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00:00 Au moment de choisir les sujets d'un journal, on s'interroge souvent sur la pertinence de traiter ou non un anniversaire.
00:06 Et dans le cadre des 30 ans de la disparition du roi Baudouin, il n'y a pas eu d'hésitation.
00:10 Ce roi a marqué son époque, il a marqué son pays, il a marqué ses citoyens.
00:14 L'annonce de sa mort à 62 ans suite à une attaque cardiaque a bouleversé la Belgique.
00:19 Ce sont les heures et les jours qui ont suivi l'annonce de son décès que nous allons vous proposer de revivre maintenant.
00:24 Il y a donc eu l'annonce, il y a eu le choc, il y a eu l'hommage et puis les funérailles.
00:28 Tout cela est évoqué dans cette séquence signée François-André Olletti, Isabelle Husson et Isabelle Eusène.
00:33 Ce 1er août-là, Jacques Bredal entre dans le studio du journal télévisé beaucoup plus tôt que d'habitude.
00:40 Il n'est que 7 heures, il va déjà présenter une édition spéciale.
00:45 Le roi est décédé hier soir d'un arrêt du cœur.
00:48 C'est en Espagne, dans sa propriété Astrida de Motrila, que le souverain se serait senti mal hier soir vers 21h.
00:55 Il y a déjà du monde devant les écrans et un détail n'échappe pas aux téléspectateurs.
01:02 À 7h15 du matin, le standard téléphonique explosait.
01:06 Les gens étaient fous de rage de voir que pour annoncer la mort du roi,
01:09 le présentateur n'avait même pas été foutu de mettre une cravate noire.
01:13 J'avais pas de cravate noire.
01:15 Le jour se lève à peine et déjà devant le palais, des Belges viennent déposer des fleurs.
01:21 Des Belges venus des quatre coins du pays et de tout âge.
01:24 Je l'aimais énormément.
01:26 Je suis triste.
01:28 Vous êtes comme un père, madame.
01:30 Et de jour en jour, la place et palais ne désemplient plus.
01:34 Quand la dépouille du roi est exposée, il y a des fils interminables, même la nuit.
01:39 La dernière limite pour les récits, c'est 3h cette nuit.
01:45 Marie-Claire Deléa, elle aussi à l'époque, voulait rendre un dernier hommage au seul roi qu'elle ait connu.
01:52 Je suis arrivée vers 7h30, 8h.
01:55 Donc quand on est arrivée par là-bas, et qu'on a vu ce monde, on s'est dit, mais c'est pas possible.
02:01 Bon, on a avancé, avancé.
02:04 Il y avait un silence, mais lourd, lourd, lourd.
02:07 Elle a attendu 7h30 avant de pouvoir enfin entrer dans le palais.
02:13 Au début, ils avaient dit, oui, les premiers ont pu s'arrêter, s'incliner.
02:18 Et nous, on nous a fait passer.
02:20 Donc on passait sur le côté, on inclinait la tête, et voilà.
02:26 Mais on ne pouvait plus s'arrêter.
02:28 Puis ce sont les funérailles.
02:30 Dans l'église, de nombreux chefs d'État et pour clôturer la cérémonie, des témoignages de personnalités civiles,
02:37 comme le Dr Klumek, grand spécialiste du sida.
02:42 Je m'exprime au nom de tous ceux qui souffrent.
02:47 Au nom de ceux qui, porteurs d'un sida, vivent en plus la peur du rejet.
02:54 Et de l'exclusion familiale et sociale.
02:57 Pour tout cela, le roi avait de la tendresse, de la compassion, de l'attention.
03:03 C'est la reine, très sensible à cette problématique, qui avait tenu à ce qu'il prenne la parole.
03:09 Mais j'ai quand même demandé, est-ce que je pouvais prononcer le mot sida dans une cathédrale,
03:15 alors qu'à l'époque, le mot sida était un petit peu tabou aussi.
03:20 On m'a dit, vous avez carte blanche, vous dites ce que vous sentez, ce que vous avez envie de dire.
03:25 Nous serons ainsi.
03:28 La cérémonie a été inattendue.
03:30 Comme l'a été la ferveur populaire pour celui qu'on appelait parfois le roi triste.
03:36 Mais le fleuve s'écroule.
03:41 [SILENCE]