué, c'est long.
14:18 Donc on a beaucoup de choses encore à prendre,
14:20 beaucoup de choses à travailler pour être capable déjà d'envoyer
14:23 un équipage de peut-être 4 à 6 personnes vers Mars.
14:27 N'oublions pas, à aujourd'hui,
14:29 si on va vers Mars avec un vaisseau,
14:31 on met deux ans.
14:33 C'est-à-dire que c'est en gros 6 à 8 mois pour aller sur place,
14:36 on reste un an sur place,
14:38 et 6 à 8 mois pour revenir.
14:40 Parce qu'en fait, quand on arrive sur place,
14:42 la Lune et Mars sont trop éloignés pour pouvoir revenir tout de suite.
14:46 Ou alors on ne reste que 15 jours.
14:48 Soyons très clairs, si vous traversez la France,
14:50 vous restez juste une heure à un endroit,
14:52 ça ne vaut pas le coup de traverser toute la France.
14:54 Donc dans ces cas-là, on traverse la France,
14:57 on s'y installe pour 15 jours et on revient.
14:59 Donc on fera la même chose au niveau de Mars.
15:01 Quand on ira, on ira pour s'installer un an.
15:03 Ça demande beaucoup de choses.
15:05 Ça demande de savoir se servir de ce qu'il y aura sur place,
15:07 de construire des habitats pour protéger les astronautes.
15:09 Et tout ça, ça va être très long.
15:11 On n'est pas encore prêt loin de là.
15:13 La preuve, c'est qu'on n'a même pas encore un vaisseau
15:15 efficace pour aller s'installer sur la Lune,
15:19 pour déposer des hommes sur la Lune.
15:21 Donc avant d'aller sur Mars, il y a encore beaucoup de choses
15:23 à apprendre et à développer.
15:25 - Et pourquoi faut-il partir de la Lune pour aller sur Mars, Stéphane Sébile ?
15:29 Pourquoi ne pourrait-on pas partir de la Terre directement vers Mars ?
15:33 - Parce que c'est bon qu'ils aient d'économies,
15:37 d'énergie. Pour aller sur Mars,
15:41 il faut développer énormément de puissance.
15:45 Et la charge à amener est énorme.
15:47 Donc en allant sur la Lune,
15:49 la charge sera moins importante.
15:51 Et les vaisseaux qui décolleront de la Lune
15:53 auront un poids moins lourd,
15:56 du fait de la moindre gravité lunaire.
16:00 Donc tout ça, c'est des facteurs qui sont importants
16:03 pour pouvoir aller sur Mars.
16:05 Donc partir de la Terre sur Mars,
16:07 c'est très très compliqué.
16:09 Et c'est beaucoup plus simple de partir de la Lune.
16:11 C'est comme les équipages,
16:13 quand ils sont sur Mars,
16:15 il sera plus simple pour eux
16:17 de rentrer avec des vaisseaux qui,
16:19 comme la gravité martienne est moindre
16:21 par rapport à la gravité terrestre,
16:23 ils pourront partir avec des vaisseaux
16:25 qui seront moins lourds
16:27 ou moins remplis.
16:29 Ils n'ont pas besoin autant de carburant
16:31 que de partir de la Terre.
16:33 - Quelle est l'échéance qui paraît raisonnable
16:35 pour ce voyage vers Mars
16:37 avec des êtres humains à bord,
16:39 Marie-Ange ?
16:41 - Je dirais que pour un premier équipage,
16:45 on devrait être aux alentours des années 2040-2050.
16:49 Mais vous savez,
16:51 j'avais deux ans quand les premiers pas
16:53 sur la Lune ont eu lieu.
16:55 Et depuis, j'entends dire
16:57 qu'on sera sur Mars tous les 20 ans.
16:59 Et ça, tous les 10 ans,
17:01 on décale de 20 ans et ça se reporte sans arrêt.
17:03 Donc, on espère 2040
17:05 parce que maintenant, il y a une vraie volonté.
17:07 Surtout, il y a beaucoup d'entreprises privées
17:09 qui s'intéressent à tous ces voyages-là.
17:11 Et c'est ce qui va changer sans doute la donne.
17:13 C'est que le privé, si intéressant,
17:15 ils y voient un moyen de faire aussi de l'argent
17:17 parce que ça n'est pas juste
17:19 de l'associatif qu'ils font.
17:21 C'est un but lucratif.
17:23 C'est-à-dire qu'ils vont développer des moyens
17:25 pour pouvoir aller s'installer,
17:27 que ce soit sur la Lune ou sur Mars.
17:29 C'est parce qu'à terme,
17:31 ils vont pouvoir faire du business avec,
17:33 ils vont faire du travail, ils vont vendre des choses.
17:35 Donc, aller sur Mars ou sur la Lune,
17:37 c'est pareil au niveau
17:39 de l'argent qu'ils veulent faire à terme.
17:41 Mais sur Mars, je pense que ça ne sera pas
17:43 avant minimum 2040 voire 2050
17:45 pour le premier équipage.
17:47 - Alors, cette colonisation de Mars
17:49 par l'être humain, c'est-à-dire l'installation
17:51 d'une communauté humaine sur la planète,
17:53 c'est un thème classique
17:55 de science-fiction. Effectivement,
17:57 Mars est-elle vraiment de toutes
17:59 les planètes du système solaire celle qui présente
18:01 les conditions les plus favorables
18:03 pour l'installation de
18:05 l'espèce humaine ? Et en a-t-on
18:07 de nouvelles preuves, Stéphane Sébille ?
18:09 - Les plus favorables ?
18:11 Je ne sais pas,
18:13 elles sont très défavorables quand même pour
18:15 l'espèce humaine, mais c'est les
18:17 parmi les plus
18:19 favorables des défavorables, on va dire.
18:21 C'est plus facile
18:23 de s'installer sur Mars que
18:25 d'installer sur Mercure
18:27 ou d'aller du côté de Vénus, par exemple.
18:29 - On va en parler de Vénus tout à l'heure.
18:31 - Voilà. Mais
18:33 ça sera très compliqué.
18:35 Maintenant,
18:37 une colonie permanente, telle qu'elle a
18:39 été imaginée par certains livres de science-fiction,
18:41 ça ne se fera pas
18:43 si ça doit se faire avant des centaines d'années.
18:45 - Marie-Ange,
18:47 a-t-on de nouvelles évidences,
18:49 de nouvelles preuves que Mars
18:51 pourrait accueillir l'espèce humaine ?
18:53 -
18:55 De nouvelles évidences, non.
18:57 On sait juste que c'est un terrain
18:59 extrêmement hostile, comme le disait Stéphane,
19:01 c'est-à-dire qu'il y a
19:03 peu d'atmosphère,
19:05 on est peu protégé, il y a beaucoup de
19:07 radiation.
19:09 Ça ne va pas être facile.
19:11 - Quid de ces traces
19:13 qu'on a observées récemment
19:15 et qui sembleraient indiquer
19:17 la présence d'eau à la
19:19 surface de Mars
19:21 il y a très longtemps ?
19:23 - La présence de l'eau
19:25 sur Mars, ça, ça fait longtemps qu'on le sait.
19:27 En revanche, ce qu'on vient de découvrir,
19:29 ce qui a été rendu public
19:31 la semaine dernière, c'est que
19:33 on a découvert
19:35 ce que l'on peut voir, vous savez, quand un lac
19:37 est asséché, ou quand on est
19:39 dans des pays, justement,
19:41 où tous les russos, les cours d'eau sont asséchés,
19:43 ce phénomène de terre qui est craquelée,
19:45 c'est-à-dire que l'eau revient, l'eau s'en va,
19:47 l'eau revient, l'eau s'en va, c'est-à-dire que
19:49 ça se sèche, et donc ça fait ces craquelures
19:51 un petit peu en hexagone
19:53 ou en octogone, et on a trouvé ça.
19:55 Donc, ça veut dire que
19:57 ça prouve cette alternance
19:59 d'eau présente et d'eau absente.
20:01 Donc on va continuer
20:03 de creuser de ce côté-là,
20:05 c'est le cas du délire, mais surtout,
20:07 ça confirme certaines observations
20:09 et ce que l'on avait déjà
20:11 supposé au niveau
20:13 du flux et de, comment dire,
20:15 du cycle de l'eau sur Mars.
20:17 Maintenant, après, il faut qu'on aille
20:19 vérifier s'il y a eu
20:23 des habitants, même moléculaires,
20:25 ou s'il y en a encore.
20:27 Et ça, c'est pas encore fait.
20:29 - Alors, il y a plus dingue encore que la colonisation
20:31 de Mars par l'être humain, c'est
20:33 Vénus, et vous allez rire,
20:35 c'est le fondateur d'OceanGate,
20:37 la société qui a envoyé 5 personnes
20:39 mourir près de l'épave du Titanic,
20:41 qui fait la promotion maintenant de son
20:43 autre programme, qui s'appelle Human to Vénus,
20:45 d'ici 2050,
20:47 il compte envoyer 1000 personnes
20:49 vivre sur Vénus, enfin, pas exactement
20:51 sur Vénus, mais à 50 km
20:53 au-dessus de Vénus,
20:55 dans une station flottante.
20:57 Là, on nage en plein délire,
20:59 Stéphane Sébille.
21:01 - Ben,
21:03 venant de la part
21:05 du promoteur du sous-marin
21:07 qui a malheureusement
21:09 imposé dernièrement, oui,
21:11 c'est un peu délirant.
21:13 Par contre, ce projet
21:15 de station dans
21:17 la haute atmosphère de Vénus
21:19 existe déjà dans le carton
21:21 depuis plusieurs années. On en parlait
21:23 déjà il y a une dizaine d'années,
21:25 donc c'est quelque chose
21:27 qui avait déjà intéressé les scientifiques.
21:29 Maintenant, les conditions
21:31 sont
21:33 très particulières sur Vénus,
21:35 l'atmosphère est très particulière,
21:37 donc
21:39 ça sera là aussi très très
21:41 compliqué, et 1000 personnes,
21:43 c'est carrément de l'ordre du fantasme.
21:45 Parce qu'on voit une station spatiale,
21:47 même l'ISS
21:49 actuellement,
21:51 c'est 10-12 personnes
21:53 maximum quand elles se retrouvent
21:55 à plusieurs vaisseaux pour des relais.
21:57 Donc 1000 personnes autour de Vénus,
21:59 c'est un vrai champ autour,
22:01 c'est un pur fantasme.
22:03 - Et la température
22:05 sur Vénus, c'est autour de 475°C,
22:07 c'est ça ?
22:09 - 475°C, avec une atmosphère
22:11 qui est très acide,
22:13 donc c'est pas terrible.
22:15 - L'espace,
22:17 en tout cas, fascine toujours, on le voit bien.
22:19 Est-ce que le tourisme spatial,
22:21 le tourisme, cette fois,
22:23 c'est un secteur d'avenir,
22:25 Marie-Ange Sanguy ?
22:27 - Oui, comme tous les lieux
22:29 ont toujours été intéressés,
22:31 enfin, intéressants pour les touristes.
22:33 C'est-à-dire, quel que soit le lieu,
22:35 à la base, il y a des scientifiques au départ,
22:37 il y a les touristes qui arrivent derrière.
22:39 Donc l'espace ne va pas
22:41 échapper à ça.
22:43 C'est un tourisme qui, aujourd'hui,
22:45 change un petit peu.
22:47 C'est-à-dire qu'il y a des gens qui vont être
22:49 des purs touristes, juste faire un saut dans l'espace,
22:51 regarder, redescendre.
22:53 Et puis, il y en a d'autres qui vont faire
22:55 un peu de science, qui vont travailler
22:57 pour des organismes scientifiques,
22:59 pour des laboratoires, qui vont donner
23:01 de leur temps, c'est-à-dire qu'ils vont faire
23:03 un petit échange entre "je vais profiter
23:05 de ce que je vois là-haut, mais en même temps
23:07 je vous donne de mon temps pour
23:09 des associations de recherche".
23:11 Donc, ça va être un petit mélange
23:13 entre les deux. Mais le tourisme,
23:15 de toute façon, c'est quelque chose qui va se développer
23:17 progressivement vers l'espace,
23:19 que ce soit autour de la Terre,
23:21 mais dans le futur, vers la Lune.
23:23 - Merci beaucoup, Marie-Ange Sanguier,
23:25 rédactrice en chef du magazine
23:27 "Espace et Exploration", et Stéphane Sébille,
23:29 rédacteur du site Space Quotes.
23:31 Merci beaucoup pour ce voyage
23:33 que vous nous avez offert à travers les étoiles.

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