Comment les Russes destabilisent l'Occident - Lucile Devillers sur LCI (08/08/2023)
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00:00 [Musique]
00:04 Bonsoir Lucille.
00:06 Bonsoir Emmanuel, bonsoir à tous.
00:08 Alors, parmi toutes les méthodes dont je viens de parler,
00:10 il y a cette déstabilisation d'abord aux frontières de l'OTAN.
00:14 Oui, en l'occurrence à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie.
00:19 Varsovie a poussé un nouveau cri d'alarme il y a quelques heures.
00:23 Les gardes frontières polonais ont diffusé ces images
00:27 où l'on voit un groupe de soldats polonais qui va être lancé tout en haut
00:31 par un projectile et qui va être visé par un projectile lancé de l'autre côté des barrières.
00:37 Les patrouilles sur place affirment qu'il s'agit de l'oeuvre de groupes de migrants
00:41 à qui on a facilité le passage pour ouvrir une brèche dans la surveillance des frontières.
00:47 Notons que la Lettonie fait état des mêmes incidents.
00:51 Pour le gouvernement polonais, ça ne fait aucun doute.
00:54 Minsk et Moscou sont à la manœuvre. Écoutez le vice-ministre de l'Intérieur polonais.
00:59 La semaine dernière déjà, le Premier ministre mettait en garde contre une telle opération
01:23 et soulignait l'implication des miliciens de Wagner. Écoutez.
01:27 La situation est maintenant encore plus dangereuse.
01:30 On a des informations que plus de 100 miliciens de la groupe Wagner
01:36 ont été déplacés vers le port de Suval-Skjerban, à Grosvenor, à la Bielorussie.
01:42 Pourquoi l'ont-ils fait ?
01:44 C'est certainement un pas vers un attaque hybride sur le territoire polonais.
01:52 Ils seront probablement traités comme des policiers de la Bielorussie
01:57 et aideront les migrants illégaux à passer au territoire polonais,
02:03 à déstabiliser la Pologne.
02:05 Désormais, Varsovie affirme avoir la preuve qu'un groupe criminel
02:10 qui organise la migration illégale agit bel et bien.
02:13 D'après le commandant en chef des gardes frontières polonais,
02:16 rien que sur le mois de juillet, 4 000 personnes ont tenté de franchir illégalement
02:21 la frontière polono-bielorusse et 19 000 depuis le mois de juillet, en 7 mois donc.
02:27 Au total, l'an dernier, les autorités en avaient comptabilisé 16 000, rien que sur l'année 2022.
02:33 Bref, pour Varsovie, il s'agit d'une nouvelle provocation russe.
02:37 Les gardes frontières demandent désormais 1 000 soldats de plus à la frontière.
02:42 D'un mot, il faut savoir que cette tension entre la Biélorussie et la Pologne
02:46 au sujet des migrants ne date pas d'hier.
02:48 Depuis deux ans maintenant, Varsovie fait face à une vaste crise migratoire.
02:52 C'est ce qui l'avait conduit à ériger ce mur en début d'année 2022.
02:57 On se souvient également de ces images où on voyait des migrants,
03:00 en majorité venus du Moyen-Orient, camper à la frontière.
03:04 Certains étaient morts de froid et déjà à l'époque, Minsk était accusé
03:08 d'avoir organisé ces mouvements en offrant des visas et en affrétant des vols.
03:13 Deuxième méthode de déstabilisation, on en a beaucoup parlé sur ce plateau,
03:17 organiser le désordre du commerce des céréales.
03:20 Oui, regardez ces centaines de camions remplis de céréales bloquées
03:24 sur les routes d'Odessa en attente de livraison,
03:28 bloquées aux portes de la ville, conséquence du retrait de l'accord céréalier de Moscou,
03:33 car Kiev ne peut plus exporter directement depuis la mer Noire
03:36 et Moscou n'est pas revenu sur sa décision de cesser le blocus.
03:40 En parallèle, l'armée russe continue de cibler les infrastructures céréalières
03:45 et d'empêcher l'exportation par les routes terrestres.
03:48 Dernière attaque en date la semaine dernière, près du Danube,
03:51 dans les ports de Rézny et d'Ismail, à 30 km de la Moldavie.
03:56 Deux attaques massives de drones sur des silos à grains,
03:59 bilan, 40 000 tonnes de céréales inexploitables d'après Kiev.
04:03 De fait, la Russie prive par tous les moyens l'Ukraine
04:06 de sa participation au commerce mondial
04:09 et pour cause, à chaque fois que les stocks ukrainiens sont ciblés,
04:12 le prix du blé flambe, 232 euros la tonne au 7 juillet dernier
04:17 contre 261 euros le 25 juillet.
04:20 Troisième méthode de déstabilisation, cette fois sur le continent africain.
04:24 C'est via l'implantation de la milice Wagner.
04:26 En Afrique, Wagner a l'habitude d'offrir un catalogue de services
04:30 aux régimes en difficulté, au Soudan, en Libye, au Mozambique,
04:34 au Burkina Faso ou encore en République centrafricaine.
04:37 Et plus récemment, on sait que dès l'installation de la jante militaire au Niger,
04:41 il y a deux semaines, Wagner a proposé ses services.
04:44 D'après la présidente de l'African Security Sector Network,
04:48 Nyagale Bagayoko, c'est sur la guerre informationnelle
04:51 que Wagner tire son épingle du jeu.
04:53 Elle était sur notre antenne hier soir, écoutez.
04:56 On s'aperçoit que là où Wagner a été particulièrement efficace,
05:00 ce n'est pas sur le terrain, ce n'est pas au niveau tactique,
05:03 c'est en matière de guerre informationnelle
05:06 et c'est là que leur influence s'avère redoutable.
05:09 Deux dernières informations, Emmanuel.
05:13 Les entreprises spatiales russes sont en passe d'offrir leurs satellites
05:17 aux régions d'Afrique où la technologie est encore faible
05:20 et des partenariats ont également été conclus à Saint-Pétersbourg
05:23 le 27 juillet dernier lors du sommet Russe-Afrique
05:26 entre le média russe Spoutnik et les agences de presse nationale du Sénégal,
05:30 de Mauritanie, du Kenya ou encore d'Ouganda.
05:33 Merci beaucoup Lucille.
05:35 Je me tourne vers notre spécialiste défense Jean-Dominique Marchais.
05:38 C'est une méthode de guerre classique d'estabiliser d'autres pays,
05:42 en l'occurrence le bloc occidental qui soutient.