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Chaque jour pendant l'été, Stéphane Place vous propose une pause littérature, en partenariat avec la Librairie Mollat de Bordeaux.
Retrouvez "Un livre pour l'été" sur : http://www.europe1.fr/emissions/un-livre-pour-lete

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Transcription
00:00 - D'autres lectures à présent avec Stéphane Plass.
00:02 - Le choix de Molla.
00:03 Et oui, on met le cap sur Bordeaux.
00:05 Tout l'été, on suit les bons conseils des libraires de Molla,
00:08 la première librairie indépendante de France,
00:10 qui est notre partenaire pour le sixième été consécutif.
00:13 - Bonjour Stéphane Plass.
00:14 - Bonjour Lionel, bonjour à tous.
00:16 - Alors aujourd'hui, un texte profond, très fort.
00:18 Les phrases sont concises, efficaces
00:21 et l'on entre dans une relation singulière et intime.
00:25 « L'âge de détruire », c'est le titre de ce roman que signe Pauline Perrade.
00:29 - Oui, alors « L'âge de détruire », c'est un roman en deux parties.
00:32 « Âge 1 », « Âge 2 », « Acte 1 », « Acte 2 », à ton presque envie de dire,
00:36 puisque Pauline Perrade est une dramaturge qui écrit pour le théâtre.
00:40 C'est son premier roman et dans ses pages,
00:43 elle explore la relation entre une mère et sa fille.
00:46 Elsa, la petite, est la narratrice de l'histoire.
00:49 Dans la première partie, elle a sept ans au début des années 90.
00:52 Et le début du livre, c'est l'achat d'un appartement,
00:55 première acquisition immobilière de sa mère.
00:57 56 mètres carrés, dans un immeuble des années 70.
01:00 Elles vont habiter là, toutes les deux, dans un huis clos
01:03 qui devient assez vite lourd, pesant, avec ses étranges lits
01:07 superposés dans la chambre d'enfants.
01:09 Cette mère ne va pas bien, semble incapable d'investir les lieux,
01:12 ne dort plus, rôde, s'agace de tout, de rien
01:15 et devient violente.
01:17 Les paroles, mais aussi les gestes, Elsa en fait les frais.
01:20 Dans la seconde partie du roman, l'enfance semble loin.
01:23 Une vingtaine d'années s'est écoulée.
01:25 La mère décide de vendre son bien.
01:27 Sa fille, adulte désormais, est priée de revenir l'aider
01:30 puisqu'il faut trier les affaires et régler les comptes.
01:33 Libraire chez Mola, Margot Morer a beaucoup aimé ce face-à-face.
01:37 - Je ne vais pas vous cacher, ce n'est pas la fête.
01:40 Mais en fait, c'est tellement bien écrit, une écriture douce.
01:44 J'hésite avec ce terme parce que, évidemment,
01:46 quand on imagine le contenu, l'histoire, vous vous dites
01:49 "bah non, ce n'est pas doux".
01:50 Et en fait, toute cette violence, elle n'est pas dite.
01:52 Elle est suggérée beaucoup, tout le long du récit,
01:56 avec ce point de vue d'enfant qui se rend compte qu'elle subit
01:59 et qui, en même temps, ne se rend pas compte
02:01 que ce n'est pas normal de subir tout ça.
02:03 Non, vraiment, c'est un roman génial.
02:05 - Et comme l'explique Pauline Perrade, qui a écrit cette histoire,
02:08 le titre de ce livre, "L'âge de détruire",
02:10 fait écho à une phrase d'une grande figure de la littérature.
02:14 - C'est une citation qui est tirée du journal de Virginia Woolf.
02:17 J'ai écrit le livre en me demandant ce qu'elle voulait dire.
02:19 Ce qu'elle écrit, "L'âge de comprendre",
02:22 deux points, "L'âge de détruire", trois petits points,
02:24 et ainsi de suite.
02:25 Dans le roman, c'est ce mouvement-là, je crois,
02:28 qui guide Elsa, exposée à cette violence,
02:31 qui la déchiffre et la subit en même temps,
02:33 qui la reproduit et essaye de s'en affranchir,
02:36 et ainsi de suite.
02:38 La violence dans le cadre familial, cachée derrière les murs,
02:41 comme ça, finalement, briser le silence,
02:43 c'est à la fois comprendre et détruire en même temps.
02:46 - La violence familiale au cœur de ce récit,
02:48 violence qu'une mère dépressive, parfois tyrannique,
02:51 fait subir à sa fille, une mère qui demande sans arrêt
02:54 à son enfant de lui dire qu'elle l'aime.
02:56 - "L'âge de détruire", de Pauline Perraud,
02:58 aux éditions de minuit.
03:00 Merci Stéphane Plass, à demain,
03:02 pour un nouveau conseil de lecture, comme tous les jours,
03:04 dans la matinale de l'été sur Europe.

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