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Depuis 1949, les commandos d'élite du Mossad traquent les ennemis d'Israël, c’est l’un des services secrets les plus redoutés de la planète.
Pour la première fois, plusieurs agents racontent de l'intérieur ces opérations dignes de «Mission impossible». Choix de la cible, conception du plan et exécution, ils révèlent les dessous de ces actions à haut risque, physique, politique et diplomatique. Le documentaire revient sur trois de ces «opérations spéciales», décidées au plus haut niveau de l'État, en 1988, 1997 et 2010
Un film de Laurent Richard et Jean-Baptiste Renaud
Une production Premières Lignes
© 2013

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Transcription
00:00:00 [Musique]
00:00:17 Il y a un vieux proverbe hébreu qui dit
00:00:20 "Qui vient te tuer, lève-toi et tue-le."
00:00:23 [Musique]
00:00:27 Dans le judaïsme, il y a une expression à laquelle je crois
00:00:30 et qui est encore d'actualité.
00:00:32 "Celui qui vient te tuer, lève-toi et tue-le."
00:00:36 C'est le fondement moral du droit de tuer.
00:00:38 Nous tuons celui qui vient nous tuer.
00:00:40 À chaque nouvel attentat, on pleure.
00:00:42 [Musique]
00:00:44 Tout terroriste qui a les mains ensanglantées
00:00:47 est une cible pour nous.
00:00:49 [Musique]
00:00:51 Chargés de ces missions spéciales,
00:00:52 les agents du Mossad, les services secrets israéliens.
00:00:55 [Musique]
00:00:59 Vous ne vous embarrassez pas de sentiments.
00:01:02 Vous agissez parce que le Premier ministre a décidé d'agir.
00:01:06 Nous avons aussi rencontré certains de ces ennemis de l'état hébreu
00:01:10 qui un jour se sont retrouvés sur la route des tueurs du Mossad
00:01:13 et ont eu la chance de survivre.
00:01:15 [Musique]
00:01:19 J'ai été réveillée par des cris.
00:01:23 Et soudain, j'ai vu arriver quatre hommes armés.
00:01:26 [Musique]
00:01:29 Ils avaient prévu que je rentre chez moi
00:01:31 et que je meurs dans mon sommeil.
00:01:34 Mais la force du Tout-Puissant en a voulu autrement.
00:01:37 [Musique]
00:01:40 En Israël, le proverbe "œil pour œil, dent pour dent"
00:01:43 est devenu une politique d'État parfaitement assumée.
00:01:46 Israël est le pays qui a le plus utilisé l'arme de l'assassinat ciblée.
00:01:51 Plus que n'importe quel autre pays depuis la Seconde Guerre mondiale.
00:01:55 [Musique]
00:01:57 Tunis, Amman, Dubaï.
00:02:01 Plongée dans les coulisses secrètes de trois grandes opérations d'élimination
00:02:05 menées par le Mossad.
00:02:07 [Musique]
00:02:13 [Bruit de cloche]
00:02:17 [Musique]
00:02:45 Au sein du Mossad, il n'existe que de rares images.
00:02:49 Il est même interdit de filmer son quartier général
00:02:51 situé à moins d'une heure de Tel Aviv.
00:02:56 C'est à l'intérieur de ces bâtiments que, depuis une quarantaine d'années,
00:02:59 le Mossad organise la traque des ennemis d'Israël.
00:03:02 [Musique]
00:03:06 Sa devise est tirée de l'Ancien Testament.
00:03:09 "Quand la prudence fait défaut, le peuple tombe."
00:03:12 Autrement dit, si Israël n'est pas protégé,
00:03:14 Israël sera détruit.
00:03:19 Avec ses 3 000 agents, comme tous les services secrets du monde,
00:03:22 le Mossad collecte des renseignements,
00:03:24 surveille les ennemis de l'État et protège son territoire.
00:03:29 Mais en raison de l'histoire très particulière d'Israël,
00:03:32 le Mossad va parfois beaucoup plus loin.
00:03:38 Mishka Ben David a passé 12 ans au sein de l'agence d'espionnage.
00:03:42 Dans sa décision d'y entrer, le destin de ses parents a pesé lourd.
00:03:48 Mes deux parents sont des survivants de l'Holocauste.
00:03:52 Et ça, ça ajoute beaucoup à notre sens de l'engagement.
00:03:57 Un agent des services secrets français ne se dit jamais
00:04:01 "Si je ne fais pas cette mission, la France va être détruite."
00:04:07 Mais pour un agent israélien, c'est le cas.
00:04:11 L'État d'Israël est créé en 1948.
00:04:14 Un an plus tôt, deux ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale,
00:04:17 l'ONU propose de partager la Palestine en deux États,
00:04:21 l'un arabe, l'autre juif.
00:04:23 Mais les pays voisins sont furieux.
00:04:25 Malgré une guerre régionale, Israël, ici représentée en bleu,
00:04:29 parviendra à étendre son territoire.
00:04:31 Du coup, des milliers de Palestiniens sont contraints de s'exiler
00:04:35 vers la Jordanie, le Liban, l'Égypte, la Syrie,
00:04:38 ou ils s'entassent dans des camps de réfugiés.
00:04:41 C'est dans ce contexte que l'État hébreu crée une agence d'espionnage,
00:04:45 aujourd'hui redoutée dans le monde entier, le Mossad.
00:04:48 Mishka Ben David y a occupé un poste ultra-sensible,
00:04:51 coordonnateur d'opérations clandestines à l'étranger.
00:04:54 À l'âge de 20 ans pourtant, il pensait devenir prof de philo.
00:04:58 Retraité, l'ex-agent écrit aujourd'hui des romans d'espionnage.
00:05:02 J'ai senti que cela ne me suffisait pas.
00:05:07 Ce n'était pas assez intensif, ça ne me donnait pas assez d'adrénaline dans la vie.
00:05:13 Et j'ai voulu faire autre chose.
00:05:17 Je ne me voyais pas passer les 30 prochaines années de ma vie
00:05:21 en tant que chercheur en littérature, ou en philosophie,
00:05:25 ou alors enseignant, et ça jusqu'à la retraite.
00:05:31 On n'est pas un homme tant qu'on n'a pas trouvé quelque chose
00:05:34 pour quoi on accepterait de mourir, disait Jean-Paul Sartre.
00:05:37 Au Mossad, Mishka Ben David va trouver sa raison de vivre,
00:05:41 protéger Israël et le peuple juif.
00:05:44 Cette peur qu'Israël soit un jour rayé de la carte
00:05:47 est souvent la principale motivation pour rentrer au Mossad.
00:05:53 Journaliste d'investigation israélien, Ronan Bergman,
00:05:56 enquête depuis 15 ans sur les opérations secrètes du Mossad.
00:06:03 Quand chaque menace est perçue comme un danger existentiel,
00:06:07 quand chaque ennemi est perçu comme pouvant provoquer
00:06:11 un nouvel holocauste, une nouvelle extermination du peuple juif,
00:06:15 alors tous les moyens sont appropriés pour empêcher ce second holocauste.
00:06:21 Près d'une plage de Tel Aviv, nous rencontrons un homme
00:06:28 qui a participé aux opérations les plus risquées ordonnées par le Mossad.
00:06:33 Nous l'appellerons Elias.
00:06:36 Parce qu'il n'a pas le droit de témoigner,
00:06:42 nous avons retranscrit ses propos, puis reconstitué son interview.
00:06:47 Israël tient constamment à jour une liste de personnes à éliminer.
00:06:53 Notre priorité, mettre hors jeu les plus haut gradés des organisations terroristes.
00:06:59 C'est la même politique que nous avions utilisée pour les nazis.
00:07:02 C'est la politique générale d'Israël.
00:07:05 Entourés de pays qui accueillent des organisations hostiles à Israël,
00:07:12 les agents du Mossad le savent, rien ne leur sera épargné
00:07:16 s'ils se font prendre en Iran ou au Liban par exemple.
00:07:21 Si en tant qu'agent de la CIA, vous vous faites prendre,
00:07:24 en général vous allez en prison.
00:07:26 Mais si vous vous faites prendre en tant qu'agent du Mossad
00:07:29 en Syrie ou au Liban ou à Téhéran, on vous prendra.
00:07:34 Le risque est beaucoup plus grand.
00:07:36 Et ce risque, vous ne pouvez le prendre que si vous êtes vraiment sioniste.
00:07:41 Que si vous êtes prêt à risquer votre vie pour le pays.
00:07:50 Le 5 septembre 1972, un événement va profondément marquer l'histoire du Mossad.
00:07:55 Ce jour-là, 11 athlètes israéliens participant aux Jeux Olympiques de Munich
00:08:01 sont pris en otage par un commando palestinien.
00:08:04 Les preneurs d'otages réclament la libération de 234 Palestiniens
00:08:12 retenus dans les prisons israéliennes.
00:08:14 Le patron du Mossad débarque illico à Munich.
00:08:18 Mais face aux ratés des autorités allemandes,
00:08:20 le commando finira par assassiner les 11 athlètes israéliens.
00:08:24 Le chef du Mossad de l'époque est rentré de Munich choqué par ce qu'il avait vu.
00:08:30 Pas choqué par la brutalité des terroristes,
00:08:34 mais par l'incompétence des Allemands.
00:08:37 Leur arrogance.
00:08:40 Leur incapacité à sauver les athlètes.
00:08:44 Ça, ça a tout changé.
00:08:47 Ça n'a pas changé la haine envers les terroristes.
00:08:51 Ça, c'était déjà le cas avant.
00:08:53 Mais à partir de ce moment-là,
00:08:55 Israël procéderait unilatéralement, secrètement,
00:08:59 à des assassinats sur le sol européen.
00:09:02 Pour se protéger, l'État hébreu ne comptera désormais que sur lui-même
00:09:09 et il traquera jusqu'au bout de la planète les ennemis d'Israël.
00:09:14 Quelques semaines après le drame, la première ministre israélienne Golda Meir
00:09:18 donne carte blanche au Mossad pour retrouver et abattre un par un
00:09:21 tous les exécutants de la prise d'otage.
00:09:24 Le nom de chacun des Palestiniens impliqués est inscrit sur une liste,
00:09:30 une liste de cibles à éliminer, la liste Golda.
00:09:34 Ils seront tous assassinés lors d'opérations secrètes menées par le Mossad,
00:09:39 dont certaines en Europe, dans la clandestinité la plus totale.
00:09:44 Après avoir traqué les nazis dans les années 50,
00:09:47 le Mossad a désormais un nouvel ennemi,
00:09:50 l'Organisation de Libération de la Palestine, l'OLP,
00:09:53 créée en 1964 par Yasser Arafat.
00:09:56 Pour les Palestiniens de l'OLP, les Israéliens sont des occupants.
00:10:03 L'OLP souhaite la destruction d'Israël
00:10:06 et le retour des Palestiniens sur leur terre.
00:10:11 En mars 1978, un commando de l'OLP va mener sur le sol israélien
00:10:15 une action qui va marquer à jamais le peuple hébreu.
00:10:18 Au moment de l'attentat, Yitzhak Morderai est officier dans l'armée israélienne.
00:10:37 L'attaque est réelle.
00:10:39 Le commando a tué une touriste sur la route
00:10:42 avant de prendre d'assaut l'autobus et l'a forcé à rouler vers Tel Aviv.
00:10:46 Dans le bus, ils ont tué des femmes, des enfants,
00:10:49 ils n'ont épargné personne, ils ont fait exploser l'autobus.
00:10:52 C'était la première fois depuis la création d'Israël
00:10:55 qu'il y avait une telle attaque ici, chez nous.
00:10:58 Je me souviens de cette nuit.
00:11:00 Le commando a été déployé à Tel Aviv.
00:11:07 Selon le Mossad, le responsable de cette attaque contre le bus israélien
00:11:13 serait cet homme, Rali Laloisir.
00:11:16 Nom de guerre, Abu Jihad.
00:11:19 Abu Jihad n'est pas n'importe qui.
00:11:22 C'est le bras droit d'Arafat, le chef de l'OLP.
00:11:25 Le voici au milieu des années 80, filmé par l'un de ses adjoints.
00:11:35 Ce jour-là, en tant que responsable des opérations militaires de l'OLP,
00:11:39 il prépare ses hommes à un attentat contre Israël.
00:11:43 Nous voulons que le jour de Tel Aviv soit noir.
00:11:46 Que le jour de Tel Aviv soit détruit, inshallah.
00:11:49 Que le jour de Tel Aviv soit marqué en l'histoire de Tel Aviv.
00:11:53 Un jour, un jour, un jour, un jour, un jour, un jour, un jour, un jour.
00:11:56 Pour que ce jour soit le jour où Tel Aviv a vécu,
00:11:59 où tout Tel Aviv a été fermé, où la terre a été détruite,
00:12:02 où la destruction a eu lieu.
00:12:04 Pour tout ça, c'est le but.
00:12:06 Pour les services secrets israéliens,
00:12:09 le numéro 2 de l'OLP devient l'homme à abattre.
00:12:12 Pendant des mois, cet ancien du Shin Bet,
00:12:17 le service de renseignement intérieur,
00:12:19 rassemble un maximum d'informations sur Abu Jihad.
00:12:22 Sa mission, établir le profil psychologique du bras droit d'Arafat.
00:12:27 Vous avez appris quoi sur lui ?
00:12:33 On a découvert qu'il était intelligent.
00:12:36 Qu'il était obsédé par sa mission, qu'il apprenait beaucoup.
00:12:40 Qu'il vérifiait le moindre détail.
00:12:43 Et enfin qu'il décidait de tout, tout seul.
00:12:47 Abu Jihad, un homme qui voulait tout contrôler.
00:12:54 Et qui, parfois, aimait la provocation.
00:12:57 En 1987, alors que la jeunesse palestinienne se révolte à coups de pierre contre Israël,
00:13:03 l'intifada, Abu Jihad se serait même vanté publiquement
00:13:07 d'être lui-même à l'origine du mouvement.
00:13:10 Pour Israël, c'est la provocation de trop.
00:13:14 À cette époque, Moshe Nissim est ministre israélien des finances.
00:13:17 Pour lui, il faut exécuter Abu Jihad sans plus attendre.
00:13:21 La population israélienne était démoralisée par l'intifada.
00:13:31 Moi, je pensais qu'éliminer Abu Jihad permettrait de remonter le moral du peuple.
00:13:37 Vraiment au plus bas, à cause de l'intifada.
00:13:40 Abu Jihad avait organisé un grand nombre d'attentats en Israël,
00:13:47 causant de nombreuses victimes.
00:13:49 On ne pouvait pas laisser passer ça.
00:13:51 Il fallait mettre fin à sa vie.
00:13:57 Pour mettre fin à la vie d'un ennemi d'Israël,
00:14:01 un seul homme dans le pays a le pouvoir de décision.
00:14:04 C'est le premier ministre.
00:14:06 À l'époque, c'est Yitzhak Shamir.
00:14:08 Lui seul, après consultation de son cabinet,
00:14:11 peut inscrire ou rayer un nom de la liste des ennemis à abattre.
00:14:15 Normalement, le premier ministre ne décide pas seul.
00:14:21 Il convoque un ministre ou un groupe de ministres
00:14:26 pour prendre la décision ensemble.
00:14:29 Pour prendre cette décision d'éliminer Abu Jihad,
00:14:33 Shamir organise donc un vote au sein même de son cabinet de sécurité,
00:14:37 composé d'une dizaine de ministres et militaires.
00:14:40 Problème, 500 pour, 500 contre.
00:14:44 C'est le blocage.
00:14:46 Convaincu qu'il faut tuer le numéro 2 de l'OLP,
00:14:49 Moshenissim va tenter de persuader son collègue de la défense,
00:14:53 le travailliste Yitzhak Rabin,
00:14:55 de voter en faveur de l'exécution d'Abu Jihad.
00:14:59 Lors d'une réunion du cabinet de sécurité,
00:15:04 j'ai demandé au ministre Rabin de venir avec moi dans une pièce, à part.
00:15:09 J'ai dit à Yitzhak Rabin, vous êtes ministre de la défense.
00:15:13 C'est pour ça que je pense que vous devez être le premier à soutenir cette proposition.
00:15:17 Nous devons prouver au monde
00:15:19 que nous savons toujours faire ce genre d'opérations de dissuasion.
00:15:24 Il m'a dit, vous savez quoi ? Vous avez raison.
00:15:27 Rentrons.
00:15:29 C'est devenu 6 voix pour l'assassinat, 4 contre.
00:15:33 C'est voté.
00:15:39 Le gouvernement donne le feu vert, Abu Jihad sera éliminé.
00:15:43 Petite difficulté, le numéro 2 de l'OLP vit en exil en Tunisie,
00:15:47 un pays alors hostile à Israël, l'opération est donc risquée.
00:15:52 A Tunis, la cible habite dans le quartier de Sidi Bou Saïd avec sa femme et ses enfants,
00:15:57 sans doute protégés par les services secrets tunisiens et des gardes du corps.
00:16:02 Pour préparer l'attaque,
00:16:08 toutes les agences de renseignements israéliennes sont sollicitées.
00:16:12 Ça prend des mois de préparer une attaque comme ça.
00:16:18 Beaucoup de gens sont impliqués, les renseignements militaires, les renseignements intérieurs,
00:16:23 les conseillers du gouvernement, le Mossad.
00:16:27 Vous tuez pas des gens juste comme ça ?
00:16:34 Oded Raz, le profiler d'Abu Jihad, est chargé d'analyser les moindres déplacements du numéro 2 de l'OLP.
00:16:43 Mais le bras droit d'Arafat est sur ses gardes.
00:16:47 Il se comportait comme un animal traqué.
00:16:50 Il changeait tout le temps de plan ?
00:16:52 Ouais, il changeait ses plans, il changeait d'appartement, de bureau, il changeait sa manière de se déplacer.
00:16:59 Cette vie de bête traquée, le numéro 2 de l'OLP la partage avec l'amour de sa vie, rencontrée 30 ans plus tôt à Gaza.
00:17:07 C'était une histoire d'amour.
00:17:13 Ses idées me plaisaient, j'étais folle de lui.
00:17:16 Quand on s'est rencontrés, je n'avais que 14 ans.
00:17:20 C'était une histoire d'amour cachée, personne ne savait.
00:17:23 Il m'a dit "est-ce que tu veux m'épouser ? Ok, je t'aime, je suis d'accord.
00:17:36 Mais attention, sache que tu risques de me perdre.
00:17:40 Je serais peut-être un jour fait prisonnier ou blessé, peut-être même que je mourrais un jour en martyr.
00:17:46 Je lui ai dit "oui mais c'est pareil pour toi comme pour moi.
00:17:50 Alors on s'est dit, essayons ensemble."
00:17:53 Abu Jihad ne s'était pas trompé.
00:17:58 25 ans plus tard, il est dans le viseur des services secrets israéliens.
00:18:02 En cette année 87, à force de recoupements, d'écoutes et de surveillance,
00:18:07 le Mossad parvient à obtenir des renseignements clés.
00:18:10 Des détails sur la vie quotidienne d'Abu Jihad
00:18:13 qui vont permettre à Elias et ses hommes de préparer son exécution avec précision.
00:18:18 J'ai eu son adresse, il avait une femme et donc une raison de rentrer.
00:18:24 Pour nous, il est devenu évident que le lieu de l'opération serait la maison.
00:18:30 On avait des plans de la maison, on connaissait chaque marche d'escalier.
00:18:35 On avait tellement d'informations.
00:18:38 On savait même qu'il dormait avec un pistolet à sous l'oreiller.
00:18:42 A l'époque, Abu Jihad s'attend plutôt à ce que les Israéliens fassent exploser sa voiture.
00:18:52 Il prévient sa femme.
00:18:54 Il ne m'autorisait jamais à monter en voiture avec lui, ni à l'accompagner, ou que ce soit.
00:19:04 Il ne pouvait pas venir d'où qu'il vienne.
00:19:07 C'est vrai, on savait quelle route il prenait.
00:19:12 On aurait pu faire exploser sa voiture.
00:19:14 Mais au final, tu choisis toujours la méthode qui permet 99% de réussite.
00:19:19 L'objectif, c'était de tuer Abu Jihad, pas de le blesser.
00:19:23 Avec une explosion, on n'a pas la certitude de tuer.
00:19:27 Alors que si tu tires sur quelqu'un à 10 cm de lui, il va mourir, c'est sûr.
00:19:33 Début 88, le mode opératoire est choisi.
00:19:37 Des navires de guerre seront envoyés au large de Tunis.
00:19:41 Un commando débarquera discrètement d'un hors-bord avant de rallier la maison d'Abu Jihad.
00:19:47 Totalement illégal, l'opération doit être la plus rapide possible.
00:19:59 Le 18 avril 1988, c'est le Jean-G.
00:20:03 Depuis Tel Aviv, le chef d'état-major israélien adresse au commando en route pour Tunis
00:20:09 un dernier message diffusé sur des ondes militaires cryptées.
00:20:28 A Tunis, des agents infiltrés par le Mossad procèdent à une ultime vérification.
00:20:33 Avant l'assaut, ils s'assurent que la cible se trouve bien chez elles.
00:20:40 Pour cela, il faut ensonner le téléphone de sa maison.
00:20:44 C'est Um Jihad qui décroche.
00:20:49 La personne au bout du fil a demandé à parler à Abu Jihad.
00:20:54 Elle voulait soi-disant lui annoncer qu'un de ses neveux avait été capturé.
00:20:58 En passant le combiné à son mari, Um Jihad a signé sans le savoir son arrêt de mort.
00:21:04 Les Israéliens qui surveillent la ligne ont désormais la confirmation qu'ils attendaient.
00:21:08 Le numéro 2 de l'OLP se trouve bien chez lui.
00:21:11 Abu Jihad ne le sait pas, mais à quelques kilomètres de son domicile,
00:21:16 au large des côtes de Sidi Bou Saïd, sont positionnés plusieurs navires de guerre israéliens.
00:21:21 L'opération est dirigée depuis une frégate.
00:21:24 À bord, ce jeune colonel de l'armée israélienne, un certain Ehud Barak.
00:21:29 Vingt ans plus tard, il deviendra premier ministre d'Israël.
00:21:33 À 23h, un hors-bord est mis à l'eau en direction des côtes de Tunis.
00:21:40 À son bord, l'unité chargée d'assassiner Abu Jihad.
00:21:45 23h15, ils sont une vingtaine embarqués dans deux minibus direction la villa du numéro 2 de l'OLP.
00:21:51 Si les agents du Mossad se font arrêter, c'est la catastrophe.
00:21:55 Manifestement inquiets, le QG de Tel Aviv envoie un nouveau message radio.
00:22:00 Le QG de Tel Aviv a dit que les Israéliens étaient en train de se faire arrêter.
00:22:09 En quelques minutes, les hommes du Mossad parviennent devant la maison du bradro d'Arafat.
00:22:19 Elle semble calme, seul un gardien fait le gué.
00:22:24 Ils ont tué le gardien avec un silencieux.
00:22:31 Entre le meurtre du gardien et l'arrivée dans la chambre, il s'est écoulé à peine dix secondes.
00:22:37 Le QG de Tel Aviv a dit que les Israéliens étaient en train de se faire arrêter.
00:22:41 J'ai été réveillée en sursaut par des cris et par le bruit de la table cassée.
00:23:05 Soudain, j'ai vu arriver quatre hommes armés.
00:23:08 Un des hommes a tiré sur lui, il l'a blessée au bras.
00:23:14 Mon mari a voulu se retourner mais il est tombé.
00:23:17 J'ai couru pour essayer de le retenir.
00:23:20 Celui qui lui avait tiré dessus a menacé de me tuer.
00:23:24 Il m'a ordonné de me mettre face contre le mur.
00:23:33 La femme a hurlé, alors ils l'ont écartée.
00:23:36 Ils lui ont mis la main sur la bouche.
00:23:39 Ils se sont bien occupés d'elle.
00:23:42 Un autre homme est venu, il lui a tiré dessus une seconde fois.
00:23:50 Le troisième est venu, il lui a également tiré dessus.
00:23:55 Et le quatrième à son tour.
00:24:01 Le cinquième homme est venu tirer à nouveau sur Abou Djihad.
00:24:04 Et là j'ai crié "assez, ça suffit, assez".
00:24:11 Selon une enquête de l'OLP, Abou Djihad aurait reçu 75 balles de cinq tireurs différents.
00:24:25 L'opération n'aura duré qu'une dizaine de minutes.
00:24:31 A peine sorti de la villa, encore tout essoufflé,
00:24:34 le chef du commando annonce par radio à la frégate restée au large de Tunis que l'opération a réussi.
00:24:40 Ce Bogart, chef de l'unité qui vient d'assassiner Abou Djihad, fera ensuite carrière en politique.
00:24:55 Bogart n'est autre que l'actuel ministre de la Défense d'Israël, Moshe Bogi Ya'alon.
00:25:01 Dans l'État hébreu, passer par le Mossad est souvent un tremplin vers la politique.
00:25:06 De retour vers les côtes israéliennes, comme on peut le voir sur ces rares clichés militaires,
00:25:15 les membres du commando et leur hiérarchie sabrent le champagne et fêtent l'élimination de leurs ennemis.
00:25:24 Sur le chemin du retour, les hommes étaient contents, mais sans triomphalisme non plus.
00:25:29 On est rentrés, le premier ministre nous a dit merci beaucoup.
00:25:32 Au petit matin du 19 avril 1988, quelques heures après le meurtre,
00:25:39 la nouvelle de la mort d'Abou Djihad fait la une des journaux du monde entier.
00:25:43 Mesdames, messieurs, bonjour à la une de l'actualité de ce samedi matin.
00:25:48 L'assassinat d'Abou Djihad.
00:25:50 Bonsoir, le Moyen-Orient est à nouveau en flammes ce soir.
00:25:54 À Tunis, une équipe d'assassins vient d'abattre un commandant de l'OLP,
00:25:58 un adjoint de Yasser Arafat, plus connu sous le nom d'Abou Djihad.
00:26:02 En pleine nuit, dans sa résidence de Tunis, le numéro 2 de l'OLP a été assassiné sous les yeux de sa femme et de sa fille.
00:26:10 Un commando vient de tuer un homme.
00:26:13 Il a été assassiné sous les yeux de sa femme et de sa fille.
00:26:16 Un commando vient de tuer une victime nommée Abou Djihad dans sa maison à Tunis.
00:26:21 Très vite, les médias soupçonnent Israël d'être derrière l'opération.
00:26:26 À Tel Aviv, comme après chaque action du Mossad, on ne confirme pas, mais on ne dément pas non plus.
00:26:32 Le lendemain de l'assassinat de son lieutenant, Yasser Arafat se rend sur les lieux.
00:26:38 À Gaza, les Palestiniens appellent à la vengeance contre Israël.
00:26:47 À Tel Aviv, Moshé Nissim, le ministre qui avait convaincu Rabin de soutenir l'assassinat, savoure son succès.
00:27:04 Lors de la réunion du cabinet de sécurité suivante, Yitzhak Rabin m'a dit "sortons, j'ai à vous parler".
00:27:11 Il a dit "vous ne pouvez pas savoir combien vous aviez raison".
00:27:16 Le moral de la population est au plus haut.
00:27:20 Depuis dimanche, lorsque je me déplace en voiture, les gens m'applaudissent.
00:27:30 On me serre la main, on me fait des gestes de victoire.
00:27:34 Quelle joie cela a-t-il apporté au peuple. Le moral est en hausse.
00:27:39 En 1993, avec les accords d'Oslo, l'OLP s'engagera finalement aux côtés d'Israël dans un processus de paix.
00:27:57 Mais pour l'État juif, le répit ne sera que de courte durée.
00:28:00 Car au milieu des années 90, des Palestiniens, hostiles au processus d'Oslo,
00:28:05 s'enrôlent sous la bannière d'un nouveau mouvement de résistance contre Israël, le Hamas.
00:28:10 Islamiste, radical, le Hamas relance de violentes campagnes d'attentats contre l'État hébreu.
00:28:23 Comme ce 31 juillet 1997, où l'un des marchés de Jérusalem est frappé de plein fouet.
00:28:28 Un kamikaze vient de s'y faire sauter, 14 morts, 156 blessés.
00:28:33 Israël est sous le choc.
00:28:35 Le premier ministre d'alors, Benjamin Netanyahou, exige qu'on lui ramène une liste de membres du Hamas à abattre.
00:28:47 Son plus proche conseiller militaire de l'époque se souvient de la détermination absolue du premier ministre israélien.
00:28:53 Après l'attentat, le premier ministre a ordonné à tous les services de sécurité de lui soumettre un plan.
00:29:05 Il n'était pas rare qu'il exige lui-même des actions pour lutter contre ces attentats.
00:29:16 Les services de renseignement intérieur, les services de renseignement militaire et le Mossad ont tout mis en œuvre pour trouver des cibles.
00:29:25 Benjamin Netanyahou a appelé les chefs des services de renseignement et leur a dit "je veux une réaction, donnez-moi une liste de cibles".
00:29:36 Les renseignements intérieurs et les renseignements militaires n'avaient rien.
00:29:41 Au début, le Mossad a donné les noms de quelques petits cadres du Hamas en Europe.
00:29:46 Netanyahou a dit "non, non, non, je ne veux pas de ces petits poissons, je veux des gros requins".
00:29:54 Celui qui aura la tâche de ramener ces gros requins dans les filets des services secrets israéliens,
00:30:07 c'est Mishka Ben David, l'ancien prof de philo, devenu chef du renseignement des opérations clandestines du Mossad.
00:30:13 Il nous reçoit chez lui, sur les hauteurs de Jérusalem.
00:30:22 Vous pouvez voir tout Israël d'ici, on est à 60 km de la mer, là-bas c'est Gaza, et là, la Cisjordanie.
00:30:30 Et puis c'est tout, les gens ne réalisent pas à quel point Israël est un petit pays.
00:30:35 En cette année 97, à la demande du Premier ministre, Mishka Ben David propose lui-même une liste de cadres du Hamas à éliminer.
00:30:43 Il s'en explique, pour la première fois face à une caméra.
00:30:48 On a fait une liste de cibles. Ensuite, nous sommes allés voir le Premier ministre Benjamin Netanyahou, pour lui présenter cette liste.
00:31:03 Et après avoir vu la liste, Netanyahou a décidé que nous devions cibler les chefs du Hamas.
00:31:10 Nous avons étudié chaque attentat qui avait eu lieu cette année-là.
00:31:16 Et après de nombreuses discussions, on en a conclu que Ralen Meshal était derrière cette nouvelle vague d'attaques.
00:31:23 C'était lui qu'il fallait éliminer.
00:31:25 Désormais, la cible a un nom et un visage, elle s'appelle Ralen Meshal.
00:31:32 A l'époque, Meshal est un cadre du Hamas.
00:31:35 Originaire des territoires occupés, il s'est exilé au Koweït puis en Jordanie.
00:31:41 Depuis Amman, selon les Israéliens, il aurait commandité tout au long des années 90 des dizaines d'attentats kamikazes en Israël.
00:31:49 Il était le chef du bureau politique du Hamas.
00:31:59 Mais en fait, bureau politique, vous savez, c'est un terme trompeur, car ce bureau s'occupait aussi de la moukawama, c'est-à-dire l'action terroriste contre Israël.
00:32:08 Et c'était lui le chef de ce bureau, bien haut placé, assez bien placé selon nous, pour ordonner des attentats.
00:32:15 Deux mois après l'attentat sur le marché de Jérusalem, la décision est officiellement prise, Meshal doit être éliminé.
00:32:28 Le problème, il se trouve en Jordanie, un pays avec lequel l'État hébreu a signé un accord de paix historique trois ans plus tôt, en 1994.
00:32:36 Un accord qui avait mis fin à 30 années d'affrontements entre les deux voisins.
00:32:41 Le jour de l'accord, le président Clinton s'était déplacé en personne auprès du premier ministre israélien Yitzhak Rabin et du roi Hussein de Jordanie pour assister à la signature de l'accord.
00:32:54 Dans ce contexte, difficile pour Israël d'aller assassiner secrètement un ennemi en Jordanie.
00:33:24 Mais pour Netanyahou, qu'importe, l'élimination de Meshal est une priorité nationale.
00:33:30 Netanyahou ne voulait pas que l'on sache que c'était une opération du Mossad.
00:33:38 Il ne voulait pas d'une opération bruyante, c'est-à-dire une opération où il y a une explosion et où l'on tire sur les gens.
00:33:47 Netanyahou a dit "il est capital que vous fassiez une opération silencieuse, même si c'est un mode opératoire que vous ne connaissez pas, parce que je ne veux pas que l'on sache qu'il y a eu une opération.
00:34:01 Je ne veux pas mettre en danger les relations avec la Jordanie."
00:34:14 Pour tuer Meshal le plus discrètement possible, les hommes de Michka Ben David décident de l'empoisonner.
00:34:20 L'objectif du poison, c'était de provoquer la mort rapide de Khaled Meshal, mais pas trop rapide.
00:34:33 Une mort intraçable, impossible à attribuer au Mossad.
00:34:40 Une mort qui aurait dû arriver bien plus tard, après que les agents du Mossad aient quitté la Jordanie.
00:34:47 Mais pour empoisonner Meshal, encore faut-il pouvoir l'approcher physiquement.
00:34:53 Pour cela, la cellule du Mossad spécialisée dans les homicides décide d'aller repérer sur place les bureaux depuis lesquels il dirige les opérations du Hamas.
00:35:06 Dans le plan initial, deux agents devaient se cacher derrière un mur, jusqu'à ce que Khaled Meshal arrive à son bureau.
00:35:16 Selon le plan, il devait sortir de sa voiture et marcher vers son bureau, suivi par les deux agents.
00:35:26 L'un d'entre eux devait tenir dans sa main un spray contenant du poison.
00:35:31 L'autre agent devait tenir une canette de Coca-Cola bien secouée.
00:35:36 Un agent devait asperger la nuque de Khaled Meshal avec le poison, pendant qu'au même moment l'autre agent l'arroserait avec le Coca.
00:35:46 Meshal aurait alors senti quelque chose d'humide derrière son oreille.
00:35:53 Mais tout ce qu'il aurait vu, ce seraient deux touristes canadiens,
00:35:59 qui lui auraient dit "Nous sommes désolés et pardon d'avoir sali votre chemise, tenez voici de l'argent pour la blanchisserie".
00:36:06 L'objectif de la canette, c'était de masquer l'humidité du poison.
00:36:14 Aout 97, J-30 avant l'opération.
00:36:18 Les tueurs du Mossad sont en pleine répétition générale dans les rues de Tel Aviv.
00:36:24 Une canette de Coca dans une main, poison factice dans l'autre. Ils s'entraînent sur des dizaines de passants choisis au hasard.
00:36:30 Cette technique d'ouverture de la canette de soda a été testée des dizaines de fois dans les rues d'Israël.
00:36:38 Et ça a marché.
00:36:40 Les agents l'ont répétée à de très nombreuses reprises pour que ça marche aussi à Amman.
00:36:46 La technique mise au point pour tuer a l'air de fonctionner.
00:36:53 Le peuple du Mossad dirigé par Mishkab Ben David doit maintenant rejoindre la capitale jordanienne munie de faux passeports canadiens.
00:36:59 Le voici, caché sous l'étré d'un touriste en gauguette, il visite les merveilles archéologiques d'Amman.
00:37:05 "Vous visitiez vraiment ou c'était juste pour votre couverture ?"
00:37:12 "C'est un mélange des deux. J'étais là-bas un peu pour ma couverture, un peu pour le tourisme.
00:37:19 Parce que vous ne pouvez pas être touriste et ne rien visiter pendant une semaine, rester à l'hôtel."
00:37:23 "Et ça c'était quand ? C'était juste avant l'opération ?"
00:37:26 "C'était peut-être la veille ou deux jours avant. Mais c'est sûr, ça n'était pas le lendemain."
00:37:31 Le 25 septembre 1997, l'opération est déclenchée.
00:37:46 Dans le quartier de Raled-Mechal, les agents du Mossad se positionnent.
00:37:49 Mishkab Ben David établit son QG à l'hôtel Intercontinental.
00:37:55 A ses côtés se trouve un médecin du Mossad.
00:37:58 Dans son sac, l'antidote du poison au cas où un agent serait touché.
00:38:03 Non loin d'eux, les deux tueurs attendent discrètement la cible devant ses bureaux.
00:38:09 La suite, c'est celui qui devait mourir qui nous le raconte.
00:38:15 "Notre voiture s'est arrêtée devant le bâtiment où était mon bureau."
00:38:20 "Très vite, j'ai remarqué deux hommes sur le trottoir en face."
00:38:25 "Je les ai observés et je les ai trouvés très étranges."
00:38:30 "Ils m'avaient l'air suspects."
00:38:32 "Quand je suis descendu de la voiture, au lieu de me diriger tout droit vers mon bureau, j'ai fait le tour de la voiture."
00:38:40 "Pour faire sortir mes enfants que je devais déposer chez le coiffeur."
00:38:44 "Ensuite, quand j'ai voulu avancer vers le trottoir, avant même d'accéder à la porte de l'immeuble, les deux hommes m'ont attaqué par la droite."
00:39:01 "C'est exactement ce à quoi je m'attendais."
00:39:04 "Ils ont commencé à l'asperger, mais au lieu de toucher sa nuque, ils ont touché son oreille."
00:39:14 "J'ai entendu un son très intense à l'oreille gauche et reçu une décharge électrique tout le long du corps."
00:39:20 "Les deux agents se sont mis à courir."
00:39:25 "Et au même moment, un membre du Hamas qui avait vu la scène s'est mis à poursuivre les deux agents qui se précipitaient vers la voiture prévue pour leur fuite."
00:39:39 "Le démarrage en trompe de la voiture attire l'attention d'un homme qui passait par là, un sympathisant du Hamas."
00:39:45 "Intrigué, il prend en chasse les agents du Mossad."
00:39:48 "Course poursuite dans les rues d'Aman."
00:39:51 "800 mètres plus loin, se sentant poursuivis, les deux Israéliens sortent subitement de leur véhicule."
00:39:58 "Ils rejoignent ce terrain vague pourchassé par le passant jordanien."
00:40:04 "Un attroupement se forme."
00:40:08 "Piégé par la foule qui les conduit de force vers un commissariat d'Aman, les deux agents du Mossad sont immédiatement démasqués par les services de renseignement intérieur jordanien."
00:40:16 "Au bord de la piscine de son hôtel, Mishka Ben David ignore qu'il vient d'y avoir un problème."
00:40:23 "Il ne va pas tarder à être averti."
00:40:31 "Je lisais un livre de Salinger à la piscine."
00:40:34 "Et là est apparue une personne appartenant à l'équipe."
00:40:39 "Elle a dit certains mots pour prouver que nous étions du Mossad, tous les deux."
00:40:44 "Et là, elle m'a dit que nous avions eu un gros problème."
00:40:49 "Et elle a dit que nous avions eu un problème."
00:40:53 "Et elle a dit que nous avions eu un problème."
00:40:58 "Et là, elle m'a dit que nous avions eu un gros problème."
00:41:02 "Je me suis levé, je me suis habillé."
00:41:07 "Et on m'a annoncé que les deux agents avaient été arrêtés par la foule."
00:41:12 "Qu'ils avaient bien exécuté l'opération, mais qu'ils avaient été pris."
00:41:18 "Deux heures après l'attaque, Meshal, lui, se sent de plus en plus mal."
00:41:27 "J'ai commencé à me sentir mal."
00:41:30 "D'abord, j'ai eu des nausées, et puis je perdais l'équilibre."
00:41:35 "Je me sentais vraiment très faible."
00:41:39 "J'ai prévenu mes collègues de ce qui venait de m'arriver."
00:41:43 "Je leur ai dit que j'avais été victime d'une tentative de meurtre très étrange."
00:41:47 "À l'aide d'un appareil performant."
00:41:51 "Nous avons appris plus tard qu'il s'agissait d'une arme chimique."
00:41:56 "J'ai appelé le QG en Israël, mais pas depuis ma chambre."
00:42:00 "On m'a demandé d'amener nos agents encore sur le terrain à notre ambassade d'Aman."
00:42:06 "Je savais où chacun d'entre eux serait."
00:42:10 "Donc je les ai pris un par un et emmenés à l'ambassade."
00:42:14 Et pour plus de discrétion, Mishka Ben David exfiltre quatre de ses agents à bord de taxis locaux.
00:42:21 Il ignore que les deux derniers viennent d'être démasqués par les services jordaniens.
00:42:26 Informé, le roi Hussein est furieux.
00:42:31 Il reçoit alors un appel important en provenance d'Israël.
00:42:36 Témoignage de son ancien directeur de cabinet, Ali Choukri.
00:42:41 "Le Premier ministre Netanyahou a appelé le roi Hussein."
00:42:49 "Il a confirmé que ce qui était arrivé à Meshal"
00:42:52 "était le résultat d'une opération du Mossad pour l'assassiner."
00:42:57 Trahi, fou de rage, le roi Hussein va mettre en jeu le traité de paix signé trois ans plus tôt avec Israël.
00:43:08 Le fiasco du Mossad menace l'équilibre de toute la région.
00:43:12 Le lendemain de l'opération, à Amman, le roi convoque son gouvernement,
00:43:18 en présence de la presse jordanienne et internationale.
00:43:21 Devant les caméras du monde entier, le message est limpide.
00:43:25 Si Meshal meurt empoisonné, le traité de paix meurt avec lui.
00:43:30 "Un de nos enfants a été traité d'un meurtre."
00:43:36 "Il a été assassiné pour des raisons incontrouvables."
00:43:47 "La vie de la paix est liée à la vie de ce pays."
00:43:54 "La vie de l'Amman est liée à la vie de l'Ordre."
00:43:57 Le roi Hussein menace même de s'en prendre aux agents du Mossad réfugiés à l'ambassade israélienne d'Amman.
00:44:07 "Si Meshal était mort, alors on aurait frappé l'ambassade."
00:44:17 "Nos troupes l'avaient encerclée."
00:44:23 "J'ai appelé l'ambassadeur israélien."
00:44:25 "Il m'a dit que selon la convention de Genève, c'est un territoire israélien."
00:44:32 "Vous ne pouvez pas faire ça."
00:44:35 "Mais je lui ai répondu, si l'ambassade devient un abri pour les gens qui ont voulu assassiner un Jordanien,
00:44:42 alors que dit la convention de Genève à propos de ça ?"
00:44:51 Au même moment, à l'hôpital militaire d'Amman, Raled Meshal souffre de pertes d'équilibre et de somnolence.
00:44:57 Son état de santé se dégrade à vue d'œil.
00:45:00 Verdict des médecins, il ne lui reste plus que quelques heures à vivre.
00:45:05 Le roi Hussein confie alors à son médecin personnel une mission, sauver Raled Meshal.
00:45:11 "Il n'y avait aucun signe apparent, aucune trace d'aiguille, aucun bleu, rien."
00:45:20 "En l'examinant, il disait qu'il voulait dormir."
00:45:23 "Il disait, je me sens faible, je veux dormir."
00:45:26 "Alors nous, on lui disait, allez monsieur, respirez, ouvrez vos yeux."
00:45:31 "Ce qui m'a frappé, quand j'ai examiné ses yeux, c'est que les pupilles étaient contractées."
00:45:41 "C'est ça qui nous a mis sur la piste."
00:45:49 C'était le signe qu'il avait absorbé une très grosse dose de narcotiques.
00:45:52 Cette fois, le médecin en est certain, Raled Meshal a été empoisonné par un produit chimique inconnu.
00:45:59 Le cadre du hamas est placé sous respirateur artificiel.
00:46:03 Pour connaître la nature du poison et son antidote, les Jordaniens recontactent les Israéliens.
00:46:09 "L'ambassadeur israélien m'a appelé et m'a dit qu'il venait d'avoir le premier ministre Netanyahou au téléphone."
00:46:19 "Netanyahou refusait de dévoiler quel produit avait été injecté à Meshal."
00:46:23 Comme Netanyahou s'entête, le roi Hussein va sortir une dernière carte.
00:46:30 Il décide d'appeler Bill Clinton, le président américain.
00:46:33 Coup de téléphone crucial, la paix est en jeu.
00:46:37 "Le président Clinton était très fâché."
00:46:46 "Il a écouté attentivement le roi Hussein."
00:46:48 "Et il a dit ceci à propos de Netanyahou."
00:46:52 "Cet homme est impossible."
00:46:55 "Le président américain a remué ciel et terre pour obtenir l'antidote."
00:47:01 "Il a mobilisé ses agences gouvernementales, mais aussi l'ambassadeur américain en Israël pour qu'ils obtiennent la composition du poison injecté à Meshal."
00:47:14 Panique à Tel Aviv, Israël est dos au mur.
00:47:16 La vie des deux agents du Mossad retenus en Jordanie est menacée.
00:47:20 Pour les tirer d'affaires, il faut donner l'antidote et donc sauver Meshal.
00:47:25 "Lorsque le chef du Mossad nous a annoncé que l'opération n'avait pas réussi, le premier ministre a aussitôt demandé qu'est-il arrivé à nos hommes."
00:47:37 "Et il lui a répondu, il y a un problème."
00:47:43 "Alors le premier ministre a aussi dit, je me fous du reste, ramenez nos hommes, à tout prix."
00:47:49 "Et si pour cela il faut ressusciter Khaled Meshal, alors vous le ressuscitez."
00:47:57 La mission a changé, elle est devenue, il faut sauver les deux agents.
00:48:04 Et pour ça, il fallait ressusciter Meshal.
00:48:07 Sauver la vie de son pire ennemi.
00:48:12 En 12 ans de carrière au Mossad, Mishka Ben David ne s'était jamais retrouvé dans telle situation.
00:48:17 Depuis sa chambre d'hôtel, avec le médecin du Mossad, ils vont jouer un rôle central dans le dénouement de l'affaire.
00:48:24 Tous deux disposent d'un flacon contenant l'antidote.
00:48:27 "J'ai reçu un coup de fil du chef des opérations."
00:48:33 "Il m'a dit, descend dans le hall de l'hôtel avec le médecin."
00:48:39 "Il y a quelqu'un des services de sécurité jordanien, le capitaine Firas."
00:48:43 "Donne lui l'antidote et dis au médecin d'aller avec lui pour injecter l'antidote à Meshal."
00:48:49 "Il était en uniforme, j'ai demandé, capitaine Firas ?"
00:48:58 "Il m'a répondu oui, j'ai dit voici l'antidote, voici le docteur."
00:49:06 "Il avait l'air très sévère, je ne dirais pas qu'il y avait de la haine dans ses yeux, mais il avait l'air très sévère en tout cas."
00:49:13 "Et nous n'avons pas bavardé plus que ça."
00:49:17 "C'était vraiment très étrange en plein milieu de l'opération de se rendre comme ça."
00:49:27 "Et même de laisser notre médecin aller injecter l'antidote à Meshal."
00:49:32 "La discussion entre l'israélien et le jordanien tourne court."
00:49:35 "Le médecin du Mossad est conduit par les services secrets d'Aman à l'hôpital, contraint de remettre l'antidote au directeur de l'établissement."
00:49:42 "Le médecin israélien m'a donné deux fioles, elles étaient bizarrement étiquetées adrénaline."
00:49:53 "Ali Choukri m'a dit, on va l'utiliser ? J'ai dit non, on va l'utiliser."
00:50:00 "On va d'abord vérifier ce qu'il y a dedans, parce que ça aurait pu être le même poison et on aurait pu l'achever en lui injectant ça."
00:50:08 Méfiants, les Jordaniens ne prennent aucun risque. Ils expédient les fioles du Mossad dans un laboratoire pour analyse.
00:50:17 Conclusion, deux heures plus tard, il s'agit bien de l'antidote au poison.
00:50:28 Une fois administré, le remède sort peu à peu Meshal du coma. Le cadre du Hamas revient à la vie.
00:50:35 Les Jordaniens découvrent peu après que le poison avait été spécialement conçu pour l'occasion.
00:50:41 "Ce produit n'est pas utilisé en médecine. C'est un narcotique de synthèse qui ressemble à celui que nous utilisons, le fentanyl, mais en plus puissant."
00:50:56 "Pour vous donner une idée, le fentanyl qu'on utilise, nous, c'est déjà 100 fois plus puissant que la morphine."
00:51:02 "Alors imaginez, cette drogue qu'ils ont utilisée est encore plus puissante que le fentanyl."
00:51:07 "Je ne sais pas à quoi sert ce produit, peut-être pour endormir les éléphants, je ne sais pas."
00:51:12 En cette fin d'après-midi du 26 septembre 1997, Raled Meshal est sauvé.
00:51:20 Pour Mishka Ben David, la résurrection de son ennemi est paradoxalement une bonne nouvelle, même si de toute évidence, l'opération est un échec.
00:51:36 "Nous avons échoué. En fait, nous avons réussi. Enfin, les agents ont réussi, mais ont été attrapés."
00:51:45 "Meshal était en route pour l'au-delà, mais nous avons dû inverser le processus et le ramener à la vie."
00:51:53 "Si je suis vivant, ce n'est pas grâce à la décision des Israéliens, car leur décision au départ, c'était de me tuer."
00:52:02 "Mais ils ont échoué, et je suis toujours vivant, car Dieu en a décidé ainsi."
00:52:07 "C'est grâce à mon garde du corps et au courage du roi Hussein."
00:52:14 Ébranlé par l'affaire, furieux, le roi Hussein tient toujours en captivité les deux agents du Mossad.
00:52:19 Contre leur libération, il va maintenant exiger celle de 50 prisonniers politiques palestiniens incarcérés en Israël.
00:52:27 Un deal accepté par l'État hébreu.
00:52:30 Deux jours plus tard, deux hélicoptères survolent la ville d'Aman.
00:52:33 L'un d'entre eux ramène les détenus palestiniens en Jordanie, l'autre reconduit vers Tel Aviv les deux agents du Mossad.
00:52:40 Pour Israël, la crise va se solder par une ultime humiliation.
00:52:50 L'obligation de libérer le fondateur du Hamas, le vieux sheikh Ahmed Yassin, détenu en Israël depuis huit ans.
00:52:56 Quelques jours après l'affaire Méchal, le sheikh paraplégique est accueilli en héros par le roi de Jordanie.
00:53:02 Puis il revient triomphalement à Gaza.
00:53:06 Pour le Mossad, l'échec est doublement cuisant. Méchal est en vie, Yassin est libre.
00:53:12 Personne ne doit sous-estimer le prix que cela a coûté à Israël.
00:53:17 D'abord de reconnaître l'opération, de donner l'antidote à Khaled Méchal et de libérer Yassin.
00:53:24 Ça a été particulièrement humiliant pour Israël.
00:53:28 C'est un échec, c'est vrai. En fait, le plus grand échec, c'est que Khaled Méchal soit toujours en vie.
00:53:35 C'est ça le vrai raté de cette opération.
00:53:37 Et en plus, nous avons dû libérer sheikh Yassin, c'est vrai aussi.
00:53:41 Mais lui, on l'a liquidé quelques années plus tard.
00:53:45 Comme ça, l'addition a été réglée.
00:53:49 Une addition réglée sept ans plus tard exactement, quand trois missiles israéliens sont lancés sur le chef du Hamas à la sortie de son domicile.
00:54:02 À Gaza, les obsèques du sheikh rassembleront 200 000 palestiniens.
00:54:05 Dans la foulée, ironie du sort, c'est Khaled Méchal, le miraculé du Mossad, qui prend la place de sheikh Yassin à la tête du Hamas.
00:54:15 Un chef en exil qui dirige désormais le mouvement depuis le Qatar.
00:54:20 En décembre 2012, il foulait en héros pour la première fois depuis 37 ans les territoires palestiniens.
00:54:26 C'est la première fois que je vis en Palestine, depuis 37 ans.
00:54:31 C'est la première fois que je m'honneure à Gaza et à ses gens.
00:54:35 Vous pensez que Méchal est toujours sur la liste ?
00:54:41 Je ne sais pas s'il est sur la liste ou non.
00:54:45 Je ne sais pas à quoi ressemble la liste aujourd'hui, aucune idée.
00:54:49 Mais je pense que quand Israël décidera de me défendre,
00:54:54 et je pense que quand Israël décidera de le tuer,
00:54:56 si Israël décide de le tuer, ce sera fait.
00:55:00 Mais d'ailleurs, souvenez-vous, nous l'avons déjà fait.
00:55:06 Le fait que nous ayons dû le ressusciter, c'est un autre problème.
00:55:12 Il a déjà été tué.
00:55:15 C'est un fait.
00:55:23 Bombes télécommandées, poisons projetés à distance, fusils à longue portée.
00:55:27 Pour saboter ou tuer, le Mossad sait s'adapter au terrain.
00:55:31 Pour infecter les cibles nucléaires iraniens,
00:55:34 les Israéliens auraient utilisé un virus informatique.
00:55:37 Pour assassiner un haut dirigeant du Hezbollah en plein Damas,
00:55:41 le Mossad aurait même dissimulé une bombe dans la puite de sa voiture.
00:55:51 Mais la plus spectaculaire des opérations du Mossad
00:55:53 est sans doute celle menée à Dubaï en 2010.
00:55:56 Une opération menée quasiment en direct sous le regard de centaines de caméras de vidéosurveillance,
00:56:02 une première mondiale.
00:56:04 Le 19 janvier 2010, dans cet hôtel de Dubaï,
00:56:09 les tueurs du Mossad sont au trousse d'un cadre du Hamas, originaire de Gaza,
00:56:12 Marmoud Al Marbrou.
00:56:15 Al Marbrou est suspecté de convoyer des armes depuis l'Iran vers la bande de Gaza,
00:56:19 à destination des brigades armées du Hamas.
00:56:22 Il est également soupçonné d'être derrière l'assassinat
00:56:32 de deux jeunes soldats israéliens commis 21 ans plus tôt.
00:56:35 Un meurtre dont il révélera quelques détails devant les caméras d'Al Marbrou,
00:56:40 le visage dissimulé derrière un chêche.
00:56:42 Est-ce une prémonition ?
00:57:08 Pendant l'interview, le cadre du Hamas affirme craindre pour sa vie,
00:57:11 à l'image d'Abu Jihad à Tunis ou Raleigh Meshal à Amman,
00:57:15 qui eux aussi redoutaient d'être abattus un jour par le Mossad.
00:57:18 Le meurtre d'un soldat israéli, c'est le meurtre d'un soldat israéli.
00:57:21 C'est un meurtre de la liberté, de la liberté de l'expression,
00:57:25 de la liberté de l'expression, de la liberté de l'expression.
00:57:28 C'est un meurtre de la liberté, de la liberté de l'expression.
00:57:31 C'est un meurtre de la liberté, de la liberté de l'expression.
00:57:34 C'est un meurtre de la liberté, de la liberté de l'expression.
00:57:37 C'est un meurtre de la liberté, de la liberté de l'expression.
00:57:40 C'est un meurtre de la liberté, de la liberté de l'expression.
00:57:43 C'est un meurtre de la liberté, de la liberté de l'expression.
00:57:47 C'est un meurtre de la liberté, de la liberté de l'expression.
00:57:49 C'est un meurtre de la liberté, de la liberté de l'expression.
00:57:53 C'est l'Asie.
00:57:56 En cette année 2009, pour Israël, l'heure d'Almarbrou a sonné.
00:58:00 Le Mossad veut déstabiliser le Hamas en éliminant son fournisseur d'armes.
00:58:04 L'opération aura lieu à Dubaï, où d'après les renseignements obtenus,
00:58:09 la cible doit se rendre le 19 janvier 2010.
00:58:12 Que venait-il faire à Dubaï ?
00:58:15 Dubou Delèvre, son chef de l'époque, reconnaît qu'il s'y rendait bien pour le compte du Hamas.
00:58:20 - Almarbrou était là en touriste ? Il était là pour visiter Dubaï ?
00:58:24 - Non, non. - Il était pour quoi alors ?
00:58:27 - Almarbrou ne faisait qu'accomplir son devoir.
00:58:30 Il ne faisait pas de tourisme, il se battait pour la cause de son pays.
00:58:34 Pour assassiner Almarbrou, le service secret israélien prépare un dispositif d'envergure.
00:58:44 Dès son atterrissage à Dubaï, le Palestinien sera pris en filature par un agent positionné à l'aéroport.
00:58:54 Une autre équipe prendra le relais jusqu'à l'hôtel de la cible,
00:58:57 où l'attendra un troisième commando chargé de l'empoisonner dans sa chambre.
00:59:02 Le 19 janvier 2010, c'est le Jean-G.
00:59:12 Pour brouiller les pistes, les membres de l'unité du Mossad, munis de faux passeports,
00:59:21 décollent de plusieurs aéroports européens.
00:59:23 Au total, une vingtaine de personnes.
00:59:30 Tous convergent vers Dubaï.
00:59:49 Sur ces images de vidéosurveillance, on les voit passer le poste de filtrage.
00:59:53 Comme prévu, Almarbrou est suivi par un espion israélien.
01:00:01 C'est cet homme, quelques mètres derrière lui, portable visse à l'oreille.
01:00:15 Une filature implacable, de l'aéroport jusqu'à la chambre d'hôtel.
01:00:19 Dans le hall, alors que la cible s'enregistre à la réception,
01:00:36 un agent déguisé en tennis man, ici en polo blanc, le surveille de près.
01:00:40 Quelques mètres plus loin, l'un de ses collègues observe à la scène.
01:00:45 Le cadre du Hamas se dirige vers l'ascenseur, les deux joueurs de tennis sont sur ses talons.
01:00:49 Pour repérer le numéro de sa chambre, le plus grand des deux agents le suit dans le couloir.
01:00:59 Tout est filmé.
01:01:10 Ils ont choisi un mode opératoire très compliqué pour tuer Almarbrou.
01:01:15 Ils ont choisi de l'approcher, d'aller à son contact physique.
01:01:21 Et en plus, ils l'ont fait dans un endroit truffé de caméras.
01:01:25 16h23, après un passage dans sa chambre, le responsable du Hamas ressort de l'hôtel
01:01:32 et part faire un tour dans le centre de Dubaï.
01:01:36 L'unité du Mossad est coordonnée par cet homme, Chauve, voyageant sous passeport français.
01:01:40 Dès le début de l'opération, l'un des membres de son équipe a profité d'un passage aux toilettes
01:01:46 pour mettre une perruque et changer d'apparence.
01:01:49 Vers 17h, deux nouveaux agents arrivent à la chambre.
01:02:01 Vers 17h, deux nouveaux agents du Mossad se dirigent à leur tour vers l'ascenseur qui desserre les étages.
01:02:06 Ils se positionnent à l'intérieur de la chambre 237, située en face de celle d'Almarbrou.
01:02:12 Deux minutes plus tard, une seconde équipe chargée de sacs volumineux prend à son tour l'ascenseur.
01:02:17 Ce binôme doit pirater la serrure électronique de la chambre 230, la chambre d'Almarbrou.
01:02:24 Pendant ce temps-là, un cinquième agent fait le guet sur le planchon.
01:02:29 Un cinquième agent fait le guet sur le palier, tenant à distance les autres clients de l'hôtel.
01:02:33 Il est 17h15, les tueurs viennent d'entrer secrètement à l'intérieur de la chambre d'Almarbrou.
01:02:40 Ils attendent son retour.
01:02:42 20h24, le cadre du Hamas revient à l'hôtel.
01:02:57 Ce sont les dernières images de lui vivant.
01:02:59 À l'intérieur de sa chambre, les tueurs du Mossad.
01:03:03 Après l'avoir ceinturé, ils lui injectent de force un relaxant neuromusculaire.
01:03:08 La mort aura les apparences d'un décès naturel.
01:03:11 Peu à peu, ses muscles se paralysent, son agonie dure de longues minutes.
01:03:17 C'est une mort terrible.
01:03:21 Vous ne pouvez plus respirer alors que vous êtes parfaitement conscient, et vous allez mourir.
01:03:26 Vous suffoquez, vous essayez de respirer, vous ne pouvez plus marcher, vous ne pouvez pas parler, vous ne pouvez pas crier, vous ne pouvez rien faire.
01:03:32 C'est un vrai cauchemar, la pire mort que vous puissiez imaginer.
01:03:35 L'opération est terminée.
01:03:42 Les tueurs du Mossad se pressent hors de l'hôtel.
01:03:45 Objectif, quitter Dubaï au plus vite.
01:03:53 Destination, l'Europe, l'Afrique, l'Asie.
01:03:58 Une mission presque parfaite, c'était compter sans l'intuition des policiers de Dubaï.
01:04:05 Intrigués par le décès brutal du Palestinien, ils analysent quatre jours plus tard les bandes de vidéosurveillance de l'hôtel.
01:04:12 Elles vont leur permettre d'identifier les agents du Mossad.
01:04:20 Les enquêteurs vont même découvrir que pour rentrer illégalement à Dubaï, les Israéliens ont eu recours à des faux passeports, notamment français, australien et anglais.
01:04:28 L'affaire, qui devait rester secrète, va devenir un scandale planétaire.
01:04:33 Les agents du Mossad, les services secrets israéliens, sont fortement soupçonnés d'avoir assassiné à Dubaï l'un des chefs de la branche armée du Hamas.
01:04:49 Les photos d'identité pourraient être celles des assassins qui ont sans doute déjà pris la fuite, et probablement que certains d'entre eux ont déjà changé d'apparence.
01:04:58 Trois membres du commando suspectés par la police de Dubaï auraient voyagé en utilisant des passeports australiens.
01:05:05 Amateurisme, impréparation, dans la presse les commentaires sont parfois sévères contre le Mossad.
01:05:14 Certains parlent même d'une bande de pionniclés.
01:05:18 De médiatique, la crise va devenir diplomatique.
01:05:21 Je dis la condamnation sans appel de la France de ce qui n'est rien d'autre qu'un assassinat.
01:05:37 Le fait que cet acte soit commis par un pays ami avec lequel nous entretenons de véritables relations diplomatiques et commerciales, c'est une humiliation.
01:05:49 Si jamais des passeports australiens ont été utilisés dans le but de commettre un assassinat, alors nous serions profondément choqués.
01:06:04 Sur le plan politique, la mission de Dubaï est clairement un échec.
01:06:09 Les agents du Mossad auraient même tous été identifiés.
01:06:12 Les espions pouvaient-ils ignorer que l'hôtel était truffé de caméras de surveillance ?
01:06:17 Sur cette image, on voit pourtant cet agent du commando repérer l'une des caméras de l'hôtel.
01:06:23 Je suis convaincu que l'une des choses à laquelle ils ont pensé c'est "que faire si les caméras de surveillance nous voient ?"
01:06:34 Pour ce problème, la réponse a été.
01:06:37 Premièrement, l'opération sera faite de telle sorte qu'ils ne sauront jamais qu'il y a eu une opération.
01:06:44 Ils trouveront le corps de la victime et penseront que c'est juste une crise cardiaque.
01:06:50 Ils n'auront aucune raison de vérifier les caméras de surveillance.
01:06:56 Maintenant, si ça se passe mal, ce qui est peu probable mais peut arriver, et que du coup ils regardent les caméras de surveillance, trouvons une solution à ça.
01:07:08 Alors les agents ont mis des chapeaux, des lunettes de soleil, des barbes, comme ça si la sécurité regarde les images, ils ne nous identifieront pas.
01:07:22 J'en suis certain, parce que je sais à quoi je ressemble avec et sans ma barbe.
01:07:27 En clair, dès le départ, et notamment sur les photos de leur passeport, les agents du Mossad auraient tous été maquillés.
01:07:34 Objectif, ne pas être identifiés.
01:07:37 Faux nom, faux nez, faux sourcils, fausse barbe, au cours de notre enquête, nous avons pu rencontrer un second témoin qui confirme cette hypothèse.
01:07:49 En marge de son métier de maquilleur de mode à Tel Aviv, Yarin Sharaf déguise depuis près de 18 ans les espions des services secrets israéliens.
01:07:57 Pour la première fois, il parle publiquement de sa collaboration régulière avec le Mossad.
01:08:02 Pour nous accorder cette interview, Yarin Sharaf affirme avoir reçu un feu vert officiel.
01:08:14 Même si je suis accrédité défense, j'essaie dans mon travail de ne pas trop en savoir.
01:08:19 Je veux juste connaître ce qui concerne le pays ou le milieu dans lequel les agents sont envoyés.
01:08:25 Et je ne veux pas mettre mes interlocuteurs mal à l'aise en les obligeant à parler.
01:08:30 Moins on en sait, mieux c'est.
01:08:34 Si on maquille quelqu'un qui se rend dans un pays musulman, il est témoin d'une situation très difficile.
01:08:42 Par exemple, si on se rend dans un pays musulman, il est évident que cette barbe, par exemple, convient pour ressembler à un religieux.
01:08:49 Bon, là, en l'occurrence, moi, ça ne me va pas du tout.
01:08:57 Moi, ce qui m'intéresse, c'est de faire ce qui convient, c'est-à-dire de faire un maquillage spécifique au pays dans lequel les agents vont se rendre.
01:09:09 Yarin Sharaf le sait, de la qualité de son travail dépend la sécurité des agents.
01:09:14 Il faut bien comprendre que ce n'est pas de la rigolade.
01:09:19 Pour moi, ce n'est rien de coller une barbiche.
01:09:21 Mais pour eux, c'est leur vie qui est en jeu.
01:09:24 Sur l'opération de Dubaï, le maquilleur affirme ne pas être impliqué.
01:09:28 Impossible pour nous de le vérifier.
01:09:30 Mais les méthodes utilisées par le commando, comme rentrer dans les toilettes pour mettre une perruque,
01:09:38 Yarin Sharaf les connaît par cœur.
01:09:40 C'est précisément ce qu'il enseigne aux agents du Mossad depuis le milieu des années 90.
01:09:45 Je peux leur apprendre à avoir 6 ou 7 apparences.
01:09:55 La personne doit pouvoir en très peu de temps changer d'apparence.
01:10:00 Si je lui donne une colle spéciale, je dois lui donner aussi le moyen de l'enlever en quelques secondes.
01:10:07 Il faut que ce soit à 100% naturel.
01:10:10 Mais aussi, il faut que la personne soit totalement capable de changer de look.
01:10:14 Et le plus rapidement possible.
01:10:17 Selon Yarin Sharaf, le Mossad refait même parfois la dentition de ses agents.
01:10:24 Technique sans doute elle aussi utilisée par quelques-uns des 20 agents envoyés à Dubaï en janvier 2010.
01:10:34 Modifier la dentition, c'est plus rare.
01:10:37 On peut changer toute la plaque dentaire.
01:10:39 On travaille là-dessus avec un dentiste.
01:10:41 On crée une empreinte de la bouche de l'agent, avec un moule comme celui-ci.
01:10:45 Et ensuite on met d'autres dents.
01:10:48 A la fin de ses formations, le maquilleur fait passer un ultime examen aux nouveaux espions.
01:10:55 A la fin de la formation avec mon équipe, nous faisons un dernier test.
01:11:03 L'agent se maquille et va voir sa mère ou son père.
01:11:06 Et s'ils ne le reconnaissent pas, alors c'est réussi.
01:11:10 Plus de 3 ans après l'opération de Dubaï, la majorité des Israéliens sont convaincus que c'est bien le Mossad qui était derrière.
01:11:20 Et certains d'entre eux en sont même très fiers.
01:11:24 Pour le public israélien, c'est un succès.
01:11:29 Le méchant est mort, l'opération est réussie, les agents sont sortis du pays.
01:11:34 C'est même un objet de fierté nationale.
01:11:38 Lors de la fête d'Halloween en Israël, quelques mois plus tard,
01:11:43 des gens se sont déguisés en joueurs de tennis armés de pistolets, comme les agents dans l'hôtel de Dubaï.
01:11:50 En Israël, une majorité de l'opinion publique soutiendrait cette politique d'assassinat ciblée du Mossad.
01:11:59 Une politique qui conduit les agents israéliens à parcourir le monde depuis 40 ans pour éliminer un par un les principaux ennemis d'Israël.
01:12:07 Mais cette stratégie est-elle vraiment efficace ? Pas sûr.
01:12:16 L'assassinat d'Almar Brou, par exemple, suspecté d'avoir approvisionné le Hamas en armes, n'aurait pas vraiment fragilisé le mouvement islamiste.
01:12:25 Selon les statistiques dont je dispose, l'assassinat d'Almar Brou n'a rien changé au nombre de roquettes et d'armes envoyées depuis l'Iran via le Soudan et la Syrie vers Gaza.
01:12:39 Je suis sûr que le Hamas était furieux de sa mort, qu'il a fallu chercher quelqu'un pour le remplacer, mais au final, ça n'a rien changé.
01:12:50 Aujourd'hui, même la décision d'assassiner le numéro 2 de l'OLP à Tunis en 1988 continue à faire débat.
01:12:56 La mort d'Abu Jihad a-t-elle vraiment permis d'affaiblir l'OLP d'Arafat ou finalement a-t-elle renforcé la colère des Palestiniens ?
01:13:04 Ancien patron du Shin Bet dans les années 90, Ami Ayalon a lui-même ordonné de nombreuses éliminations de Palestiniens dans la bande de Gaza.
01:13:18 Aujourd'hui retraité, il avoue avoir des doutes sur l'utilité d'avoir éliminé Abu Jihad.
01:13:23 Sur le plan opérationnel, Abu Jihad c'était une opération ciblée, parfaite.
01:13:31 Mais bon, nous tuons un homme, soyons un peu prudents quant à ce sentiment de perfection face à un acte qui se termine tout de même par la mort d'un homme.
01:13:45 Mais cela a-t-il oui ou non changé le comportement du mouvement palestinien ?
01:13:49 En fin de compte, on peut conclure une chose.
01:13:52 En 1988, après la mort d'Abu Jihad, le mouvement palestinien a été battu, pas défait, seulement battu.
01:14:01 En fait, nous gagnons toutes les batailles, mais nous perdons la guerre.
01:14:05 Fallait-il vraiment tuer Abu Jihad ?
01:14:13 Même parmi les agents qui ont participé à la traque du numéro 2 de l'OLP, comme son profiler, le doute s'est installé.
01:14:20 Il méritait de mourir.
01:14:26 Mais je crois que s'il était parmi nous aujourd'hui, il serait l'un des leaders importants à qui on pourrait parler.
01:14:34 C'était un homme d'honneur.
01:14:41 Il était un homme d'honneur.
01:14:42 Rafi Ettan a lui aussi servi sous le drapeau israélien durant de nombreuses années.
01:14:48 En 1960, c'est lui qui capture le nazi Adolf Eichmann caché en Argentine.
01:14:53 Par la suite, il mène de multiples opérations pour le comte du Mossad.
01:14:58 Rafi Ettan préfère parler de prévention ciblée plutôt que d'assassinat quand il s'agit d'abattre un ennemi d'Israël.
01:15:05 Est-ce que c'est efficace selon vous ?
01:15:10 Non, ça n'arrête pas le terrorisme.
01:15:12 Mais ça ralentit les attaques.
01:15:18 Ça ne fait que ralentir ?
01:15:24 Oui, ça ralentit seulement. Ça n'arrête pas le terrorisme.
01:15:28 Grâce à ce type d'opération que moi j'appelle de la prévention ciblée, on peut espérer réduire le nombre d'attaques du camp d'en face.
01:15:39 On peut passer de 10 attaques par an à une seule, peut-être deux.
01:15:43 "Celui qui vient te tuer, lève-toi et tue-le" dit l'ancien proverbe hébreu.
01:15:52 En 1997, Mishka Ben David a tenté d'appliquer ce commandement à la lettre, mais il a échoué.
01:15:59 Raleb Meshal, certes ressuscité par le Mossad, est revenu de la mort plus populaire que jamais.
01:16:06 L'échec de l'opération l'a rendu plus populaire. Il était l'un des responsables du Hamas à l'époque et il l'est toujours.
01:16:13 Je ne pense pas qu'il ait changé, il est seulement plus populaire aujourd'hui.
01:16:17 La Palestine et le peuple palestinien sont victimes depuis très longtemps de nombreuses injustices.
01:16:24 Les tentatives d'assassinat du Mossad font partie de ces injustices commises par Israël.
01:16:33 Aujourd'hui, je n'ai rien à dire à ceux qui ont essayé de me tuer.
01:16:38 La survie de mon peuple est bien plus importante que ma propre vie.
01:16:44 Il faut bien comprendre que lorsqu'on est fidèle à une cause, il faut savoir se sacrifier pour cette cause que l'on défend.
01:16:53 Pour les Palestiniens, chaque nouvelle victime du Mossad est une nouvelle occasion pour appeler à la guerre contre Israël.
01:17:03 Commence le jour de janvier 2010, quand Raed Meshal se recueille devant la dépouille d'Almar Brou, assassiné quelques jours plus tôt à Dubaï.
01:17:28 Pour chaque élimination par le Mossad, combien de candidats supplémentaires aux martyrs du côté du Hamas ?
01:17:33 Combien de haine injectée à nouveau dans les esprits palestiniens ?
01:17:37 Plus combattante que jamais, la veuve d'Abou Djihad n'oubliera jamais pourquoi ni comment son mari est mort.
01:17:50 Nous étions en guerre contre eux, et nous le sommes encore, et nous le saurons jusqu'à ce qu'on libère la Palestine et qu'on reconnaisse enfin l'Etat palestinien.
01:17:58 Et on n'oubliera jamais nos martyrs.
01:18:00 Au cours de ces opérations, comme la plupart des services secrets, le Mossad bafoue régulièrement les règles du droit international, la loi du talion pour principe.
01:18:11 Mishka Ben David, lui, aurait préféré ramener devant un tribunal les alliés qu'il a traqués.
01:18:20 Il est toujours préférable d'amener des types comme ça devant la justice.
01:18:25 Vraiment ?
01:18:27 Oui.
01:18:28 Mais dans tous les cas que je connais, c'était soit impossible, soit trop compliqué.
01:18:36 Parce que si le premier ministre me dit "je veux le kidnapper et je veux l'emmener devant un tribunal", combien de temps ça va vous prendre ?
01:18:48 Je n'ai aucune idée.
01:18:50 Il faudrait que je le kidnappe chez lui, que je l'endorme, que je le mette dans une planque, que j'amène une boîte pour le mettre dedans, et enfin que je l'exfiltre vers Israël.
01:19:02 Une opération complètement folle.
01:19:05 Impossible ?
01:19:07 Non, pas impossible, mais complètement folle.
01:19:13 Comme un aimant, le Mossad attire désormais à lui tous les soupçons à chaque disparition mystérieuse au Proche-Orient.
01:19:19 Dernière grande interrogation. L'État hébreu a-t-il assassiné Yasser Arafat ?
01:19:25 Monsieur Yasser Arafat, président de l'autorité palestinienne, est décédé à l'hôpital d'institution des armées militaires de Paris.
01:19:37 En 2004, le leader palestinien meurt dans un hôpital de la région parisienne des suites d'une maladie énigmatique.
01:19:43 Dans les territoires palestiniens, le Mossad est immédiatement soupçonné.
01:19:48 Car pendant de nombreuses années, le nom d'Arafat aurait figuré sur la fameuse liste des ennemis d'Israël à assassiner.
01:19:55 Arafat a été à plusieurs reprises sur la liste, puis retiré de la liste des cibles à éliminer.
01:20:04 Pendant les dix premières années de l'OLP, les années 70, il était sur la liste.
01:20:09 Ils n'ont pas réussi à le tuer, mais il était sur la liste.
01:20:13 En juillet 2012, huit ans après le décès d'Arafat, un laboratoire de Lausanne annonce avoir trouvé sur ses vêtements des traces de polonium, un produit radioactif potentiellement mortel.
01:20:25 Les soupçons contre le Mossad se renforcent.
01:20:29 Pour procéder à de nouvelles analyses, au mois de novembre 2012, le corps du chef historique de l'OLP est exhumé.
01:20:35 Les résultats seront bientôt connus.
01:20:38 Pour le journaliste Ronen Bergman, le Mossad n'aurait rien à voir avec la mort d'Arafat.
01:20:44 Il a été examiné par les meilleurs médecins français.
01:20:56 Quand vous regardez les rapports médicaux français, vous voyez qu'ils ont beaucoup cherché, mais qu'ils ne sont arrivés à aucune conclusion.
01:21:06 Mais en ce qui me concerne, je pense que les Palestiniens n'ont pas besoin de ces résultats.
01:21:15 Ils sont convaincus que c'est Israël qui l'a tué.
01:21:21 Vous pensez que le Mossad a tué Arafat ?
01:21:24 Bien sûr.
01:21:25 Vous en êtes sûr ?
01:21:26 J'en suis sûr. J'ai accusé Israël dès la première seconde.
01:21:30 Israël est responsable de la mort de Yasser Arafat, sans aucun doute.
01:21:35 Mais vous avez des preuves ?
01:21:36 Non, je n'ai pas de preuves. Mais c'est ma conviction, celle de l'autorité palestinienne, du FATA, des Palestiniens, du Hamas, que Yasser Arafat est mort empoisonné.
01:21:46 Israël serait-il allé jusqu'à empoisonner le chef historique des Palestiniens ?
01:21:53 Rien ne le prouve à ce jour.
01:21:55 Même si sept mois avant la mort d'Arafat, le Premier ministre Ariel Sharon avait lâché une phrase quelque peu étrange à la télévision israélienne.
01:22:03 À la question « Comptez-vous mettre fin à la vie de Yasser Arafat ? », voilà ce que Sharon répondait.
01:22:09 J'avais promis à George Bush, lors de notre premier entretien il y a environ trois ans, que j'acceptais sa demande de ne pas porter atteinte à la vie de Yasser Arafat.
01:22:22 Je ne me sens plus tenu par cette promesse.
01:22:25 Six mois et vingt-trois jours après cette déclaration d'Ariel Sharon, Arafat décédé, déçue de sa mystérieuse maladie.
01:22:34 Un jour peut-être, des analyses ou des témoignages permettront de savoir si le chef historique des Palestiniens a été victime lui aussi du fameux proverbe hébreu « Lève-toi et tue-le ».
01:22:52 À suivre...
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