L'interview d'actualité - Antoine Gache

  • l’année dernière
Cette année les refuges sont saturés, 12 000 abandons depuis le début de l’été. Un chiffre élevé qui se maintient depuis plusieurs années. Aujourd’hui des listes d’attentes sont mises en place dans les refuges pour les animaux qui ne peuvent plus faire face.

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Transcript
00:00 Chaque été, ce terrible constat de nombreux animaux sont abandonnés sur le bord de la route.
00:04 Mais ce n'est pas une fatalité.
00:06 L'invité de Télématin ce mardi, Antoine Gache, responsable de la philanthropie pour la SPA.
00:12 Bonjour, bonjour et bienvenue.
00:14 Bonjour Antoine Gache, bienvenue sur le plateau de Télématin.
00:16 Cette année, les refuges sont saturés.
00:18 On va essayer de comprendre justement avec vous quelles en sont les raisons.
00:22 Et on va commencer avec un chiffre, 12 000 abandons depuis le début de l'été.
00:26 Alors ça paraît énorme et pourtant vous allez nous dire qu'on est dans la moyenne.
00:30 C'est effectivement énorme mais c'est sensiblement la même chose que l'année dernière.
00:36 À peu de choses près, ça correspond à un plateau haut qu'on observe depuis plusieurs années.
00:42 Et qui fait qu'à l'heure où on se parle, nos refuges sont tous saturés.
00:47 Ça veut dire qu'ils n'ont pas la capacité ou quasiment pas la capacité d'accueillir de nouveaux animaux.
00:51 Ce qui est évidemment un problème.
00:53 Ce qui fait qu'ils refusent par exemple quand des gens viennent avec leur chat ou leur chien.
00:57 Ils ne peuvent pas prendre les animaux ?
00:59 Exactement. On a aujourd'hui des listes d'attentes qui sont constituées dans quasiment tous les refuges
01:04 pour pouvoir abandonner son animal.
01:06 Quels sont les animaux les plus abandonnés ? On pense aux chats et aux chiens bien évidemment.
01:11 On pense aux chats et aux chiens et aujourd'hui les chats sont loin en tête des abandons et notamment les chatons.
01:19 On a l'impression que les chatons sont des petites boules de poils toutes mignonnes qu'on peut kémer.
01:24 Alors évidemment c'est vrai, mais tous les printemps et tous les étés, c'est ce qu'on appelle tristement la saison des chatons.
01:32 Des dizaines, des centaines, des milliers de chatons sont abandonnés dans nos refuges.
01:37 Et c'est un vrai challenge pour nos équipes puisque ces chatons souvent ne sont pas encore sevrés.
01:41 Et donc ils doivent être placés dans des familles-relais, être biberonnés tous les trois heures.
01:45 Et vous imaginez l'énergie que peut demander de biberonner...
01:49 Oui, la main d'oeuvre également.
01:50 La main d'oeuvre, qui peut demander de biberonner toutes les trois heures une portée de 6-10 chatons.
01:54 C'est extrêmement fatigant.
01:56 Question bête, pardon, mais est-ce qu'on a le droit d'abandonner son animal en France ?
02:01 On n'a pas le droit de l'abandonner sur la voie publique.
02:03 En revanche, on a le droit de venir l'abandonner en refuge ou auprès d'une association.
02:07 Est-ce qu'il y a beaucoup de gens qui sont condamnés justement chaque année pour avoir abandonné un animal sur la voie publique ?
02:14 Les condamnations qu'on observe le plus aujourd'hui, ça va plutôt être des condamnations pour maltraitance.
02:18 Beaucoup plus que des condamnations pour abandon.
02:21 La loi est relativement sévère puisque ça peut aller jusqu'à 3 ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende.
02:26 Mais en pratique, c'est très peu appliqué.
02:28 Et on a une idée du nombre d'infractions justement qui ont été sanctionnées ?
02:32 Alors sur les abandons, le nombre d'infractions sanctionnées, non.
02:36 Je crois que vraiment ça se compte sur les doigts d'une main.
02:39 Et ça fait d'ailleurs partie d'un problème que la SPA pointe depuis des années.
02:43 C'est qu'aujourd'hui, les associations de protection animale, mais aussi les pouvoirs publics,
02:48 ont une très mauvaise visibilité sur la réalité de l'abandon en France.
02:53 Combien d'animaux sont réellement abandonnés ?
02:55 Tout le monde donne ce chiffre de 100 000 animaux abandonnés chaque année.
02:59 En vérité, personne n'en sait rien.
03:01 C'est sans doute beaucoup plus.
03:03 Et c'est pour ça que la SPA appelle à la création d'un véritable observatoire de la maltraitance.
03:06 Pour avoir de la data, pour avoir de la donnée ?
03:08 Exactement. Pour comprendre le problème.
03:10 On est comme des médecins à qui on demanderait de soigner une maladie
03:13 et dont on ne connaît pas les symptômes et sur laquelle on ne peut pas poser de diagnostic.
03:17 Et donc on aimerait pouvoir réunir les associations de protection animale,
03:21 les pouvoirs publics, les collectivités,
03:23 toutes les personnes qui travaillent pour le bien-être des animaux,
03:28 qui travaillent sur le terrain, pour pouvoir mieux comprendre ce phénomène.
03:31 Est-ce qu'il y a une spécificité française ?
03:33 Est-ce qu'on a beaucoup d'animaux de compagnie chez nous ?
03:35 Et c'est pour ça qu'il y a aussi beaucoup d'abandons ?
03:37 On a beaucoup d'animaux de compagnie.
03:40 D'autres pays en Europe ont aussi beaucoup d'animaux.
03:44 Peut-être qu'une spécificité française, et c'est plutôt une bonne nouvelle,
03:48 en ces périodes de vacances, c'est que la France est plutôt bien équipée
03:53 pour partir en vacances avec son animal de compagnie.
03:56 Le responsable d'une grande plateforme de location, d'hébergement,
04:01 me disait que la France est le pays d'Europe avec le pourcentage de logements
04:04 qui acceptent les animaux de compagnie le plus élevé.
04:06 Ce qui est plutôt une bonne nouvelle pour le coup.
04:08 On va s'intéresser aux causes de ces abandons.
04:11 On a beaucoup parlé d'inflation cette année, on continue à en parler.
04:14 Est-ce que c'est la principale cause aujourd'hui ?
04:17 Le coût d'un animal de compagnie ?
04:19 On a plusieurs causes.
04:20 L'inflation, clairement, est une cause qui est beaucoup revenue
04:24 dans les refuges ces derniers mois, avec des personnes qui d'abord
04:27 vont dégrader la qualité des aliments qu'elles donnent à leurs animaux
04:31 pour les payer moins cher, et puis qui, en dernier recours,
04:34 vont venir les abandonner parce qu'elles n'ont plus les moyens
04:37 de les nourrir et d'en prendre soin.
04:40 C'est quelque chose qui est beaucoup revenu dans les refuges.
04:43 On voit aussi d'autres thématiques qui reviennent, malheureusement.
04:47 Les abandons irréfléchis, enfin les adoptions irréfléchies.
04:51 On achète un animal sur un coup de tête.
04:54 Parmi les races à la mode, notamment chez les chiens en ce moment,
04:57 il y a beaucoup de races avec des besoins très spécifiques,
05:00 très particuliers, qui nécessitent de bien connaître les animaux.
05:03 Et quand on ne peut pas répondre aux besoins de ces animaux,
05:06 ils peuvent développer des problèmes de comportement,
05:08 et derrière, les personnes vont venir les abandonner en refuge.
05:10 – Au sujet de l'inflation sur la nourriture animale,
05:13 certaines associations réclament par exemple que les croquettes
05:16 soient intégrées au panier anti-inflation.
05:18 Est-ce que c'est une idée que vous soutenez, vous aussi à la SPA ?
05:21 – Quand on voit que le coût des croquettes a augmenté de 20 à 40%
05:25 selon les références en un an, on comprend évidemment
05:28 que c'est un vrai enjeu pour les familles,
05:31 et d'autant plus que pour beaucoup, la place de l'animal dans leur famille
05:36 est une place extrêmement importante.
05:38 Tout ce qui pourra aider et limiter les abandons de la SPA, il sera favorable.
05:43 – Il y a un sondage qui a été publié par l'IFOP, qui est assez édifiant,
05:46 et qui nous dit que 20% des propriétaires d'animaux
05:49 ont ou pourraient se séparer de leurs compagnons.
05:53 Est-ce que ça vous surprend ?
05:55 – J'aimerais dire que oui, mais il n'y a qu'à voir le nombre d'animaux
05:59 qu'on accueille chaque jour en refuge pour dire que non, ce n'est pas très surprenant.
06:04 – Est-ce que ce qui coûte cher également quand on a un animal, ce sont les soins ?
06:07 Ça coûte combien d'avoir un chien ou un chat par mois ou par an ?
06:11 – Avoir un chien ou un chat, il y a beaucoup d'éléments qui vont varier
06:14 en fonction de la taille de l'animal, de son poids, de son âge,
06:20 parce qu'un jeune animal engendrera peut-être moins de frais
06:23 qu'un animal plus âgé, mais on va être entre 700 et 1000 euros par an.
06:28 – Oui, donc c'est quand même un sacré budget,
06:31 surtout pour les ménages les plus modestes.
06:33 Pour limiter ces abandons, la SPA diffuse régulièrement des spots à la télévision.
06:38 On va en regarder un, je vous propose d'en parler juste après.
06:41 – Hola les amis ! – Il est où ton filou ?
06:44 – Il n'y a plus de filou. – Tes moutons, ils ne vont pas rentrer tout seuls ?
06:46 – Ah si, grâce à la nouvelle pépite du pâturage.
06:49 – Pourquoi il n'a pas de poils ton bestiau ?
06:51 – Pour l'aérodynamisme, regarde dans.
06:53 – Allez viens me chercher les bêtes.
06:55 [Bruit de mouette]
06:59 – Je crois qu'il y a tes moutons qui se barrent.
07:01 – Il faut peut-être appeler Filou au moins.
07:03 – Mais de ouf, c'est le même chien que l'acteur là.
07:05 Il est trop stylé non ?
07:06 – Bah ouais, mais il n'est pas trop gros pour ton studio.
07:08 – Bah non, on va être bien là. On est à l'aise.
07:11 Adopter un animal sans réfléchir, c'est le condamner à l'abandon.
07:16 – Alors on voit là, c'est plutôt sur le ton de l'humour,
07:18 c'est ça qui fonctionne plutôt que de culpabiliser par exemple les propriétaires d'animaux ?
07:22 – Oui, et on a voulu toucher vraiment le plus grand nombre de personnes cette année.
07:26 On trouvait que l'humour c'était une bonne façon de le faire.
07:29 De toute façon, nous il nous semble surtout important de rappeler tout le bonheur
07:33 qu'on peut avoir de vivre avec un animal de compagnie,
07:36 quand c'est réfléchi et quand l'animal et la famille peuvent être heureux.
07:43 Et il nous semblait que c'était intéressant d'aller faire une campagne plus décalée,
07:47 qui allait pouvoir parler à tout le monde et qui allait pouvoir faire sourire.
07:51 – Antoine Gach, comment on fait pour casser cette mécanique de l'abandon ?
07:54 Qu'est-ce qu'il faut mettre en place ?
07:56 – Alors il y a plusieurs choses qu'on peut mettre en place,
07:58 il y a des choses que nous, associations, nous pouvons mettre en place.
08:01 On va continuer à promouvoir l'adoption responsable,
08:04 continuer à sensibiliser la jeunesse.
08:06 Il y a des éléments pour lesquels on ne pourra pas le faire seul,
08:10 où on a besoin des pouvoirs publics, de l'État.
08:12 Je pense notamment au fait que tant qu'on pourra vendre
08:16 ou échanger un peu n'importe comment des animaux sur Internet,
08:19 les associations seront condamnées à…
08:21 – Donc il faut davantage réglementer par exemple
08:23 les ventes d'animaux de particulier à particulier ?
08:25 – Oui, aujourd'hui on a un service d'investigation qui estime
08:27 qu'à peu près un tiers des annonces pour animaux sur Internet
08:31 sont frauduleuses d'une façon ou d'une autre.
08:33 – D'accord, et est-ce que mettre en place une sorte de permis par exemple,
08:36 de permis de propriétaire d'animal, ça serait une bonne idée ?
08:39 – Ce n'est pas forcément la mesure qu'on met le plus en avant de notre côté
08:42 parce que sur le papier ça peut sembler une bonne idée,
08:45 mais sans contrôle derrière, il nous semble que ce sera sans doute
08:48 un coup d'épée dans l'eau et des démarches administratives
08:51 toujours plus lourdes pour une efficacité pour le bien-être
08:54 des animaux derrière, plutôt limitée.
08:56 – Merci beaucoup Antoine Gage d'être venu nous voir sur le plateau de Télématin.
08:58 – Merci à vous.

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