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Cyclisme - Reportage/Document - 1979 -
Mai 1979 -
Comm FRA

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Sport
Transcription
00:00 Je me sens assez bien, mais pas encore en très grande forme.
00:02 Je suis beaucoup mieux qu'il y a un mois, par exemple.
00:05 Je fais beaucoup de progrès, mais malheureusement,
00:07 je ne pense pas être encore en mesure de pouvoir prétendre
00:09 remporter le Giro, parce que c'est,
00:12 bien qu'on dise qu'il sera assez facile cette année,
00:14 ce sera quand même une course difficile.
00:16 Je pense qu'il me manque surtout de la compétition.
00:18 Je n'ai pas couru depuis le mois d'août l'an dernier.
00:21 Je n'ai peut-être pas assez couru en ce début de saison.
00:24 Ce qui fait que je suis un petit peu en retard dans mes prévisions.
00:27 Je crois que dans notre équipe Peugeot,
00:29 il y a des garçons qui sont certainement plus aptes que moi pour l'instant.
00:32 - Mais alors vous, vous êtes souvent battu précisément
00:34 par des hommes que vous avez dominés il y a peu de temps.
00:38 Est-ce que ça ne vous fait pas un peu mal?
00:39 Comment le ressentez-vous?
00:41 - Ça ne fait pas mal.
00:43 Tout dépend des objectifs que l'on s'est fixé.
00:45 Si pour l'instant, je ne suis pas encore fixé de grands objectifs,
00:49 parce que justement, je pensais que je vais mettre assez longtemps
00:53 pour retrouver le coup de pédale après un arrêt de plusieurs mois.
00:58 Et évidemment, lorsqu'on est dans une côte ou dans un col comme autour de Romandie
01:04 et qu'on se retrouve placé derrière des hommes qu'on avait l'habitude de lâcher,
01:08 ça donne peut-être un peu un coup moral.
01:10 Mais je crois que finalement, il faut être patient et il faut attendre un petit peu.
01:14 C'est ça surtout.
01:15 - Alors franchement, votre fort intérieur, pensez-vous redevenir tout de même l'homme que vous avez été?
01:21 - De toute façon, il y a un proverbe qui dit "on ne peut pas être et avoir été".
01:24 Je crois que c'est assez difficile.
01:26 J'ai 31 ans et je crois qu'à partir de cet âge-là,
01:31 on ne peut pas dire qu'un coureur puisse être en aussi bonne forme qu'à 27 ou 28 ans.
01:37 Évidemment, on dirait il y a le cas Poulidor, mais c'est un cas exceptionnel.
01:41 Ce que j'espère, c'est quand même pouvoir revenir en assez bonnes conditions
01:44 pour avoir encore une place dans l'élite du cyclisme français.
01:48 - Oui, alors avec tout ce tapage qui a été fait dans la presse,
01:51 ne pensez-vous pas avoir un petit peu une nuit au cyclisme?
01:55 Avoir un peu trahi votre milieu, non?
01:58 - Je pense que si cet article dont vous parlez,
02:02 "un nuit au cyclisme", vous trahit un peu le milieu, ce n'est pas tellement de ma faute.
02:06 Parce que je crois que beaucoup de gens ont voulu faire du sensationnel
02:10 autour de quelque chose qui finalement n'était peut-être pas aussi sensationnel que ça.
02:15 Beaucoup de gens savaient plus ou moins ce que j'ai dit.
02:17 Il y a énormément de gens qui le savaient.
02:19 Disons que c'est la façon dont ça a été annoncé, dont ça a été révélé.
02:22 Et puis en plus, beaucoup de gens ont mélangé ce que j'ai dit moi avec ce qu'a dit Pierre Chani,
02:29 le journaliste qui a écrit l'article.
02:31 Je crois que c'est ça surtout qui a nuit.
02:33 Parce que l'article a été très mal interprété.
02:35 Il a surtout été interprété de la façon du scandale.
02:37 C'est une chose qu'on m'a fait antérieure, j'aimerais bien oublier,
02:40 parce que ce n'est pas du tout passé comme je le pensais.
02:44 - Alors si vous échouez maintenant autour d'Italie, allez-vous vous mettre un terme dans votre carrière?
02:48 - Tout dépend de ce que vous entendez par "échouer".
02:51 Pour moi, si je pouvais arriver à remporter une étape dans ce tour d'Italie,
02:55 je serais très heureux.
02:57 C'est un peu mon objectif.
02:59 - Malgré tout, avez-vous pensé à votre reconversion?
03:02 - Je crois que c'est une chose à laquelle il faut penser à partir de 30 ans.
03:06 Et pour l'instant, j'y ai songé un petit peu.
03:09 Et puis, j'ai déjà vu que dans le peloton des suiveurs, des directeurs sportifs,
03:14 justement aujourd'hui, j'ai compté, je crois qu'il y a 12 ou 13 coureurs avec qui j'ai couru qui sont maintenant directeurs sportifs.
03:20 - Quel bilan pouvez-vous faire à l'heure actuelle?
03:24 Bilan d'homme, par exemple?
03:26 - Je pense que le cyclisme m'a apporté beaucoup sur le plan social et le plan humanitaire.
03:31 Il m'a permis de sortir de chez moi, de ma modeste condition.
03:35 Il m'a permis de connaître beaucoup de gens, de connaître beaucoup de monde.
03:39 Je pense que c'est un des points positifs les plus importants.
03:42 - Autrement dit, on ne vous trouve pas blasé. Vous êtes encore très optimiste.
03:49 - Autre optimiste, peut être optimiste, disons.