Que pensez-vous du remaniement gouvernemental ? - Débat

  • l’année dernière
Avec Arnaud Benedetti, Professeur associé à l'Université Paris-Sorbonne, rédacteur en chef de la revue politique et parlementaire et Jean Garrigues, Universitaire français et spécialiste d’histoire politique

aux éditions (Lavauzelle)

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##LE_PETIT_DEJ_DE_L'ACTU-2023-07-21##
Transcript
00:00 Le Grand Matin était Sud Radio 7h10h, Benjamin Gleize, Laurie Leclerc.
00:05 Sud Radio 9h07 et on ouvre les débats avec le remaniement.
00:11 Hier Emmanuel Macron également qui s'exprime ce matin à 11h.
00:14 Alors qu'attendre de cette déclaration du Président ?
00:17 Que pensez-vous du profil du nouveau gouvernement ?
00:19 Et cette question, que retenez-vous du remaniement gouvernemental ?
00:23 Entre les départs de Papendia et celui de Marianne Schiappa,
00:26 l'entrée au gouvernement d'Aurore Berger,
00:28 ou bien la promotion de Gabriel Attal,
00:30 et bien en grande majorité, vous retenez, le départ de Papendia.
00:34 Et on en débat avec nous aujourd'hui, Arnaud Benedetti,
00:37 professeur associé à l'Université Paris-Sorbonne,
00:40 rédacteur en chef de la revue Politique et Parlementaire, bonjour.
00:43 - Bonjour.
00:44 - Et Jean Garrigue, universitaire français et spécialiste d'histoire politique, bonjour.
00:48 - Bonjour.
00:49 - Bonjour, messieurs, merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio
00:52 pour débattre avec nos auditeurs aussi au 0800 6 300.
00:56 On va se concentrer tout d'abord sur ce qui va arriver là,
01:00 tout prochainement, aux alentours de 11h,
01:02 la prise de parole attendue d'Emmanuel Macron.
01:05 Jean Garrigue, est-ce qu'on est en mesure,
01:08 est-ce qu'on doit attendre quelque chose en particulier de cette prise de parole ?
01:12 Qu'est-ce qu'on peut en attendre ?
01:14 - De toute manière, en premier lieu, une explication des raisons du remaniement,
01:20 même si a priori, il appartient au Premier ministre,
01:24 à la Première ministre d'effectuer le remaniement.
01:27 On sait très bien que sous la Ve République, le président joue un rôle majeur.
01:32 Donc, il faut expliquer.
01:34 Et il faut expliquer en quoi ce remaniement peut être un nouveau départ,
01:39 incarner un nouveau souffle.
01:41 En l'occurrence, on s'aperçoit qu'il n'en est rien,
01:44 que c'est plutôt un remaniement, j'allais dire, technique,
01:48 et je dirais presque même de correction de ce qui ne fonctionnait pas
01:54 dans le précédent gouvernement.
01:56 Donc, il faut expliquer. Il faut expliquer ça.
01:59 Il faut expliquer aussi le bilan,
02:02 ça a été reproché à Emmanuel Macron de ne pas le faire le 14 juillet,
02:06 le bilan de ces fameux 100 jours.
02:09 Et bien, ce qui a été fait, ce qui n'a pas été fait,
02:12 et pourquoi justement il ne s'est pas exprimé le 14 juillet.
02:16 Donc, il y a beaucoup d'éléments d'explication.
02:19 C'est très difficile en revanche d'avoir une dimension prospective
02:24 dans ce discours, parce qu'on ne sait pas très bien où on va.
02:29 Et comme toujours, en l'absence d'une majorité forte à l'Assemblée nationale,
02:36 les réformes de la fin du quinquennat apparaissent hypothétiques,
02:41 en tout cas difficiles à mener.
02:43 Donc, vous voyez, il y aura essentiellement, me semble-t-il,
02:46 une dimension d'explication dans cette intervention.
02:50 - Arnaud Benedetti, de la pédagogie, de l'explication de texte,
02:54 c'est finalement ce qu'il faut attendre, tout simplement,
02:57 de cette prise de parole d'Emmanuel Macron à 11h, tout à l'heure ?
03:00 - Très franchement, moi je ne sais pas ce qu'il faut en attendre.
03:03 Il y a, si vous voulez, cette espèce de passion française aujourd'hui
03:07 de penser que la parole présidentielle, tombant verticalement,
03:13 va soudainement nous éclairer.
03:15 C'est inscrit dans notre histoire, peut-être, c'est inscrit dans notre ADN,
03:20 force est de constater que ça ne fonctionne plus vraiment.
03:23 Et ça fonctionne encore moins aujourd'hui pour Emmanuel Macron
03:26 pour une raison simple, c'est que c'est quelqu'un qui a beaucoup communiqué,
03:30 qui a beaucoup parlé, qui s'est beaucoup exprimé,
03:34 qui devient de moins en moins audible et lisible
03:37 pour un grand nombre de nos compatriotes.
03:40 D'ailleurs, ça a été objectivé dans un certain nombre d'études d'opinion.
03:44 Non, la vraie question, je crois, c'est de savoir, finalement,
03:47 quel est le sens de ce remaniement.
03:50 Mais on le cherche en vain, parce qu'un remaniement, si vous voulez,
03:53 ça doit servir de levier politique pour relancer une machine gouvernementale,
03:58 soit pour redéfinir des orientations politiques en changeant de Premier ministre.
04:02 C'était le cas de François Mitterrand en 1983,
04:05 quand François Mitterrand, finalement, écarte Pierre Moroy,
04:09 après deux ans de mandat, il nomme un nouveau Premier ministre,
04:13 Laurent Fabius, vous savez, ce jeune Premier ministre
04:16 qu'il donne à la France pour reprendre son expression.
04:19 Et ça en vient à objectiver un changement de ligne politique,
04:23 c'est-à-dire l'acceptation de l'Europe,
04:26 le fait que l'on va mener des politiques plus de rigueur sur le plan économique.
04:31 On parlait d'austérité à l'époque. Là, ça avait véritablement un vrai sens politique.
04:35 - Là, si je vous entends bien, en fait, là, on cherche un peu le sens de ce remaniement,
04:40 il n'y en a pas vraiment.
04:41 - Comme l'a dit fort justement Jean Garrigue, c'est un remaniement,
04:47 j'allais dire presque de révision, on révise le moteur,
04:50 donc on va changer un certain nombre de pièces dont on considère qu'elles sont défectueuses.
04:56 D'ailleurs, des pièces qui très souvent ont été défectueuses
04:59 plutôt sur le plan de leur communication.
05:01 Finalement, qu'est-ce qu'on reproche à M. Brown, qu'est-ce qu'on reproche à M. Papendiey,
05:06 c'est des communications maladroites ou finalement des communications inexistantes.
05:11 - Et une certaine discrétion, oui.
05:13 - Et une certaine discrétion, voilà ce qu'il reprochait.
05:15 Mais sur le fond, ce remaniement témoigne en creux vraisemblablement
05:21 du fait que la dynamique macroniste, qui a été une dynamique qui a réussi
05:25 depuis plusieurs années à agréger des gens qui historiquement n'étaient pas avec elle,
05:30 aujourd'hui n'y arrive plus.
05:32 Parce que ce qu'il faut noter quand même dans ce remaniement, me semble-t-il,
05:35 c'est que du côté des lignes droites d'opposition que constituent par exemple les ALR,
05:40 cette fois-ci il n'y a pas de prise de guerre, il n'y a aucune prise de guerre.
05:44 Donc moi je dirais que c'est un remaniement d'attente, c'est un remaniement de transition,
05:48 c'est un remaniement qui vise à gagner du temps dans une période qui est difficile
05:52 parce que l'équation parlementaire, elle, n'a pas changé depuis ce novembre.
05:56 - On va y revenir justement sur cette question-là, à ce niveau Arnaud Bellet-Détier.
06:00 Juste on va au standard 0826-300-300, vous nous appelez, l'aurez avec un auditeur qui est avec nous.
06:06 - Patrick de Fréjus, bonjour. - Bonjour Patrick.
06:09 - Alors pour vous, ce discours d'Emmanuel Macron à 11h, vous n'en attendez pas grand-chose.
06:15 - Bah non, moi je suis à la place, donc je ne vais pas l'écouter malheureusement.
06:18 - Oui pardon, excusez-moi. - Je suis à la place.
06:22 - Non m'attendez, je vais vous dire moi, il n'y a qu'une chose que je retiens dans ce remaniement,
06:29 c'est l'arrivée de Sabrina, je ne sais plus son nom complet, que j'ai vue à C-News.
06:32 C'est une fille, elle me semble sincère et honnête.
06:35 - Oui, qui a ses fortes engueules, Sabrina Grécy à Roubach, qui sera chargée de la ville.
06:43 - Voilà, elle me semble sincère et honnête. Pour le reste, c'est tout pareil.
06:47 C'est tout pareil, je veux dire que vous prenez Pierre, Paul, Jacques, vous les chargez, c'est tout pareil.
06:54 Franchement, la Macronie, elle est sur le même réseau, c'est-à-dire des technocrates, des gens hors-sol,
07:00 des gens qui ont l'ambition, je comprends l'ambition, moi j'étais ambitieux en tant que commercial,
07:04 mais qui sont ambitieux, qui ont les heures en avant, qui font tout ça pour eux d'abord,
07:09 et puis peut-être pour les Français d'abord pour eux, donc moi j'attends rien du tout.
07:13 - Seule cette dame que j'ai trouvé honnête quand je l'ai vue à CNews, elle avait l'air de bien défendre ce qu'elle est.
07:19 - Qui est proche du couple Macron. - Oui, j'ai vu ça, on verra bien si elle va rester proche.
07:25 - On verra ce qu'elle donne en tout cas, c'est vrai qu'on parlait de discrétion,
07:29 on verra peut-être qu'on entendra davantage parler d'elle, effectivement.
07:33 Merci beaucoup Patrick, et bonne plage ! - Excusez-moi, je vais à la plage là maintenant, excusez-moi.
07:38 - On a bien compris, continuez d'écouter sur une radio, n'hésitez pas, mettez le volume à fond pour les voisins.
07:45 Bon allez, justement on retrouve nos invités un peu plus de sérieux, Arnaud Benedetti,
07:50 on l'entendait là, effectivement Patrick, il n'attend pas grand-chose de ce discours d'Emmanuel Macron.
07:55 Une autre question qui se pose également, vous le disiez alors à l'instant,
08:00 c'est le fait que finalement on est un peu dans un romaniment, faute de mieux,
08:05 on attend la rentrée parlementaire, ça va être très compliqué, l'idée c'est quoi ?
08:09 C'est que s'il y a le risque de motion de censure, c'est toujours mieux de garder Elisabeth Borne et un gouvernement presque en l'état ?
08:15 - C'est-à-dire qu'il faut revenir un peu à la jeunesse de cette fameuse séquence des 100 jours.
08:21 Quand Emmanuel Macron parle des 100 jours pour l'apaisement,
08:26 il fixe implicitement un cadre à sa première ministre,
08:30 qui consiste à retisser le lien avec une opinion rétive à la réforme des retraites, il faut s'en souvenir,
08:37 mais aussi à essayer d'élargir peut-être la base parlementaire de la majorité.
08:45 Force est de constater qu'après un certain nombre de discussions, de négociations,
08:51 Mme Borne n'y est pas parvenue, mais pour autant elle n'a pas démérité,
08:56 parce que d'une certaine façon elle a conduit la feuille de route pour laquelle elle était missionnée par le président de la République.
09:05 Ce qui explique son maintien au gouvernement,
09:08 ce qui explique son maintien à Matignon,
09:11 mais le fait qu'elle n'ait pas parvenu d'une certaine manière à desserrer l'étau parlementaire,
09:16 qui est quand même un vrai problème structurel dans la législature.
09:20 Donc qu'est-ce qu'il faut en attendre ? Il faut en attendre vraisemblablement un gouvernement qui va continuer à caboter au niveau du Parlement,
09:26 en essayant de faire adopter au fil de l'eau un certain nombre de textes,
09:30 en essayant de trouver des majorités de circonstances.
09:33 Ça sera compliqué, parce que les LR semblent à ce stade durcir un peu leur position,
09:38 quand on les entend notamment sur le budget, mais également sur l'immigration.
09:42 Je pense que les discussions budgétaires et la discussion du projet de loi immigration,
09:46 lorsque celui-ci sera en état d'être discuté, constitueront des juges de paix pour le gouvernement de Mme Borne.
09:52 Arnaud Bénédetti, réctor en chef de la Revue politique et parlementaire, vous restez avec nous.
09:57 On retrouve aussi dans un instant Jean Garrigue, universitaire français spécialisé en histoire politique.
10:01 Pour poursuivre le débat, vous nous appelez également, vous 0826 300 300,
10:06 pour réagir à ce remaniement, petit, mini remaniement.
10:10 Quel sens lui donner ? Vous nous appelez 0826 300 300, à tout de suite sur Sud Radio.
10:14 Benjamin Gleize, Laurie Leclerc.
10:17 Sud Radio, 9h19, et on poursuit les débats.
10:20 Le remaniement du gouvernement annoncé hier, va-t-il changer quelque chose à la ligne politique du président Macron ?
10:26 Que doit-on en attendre ? On en débat avec Arnaud Bénédetti, professeur associé à l'université Paris-Sorbonne,
10:32 rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire,
10:35 et avec Jean Garrigue, universitaire français et spécialiste d'histoire politique.
10:38 Jean Garrigue, on a vécu quand même une journée un peu étrange hier.
10:42 Finalement, c'est un communiqué de presse, il est juste avant 20h, qui a officialisé ce remaniement.
10:48 Marlène Schiappa avait déjà pris la parole avant.
10:51 Certains ministres avaient déjà plus ou moins fait savoir aux journalistes ce qu'il en était pour la suite, avant l'officialisation.
10:57 C'est un peu bizarre comment ça s'est passé ce remaniement, on n'avait pas trop l'habitude.
11:02 Ça s'est déjà produit comme ça, sous la 5ème République ?
11:06 Franchement oui, sous la 5ème République, il y a toujours eu des fuites avant les remaniements, des présomptions.
11:13 Ça fait des semaines que les médias bruisent de cet éventuel remaniement.
11:19 Donc là-dessus, moi je ne suis pas fondamentalement choqué, ce n'est pas une nouveauté.
11:25 En revanche, c'est un remaniement dont on a un peu de peine à voir le sens politique,
11:32 et d'ailleurs il n'y a pas véritablement de sens politique, sinon de s'être débarrassé de Papin-Diaye et de François Bronte
11:39 parce qu'on considérait que leur communication n'était pas bonne,
11:42 et de Marlène Schiappa parce qu'elle était prise dans l'affaire des fonds Marianne,
11:47 qui est une affaire d'ailleurs assez étrange et qui va encore suivre son cours.
11:53 Non, la réalité c'est que si on avait voulu faire, et la seule raison de faire un remaniement aujourd'hui,
12:01 et pour qu'il ait un sens politique, ce serait évidemment d'y faire entrer des gens dérépublicains.
12:08 Parce que la seule possibilité pour asseoir une majorité et réformer à terme aujourd'hui pour Emmanuel Macron,
12:18 c'est d'essayer de consolider une forme de majorité à plus ou moins long terme.
12:23 Alors on a parlé d'un contrat de gouvernement, ça paraît très compliqué aujourd'hui,
12:27 mais en tout cas d'essayer, comme le disait Arnaud Bénédicteur, de caboter,
12:32 mais de caboter avec des instruments, je dirais des compas,
12:36 et des choses qui puissent permettre d'aller dans une véritable direction.
12:40 Et c'est la raison pour laquelle, à mon sens, un véritable remaniement aurait pu, ou pourrait, c'est encore possible,
12:47 pourrait avoir lieu par exemple à l'issue des élections sénatoriales en septembre prochain.
12:52 Parce que là, la donne politique sera un peu changée.
12:57 Il est fort probable d'ailleurs que ces élections sénatoriales accroissent encore la majorité des républicains au sein du Sénat,
13:06 amenuisent la représentation de ce qu'on appelle la Macronie,
13:10 et donc que le rapport de force ayant changé, il y ait une nécessité pour Emmanuel Macron de faire plus de concessions aux républicains,
13:18 et donc éventuellement d'enrichir, je dirais, le gouvernement dans une inflexion à droite,
13:24 dont il faut rappeler d'ailleurs que cette inflexion correspond à celle des électeurs.
13:28 La France est de plus en plus à droite, et sur un certain nombre de questions cruciales,
13:33 dont parlait là encore Arnaud, notamment les questions d'immigration ou d'identité.
13:37 Donc si vous voulez un véritable remaniement, à mon sens, viendrait à la rentrée après les élections, notamment.
13:46 Pour l'instant, on est dans une transition, et alors il y a un petit paradoxe quand même,
13:51 c'est que ceux qui sont entrés ou ceux qui sont consolidés, justement,
13:56 ne représentent pas cette ouverture vers les républicains,
14:00 qui pourrait être, je dirais, un élément de renforcement de la position d'Emmanuel Macron et d'Elisabeth Borne.
14:06 - Au contraire, on se resserre vraiment sur ces plus fidèles de la Macronie.
14:11 - On se resserre sur des fidèles de la Macronie. Alors ça, évidemment, une justification,
14:16 qui est une justification technique, on reproche, et à juste titre, à ceux qui sont partis,
14:21 d'avoir très mal communiqué, de n'avoir pas été suffisamment politiques.
14:25 - Venant de la société civile, notamment, et voilà, et pas avoir cette expérience-là.
14:28 Effectivement, avant de redonner la parole à Arnaud Benedetti, on retourne...
14:33 Arnaud Benedetti, oui, vous vouliez ajouter quelque chose, allez-y.
14:37 - Juste, moi, ce que je pense, véritablement, c'est que la question, pour créer un contrat de gouvernement, il faut être deux.
14:43 Et je rejoins, en effet, les propos de Jean Garrigue, c'est-à-dire qu'il y aurait une fenêtre de tir, éventuellement,
14:51 après des élections sénatoriales, qui vont certainement pas changer grand-chose à la donne du Sénat.
14:56 Le problème, c'est de savoir si les républicains, en l'État, d'abord, ont intérêt à nouer un contrat de gouvernement avec Emmanuel Macron,
15:06 mais surtout, la difficulté, c'est qu'ils sont eux-mêmes extrêmement divisés vis-à-vis de cette question.
15:11 Vous avez trois lignes, chez les républicains, pour aller très vite.
15:14 Vous avez une ligne qui est favorable, en effet, à un compromis un peu à l'allemande sur un contrat de gouvernement.
15:20 C'est une ligne qui est défendue, notamment, par l'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy,
15:24 mais aussi par quelqu'un comme Jean-François Copé.
15:27 Vous avez une autre ligne qui est, j'allais dire, plutôt la ligne, aujourd'hui, officielle, celle qui est, finalement, de M. Ciotti.
15:35 On est dans l'opposition, mais on peut, éventuellement, de temps à autre, voter des textes proposés par la majorité,
15:41 comme ça a été le cas lors de la réforme des retraites.
15:45 Et puis, il y a une dernière ligne, qui, elle, est la ligne qui s'est exprimée, notamment, durant le débat sur les retraites,
15:52 qui est une ligne, en l'occurrence, d'opposition ferme, catégorique, déterminée à Emmanuel Macron et à sa majorité.
16:00 Si vous voulez, ces divisions à l'intérieur des Républicains rendent, aujourd'hui, à ce stade, extrêmement difficile une possibilité de contrat de gouvernement.
16:10 Et je crois qu'en effet, le vrai, encore, problème pour Emmanuel Macron, c'est de savoir comment il peut, éventuellement, élargir sa base parlementaire.
16:17 Ça me paraît, à ce stade, extrêmement compliqué.
16:20 Finalement, le gouvernement d'Elisabeth Borne n'est pas maître de son destin,
16:24 parce qu'à tout bout de champ, il est, disons, soumis à la menace, comme d'une épée de Tamotles, d'une motion de censure,
16:32 que toutes les oppositions, à un moment donné, viendraient à voter.
16:35 – C'est clair. Arnaud Beneletti, on retourne au standard 0 826 300,
16:40 parce qu'on a un autre auditeur qui est avec nous.
16:42 – Oui, Simon de Perpignan, bonjour Simon. – Bonjour Simon.
16:45 – Bonjour aux auditeurs.
16:47 Moi, je voulais juste faire une petite intervention, concernant déjà ce remaniement.
16:53 Il s'avère que rien sur le régalien n'a changé, c'est-à-dire que, de toute façon, en sous-entendu,
16:59 ça veut dire que ceux qui occupent ces postes sont parfaitement à leur place, et ont fait tout ce qu'il fallait.
17:04 Bon, là, permettez-moi d'en douter quand même.
17:07 Et ensuite, on voit que les nominations, c'est juste un recentrage des plus fidèles de la première vague,
17:13 que l'LREM, puisque, de toute façon, c'est des gens qui sont les porte-parole du gouvernement,
17:20 de meilleurs communicants, et qui apprennent les éléments de langage par cœur,
17:24 et qui arrivent à ressortir ça sans conviction, mais à le ressortir de telle manière
17:28 à faire croire qu'ils sont convaincus de ce qu'ils disent.
17:31 – On va faire réagir. En tout cas, merci Simon d'avoir été avec nous ce matin sur Sud Radio.
17:37 Jean Garrigue, alors il y avait quelque chose qui était important aussi,
17:40 par rapport notamment à ce que disait Simon, c'est que, au final,
17:44 il y a quand même assez peu de changements sur les postes importants, ministériels importants.
17:49 En gros, l'idée c'est qu'on a passé ce cap des 100 jours, et au final, on garde le cap.
17:55 Le même cap.
17:57 – Il faut reconnaître qu'au terme de la crise des retraites,
18:03 beaucoup pensaient que le sort d'Elisabeth Band était jeté.
18:07 Moi j'ai entendu beaucoup d'observateurs dire "c'est fini pour elle".
18:10 Et finalement, elle a plutôt bien géré cette après-crise des retraites,
18:16 l'objectif ayant été sûrement d'atteindre les vacances.
18:21 Parce qu'on sait très bien qu'à ce moment-là, il y a une sorte de trêve politique.
18:25 Mais c'est vrai aussi que les Français ne sont pas dupes,
18:27 comme l'a indiqué la réaction de votre auditeur.
18:31 Je ne souscris pas à l'idée que ces gens-là n'ont pas de convictions, etc.
18:35 C'est un petit peu plus compliqué que ça, et je ne veux pas tomber dans cette forme d'antiparlémentarisme, d'antipolitisme.
18:42 Mais simplement, c'est vrai qu'on sent très bien qu'on est dans un moment de transition.
18:47 On est dans un moment de transition tout simplement parce que l'équation politique d'aujourd'hui,
18:53 cette tripartition politique, ne peut se résoudre que si, véritablement,
18:59 il y a, je le répète, formalisation d'une alliance avec les Républicains.
19:04 Et c'est vrai, comme le dit Arnaud Bénédict, que de toute manière,
19:07 cette alliance ne pourrait passer si elle voulait vraiment être efficace que par un contrat de gouvernement.
19:13 Et que pour l'instant, la majorité des Républicains n'en veulent pas.
19:16 C'est effectivement une ligne défendue notamment par Nicolas Sarkozy.
19:20 Mais là, on mesure bien que l'influence de Nicolas Sarkozy n'est plus ce qu'elle était auprès des Républicains.
19:26 Et que si l'on raisonne à plus long terme, et si l'on se projette dans les élections de 2027,
19:32 il n'est pas du tout sûr que les Républicains aujourd'hui aient intérêt justement à mêler leur sort à celui de la République en marche,
19:40 enfin de l'ex-République en marche, appelée aujourd'hui Renaissance.
19:44 Donc vous voyez, on est véritablement dans un moment de transition.
19:48 Ça donne l'impression aux Français que finalement, on prend les mêmes et on recommence.
19:53 On s'est débarrassé de trois poids qui posaient un tout petit peu trop lourd dans la Macronie.
19:59 Et on continue comme ça.
20:02 Mais de toute manière, si véritablement on veut que les choses bougent,
20:07 on veut qu'un certain nombre de réformes soient mises en place,
20:11 il faudra en passer par ces alliances qui pour l'instant, comme le dit Arnaud, sont plutôt du cabotage, au coup par coup.
20:18 Mais il faudra en passer par cette alliance avec les Républicains.
20:22 Tous les remaniements techniques ou cosmétiques comme celui-là n'arriveront pas à changer cette donne qui est irréversible.
20:32 Il faut absolument qu'un des choix politiques plus tranchés soient faits par le gouvernement.
20:38 Arnaud Benedetti, pour conclure, ce gouvernement, en tout cas ce nouveau gouvernement,
20:43 il va être mis à rude épreuve dès la rentrée.
20:45 Il y a le projet de loi immigration, il y a le budget 2024 aussi, ça va être très chaud.
20:50 Est-ce que ça ne va pas être compliqué pour ce nouveau gouvernement à gérer ?
20:54 Et puis, n'est-ce qu'on ne risque pas à l'inverse de tomber dans une forme d'immobilisme de la part du gouvernement ?
20:58 - Ça sera d'autant plus compliqué, encore une fois, que les rapports de force parlementaires sont extrêmement difficiles pour l'exécutif.
21:10 Je rappelle que le gouvernement de Mme Borne, c'est le gouvernement qui a la majorité la plus relative,
21:16 qu'on est connu sous la Vème République, parce qu'on a eu deux cas similaires en 67 et en 88.
21:22 Sauf qu'en 67, d'abord le président de la République de l'époque, Charles de Gaulle,
21:26 après les événements de 68 à Niceau, il a obtenu une majorité absolue,
21:30 mais même en 67 il avait une majorité relative qui était la plus forte que celle d'Emmanuel Macron aujourd'hui à l'Assemblée.
21:36 Et en 88, François Mitterrand et Michel Rocard disposaient de stabilisateurs à la fois sur leur gauche et sur leur droite
21:42 qui leur permettaient quand même, malgré tout, de pouvoir naviguer au Parlement.
21:46 Là, si vous voulez, c'est un peu asséché. Donc ça va être extrêmement compliqué, comme vous le dites.
21:52 Et encore une fois, il faudra une grande maestria parlementaire pour parvenir à éviter, le moment venu, une motion de censure.
22:00 Moi, je crois, je fais partie de ceux qui considèrent que cette législature n'est pas viable sur cinq ans.
22:05 On verra bien. En tout cas, ça ferait un ex-moi si elle l'était.
22:08 Avec cette question, référendum, dissolution ou pas, ça on verra aussi.
22:12 Ça fait partie des solutions éventuelles pour Emmanuel Macron aussi, mais ça on verra pour la suite.
22:18 En tout cas, ça sera un autre débat à Arnaud Benedetti, professeur à Social Université Paris-Sorbonne,
22:23 rédacteur en chef de la revue politique et parlementaire. Un grand merci d'avoir été avec nous ce matin sur Sud Radio.
22:29 Merci aussi à vous, Jean Garrigue, universitaire français spécialiste d'histoire politique.
22:33 Je vous souhaite une très belle journée à vous deux et merci d'avoir été avec nous.
22:38 On poursuit à suivre 9h31 sur Sud Radio Lorient.
22:41 Dans un instant, mon invité Mathieu Madénian qui nous parle du festival de Collioure.
22:45 Il faut vite réserver vos places, ça a lieu la semaine prochaine.
22:48 A tout de suite.
22:49 Le Grand Matin été revient dans un instant sur Sud Radio.

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