• l’année dernière
Hadjira, 44 ans, a été tuée le 21 juillet dernier, poignardée plusieurs fois. Son marie a été mis en examen pour "meurtre sur conjoint" et a été placé en détention provisoire. Pourtant, Hadjira avait porté plainte et fait part de ses inquiétudes à la police. Pour Pauline Longier, avocate de la famille d'Hadjira, "la justice française doit des comptes à la famille". 

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Transcription
00:00 Exactement, à plusieurs reprises, elle a alerté la justice,
00:02 elle a alerté la police, elle était dans les radars de la justice,
00:07 elle devait pouvoir être protégée de ce féminicide annoncé
00:10 et rien n'a été fait.
00:11 Donc c'est effectivement épouvantable.
00:13 Pour la famille d'Adjira, c'est une épreuve terrible,
00:17 un sentiment d'injustice profond.
00:19 Et aujourd'hui, la justice française doit des comptes à la famille d'Adjira.
00:24 Comment on explique une décision d'un juge des affaires familiales,
00:28 cette décision alors qu'il y avait des témoignages de proches ou encore d'associations ?
00:32 Effectivement, vous avez raison, il y avait de nombreux éléments
00:35 à l'appui des demandes d'Adjira d'être protégée.
00:37 Cette décision, elle est multifactorielle, à mon sens.
00:41 Il y a effectivement un problème de formation des juges sur ce sujet précis.
00:46 Là, il y avait une situation de contrôle coercitif
00:48 qui n'a pas été décelée par le magistrat et qui était pourtant assez évidente.
00:53 Une femme qui est en situation irrégulière du fait de son époux
00:58 qui signale la rupture de la vie commune et l'empêche de renouveler ses papiers.
01:02 Vous pensez que c'est à cause de ça ?
01:04 Évidemment, ça joue parce que...
01:07 C'est très grave si c'est à cause de ça.
01:09 Ce n'est pas à cause de ça.
01:10 Ce n'est pas parce qu'elle est en situation irrégulière
01:11 que l'ordonnance de protection lui est refusée.
01:13 Simplement, c'était un indice.
01:15 Cette situation irrégulière à cause de son époux qui l'empêche de renouveler son titre,
01:18 c'est un indice du contrôle qu'il exerce sur elle.
01:21 En la mettant dans cette situation de vulnérabilité.
01:23 Donc c'est un premier indice à côté duquel le magistrat passe.
01:27 Deuxième indice.
01:28 Elle explique, alors là c'est par exemple au moment de sa plainte au commissariat,
01:32 plainte qui est remise au magistrat.
01:34 Elle explique qu'elle est captive chez les parents de son conjoint.
01:39 Cette phrase, elle figure dans la plainte.
01:41 Entre parenthèses, il y est écrit "je ne pouvais pas sortir
01:44 et je ne pouvais me rendre chez le médecin".
01:46 Aucune question n'est posée.
01:48 Cette phrase qui est dramatique, qui en dit très long
01:51 sur la situation de dépendance, de contrôle total dans laquelle elle se trouve.
01:55 Cette phrase, elle est laissée sans aucune question, sans aucune suite.
02:00 Et le magistrat, le juge aux affaires familiales,
02:02 ne reviendra pas non plus sur cette phrase.
02:05 Troisième indice de contrôle coercitif, c'est les enfants.
02:08 C'est-à-dire qu'elle est empêchée de voir son fils aîné depuis plusieurs mois.
02:12 Et c'est aussi là une situation que le juge aux affaires familiales ne décèle pas.
02:15 Et tout cela, c'était une situation de contrôle coercitif.
02:18 Et encore une fois, le contrôle coercitif,
02:20 dans 99% des féminicides, il précède le drame.

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